Publié par Jean-Patrick Grumberg le 16 octobre 2012

Les musulmans trafiquants de drogue des banlieues occupées, les go fast, qui manipulent des centaines de millions d’euros, et le monde des fraudeurs du fisc, des abus de biens sociaux et de l’argent au noir, se sont croisés dans le réseau de blanchiment des frères El Maleh, qui prend sa source à Casablanca et Marrakech, d’où part la drogue, pour arriver à Trappes et Mantes la Jolie, chez les dealers.

« D’après les policiers, ces clients (Florence Lamblin et les autres personnes mises en examen) ne pouvaient ignorer qu’ils récupéraient de l’argent sale » rapporte une source proche de l’enquête.

C’est également le point de vue de l’avocat fiscaliste suisse Philippe Kenel :

L’erreur que ces gens ont fait, et peut être que l’élue l’a faite également, c’est qu’au fond, elle n’a pas vraiment voulu savoir d’où venait l’argent.

Quand au circuit, une fois démêlé, il paraît très simple :

Philippe Kenel : « C’est assez simple. Vous avez quelqu’un qui a un compte en Suisse qui n’est pas déclaré en France. Il ne veut pas passer la frontière avec l’argent. Donc vous avez une personne qui lui dit « quelqu’un va vous remettre de l’argent en France, et on transférera la même somme de votre compte en Suisse vers notre compte ».

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Philippe Kenel : « C’est vraiment faire l’autruche, car d’où vient l’argent liquide ? C’est assez simple, soit de la prostitution, soit de la drogue ».

Florence Lamblin est l’un des maillons de ce réseau qui lui a couté 8% de commission sur les 400 000 € qui ont été trouvés lors de la perquisition dans sa maison du XIIIe.

Jean-Marc Souvira

Derrière cette belle prise, on trouve la répression des stupéfiants, mais aussi les policiers de l’équipe de Jean-Marc Souvira, chef de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF). 115 policiers mobilisés, qui ont mené l’affaire avec un brio exceptionnel.

le 17 octobre 2011, donc avant le début de l’affaire, Souvira expliquait au Parisien :

Pour les malfaiteurs, la prison, c’est une donnée qui fait partie de leur carrière. Mais la saisie, l’argent, c’est le principal pour eux. C’est une perte sèche. C’est une arme dévastatrice, souvent bien plus que des condamnations à des peines de prison.

Jean-Marc Souvira : « Il faut finir cette révolution culturelle en faisant la promotion, auprès des policiers et des magistrats, du délit de « non-justification de ressources » qui est notre arme légale pour enquêter. »

Jean-Marc Souvira : « Il n’y a pas de petite ou de grande saisie. Il faut pouvoir prendre tout ce qu’on peut pour assécher le patrimoine d’un délinquant et celui de ses proches qui en profitent. »

Et c’est ce qu’il fera.

Jean-Marc Souvira : « Lutter contre le trafic de drogue en ne s’attaquant qu’au produit, ce n’est plus suffisant. Si nous n’avions pas été saisis en même temps que l’office des stups, jamais cette affaire ne serait sortie. »

Jean-Marc Souvira : « L’affaire aurait pu en effet en rester, début 2012, à une simple interception de go fast, ces bolides gavés de cannabis marocain qui remontent la drogue par centaines de kilos depuis l’Espagne vers les banlieues françaises, en l’occurrence le secteur de Trappes-Mantes-la-Jolie (Yvelines).

Mais son équipe préfère temporiser et observer les mouvements d’argent, et remonter lentement des collecteurs de l’argent de la drogue jusqu’au collecteur principal : la trentaine, un voyou musulman de banlieue.

Et de filature en filature, l’opération Virus, de son nom de code, arrive jusqu’à un quinqua grisonnant, le premier frère El-Maleh, Mardoché. À chaque rendez vous, le voyou des banlieues lui remet de lourds sacs en plastique.

C’est l’argent de la drogue, le même argent sale qui sera remis quelques heures plus tard à Florence Lamblin, contre retrait de la même somme, majorée des 8% de commission, sur son compte en Suisse.

C’est l’originalité du réseau de la « El-Maleh Connection ». Nessim El Maleh, qui travaillait à la HSBC Genève et a ouvert les comptes bancaires à l’étranger, Meyer, qui gérait GPF SA (Gestion et promotion financière), dans les beaux quartiers de Genève, et qui tirait les ficelles, fabriquait les fausses écritures pour blanchir l’argent recyclé et servir de plate forme de distribution.

La résine de cannabis part du Maroc en go fast, pour revenir sous forme de biens immobiliers à Marrakech, Dubaï ou en Espagne, à hauteur de 100 millions d’euros par an, après avoir transité par deux sociétés fictives, une basée à Londres, l’autre à Madrid, pour arriver à Panama, où une centaine de comptes bancaires ont été identifiés, avant d’être investis, pour le compte de personnalités proches du pouvoir.

1 million de Marocains vivent de la culture du kif, qui est payé au producteur entre 1200 et 1500 dirhams le kg (120 € en moyenne), et aucun trafic, dans un pays policé comme le Maroc, ne peut exister sans les cols blancs et les bakchiches marocains.

Le réseau El-Maleh est déjà en cours de remplacement. La nature a horreur du vide, les voyous aussi.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

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