Publié par Guy Millière le 28 juillet 2012

Les Jeux Olympiques de Londres ont commencé le 27 juillet. Ils seront au centre de l’attention des grands médias et de centaines de millions de gens jusqu’au milieu du mois d’août. On comptera les médailles. Les Français suivront les Français. Les Américains suivront les Américains. Les Russes suivront les Russes et ainsi de suite. On parlera des idéaux olympiques et du baron de Coubertin.

Je dois le dire : je m’intéresse peu au sport. Et je m’intéresse moins encore aux Jeux Olympiques. J’y vois, à chaque fois qu’ils ont lieu une forme de jeux du cirque des temps modernes. Une grande distraction qui détourne les populations des vrais problèmes du monde. J’y vois, souvent, l’exaltation de formes plus ou moins étriquées de nationalisme, et je n’ai jamais compris la fierté qu’un pays entier pouvait porter à quelqu’un qui saute plus haut ou qui court plus vite : c’est, à chaque fois, un individu qui court et qui saute et qui s’est entraîné pour cela, et le pays n’a que fort peu à voir dans l’affaire.

Cette dimension nationaliste a, qui plus est, servi de nombreuses fois à cacher le pire ou à lui servir de façade : peut-on oublier que les Jeux de 1936 ont été, ainsi, un moment conçu pour la plus grande gloire du Troisième Reich et d’Adolf Hitler en un moment où celui-ci mettait en place l’emprise totalitaire qui allait déboucher sur une guerre mondiale et sur la shoah ?

Peut-on laisser de côté que les Jeux de Pékin en 2008 se sont accompagnés d’une répression exacerbée vis-à-vis des dissidents chinois et ont permis d’occulter opportunément les crimes perpétrés au Tibet ?

Les Jeux de Moscou ont été, en 1980, boycottés par une cinquantaine de pays, sous l’instigation du Président Carter : c’est l’une des rares décisions qu’on peut porter à son crédit, dont acte. Se rendre à Moscou au moment de l’invasion de l’Afghanistan et de diverses offensives soviétiques sur trois continents a été, pour les pays qui l’ont fait, un acte de complicité. Le boycott par l’Union Soviétique et ses alliés des Jeux de Los Angeles, quatre années plus tard, a montré que le coup avait porté : on peut regretter que d’autres coups n’aient pas été portés.

La dimension nationaliste est, ajouterai-je, souvent allée de pair avec une dimension politique et propagandiste qui, dans les pires cas, a pu transformer l’athlétisme en une foire aux monstres : les nageuses d’Allemagne de l’Est sont, là, bien placées pour servir d’exemple.

Nous sommes, me dira-t-on, dans une époque post-totalitaire où il n’existe plus guère de régime totalitaire et où les derniers régimes répréhensibles sont à même d’évoluer positivement si on les entraîne vers un élan de fraternité universelle, et cela peut être le rôle des Jeux aujourd’hui.

Qu’on me permette de balayer l’argument. Pour une raison très précise.

La plus grande et la plus extrême violation de l’idéal prétendu des Jeux Olympiques a eu lieu à Munich en 1972, avec la prise d’otage d’athlètes et d’entraîneurs israéliens par des terroristes arabes : cette prise d’otage s’est achevée par douze morts, onze Israéliens et un policier allemand (je ne compte pas parmi les morts les terroristes arabes, qui se sont exclus de l’humanité en faisant ce qu’ils ont fait). Les Jeux de Munich ont été menés à leur terme, comme si de rien n’était ou presque.

Aucun hommage, aucun acte de mémoire n’a été organisé en souvenir de cette atrocité : ni en 1976 à Montréal, ni en 1980 à Moscou, bien sûr (l’Union Soviétique était alors le principal financier du terrorisme arabe), ni en 1984 à Los Angeles, ni en 1992 à Barcelone, ni en 1996 à Atlanta, ni en 2000 à Sidney, ni en 2004 à Athènes, ni en 2008 à Pékin. Les Jeux ont fait, pendant quarante années, le tour du monde en pratiquant l’amnésie et en foulant aux pieds la mémoire des morts de 1972. Il en est allé de même cette année à Londres.

Les présidents du Comité international Olympique ont longtemps été des antisémites notoires et des gens aux sympathies très douteuses. Depuis que Juan Antonio Samaranch a cédé la place, il a été dit que son remplaçant, Jacques Rogge, était plus présentable. Je ne sais si c’est le cas, mais le fait est qu’il existe un lobby qui était prêt à boycotter les Jeux de Londres si un hommage avait lieu : le lobby constitué par le monde islamique.

Le lobby islamique a obtenu gain de cause, et les Jeux de Londres seront donc des Jeux placés sous son ombre portée. On y voit même une délégation d’un pays censé être appelé « Palestine » (discipline sportive, le tir à balles réelles sur des enfants ? le lancer d’explosifs ?).

Bien que placés sous l’ombre portée du lobby islamique, on pourrait sourire avec tristesse en songeant que les Jeux sont néanmoins sous la menace d’attentats terroristes islamiques, ce qui implique une mobilisation policière sans précédents. Les responsables des Jeux ont choisi le déshonneur. Ils ont le déshonneur, et ils ont quand même les menaces.

Jeux du cirque, écrivais-je.

© Guy Millière

Article publié sur les4verites.com

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