Publié par Guy Millière le 12 septembre 2012

C’était hier le onzième anniversaire des attentats du onze septembre 2001. Ces attentats ont été à l’époque comparés à l’attaque japonaise contre Pearl Harbor. C’était effectivement la deuxième fois que les Etats-Unis étaient attaqués sur leur propre sol.

A Pearl Harbor, l’attaque était une déclaration de guerre par effraction. Cela allait marquer l’entrée des Etats-Unis dans la Deuxième guerre mondiale. Celle-ci allait s’achever quatre années plus tard par une victoire des Etats-Unis, qui fut aussi à l’époque une victoire de l’Union Soviétique, car Franklin Roosevelt n’avait pas compris que Joseph Staline était un monstre différent d’Hitler, mais un monstre lui aussi. Si les Etats-Unis avaient regardé plus lucidement le monde en 1937 ou 1938, voire un peu plus tôt, il leur aurait été possible d’arrêter Hitler préventivement.

Ils n’auraient pas pu compter sur les gouvernements français ou anglais de l’époque, certes. En 1938, Chamberlain et Daladier se rendaient à Munich pour parler de paix et d’apaisement avec Hitler. Si l’un des principaux conseillers de Franklin Roosevelt en politique étrangère ne s’était pas appelé Alger Hiss (condamné plus tard à la prison pour espionnage au service de l’Union Soviétique), Franklin Roosevelt aurait sans doute écouté davantage Winston Churchill, qui conseillait de se méfier de Staline et qui voyait d’un œil sombre les manœuvres de rapprochement du général De Gaulle avec les communistes et les Soviétiques. Les erreurs de 1938 ont permis Pearl Harbor, la guerre en Europe, la shoah. Les erreurs ultérieures ont permis à l’Union Soviétique de perdurer et de coloniser la moitié de l’Europe.

A la Deuxième Guerre Mondiale a succédé la guerre froide et celle-ci a duré jusqu’à ce que Ronald Reagan décide d’en finir avec la doctrine Truman et de passer de l’endiguement à une politique plus ferme. Après avoir vaincu deux totalitarismes en 1945, le fascisme et le national-socialisme allemand, les Etats-Unis avaient enfin vaincu le troisième totalitarisme, le totalitarisme soviétique. Le Mur de Berlin est tombé, d’abord. Puis l’Union Soviétique elle-même en 1991.

Les attaques du onze septembre 2001 ont été elles aussi une déclaration de guerre par effraction. Elles ont conduit à la guerre engagée par George W. Bush contre le terrorisme islamique. Cette guerre a débouché sur le renversement du régime taliban en Afghanistan et sur la destruction des bases arrières d’al Qaida dans les zones tribales afghano-pakistanaises. Elle s’est poursuivie par le renversement du régime de Saddam Hussein en Irak (dont les armes de destruction massive avaient été envoyées en Syrie, comme l’expliquent le rapport Duelfer et le livre de Stephen F. Hayes, ‘The Connection’) et par la mise en place d’une doctrine de recomposition du Grand Moyen Orient destinée à en finir avec l’islam radical et à endiguer le régime des mollahs en Iran, puis à le faire tomber.

La doctrine n’a pas pu être menée à bien, car le monde occidental s’est divisé et a compté en ses rangs des gens qui se sont rendus coupable de coopération active avec l’ennemi. Un axe Paris-Berlin-Moscou s’est dessiné. Jacques Chirac s’est fait chef de file du monde islamique. Malgré la victoire remportée sur les mouvements terroristes islamiques en Irak, le krach boursier et le « bank run » de la mi-septembre 2008 ont donné à Barack Obama l’élan qui pouvait encore lui manquer. John McCain était un candidat faible. Le monde est entré dans les années Obama, et Barack Obama s’est activé à défaire ce que George W. Bush avait commencé à faire. Les soldats américains tombés au combat sont, hélas, morts pour rien.

Au retrait précipité des troupes américaines d’Irak, qui a poussé le gouvernement Maliki laissé sans protecteur occidental à se rapprocher de l’Iran, a succédé l’annonce d’une date de départ du dernier soldat américain d’Afghanistan et un changement des règles d’engagement des troupes américaines. L’Afghanistan va lui-même retomber aux mains des talibans.

Selon la logique du monde musulman qui veut qu’entre le cheval faible et le cheval fort, on choisit le cheval fort, le cheval fort est apparu être l’islam radical.

Le Hezbollah s’est emparé du pouvoir à Beyrouth, au moment précis où Saad Hariri était en visite à la Maison Blanche. Les émeutes de la faim en Tunisie puis en Egypte ont débouché sur un soutien discret des Etats-Unis aux mouvements islamiques. A suivi le soulèvement libyen, au cours duquel le Qatar, financier des Frères musulmans, a également financé les « rebelles » et les actions des armées françaises et britanniques, avec le support des Etats-Unis. Aujourd’hui, toute l’Afrique du Nord est islamique, puisque le roi du Maroc a pris les devants et confié le gouvernement aux Frères musulmans, puisque le gouvernement algérien apporte un soutien aux groupes islamistes agissant dans le Sahara et à la république islamique de l’Azawad, autrefois Nord du Mali. La Tunisie est gouvernée par Ennahda, la Libye par des gens liés aux Frères musulmans et par les Frères musulmans eux-mêmes, tandis que les milices islamique, dont celles d’al Qaida, parcourent le pays. L’Egypte est gouvernée par Mohamed Morsi et les Frères musulmans et l’armée se trouve purgée de ses éléments modérés. L’issue en Syrie reste indécise, mais entre la peste Assad soutenue par le Hezbollah et l’Iran des mollahs, et le choléra Frères musulmans plus al Qaida soutenu par le Qatar et par la Turquie, il n’existe aucune issue positive.

Si Chirac et Schröder ne s’étaient pas alliés à Poutine et à l’islam radical, l’issue aurait-elle été différente ? On ne refait pas l’histoire. On la déchiffre. Toujours est-il que onze années après le onze septembre, on assiste à une offensive islamique qui n’en finit pas de progresser, et l’Occident tout entier semble se comporter comme Chamberlain et Daladier en 1938. Il n’y a pas même un Franklin Roosevelt à la Maison Blanche, car Obama est infiniment plus à gauche que Franklin Roosevelt, qui était pourtant très à gauche.

Obama s’efforce non pas de gagner la guerre contre le terrorisme islamique et d’essayer d’en finir avec l’islam radical, mais d’accompagner celui-ci vers la possibilité de régir le Proche-Orient. Il présente comme une victoire l’élimination d’Oussama Ben Laden, mais al Qaida est très actif dans une dizaine de pays, et Ben Laden a été éliminé au moment précis où Ayman Al Zawahiri voulait une autre stratégie, qui est en train d’être mise en œuvre : la prise de pouvoir dans le monde islamique et la restauration du califat (je donne les détails sur ces points dans mon livre le désastre Obama). Obama change la signification du onze septembre 2001, et si on récite toujours le nom des morts à Ground Zero, au Pentagone et là où le vol 93 s’est écrasé, le 11 septembre est désormais une journée de « recueillement »/ Le fait qu’une guerre ait été déclarée par effraction aux Etats Unis ce jour là est oublié et laissé de côté parce que le gouvernement américain a « mis fin » à la guerre en laissant la place à l’ennemi.

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Les conséquences sont chaque jour plus visibles : le fait que ce soit le jour précis du onzième anniversaire du onze septembre que le frère d’Ayman al Zawahiri, au Caire, ait décidé de mener une manifestation d’agression contre l’ambassade des Etats-Unis au nom du fait que tourne aux Etats Unis un film humoristique sur Mahomet, que cette manifestation ait débouché sur la destruction du drapeau américain placé devant l’ambassade et sur son remplacement par le drapeau d’al Qaida est tristement significatif. Le fait que la réaction du département d’Etat américain ait été de publier un communiqué d’excuses destiné aux manifestants émeutiers islamistes est plus significatif encore.

C’est le jour précédent qu’Hillary Clinton (la voix de son maître) a stipulé au gouvernement israélien que les Etats-Unis ne fixeraient pas de ligne rouge à ne pas franchir pour le gouvernement iranien eu quête de l’arme atomique, message très bien reçu à Téhéran, et bien plus mal à Jérusalem. C’est le 11 septembre que Barack Obama a fait savoir officiellement qu’il ne recevrait pas Binyamin Netanyahou le 28 septembre prochain, alors qu’il recevra Mohamed Morsi. Barack Obama a fait livrer des armes au régime égyptien, qui achète aussi deux sous marins à l’Allemagne, mais il n’a pas fait livrer à Israël les armes qui avaient fait l’objet d’un accord contractuel. Jamais un Président n’avait été aussi hostile à Israël, ce qui est logique puisque jamais un Président n’avait été aussi ouvert à l’islam radical.

L’Iran a fait savoir qu’une attaque israélienne déboucherait sur une attaque contre les Etats-Unis. Ce qui place le gouvernement israélien dans une position très difficile. Comme je l’ai déjà écrit, une attaque avec les Etats-Unis n’aura pas lieu. Une attaque sans les Etats-Unis aujourd’hui entraînerait des tensions sans précédents avec les Etats-Unis et seraient très risquée, surtout si Obama est réélu, comme c’est très possible.

Je n’aurais jamais pensé le onze septembre 2001 que le monde et les Etats Unis en seraient là onze années lus tard. Je n’aurais pas imaginé qu’un Président des Etats Unis puisse se conduire ainsi vis-à-vis d’Israël. Je pensais en 2008 que si la presse américaine faisait son travail, Obama ne serait pas élu : la presse américaine est devenue un ensemble de Pravda au service d’Obama, les médias conservateurs n’ont pu compenser, et Obama a été élu. Cette année, les médias américains sont plus que jamais au service d’Obama. Je ne puis penser à la possible réélection de celui-ci sans ressentir un instant d’effroi. Chaque jour, je me dis que cela ne peut pas être pire, et pourtant si, c’est pire. Mes analyses sont souvent modérées par rapport à l’action d’Obama, et c’est moi qu’on traite d’extrémiste et qu’on essaie de réduire au silence. Obama, lui, est adulé. J’en viens à le dire que s’il recevait Ahmadinejad à la Maison Blanche, il serait plus adulé encore. Au point où nous en sommes…. Triste époque, vraiment triste époque.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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