Publié par Ivan Rioufol le 19 août 2012

Les Roms demeurent de commodes boucs émissaires. Ils permettent à Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, de mettre en scène une supposée rupture avec l’angélisme socialiste. En réalité, rien n’est plus simple que de s’en prendre à cette petite communauté vulnérable (ils sont 15 000  à vivre en France) qui avait été également désignée comme fautrice de troubles par le précédent gouvernement Fillon. Or je persiste à trouver qu’il y a de la lâcheté à s’en prendre à ces européens itinérants qui, même s’ils sont effectivement sureprésentés dans la délinquance, ne sont pas pour autant une menace sérieuse pour la société. Je n’observe pas cette même fermeté publique vis-à-vis de ceux qui, au nom d’un islam radical qui revendique et intimide, remettent en cause – excusez du peu – la civilisation européenne qu’ils ont choisi de rejoindre. Je trouve même, sur ce sujet, que Valls a vite abandonné toute résistance, au profit d’une soumission préoccupante. En dépit de sa cambrure de matador, le ministre de l’Intérieur se révèle être un faux dur.

“Je  ne suis pas venu pour que l’on passe au Karcher ce quartier”, a-t-il dit  mardi à Amiens, après une nuit d’émeutes au cours de laquelle 17 policiers ont été blessés par plombs tandis qu’une école maternelle et une salle de sport ont été incendiées, notamment. Soucieux de se démarquer encore de Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur s’interdit  du même coup une approche lucide de ce type de violences qui prennent des allures de guerres urbaines. Ces opérations répétées de harcèlements contre la République et ses symboles (l’école, les forces de l’ordre), menées par des groupes organisés, ne semblent pas éveiller d’inquiétudes chez Valls, qui s’interdit là de désigner un groupe plutôt qu’un autre, pudeur qu’il n’a pas pour les Roms.”Toute attaque contre une religion (…) est une attaque délibérée contre la République et ses valeurs”, a-t-il même déclaré récemment en inaugurant une mosquée à Cergy-Pontoise, ouvrant la voie à un possible délit de blasphène.

Pour Valls, “l’islam d’aujourd’hui est l’héritier de celui qui, pendant plusieurs siècles à Cordoue, fut un accélérateur de connaissance, de culture et d’acceptation mutuelle”. Il est donc entendu pour le gouvernement (et les médias qui le soutiennent) que cette culture nouvelle ne peut avoir de liens avec les guérillas des cités, ces contre-sociétés qui se consolident dans l’entre soi et le refus du “vivre ensemble”. Il va sans dire également que les insultes faites aux femmes dans  des “quartiers populaires”, cette réalité décrite dans un documentaire de la flamande Sofie Peeters, n’ont aucun lien avec l’origine culturelle de leurs auteurs mais sont les effets d’un “machisme ordinaire” et généralisé. Quant à l’antisémitisme porté par des jeunes issus du Maghreb ou d’Afrique noire, cette autre évidence reconnue récemment par le Nouvel Observateur, est-il besoin de préciser, comme l’a fait l’hebdomadaire,  “qu’il n’est pas éloigné de l’antisémitisme occidental, si banal et si florissant dans les années trente “? Rien ne doit être dit qui puisse contrarier l’islam politique. En attendant, les Roms trinquent…

© Ivan Rioufol, publié avec son aimable autorisation
L’article original peut être consulté sur le blog d’Ivan Rioufol

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