Publié par Jean-Patrick Grumberg le 15 septembre 2012

 

Cette histoire vraie m’a été inspirée par l’article que mon rédacteur en chef préféré, Michel Garroté, a publié hier au sujet d’Ikéa Saint Denis (1).

Au début des années 80, j’ai fait passer une information à tous mes employés pour leur dire que nous venions d’essuyer une vague de paiements avec des chéquiers volés et des fausses cartes d’identité, et que tous les porteurs sans exception étaient noirs.

Après enquête interne, j’avais décelé que ces clients avaient tous le même comportement atypique : ils choisissaient les produits les plus chers, prenaient leur décision instantanément, sans comparer avec d’autres produits, sans poser aucune question, et surtout sans discuter le prix (fait rarissime dans mon ex-ex-métier).

J’avais immédiatement réagi, et exigé une procédure particulière pour les clients noirs dont le comportement ressemblait à ce profil (tous les clients noirs ne se comportaient pas ainsi, loin de là, et bien heureusement pour le commerce, car ils étaient amateurs de gros matériel). La procédure consistait, pour celui qui encaissait le paiement, à demander à ces clients là d’énoncer leur adresse, code postal, date de naissance et lieu de naissance. Dans le meilleur des cas, ils connaissaient le nom de la rue inscrit sur la fausse carte d’identité, mais ils n’avaient pas forcément mémorisé le numéro, et ils se trompaient tous sur le code postal. Nous acceptions ensuite le paiement, mais indiquions que le produit serait livré gratuitement chez eux, ce qui nous laissait le temps de voir si le chèque était bon. 100% de ces chèques revinrent impayés, mais les produits n’avaient pas quitté nos entrepôts.

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Un responsable du personnel vint alors me voir, et me dit que ma note était raciste, car je mentionnais spécifiquement les noirs.

Je lui répondis que s’il acceptait de payer sur ses primes le manque à gagner, j’étais prêt à immédiatement annuler la note. Il devint tout pâle car il connaissait mon caractère tolérance zéro, et il se rétracta – à propos, l’unique vendeur noir de la société, lui, ne ressenti aucune gêne en lisant ma note, bien au contraire, il l’approuva spontanément.

J’ai ensuite pris le temps d’expliquer à ce responsable du personnel la différence entre le racisme et la réalité.

« Si 100% des clients qui payent avec un chéquier volé sont noirs, lui ais-je dit, et que j’affirme que 100% des clients qui payent avec un chéquier volé sont noirs, j’énonce un fait vérifiable, et non un propos raciste, et tous les tribunaux du monde ne suffiront pas pour détruire cette réalité et à justifier que je dois la taire »

Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

(1) http://www.dreuz.info/2012/09/seine-saint-denis-ikea-qui-mal-y-pense/

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