Publié par Guy Millière le 21 juillet 2012

Je me doute que l’atroce tuerie qui a eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi dans un cinéma d’Aurora, dans le Colorado, aux Etats-Unis, va susciter les habituels commentaires sur la violence et sur le port d’arme aux Etats-Unis.

Je dirai ici que la violence n’est pas davantage présente aux Etats-Unis que dans d’autres sociétés sur terre, hélas. Dans le monde démocratique et développé, le taux d’homicides aux Etats-Unis est plus important que dans certaines sociétés européennes, mais bon nombre de ces homicides relèvent de règlements de comptes entre gangs. Le risque d’être victime d’un agresseur aux Etats-Unis, si l’on évite les quartiers où agissent les gangs, est moins élevé que dans nombre de pays européens. La question n’est donc pas là.

J’ajouterai que le port d’arme n’est pas autorisé dans les pays d’Europe, et que cela n’a pas du tout empêché, au cours de l’année écoulée, Anders Breivik de tuer plusieurs dizaines de personnes en Norvège, ou Mohamed Merah d’assassiner à Montauban et à Toulouse.

La détention d’explosifs n’est pas autorisée en Europe, et c’est en Bulgarie qu’a eu lieu, deux jours avant la tuerie d’Aurora, un attentat suicide antisémite commis par un djihadiste enfermé à Guantanamo et relâché sur l’insistance du gouvernement suédois. La question n’est donc pas dans le port d’armes non plus. De nombreuses fois, ce sont des citoyens armés qui ont, aux Etats-Unis, mis des criminels hors d’état de nuire davantage, ou hors d’état de nuire tout court.

La question est celle de l’irrespect pour la vie humaine qui se dissémine comme un venin dans les sociétés occidentales. Cet irrespect me semble avancer de pair avec des réactions compassionnelles face au meurtre. En Europe, il y a longtemps déjà que réagir face à un assassinat comme si c’était une tragédie, et comme s’il ne s’agissait pas d’une monstruosité est l’attitude hégémonique. Cette attitude a tendance à gagner du terrain aussi aux Etats-Unis. Aussi bien Barack Obama que Mitt Romney ont parlé de deuil, de tristesse et de recueillement. Ce que je comprends. S’ils avaient parlé de monstruosité barbare, cela aurait été mieux. S’ils avaient dénoncé l’assassin en disant qu’il mérite un châtiment exemplaire, cela aurait été mieux encore.

Outre les commentaires sur la violence et le port d’arme aux Etats-Unis, on fera sans doute appel aux psychiatres, pour dire qu’il peut s’agir de l’acte d’une malade mental. J’ajouterai là que la tendance à déresponsabiliser les assassins en évoquant la psychiatrie me semble ces dernières années avoir gagné du terrain en parallèle avec les réactions compassionnelles, et cela me semble dangereux. On pourrait dire en suivant cette pente que les fanatiques qui accomplissent des attentats suicides sont dérangés mentalement parce qu’ils sont devenus fanatiques. On pourrait dire aussi qu’il faut être détraqué pour devenir assassin. Le principe de la responsabilité individuelle, sauf exceptions strictement délimitées, me semble devoir être davantage respecté.

Il y , hélas, de la logique et du calcul dans le comportement du monstre qui a tué à Aurora. Il y a douze morts, et soixante-dix blessés, dont certains dans un état très grave. Le châtiment devra, à mes yeux, être exemplaire. Sauf à démontrer très précisément l’irresponsabilité de cet individu, je dirai que le monstre appelé James Holmes mérite la peine de mort, qui existe toujours aux Etats-Unis et qui est en vigueur dans le Colorado.

Je ne traiterai pas ici des motifs éventuels du monstre. L’enquête devra les déterminer. Et elle ne fait que commencer. James Holmes a piégé son appartement, et la police n’a pu encore y pénétrer. Divers témoins, dont les parents de James Homes, n’ont pu être déjà entendus. On ne peut donc en dire davantage, sinon que la hâte qu’ont eu des commentateurs de gauche aux Etats Unis d’attribuer les assassinats aux tea parties a montré que certains membres de la gauche américaine n’ont plus aucun scrupule. Ce type de propos pouvant circuler en France, je tiens à le souligner : les tea parties sont pacifiques, et fondées sur la défense des valeurs du droit et sur les valeurs des Pères fondateurs des Etats-Unis, et aux antipodes de tout recours à la violence. La violence politique au cours des dernières années aux Etats-Unis est venue de l’extrême gauche, façon Occupy Wall Street et de l’islamisme. James Homes n’est pas islamiste. Il reste à déterminer ses positions concernant un mouvement tel qu’Occupy Wall Street. Si des motifs politiques existent, il sera légitime de parler de terrorisme.

Le film The Dark Knight Rises, au cours de la projection duquel la tuerie a eu lieu n’a pu inspirer l’assassin. D’une part, parce que celui-ci n’avait pas vu le film avant d’agir, et préparait son geste depuis avril. D’autre part, parce que le film constitue une dénonciation de la violence gratuite et de la barbarie.

Il semble que James Holmes par sa tenue ait cherché à mimer atrocement la force du mal que le film dénonce. Il semble qu’ils se soit présenté au policier comme une incarnation de ce mal. Les discours disant que The Dark Knight Rises a une relation avec les assassinats d’Aurora ne seraient éventuellement exacts que si on précisait : les assassinats d’Aurora sont précisément le type de geste contre lesquels le film appelle à se dresser.

Dois-je le préciser ? Je pense qu’il importerait que, dans le monde occidental, on se dresse bien davantage face au mal, et qu’on défende davantage la civilisation contre la barbarie. En peu de jours, deux actes absolument abjects ont été commis dans des sociétés occidentales : à Aurora et à Bourgas. C’est infiniment trop. Les tueries se poursuivent en Syrie où, outre bourreaux et djihadistes, des milliers d’innocents ont été passés par les armes.

Un dernier point : l’assassin d’Aurora n’a pas fait davantage de mal parce que la police américaine a fait preuve d’une efficacité remarquable, et qui doit être soulignée. Il a fallu quatre vingt dix secondes pour que des policiers répondent aux appels au secours. La police aux Etats-Unis est, toujours, d’une efficacité remarquable. On peut regretter que nul dans la salle de cinéma n’ait porté une arme. Si quelqu’un avait débarrassé la terre de James Holmes, l’humanité n’y aurait rien perdu. James Homes portait un gilet pare balle et toutes les protections nécessaires, je sais : c’est une éventualité qu’il avait lui-même anticipé…

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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