La première partie de l’article de Dan Levy se trouve ici
Le consensualisme en action: la délégitimation de l’Etat d’Israël
Depuis sa création, l’Etat d’Israël a été confronté à plusieurs tentatives concertées de le détruire. Déjouant tous les rapports de force, Israël a survécu à ces guerres d’agression et à une guerre préventive.
Après l’échec de l’option militaire, les ennemis d’Israël ont privilégié celle du terrorisme, c’est-à-dire le recours à une « guerre asymétrique » passant par des prises d’otages, détournements d’avions, assassinats aveugles ou attentats suicides, destinés à briser sa résistance physique et morale.
L’échec de la deuxième Intifada déclenchée par les Palestiniens en 2001, et l’efficacité des opérations israéliennes en Judée Samarie, au sud du Liban et dans la bande de Gaza ont sanctionné la faillite de cette seconde option.
C’est donc à une nouvelle stratégie visant toujours à sa destruction qu’Israël se mesure depuis l’analyse, par ses ennemis, de leurs échecs. Dans les forums internationaux (ONU, Conseil des droits de l’homme, Unesco, …), sur les campus universitaires ou dans les médias où ils ont déplacé le conflit, l’Etat juif se mesure désormais à une stratégie de délégitimation du projet sioniste, c’est-à-dire la contestation du droit des Juifs à revendiquer une patrie sur leur terre.
C’est à cette entreprise d’éradication « douce» d’Israël que participent activement les consensualistes. L’antisionisme est ainsi devenu la nouvelle « cause » à la mode où les extrémistes du consensus peuvent sans risque aucun exhiber la noblesse de leurs prétendus idéaux.
Au nom de la compassion qu’ils échangent volontiers pour de la justice, ils fixent les Palestiniens dans la posture de victimes et les Israéliens dans celle de bourreaux. A l’aune de cette représentation fantasmée, Israël est irrémédiablement assimilé à « mauvais » et ses ennemis, ainsi sanctifiés, à « bon ».
Et ils sont nombreux ceux qui, parmi les hommes politiques [v], les syndicalistes [vi], les journalistes [vii] ou les académiciens [viii], souscrivent à cette campagne de délégitimation aux côtés de mouvements terroristes [ix] ou de dictatures [x] dont ils taisent consciencieusement les crimes contre l’humanité, en terre d’Islam [xi] ou ailleurs.
Mais définir ainsi le « Bien » et le « Mal » ne suffit pas aux consensualistes. Encore leur faut-il imposer le silence à leurs adversaires. Non par les arguments de la logique ou de la raison, mais par le discrédit moral ou intellectuel dont ils les frappent. Ainsi sont-ils, au mieux, qualifiés de persona non grata et, au pire, d’ « extrémiste », de « fasciste » ou de « raciste ». Dans cette phase apparaît toute l’importance pour les consensualistes de compter dans leurs rangs d’ « irréprochables » organisations « antiracistes », « antifascistes » ou « de défense des droits de l’homme ». A cet égard, les journalistes jouent un rôle particulièrement significatif en ce qu’ils s’acquittent de relayer les informations de manière « adéquate ».
Cet exemple illustre le mode de fonctionnement du consensualisme : une idéologie nourrie par un réseau dense d’adhérents solidaires, soutenue par des lobbies puissants et de corporatismes influents et dont la caution morale est assurée par des organisations « moralement » inattaquables. Et enfin, le recours par ces adhérents à des méthodes souvent contraires à l’éthique la plus élémentaire de leur profession.
Si le consensualisme a certes contribué à légitimer et banaliser la délégitimation de l’Etat d’Israël depuis plusieurs années, il suscite aussi contre lui une résistance portée par une popularité et un crédit croissants.
La montée des nationalismes en occident
Si la fin du siècle dernier et le début du 21ème siècle consacrent le règne du consensualisme dans les sociétés libérales, ces années sont aussi celles qui marquent la montée en puissance des partis politiques nationalistes. Il en est ainsi du Front National en France, du Parti pour la Liberté aux Pays-Bas ou du « Jobbik » en Hongrie par exemple. Ces partis se retrouvent sur plusieurs thèmes de société dont la défense de l’identité nationale, la lutte contre l’insécurité, l’immigration, le multiculturalisme ou encore l’intégration européenne, même si la présence et l’influence croissantes de l’islam dans nos sociétés préoccupent plus certains que d’autres.
Mais si les agendas et les programmes de ces partis nationalistes révèlent des similarités et des divergences significatives, tous s’accordent pour s’affranchir de la « dictature » du consensualisme et de ses objectifs et combattre ses conséquences.
Et leur dénonciation du « politiquement correct » de la large majorité des membres de la corporation des journalistes, de la classe politique, du milieu associatif et du monde académique coupable de ne pas adresser les « vrais problèmes » de la société tend désormais à déborder les frontières de l’électorat traditionnel de ces partis. Elle investit ainsi les débats publics et commande les agendas politiques au point de voir les partis « traditionnels » valider dans leurs programmes une posture ferme sur ces questions.
C’est ainsi qu’à mesure que s’installe le « politiquement correct », croît une culture de la dénonciation de l’ « establishment » qui, portée par l’exploitation de certains faits divers, pénètre de plus en plus profondément la sphère publique pour rencontrer les préoccupations des citoyens « fréquentables ».
La contestation née autour d’une cantine 100% halal dans une école de Roubaix en France [xii], l’opposition au projet de construction d’un centre islamique à quelques blocs du lieu des attentats du 11 septembre 2001 à New York [xiii], l’interdiction de la construction de minarets en Suisse [xiv] ou les lois interdisant le port du voile intégral dans plusieurs pays européens [xv] expriment le rejet croissant du projet de « société multiculturelle ».
Ce constat a amené d’importants chefs d’Etats européens (Angela Merkel – 17/10/10 [xvi], Yves Leterme – 02/11/10 [xvii], David Cameron – 05/02/11 [xviii] et Nicolas Sarkozy – 11/02/11 [xix]) à décréter publiquement la faillite du multiculturalisme. Mais si son échec représente un coup sévère porté au consensualisme, cette idéologie extrémiste risque néanmoins d’avoir encore de beaux jours devant elle.
Plus vite le ras-le-bol qu’elle inspire débordera des partis « infréquentables » pour investir les préoccupations des électeurs des partis traditionnels et intégrer leurs programmes dans une « langue » débarrassée de ses excès, plus vite cette idéologie perdra de sa superbe et s’essoufflera.
Sinon, c’est le fossé qui déjà sépare les « élites » consensualistes des citoyens frustrés, marginalisés, vindicatifs et préoccupés de se réapproprier une parole trop longtemps confisquée qui menace de se creuser plus profond encore.
Le risque ? Rien moins qu’une déchirure irrémédiable dans le tissu social…
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Dan Levy pour www.Dreuz.info
[v] Voir les propos d’André Flahaut, ancien ministre de la défense belge (http://www.ejpress.org/
[vi] Voir le syndicat d’Afrique du Sud (COSATU) condamnant « l’apartheid israélien » (« Apartheid Israel »), et « l’impérialisme sioniste » (« zionist imperialism ») dans un communiqué de presse (http://www.cosatu.org.za/
[vii] Voir Helen Thomas, journaliste américaine près la Maison Blanche qui appela au départ des Juifs de « Palestine » et à leur « retour chez eux en Pologne et en Allemagne » (http://www.juif.org/
[viii] Voir les propos de Norman Finkielstein dans un journal turc où il assimile l’Etat d’Israël à un « Etat terroriste » (« terrorist state »), mais aussi à un Etat « fou » (« insane » et « lunatic »). (http://www.todayszaman.com/
[ix] Voir l’interview de Yves Aubin de La Messuzière dans Le Monde en 2009 (http://www.lemonde.fr/la-
[x] Bat YE’OR, Eurabia : l’axe euro-arabe. Editions Jean-Cyrille Godefroy, France, 2007, 352 pages.
[xi] Voir l’article de Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice canadien dans The Globe and Mail en 2007 (http://v1.theglobeandmail.
[xii] Voir l’article de Ivan Rioufol sur son blog (http://blog.lefigaro.fr/
[xiii] Voir le site internet http://nomosquesatgroundzero.
[xiv] Voir l’article de Charles Bénédicte sur le site internet de l’hebdomadaire Marianne (http://www.marianne2.fr/
[xv] Voir la carte disponible sur le site internet du quotidien Le Monde (http://www.lemonde.fr/
[xvi] Voir : http://www.huffingtonpost.com/
[xvii] Voir : http://levif.rnews.be/fr/news/
[xviii] Voir : http://www.bbc.co.uk/news/uk-
La première partie de l’article de Dan Levy se trouve ici
Bravo, bien vu, bonne analyse, parfait, magnifique, sensationnel, bien documenté, admirable et…PAN dans le nez des bien-pensants.
On finira par écraser ce monde de dangereux inutiles prétentieux.
ATB
Jusqu’où peuvent-ils aller trop loin ?
D’accord avec ce constat, mais le « consensualisme » n’est pas une politique, c’est une posture défaitiste, une attitude laxiste faute de courage et de fermeté politique. Et le plus faible lâche le premier… d’où l’explosion de la délinquance.
Cette attitude est une trahison de la démocratie, en ce sens qu’elle donne aux anti-démocrates la possibilité d’avancer leurs exigences par la force jusqu’à la rupture. Le plus crétin de base peut comprendre que ce nouvel ordre établi par la violence va constituer le nouveau plancher à partir duquel d’autres exigences plus radicales vont apparaître et ainsi de suite.
Dans une situation donnée, le besoin économique, politique, social, religieux… de maintenir un consensus acceptable aboutira à ce que l’auteur nomme « consensualisme ».
C’est le résultat de la combinaison de plusieurs autres qualificatifs en proportion variable qui vont aboutir à une attitude conjoncturelle de consensus plus ou moins mou, plus ou moins pérenne parce que plus ou moins partagé par les « masses ». Trouille, laxisme, compromission, soumission, démission, incompétence, traitrise, lâcheté, pleutrerie…tout y contribue.
Accord patron-syndicats, entente entre groupes industriels rivaux, cartels entre banques, politique du « laisser-faire » des gouvernants de pays qu’on aimerait imaginaires… les exemples abondent, en effet.
On nommait le laisser-faire, ce consensualisme.
Nous sommes passés d’une ou deux voitures incendiées chaque Week End à plusieurs milliers lors des pogroms anti-français de 2005. Nous sommes passés de quelques milliers de délinquantes emburquées avant hollande, jusqu’à quelques dizaines de milliers trois mois plus tard.
Nous sommes passés à trois policiers tués ou blessés par des multirécidivistes en liberté pour ce seul week-end à Marseille et Cannes.
Durer à tout prix, se maintenir au pouvoir paralyse les «représentants” du peuple mais elle galvanise les délinquants salafistes.
No limit ! Ils savent désormais qu’ils peuvent dépasser les bornes.
Le consensualisme à outrance ne serait-il pas contre-nature? L’humain dans son essence est conflictuel! Savoir bâtir à travers les conflits, dans l’adversité, voilà le courage et les compétences qui sont mis au devant de la scène.
Il demeure impératif de mettre des limites, elles servent à se protéger!
Dire que l’échec au multiculturalisme est réel est peut-être un peu trop fort. Il faut plutôt parler d’échec total de la vie entre Occident et Orient! C’est plus juste!
Les exigences des arabo-musulmans n’ont pas leur place. S’ils souhaitent vivre comme des barbares en non civilisés, qu’ils restent chez eux!