Publié par Guy Millière le 15 août 2012

Ca y est, ma tête est mise à prix. Je ne sais pas quel est le prix, ce n’est pas indiqué.

Je ne sais pas si ces gens charmants ont l’intention d’utiliser le revolver ou le couteau. Je ne sais pas s’ils ont trouvé l’endroit où j’habite lorsque je suis en France et si je dois protéger mes enfants. Peut-être trouverai ma voiture brûlée comme c’est arrivé à certains de mes amis. Je suis en tout cas sur mes gardes. Cela fait longtemps, en fait que je suis sur mes gardes.

Il y a un peu moins d’une décennies, le MRAP, et son charmant président récemment disparu, avaient fait de moi l’un des chefs de file du « racisme islamophobe » en France, entre temps c’est un monsieur tout aussi charmant, venu du Crif, hélas, mais avec des idées penchant vers celles du charmant, et hélas disparu, Mouloud Aounit qui m’avait dépeint en membre d’un complot de « droite extrême » visant à faire croire aux Juifs de France qu’il y avait une montée de l’antisémitisme (dire qu’il y a une montée de l’antisémitisme en France ces dernières années ? Allons ! Il faut être un vil manipulateur comme moi pour faire croire qu’il y a de l’antisémitisme en France).

Maintenant, c’est Europalestine qui me désigne à la vindicte publique et qui place une photo récente sur sa première page, avec un titre pas du tout diffamatoire et destiné à m’attirer des réactions d’amour et de sympathie. Je ne sais s’ils ont prévu de rémunérer les réactions d’amour et de sympathie. Mais il y a des gens avec qui tout est possible, même l’impossible et l’impensable. Dans Europalestine, il y a des Juifs. Et je ne dis pas du tout que ce sont des Juifs antisémites, loin de moi cette idée : ils sont juste anti-sionistes, comme ils disent. Et ils ont une telle obsession anti-israélienne qu’ils sont pour le boycott des produits israéliens et contribuent à des actions qui (c’est juste mon avis) ressemblent à mes yeux à de petites nuits de cristal. Un artiste israélien vient en France ? Ils ne supportent pas et vocifèrent. Un dirigeant politique israélien vient en France ? Ils écument de rage. Un scientifique israélien veut échanger avec une université française ! Ils rugissent.

Tout ce qui est israélien leur est exécrable, sauf de grands historiens comme Shlomo Sand, bien sûr. Mais comme pour Shlomo Sand le peuple juif n’existe pas, il n’y a même pas à la détester et à vouloir l’exterminer : comment serait-ce possible avec le peuple juif ?

Ils sont contre l’occupation, et semblent (ai-je mal compris ?) la définir comme on le fait dans ces pays où à la place d’Israël, sur une carte géographique, il y a un espace blanc ou un pays appelé Palestine et sans présence juive. Quand ils organisent des voyages, ils prennent des billets d’avion pour Israël, mais pensent arriver dans un autre pays, celui de leurs rêves, un Etat arabe vraisemblablement sans juifs appelé Palestine, et ils appellent cela Bienvenue en Palestine.

Ils affichent des sourires et des cœurs sur des T shirts.

Je ne sais pas si ce sont les cœurs des enfants juifs déchiquetés dans des attentats menés par de charmants palestiniens, des résistants, des vrais, des authentiques, des comme ils les aiment : je ne sais plus exactement quand la Résistance française pendant la Deuxième guerre mondiale a fait sauter un magasin de jouets pour enfants, un restaurant pour adolescents ou un club musical, mais j’ai mauvaise mémoire et on me pardonnera d’avoir oublié la date.

C’est étrange, et cela n’a bien sûr aucun rapport, mais ces gens me font penser à d’autres gens que j’ai connu dans les années 1970. Certains adoraient la Quatrième Internationale et répétaient des slogans haineux et criminels avec la conviction d’un disque rayé placé sur un électrophone au son poussé jusqu’à la saturation, et il y avait les gestes qui allaient avec. D’autres adulaient Mao et Joseph Staline. Les uns et les autres adulaient la « résistance palestinienne ».

J’étais allé alors dans un camp de réfugiés au Sud de Beyrouth et j’avais assisté à l’entraînements d’enfants à qui on apprenait à égorger des Juifs : j’en étais revenu horrifié. Mais les adorateurs de la Quatrième Internationale et les adulateurs de Mao et Staline, eux, n’avaient rien vu et rien entendu. Parce que moi j’avais vu et entendu, j’avais été traité de « raciste ». Donc ce doit être cela aujourd’hui, ou presque cela, j’en viens à l’imaginer (le puis-je ?) : je suis raciste.

Je vois des antisémites en France, alors qu’il n’y en a pas du tout et que Mohamed Merah était un brave garçon. Je vois des gens qui se font sauter en criant Allahou Akbar, et j’ai l’esprit assez tordu pour penser que ce sont des islamistes. Je devrais avoir honte. Je vois en Israël une démocratie exemplaire et je souhaite qu’on libère les Arabes de Judée-Samarie de l’Autorité Palestinienne ? C’est encore plus honteux. Je devrais voir en Israël une réincarnation du Troisième Reich et en Yasser Arafat le maître à penser des hippies, Peace and Love, et je n’y arrive pas !

Je mérite qu’on mette ma tête à prix. Je suis juste un peu déçu.

Europalestine me décrit comme un inspirateur d’Anders Breivik. Je n’ai pas vu mon nom dans les délires de ce serial killer psychopathe norvégien, mais je suis certain qu’Europalestine a trouvé des traces de transmission de pensée. Des ondes de mon cerveau sont allées en direction d’Anders Breivik comme celles des neurones de madame Irma à la foire du Trône vont en direction de celles du grand mage Estic.

J’espérais qu’en mettant ma tête à prix, les gens d’Europalestine feraient preuve de perspicacité : non, je n’ai pas influencé Anders Breivik, mais j’ai par contre influencé tous les criminels contre l’humanité depuis le commencement de l’histoire humaine. Je sais, je ne devrais pas dire cela, les gens d’Europalestine pourraient finir par me trouver sympathique… Quelqu’un face à qui j’avais insisté sur l’impossibilité d’oublier la shoah, m’avait jeté au visage que j’étais le fils d’Hitler. Dans ces conditions…

Pourquoi, au fait, me font-ils cet honneur ? Parce que j’ai écrit un billet pour JSSNews à propos de gentils Norvégiens en partance pour Gaza ? Peut-être. Mais c’est plus surement parce que j’ai accepté d’être témoin pour Sammy Ghozlan. Et je l’écris ici : Sammy Ghozlan est l’un des hommes les plus courageux que je connaisse, et je serai à ses côtés dans tous ses combats.

J’ai trouvé sur un site qui n’est pas celui d’Europalestine (que je consulte en général pour disposer de la liste des produits israéliens que je dois absolument acheter quand je vais faire mes courses) une description de Sammy Ghozlan comme le « principal instigateur de l’antisémitisme en France » aujourd’hui. Et oui, bon sang mais c’est bien sûr ! Le Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme a été créé pour inventer l’existence de faits antisémites qui n’existe pas. En disant que Sammy Ghozlan est un ami, j’ai vraiment fait le geste de trop. Dès lors, je le répète pour que ce soit clair. Sammy Ghozlan est un ami. Je suis un ami d’Israël et de tout le peuple juif. Je suis un défenseur de la liberté. Je mérite d’être dénoncé, traîné dans la boue, agressé. Et je ne sais quoi d’autre.

Je terminerai en citant une chanson qui me traverse la tête, et qui n’a bien sur aucun rapport. C’est une chanson d’un auteur anarchiste d’il y a vingt ans. Nous avions la liberté individuelle en commun. L’auteur s’appelait François Béranger : « Vous n’aurez pas ma fleur. Celle qui me pousse à l’intérieur. Fleur cérébrale et fleur de cœur. Vous êtes les plus forts. Mais tous, vous êtes morts. Et je vous emmerde ».

Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info

http://www.europalestine.com/spip.php?article7544

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