Publié par Michel Garroté le 17 août 2012

Michel Garroté – Or donc, en France, à l’occasion de la Fête de l’Assomption, le 15 août, des catholiques ont eu l’incroyable audace de prier, notamment pour le mariage et la famille. La plupart des médias français ont alors largement ouverts leurs portes aux lobbies gays. Personnellement, je n’ai rien écrit à ce propos avant aujourd’hui 17 août. Il se trouve que j’attribue – c’est un choix libre et personnel – une dimension spirituelle au mariage. Et il se trouve que par conséquent, le mariage civil, même entre un bouc et une chèvre, me laisse indifférent. Cela dit, puisque la christianophobie a battu son plein en France ces derniers jours, je publie ci-dessous des extraits des points de vue de ceux qui ne pensent pas « correct » et qui de ce fait ont été très peu médiatisés.

Le président du Conseil pontifical de la famille, Mgr Vincenzo Paglia, soutient l’épiscopat français : « Le mariage est autre chose, et la famille naît du mariage. Je crois que préserver ce plexus qui est culturel – mais qui pour nous est aussi religieux – est un très grand défi que nous devons relever dans tous les coins de notre planète. Il y a une sorte de mode culturelle qui part de l’exaltation absolue de l’individu. Quand on commence à détruire le ‘nous’ qui trouve dans la famille sa première cellule, nous mettons en cause la structure même de la société. Aujourd’hui, ne pas la défendre, la blesser, je dirais même la frapper comme cela arrive actuellement, constitue vraiment une attitude myope ». En Italie, « s’il n’y avait pas eu la réalité familiale » la crise économique « aurait été dramatique, surtout pour les plus jeunes ».

Le député Christian Vanneste : le jour de fête catholique « vouée à la Vierge Marie, c’est-à-dire indirectement à la Sainte Famille, la parole est donnée quasi-exclusivement au lobby gay etc., qui dénonce la polémique suscitée par l’appel à la prière en faveur de la famille. De quoi l’Église se mêle-t-elle ? Simplement de rappeler ses valeurs ! C’en est manifestement trop pour ceux qui entendent préserver leur monopole sur le sujet, trop contents des sondages qui montrent que les ‘jeunes’ soumis depuis des années au bourrage de crâne sont favorables à leurs revendications tandis que le bon sens de ceux qui ont lu ou entendu autre chose résiste davantage, Dieu merci ! La suffisance du lobby (gay) n’a d’égale que son insuffisance. Certes, les sondages évoluent dans un sens favorable à ses revendications, mais d’une part, on voit mal comment la majorité de la population, assez  indifférente à cette question pourrait résister au rouleau compresseur de la pensée unique, et d’autre part on se rend compte que, si les jeunes subissent passivement le bourrage de crâne des médias, les moins jeunes font encore preuve d’un bon sens alimenté par d’autres sources d’information ».

Christian Vanneste : « Par ailleurs, si le ‘mariage’ reçoit de nouvelles adhésions, parce que l’on pense désormais et à tort qu’il s’agit de la reconnaissance sociale d’un sentiment , alors que la société n’a évidemment pas à s’intéresser à cet aspect privé et même intime du couple, mais doit se préoccuper, comme le rappellent les textes de la fondation d’une famille, en revanche de moins en moins de Français sont favorables à l’adoption (en recul de cinq points), c’est-à-dire justement à l’existence de telles familles. Cette contradiction devrait amener le lobby à plus de modestie. On peut encore souligner l’incohérence qui consiste à refuser de hiérarchiser, dès lors qu’il s’agit de valeurs ou d’institutions puisque la hiérarchie est au cœur même de la morale et du droit. On doit enfin dénoncer la désinformation coutumière sur les 300’000 familles. L’estimation de l’INED est de 20000, mais à force de répéter une erreur, elle devient une vérité médiatique. L’Eglise, avec beaucoup d’humilité, réaffirme ces principes qui ont animé notre civilisation et auxquels elle n’est pas étrangère ».

Christian Vanneste : « Quoi de plus légitime, même si on a le droit de ne pas être d’accord ? Ce qui en revanche est inacceptable, c’est la censure qui s’installe sournoisement dans notre société, à l’encontre de la liberté d’expression pour déséquilibrer le débat au profit d’une thèse et au détriment d’une autre. Christine Boutin demande un référendum sur cette question. Je ne crois pas cette proposition réaliste, compte tenu des textes actuels, et de la lourdeur  de la procédure instaurée par la réforme constitutionnelle de 2008. Elle aurait au moins le mérite de montrer le double langage de l’UMP sur le sujet, mais je déplore une fois encore que la ‘votation’ à la Suisse à laquelle j’avais consacré une Proposition de Loi ne soit pas en vigueur : elle permettrait une mobilisation importante des citoyens à travers la pétition, puis un vrai et long débat, équilibré et nourri du maximum d’informations objectives. Après quoi les Français trancheraient en connaissance de cause : un tel système s’appelle la démocratie et nous en sommes loin ».

Dans Ouest-France, François Régis Hutin écrit : « Le cardinal Vingt-Trois, président de la Conférence épiscopale de France, vient d’écrire une prière pour la France qui sera lue dans tous les diocèses en ce15-Août. Il évoque, à cette occasion, les projets législatifs en cours, en ce qui concerne notamment le mariage homosexuel, mais aussi l’euthanasie. Cette attitude choque certaines personnes qui prétendent que l’Église, en exprimant une opinion sur ces questions, porte atteinte à la laïcité. Mais enfin, la laïcité est la garantie de la liberté d’opinion, d’expression et de culte. Les Églises ou quelque religion que ce soit peuvent s’exprimer en France et ont le droit de prier pour qui et pour quoi elles le désirent. Prétendre limiter ce droit serait, en effet, porter atteinte à la laïcité. L’Église est opposée au mariage homosexuel. Qui peut s’étonner de ce choix ? Tout le monde connaît son attitude en ce domaine depuis toujours, même si d’ailleurs elle a su évoluer. En effet, l’Église catholique condamne l’homophobie, c’est-à-dire le mépris ou la persécution des homosexuels, tout en refusant d’accepter ces pratiques qu’elle condamne, mais sans condamner les personnes concernées ».

François Régis Hutin : « Au reste, on peut se demander quelles sont les raisons de la revendication du mariage par les homosexuels. À l’heure même où le mariage est décrié, abandonné, remplacé par la pratique généralisée du concubinage, ce que l’on appelait autrefois l’union libre, alors même qu’en France 50% des mariages donnent lieu à divorce, pourquoi le mariage devient-il si essentiel pour ces personnes ? La formule du Pacs n’a-t-elle pas été élaborée justement pour garantir, à bon droit, un minimum de sécurité dans la relation de personnes qui, homosexuelles ou non, désirent vivre ensemble ? On ne voit pas bien ce que le mariage apporterait en plus. Par contre, on voit bien que la notion même de mariage serait encore plus dévaluée et même privée de son sens profond qui est, croyait-on jusqu’à présent, d’assurer dans de meilleures conditions la prolongation de la vie de la société en garantissant une certaine sécurité, notamment aux femmes et aux enfants, qu’ainsi l’homme ne peut abandonner au gré de ses désirs. Le droit parental, dira-t-on, et c’est exact, n’existe pas pour le Pacs alors qu’il existe pour le mariage ».

François Régis Hutin : « Pourtant, le droit parental s’exerce en tant que tel pour un père ou une mère, que ceux-ci soient pacsés, mariés ou en union libre. Et s’il y a litige, le juge en décide dans tous les cas. L’autre grave problème qui suscite l’inquiétude de l’Église est celui de l’euthanasie. Cette question est, du reste, mal évoquée lorsque l’on parle ‘de mort dans la dignité’. Serait-ce que celui qui meurt dans d’abominables souffrances aurait dès lors perdu sa dignité ? Bien sûr que non. Sans doute, cette expression ‘mort dans la dignité’ signifie-t-elle plutôt qu’il est indigne de la part de la société d’abandonner quelqu’un à d’affreuses souffrances alors même qu’à plus ou moins brève échéance il va mourir. Bien entendu, ce serait inadmissible et c’est à cela que répondent les soins palliatifs reconnus et recommandés par la loi Leonetti. Cette loi, dit le professeur Sicard, est saluée, du reste, dans le monde entier. Elle autorise le médecin à endormir profondément le patient qui se trouve dans le cas de souffrance épouvantable alors même qu’il est condamné ».

François Régis Hutin : « Cette loi autorise à l’endormir, même au risque de voir cet endormissement provoquer le décès. Certains prétendent qu’il s’agit là d’euthanasie. Pourtant, au sens de la loi, il n’en est rien car l’endormissement n’est pas pratiqué pour tuer le malade, mais pour lui épargner ses souffrances. On le voit, tout est dans l’intention. Hypocrisie, proclame-t-on ! Pourtant, le droit français reconnaît la valeur de l’intention quand il évoque le fait d’avoir provoqué la mort sans intention de la donner. L’euthanasie : c’est donner, c’est provoquer volontairement, intentionnellement, la mort d’autrui. Cela reste prohibé par la loi. Il y a là, dans notre société, un mur que l’on s’est toujours interdit de franchir car on connaît les risques d’effroyables dérives qui peuvent survenir après un tel franchissement. On le voit, ces questions sont fondamentales car elles touchent le fondement même de la société, c’est-à-dire ce pacte social qui règle de fait et de droit les rapports entre ses membres. Ces questions ont déjà été traitées récemment à fond par des assemblées parlementaires à la suite de larges consultations et concertations. Pourquoi y revenir aujourd’hui ? Notre pays, en proie déjà à de nombreuses et si graves difficultés, a-t-il vraiment besoin de se voir divisé sur de telles questions ? On sait parfaitement qu’elles résonnent au plus profond des consciences et qu’une fracture provoquée à ce niveau pourrait avoir de considérables et irrémédiables conséquences ».

Le député Marc Le Fur : « je voterai contre tout ce qui peut s’apparenter à une forme d’euthanasie et que je voterai contre le mariage entre personnes de même sexe et, a fortiori, l’adoption d’enfants. Les choses sont pour moi extrêmement précises. Il ne s’agit pas de débats mineurs et secondaires. Il s’agit de débats essentiels. Ma crainte, c’est que la gauche, qui très vite va se trouver dans une impasse économique et sociale, va vouloir susciter des écrans de fumée, ne serait-ce que pour que d’autres débats apparaissent en opinions. Il est à craindre que, dès l’automne, en tout cas en 2013, la gauche ne mette en avant ces sujets, précisément pour les raisons déjà indiquées à l’instant. Les choses se préparent. On commence à voir apparaitre aussi des campagnes d’opinions sur ces questions. Il faut que nous soyons très clairs et très déterminés là-dessus. Il faut bien que nous ayons à l’esprit une chose très simple qui n’est d’ailleurs pas spécifique à ces débats ».

Le député Marc Le Fur : « C’est que l’opinion, la vraie opinion, celle de nos concitoyens, est bien différente de celle que véhiculent un certain nombre de medias qui ont autorité sur la place de Paris et qui ne reflètent pas l’opinion, ou qui prétendent la refléter indûment. Pour toutes ces raisons, nous devons être organisés, clairs. Je sais bien que ça peut aussi susciter des débats dans notre famille politique. On le sait bien, ce n’est pas une information que je livre. Mais, en tout cas, avec un certain nombre de collègues, je crois que nous serons nombreux, nous nous efforcerons de défendre la conception qui est la nôtre de l’individu, sa place dans la famille, sa place dans le groupe, de la transmission à l’égard des enfants. Nous continuerons également à défendre l’idée que le propre de la règle, c’est de défendre les plus faibles, et les plus faibles sont aussi ceux qui, au terme de leur existence, confrontés à des difficultés, parfois bien seuls, peuvent à un moment donné, c’est vrai, vouloir en finir et ils doivent être accompagnés. Ils doivent être décemment protégés. Ça, c’est l’objectif que nous nous efforcerons de mener ».

Le député Marc Le Fur : « On avait d’ailleurs eu, il y a de cela plusieurs mois, des débats tout à fait intéressants dans lesquels, je crois, mon point de vue avait su s’exprimer. C’était en particulier sur la question touchant à la recherche sur l’embryon. Ce ne sont pas des sujets pour scientifiques, ce sont des sujets qui touchent à la conception que nous avons de la vie et de l’être humain. L’UMP, de ce point de vue, est plus partagé que ne l’est le Parti socialiste. Finalement, le fait que ce soit partagé permet aussi à ceux qui, comme moi, sont très attachés à un certain nombre de valeurs, de s’exprimer. Donc je ne vais pas interdire la liberté à mes collègues alors que moi-même je m’autorise cette liberté. Reste à convaincre, reste à expliquer, reste aussi à dire que ce n’est pas un débat uniquement de l’Assemblée. C’est un débat de la société et j’espère que nous ne serons pas seuls à porter ces messages. Que d’autres, en particulier les grandes institutions religieuses d’ailleurs, toutes confessions confondues, sauront exprimer un certain nombre de valeurs qui touchent à la place de l’homme dans la société ».

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon : « Politique, ce n’est pas un gros mot. La prière a aussi une dimension politique. Mais prier est d’abord un acte spirituel: nous nous tournons vers Dieu avec confiance, en lui demandant son aide pour ceux que nous aimons, spécialement ceux qui vivent une passe difficile. Rien de plus naturel que de prier pour sa famille, pour son pays. Jamais notre prière n’a fait abstraction des questions de la vie sociale, encore moins des souffrances des hommes. On peut dire que notre prière est marquée par les conditions de vie de la société dans laquelle nous nous trouvons. Par la prière, nous affirmons surtout que la source ultime du bien n’est pas dans l’autorité politique. Nous prions pour celle-ci, car nous croyons que Dieu veut la bénir et peut lui donner lumière et force pour être vraiment au service de tous ».

Le cardinal Philippe Barbarin : « C’est une rupture de civilisation de vouloir dénaturer le mariage, qui est depuis toujours une réalité merveilleuse et fragile. Il suffit de voir le nombre de fois où l’on interroge Jésus à ce sujet dans l’Évangile. On a reproché à l’Église son silence en d’autres temps. Mais si sa mission première est la prière, et j’espère qu’elle s’en acquitte fidèlement, elle doit parler quels que soient les courants qui traversent l’opinion publique. L’Église a l’habitude d’être le paillasson sur lequel on s’essuie les pieds. Ce qui donne à penser, dans ces réactions – et paradoxalement à se réjouir-, c’est que certains semblent avoir peur de la prière. Elle est puissante, en effet. La tentation dans une crise (économique) d’une telle ampleur, qui semble laisser aux gouvernants bien peu de marge de manœuvre, c’est de trouver des dérivatifs sur des sujets dits ‘sociétaux’. Faute de pouvoir résorber le chômage, on changerait le mariage, la famille et quoi encore, demain ? Je ne suis pas sûr que cela relève de l’autorité d’un Parlement ».

Michel Garroté

Rédacteur en chef

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