Publié par Guy Millière le 12 août 2012

Sous du multiples angles, la campagne pour l’élection présidentielle américaine de novembre prochain a commencé depuis longtemps, puisqu’il y a eu les élections primaires républicaines, et puisqu’Obama est en campagne permanente depuis la fin de 2010. Cela dit, ce qui s’est passé n’a été que les préliminaires, la vraie bataille va commencer à la fin du mois. Et le choix qui va se présenter est très clair. Il est devenu plus clair encore avec le choix de Paul Ryan comme candidat à la vice-présidence par Mitt Romney.

D’un côté, il y a le Président sortant. Un homme dont le bilan est catastrophique et dont les projets ressemblent à un cauchemar (je donne les détails dans mon prochain livre, qui sort à la fin de ce mois, Le désastre Obama). Faute de pouvoir s’appuyer sur son bilan, Obama n’a qu’une seule stratégie de campagne : faire peur en disant que son adversaire est un monstre abject désireux de tout détruire sur son passage, tenter d’expliquer en quoi l’élection de Mitt Romney serait « dangereuse », et en quoi voter pour lui, Obama, serait en fin de compte, le moins mauvais choix.

Cette stratégie a été amplement utilisée au cours des récentes semaines, qui ont montré pour ceux qui ne pratiquement pas l’aveuglement volontaire à quel degré Obama et ceux qui l’entourent sont des gens sordides et sans le moindre scrupule, des disciples de Saul Alinsky, le maître à penser de toute l’extrême gauche américaine.

Romney au cours des deux derniers mois s’est vu accuser d’être un fraudeur, un escroc, un voleur, un tueur de femmes, un homme prenant un plaisir vicieux à conduire des gens vers le chômage et le désespoir par pure avidité. Aucun spot de la campagne d’Obama n’a encore accusé Romney d’être un violeur pédophile, un tueur en série ou un terroriste, mais au train où vont les choses, rien ne semble impossible.

La grande presse américaine a secondé la campagne d’Obama en reprenant le plus souvent les accusations de la campagne d’Obama et en décrivant les discours, souvent remarquables, de Romney, comme une série de « gaffes ». Les réponses de Romney à ce déferlement de négativité ont été défensives, donc faibles, et la négativité a permis à Obama de marquer des points et de creuser l’écart dans certains sondages, au point que si l’élection avait dû avoir lieu dans les jours qui viennent, Obama l’aurait emporté.

De l’autre côté, il y a Mitt Romney, que de nombreux conservateurs soupçonnent encore d’être un RINO (Republican In Name Only), et il est effectif que si Romney tient un discours clairement conservateur depuis plusieurs années, il a, dans le passé, eu des positions plus modérées, qui ont permis à ses ennemis de l’accuser d’être fluctuant. Et Romney s’est laissé définir par la campagne négative menée contre lui : si nombre d’Américains ne pensent pas que c’est un voleur, un escroc et un assassin, comme le suggère, avec une délicatesse remarquable, la campagne de fonds de poubelle d’Obama, il n’en est pas moins vu comme un homme qui a fait fortune dans la finance et comme un capitaliste sans scrupules. Avec Mitt Romney, il y a désormais Paul Ryan, et, disais-je, le choix va devenir clair. Le débat va devoir se tenir. Obama ne pourra pas se contenter de jeter des excréments sur son adversaire pour espérer l’emporter.

Paul Ryan est un choix fort et significatif. Paul Ryan est un homme qui a le soutien des tea parties, un conservateur aux idées solides, cohérentes, structurées. C’est un homme qui, à la tête de la Commission des finances et du budget à la Chambre des représentants, a proposé de manière précise des moyens de réduire le déficit budgétaire américain, d’arrêter la course vers un endettement abyssal, et de réformer les systèmes d’assistance sociale américaine (Social Security, Medicare, Medicaid) sur un mode qui repose sur les règles de la concurrence et du marché. C’est un homme qui a plus de compétence économique à lui seul que l’ensemble de l’équipe Obama (ce qui, il est vrai, n’est pas très difficile). C’est, philosophiquement, un homme qui a lu les grands penseurs de la liberté américains et s’en est imprégné : ses propos sur la fait que les Etats-Unis sont fondés sur un idéal, ce qui les distingue de la plupart des autres pays sur terre, viennent de Ayn Rand, clairement et précisément. Paul Ryan est, par ailleurs, l’exemple même du self made man à l’américaine : orphelin qui s’est élevé par sa force intérieure. Les jeteurs d’excréments de la campagne d’Obama pourront chercher dans le passé de Ryan, ils ne trouveront rien. Tout comme ils ne trouvent rien dans le passé personnel de Mitt Romney et doivent mentir de manière éhontée pour trouver quelque chose à dire.

Je pense, je l’ai écrit en commençant, que la vraie bataille va commencer.

Il restera à Romney à parler lui-même de manière précise de son projet économique et géopolitique pour redresser l’Amérique. Je pense qu’il en est tout à fait capable. Et je pense que s’il a moins de charisme qu’Obama, il a des principes qu’il peut affirmer, et un passé pour étayer ces principes, alors qu’Obama a des principes qu’il doit cacher soigneusement en tenant des discours de démagogue cynique et un passé si sordide qu’il doit le dissimuler. Tout comme les discours qu’il a tenus à Jérusalem et à Varsovie ont été remarquables, les divers discours économiques de Romney ont eux aussi été remarquables (et de tonalité reaganienne) et n’ont pour l’heure pas eu d’écho à cause des jeteurs d’excréments de l’équipe Obama.

Paul Ryan devra tout à la fois préciser le projet économique et géopolitique du ticket qu’il forme avec Romney, et, si besoin est (et, je pense, besoin il y aura), répondre aux multiples coups bas et vicieux de l’équipe Obama, qui fera tout pour éviter le moindre débat de fond.

L’élection sera serrée.

Si Romney et Ryan parviennent à faire que le débat se situe à un niveau digne d’un débat démocratique, et redevienne un débat d’idées sur le bilan des années Obama et sur les projets d’avenir, Romney peut tout à fait l’emporter.

Si Obama parvient à éviter le débat et à rendre la campagne plus excrémentielle qu’elle ne l’est déjà, il pourrait gagner. Une victoire obtenue de cette façon serait la victoire électorale la plus sordide obtenue par un candidat à la présidentielle américaine depuis au moins la fin du dix-neuvième siècle. Et les suites de cette victoire seraient dramatiques pour l’Amérique et pour le monde. Le mot dramatique étant un faible, très faible mot.

Que la campagne commence ! Et qu’on compte sur moi pour en rendre compte autrement que ne le fera l’essentiel de la presse française, où les obamalatres débattent avec les obamaphiles et, parfois, avec les simples admirateurs d’Obama. Les journalistes de ce pays qui comprennent quelque chose à l’Amérique et, a fortiori au conservatisme américain, se comptent sur les doigts d’une seule main, et parfois j’ai l’impression que c’est une main mutilée de plusieurs doigts.

Je revendrai aussi, bien sûr, sur le bilan et les projets d’Obama lorsque Le désastre Obama sortira.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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