Publié par Guy Millière le 26 septembre 2012

Je ne sais pas ce qui se dira aux Nations Unies cette semaine ; même si je m’en doute.

Je ne sais pas non plus si le gouvernement israélien décidera de frapper les installations nucléaires iraniennes. Je pense que ceux qui savent, en Israël même, se comptent sur les doigts d’une seule main.

Ce que je sais est que l’administration Obama a placé Israël dans une position très difficile.

Ce que je sais est que si Obama devait être réélu (j’espère encore que ce ne sera pas le cas), la position d’Israël serait plus difficile encore.

Ce que je sais est qu’Obama, quelles que soient ses circonlocutions verbales passées, présentes et à venir, est un ennemi d’Israël, et cela, Binyamin Netanyahou le sait aussi bien que moi.

Ce que je sais est que l’administration Obama craint aujourd’hui comme la peste qu’Israël agisse et frappe l’Iran, d’où les propos tenus sans cesse par des gens de l’administration Obama disant que les Etats-Unis ne sont pas concernés, ne veulent pas tracer de « ligne rouge », considèrent que les négociations peuvent se poursuivre encore.

Ce que je sais est que l’Iran s’approche de l’irréversibilité et que ses dirigeants tiennent un discours aux accents génocidaires qu’il faut prendre très au sérieux. Sous-estimer les fanatiques qui parlent avec des cadavres dans la bouche est toujours suicidaire.

Ce que je sais est que les dirigeants iraniens sont engagés dans une fuite en avant au sein de laquelle la marche arrière n’existe pas, et que leurs menaces récentes d’attaquer les Etats-Unis en cas de frappes israéliennes sont destinées à inciter l’administration Obama à freiner Israël davantage encore qu’elle ne le fait et à accentuer la fracture qui sépare aujourd’hui les Etats-Unis d’Obama et Israël en fournissant pour cela des arguments à Obama.

Ce que je sais est que la carte géopolitique de la région est en train de se recomposer à un rythme très rapide : l’Egypte se rapproche de l’Iran tout en se rapprochant de la Chine, dont elle attend des financements. L’Irak bascule sous la coupe iranienne. Le régime Assad résiste en Syrie où l’alternative est l’islamisme sunnite. Ben Laden est mort, mais al Qaida est bien vivant. Les vainqueurs de la recomposition actuelle sont, outre la Chine, la Russie, qui est l’alliée tant de l’Iran que du régime Assad en Syrie, l’Iran lui-même, le Qatar, les Frères musulmans, et al Qaida.

Le grand vaincu de la recomposition actuelle est l’Arabie Saoudite, qui est menacée par les Frères musulmans et al Qaida d’un côté, et par l’Iran de l’autre.

On pourrait dire que l’autre grand vaincu est les Etats-Unis, mais il faudrait ajouter qu’ils sont en cette position parce qu’Obama l’a voulu.

Comme je l’explique dans le prochain numéro d’Israël magazine, Israël est isolé, mais, parce qu’il y a des dirigeants dignes de ce nom en Israël aujourd’hui, parce qu’il y a Binyamin Netanyahou au poste de Premier ministre, Israël est debout et ne baisse pas les yeux.

Israël peut espérer l’élection de Mitt Romney, et si Mitt Romney est élu, la situation changera profondément, c’est exact.

Sinon, l’alternative est claire.

Si Israël ne frappe pas et qu’Obama est réélu, l’Iran disposera de l’arme atomique et deviendra la puissance hégémonique de la région, une continuité chiite existera de Téhéran jusqu’à Beyrouth, la Turquie se rapprochera très vraisemblablement de l’Iran, et l’Egypte s’en rapprochera davantage encore. Une déstabilisation de l’Arabie Saoudite s’enclenchera sans doute, par les régions chiites du royaume. L’Egypte s’en prendra vraisemblablement à la Libye ou en fera son protectorat pour des raisons pétrolières. La mainmise russo-chinoise sur la région deviendra presque totale. Israël sera très menacé et acculé à un accord de paix qui ressemblera à la stratégie du salami énoncée en son temps par Joseph Staline : une tranche coupée s’ajoute à une autre tranche coupée jusqu’à ce que le salami disparaisse. L’Europe sera sous protectorat russo-islamique.

Si Israël frappe, les installations nucléaires iraniennes ne seront pas pleinement brisées, mais les programmes prendront du retard, plusieurs années. L’Iran sera déstabilisé et tenté de bloquer le détroit d’Ormuz, ce à quoi il ne parviendra pas. Il pourrait frapper l’Arabie Saoudite, qui ne serait pas vraiment en mesure de riposter, ce qui pourrait entraîner une riposte très limitée des Etats-Unis. L’Iran ne frappera pas les Etats-Unis et l’armée américaine, car Ahmadinejad et Khamenei savent qu’en ce cas, l’armée américaine interviendrait et en finirait avec eux en quelques jours. L’Egypte n’agira pas, car l’armée égyptienne n’est pas encore totalement sous le contrôle des Frères musulmans et Morsi ne s’est pas encore assuré de l’argent chinois. La Syrie, prise dans la guerre civile, n’agira pas non plus. Si le Hezbollah agit, Israël en finira avec le Hezbollah. Si, ce qui est moins probable, le Hamas agit, Israël ripostera de manière foudroyante. La Turquie, bien sûr, n’agira pas, car les dirigeants turcs ne feront, pour l’heure, rien qui puisse conforter le régime de Téhéran.

Ce sera, le cas échéant, une opération risquée, difficile, mais l’armée israélienne a des plans, j’en suis certain, comme je suis certain de son efficacité.

Si une frappe a lieu avant l’élection présidentielle américaine, Obama dira qu’il n’y est pour rien, mais ne pourra pas se dissocier totalement d’Israël.

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Si une frappe a lieu après une éventuelle réélection d’Obama, Obama aura la même posture attentiste et désimpliquée, mais pourra plus aisément se dissocier d’Israël.

Si une frappe a lieu, la donne régionale s’en trouvera profondément changée. Le régime Assad pourrait tomber, mais il est plus probable que la guerre civile en Syrie se poursuivra. L’affaiblissement de l’Iran affaiblira les positions de l’Egypte, alliée aujourd’hui de l’Iran. L’Arabie Saoudite échappera vraisemblablement à la strangulation qui la menace.

Si une frappe a lieu avant l’élection présidentielle américaine, Israël sous une administration Obama II aurait toujours un ennemi à la Maison Blanche, mais serait soumis à un chantage moindre.

Je l’ai déjà dit, quelle que soit la décision prise, je sais que ce sera la bonne, car le gouvernement israélien dispose d’informations dont je ne dispose pas.

Quelle que soit la décision, si une administration Obama II voit le jour, Israël a tout intérêt à desserrer l’étreinte qu’Obama entend resserrer sur Israël. Obama est un ennemi d’Israël, je l’ai dit souvent. Je l’ai réécrit plus haut.

Tant qu’Obama sera à la Maison Blanche, Israël devra compter surtout sur lui-même. C’est ainsi, hélas.

Si les électeurs américains avaient la bonne idée de renvoyer Obama à Chicago, ils pourraient compter sur la gratitude de tous ceux sur terre qui aiment la liberté et la dignité de l’être humain, qui aiment Israël et qui aiment les Etats-Unis d’Amérique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

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