Publié par Jean-Patrick Grumberg le 7 octobre 2012
Ecole terroriste de Merah en Indonésie

L’ESISC, centre stratégique européen d’intelligence et de sécurité, a publié le 6 octobre une note explicative (1), après la capture d’un réseau terroriste français, sur le jihadisme en France, signée par son directeur, Claude Moniquet.

Claude Moniquet : On ne compte plus les cellules terroristes logistiques ou opérationnelles qui ont été démantelées ces dernières années à Paris, Londres, Bruxelles, Berlin, New York ou ailleurs, pourtant, le terrorisme djihadiste continue d’exister sous la forme entités souples et floues s’apparentant davantage à des « bandes » qu’à des groupes structurés. Ces mouvances infra-terroristes sont de taille réduite, ne regroupant, le plus souvent, que quelques personnes souvent liées par des relations de famille ou de quartiers. Elles sont donc virtuellement impossibles à infiltrer. Pire : si ces groupuscules ont peu ou pas de lien avec le « cœur » de la mouvance djihadiste (al-Qaïda et ses organisations franchisées), elles sont extrêmement difficiles à repérer et peuvent rester « sous le radar » jusqu’au moment du passage à l’acte.

Les juifs sont en première ligne

Claude Moniquet : Ces « cellules » ou ces bandes n’ont pas les moyens (matériels et intellectuels) d’organiser de grands attentats du type de ceux du 11 septembre, mais elles peuvent pratiquer un « terrorisme de proximité » du type de celui de Mohammed Merah.

Claude Moniquet : L’attentat de Sarcelles est de ce type. La cible peut paraître dérisoire : jeter une grenade contre une épicerie juive, mais le poids symbolique de ce ciblage est énorme : en attaquant des communautés juives, les « néo-djihadistes » surfent sur la vague de l’antisémitisme très présent dans une partie de la jeunesse des communautés musulmanes. Le tout sous le prétexte fumeux de s’attaquer au « sionisme ».

Claude Moniquet : ceci indique clairement que les communautés juives devraient rester visées dans l’avenir prévisible.

Et il n’est pas possible de les protéger. « Si l’on s’en tient aux seules communautés juives, ce sont des milliers de synagogues, centres communautaires ou écoles qu’il faudrait placer sous protection, explique l’expert », et si l’on élargit le risque aux commerces et entreprises appartenant à des membres de ces communautés, c’est de dizaines de milliers d’objectifs potentiels que l’on parle… »

L’hyper violence des jihadistes

Claude Moniquet : les jihadistes sont jeunes, souvent issus de milieux marginaux, avec un passé judiciaire chargé et des liens avec la petite criminalité. S’ils ne sont pas capables de coups d’éclats, ils n’en sont pas moins extrêmement violents. En fait, ils sont tout simplement aussi violents que les « nouveaux truands » qui, depuis quelques années défraient la chronique judiciaire, entre autres en France. Les uns et les autres sont souvent liés, et ils partagent la sous-culture de « la violence pour la violence » et un rejet viscéral des normes sociales.

L’importance du renseignement et des experts des phénomènes de bandes urbaines organisées

Claude Moniquet : Il est clair que seul un effort massif du renseignement peut endiguer cette nouvelle menace. Cet effort doit continuer à porter sur le cœur de la mouvance djihadiste, bien entendu (elles restent dangereuses par elles-mêmes et certains « néo-djihadistes » peuvent leur être liés (Mohamed Merah s’était entraîné au Pakistan…)

JPG : plusieurs interpellations de jihadistes ont été faites en France ces dernières années. Ils ont tous été relâchés.

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Claude Moniquet : Mais il faut aussi innover. Il est nécessaire d’accentuer le travail de renseignement, de mener des « opérations transversales » réunissant des spécialistes du terrorisme, du salafisme, et des experts de la nouvelle délinquance et des phénomènes de bandes urbaines organisées.

Les jihadistes sont dans les banlieues

Claude Moniquet :

C’est dans les banlieues, en priorité, que l’on trouve les individus ayant à la fois la capacité d’agir, l’accès facile aux armes et aux explosifs et un niveau de « rupture » avec la société qui peut facilement les amener à passer à l’acte.

Claude Moniquet : Ce passage à l’acte étant souvent le résultat et l’expression ultime du mélange dangereux d’une idéologie sommaire et mal digérée, d’un racisme antisémite ou « anti-blanc » radical et d’une révolte totale contre une société dans laquelle voyous des « quartiers », salafistes et « néo-djihadistes » sont incapables de trouver leur place. Ou ne le souhaitent pas.

Selon une dépêche d’Asia News publiée le 9 septembre 2012 (2), une école islamique située à Surakarta en Indonésie et fondée par Aby Bakae Baassyir, un leader musulman qui purge une peine de prison de 15 ans pour la préparation de l’attentat terroriste de Bali en 2002 et la création d’un camps de formation de terroristes à Aceh, a des liens avec des cellules extrémistes situées en France et ailleurs en Europe.

Mohabat News, l’agence chrétienne d’information iranienne, cite un rapport de l’inspecteur général de la police anti-terroriste indonésienne Ansyan Mbai, qui confirme que l’école coranique de formation de jihadistes a des liens étroits avec des musulmans français et des cellules terroristes françaises dont celle à laquelle Mohamed Merah appartenait.

Le rapport mentionne que Frédéric Salvi, un Français converti à l’islam, qui est suspecté d’être derrière l’explosion d’une bombe devant l’ambassade d’Indonésie à Paris le 21 mars 2012 (3), et qui est recherché par Interpol, a passé de longs mois dans cette école, et qu’ « un groupe radical français communique régulièrement avec des radicaux indonésiens ».

Selon The Jakarta Post, la police française a prévenu les autorités de Jakarta en août dernier que Frédéric Salvi dit Ali, ainsi que trois autres musulmans français, qui sont suspectés d’avoir des liens étroits avec le réseau terroriste auquel appartenait Mohamed Merah, avaient prévu de se cacher à l’école de Ngruki après la planification de l’attaque.(4)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

http://www.esisc.org/upload/publications/briefings/le–neo-djihadisme–en-france-leons-dune-operation-antiterroriste/Le%20neo%20djihadisme.pdf
(2) http://www.asianews.it/news-en/Baassyir’s-Islamic-school-in-Solo-continues-to-train-new-terrorists-25725.html
(3) http://www.thejakartaglobe.com/home/fugitive-french-militant-suspected-in-indonesian-embassy-blast-police-say/507913
(4) http://www.thejakartapost.com/news/2012/08/27/ngruki-group-link-with-terrorism-france.html

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