Publié par Abbé Alain René Arbez le 31 octobre 2012
Ouragan Sandy

Certaines catastrophes naturelles sont prévisibles, comme la tempête Sandy qui vient de sévir sur les Etats Unis, d’autres surviennent brutalement comme le tremblement de terre d’Haïti et sont d’autant plus traumatisantes pour les populations. Les journalistes avaient d’ailleurs employé un peu facilement le terme de malédiction.

il était encore fréquent jusqu’avant le Concile Vatican II, d’entendre parler d’un Dieu sadique qui punit les hommes

Au cours des siècles, l’approche religieuse de ces phénomènes a connu des tonalités diverses. Même jusqu’à une époque récente, avant l’essor des sciences bibliques, on a vu dans ces catastrophes le doigt vengeur d’un Dieu courroucé par les péchés des hommes. Le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 a encore servi de thématique culpabilisante à de nombreux prédicateurs en Europe. Mais dans l’esprit des Lumières, la réflexion des philosophes et des savants – croyants ou athées – a peu à peu libéré la notion de catastrophe d’une cosmogonie encore imprégnée de mythologie grecque. Malgré cela, il était encore fréquent jusqu’avant le Concile Vatican II, d’entendre parler d’un Dieu sadique qui punit les hommes à travers les catastrophes pour leurs atteintes à sa loi, ce qui n’a pas manqué d’accélérer le processus massif conduisant à l’athéisme.

En revanche, si l’on se réfère à quelques pages célèbres de la Bible, on découvre que le message opère déjà une sérieuse désacralisation des phénomènes naturels, afin d’ouvrir un espace de liberté et d’initiative à l’être humain. La question de base passe d’abord par celle de l’existence du mal dans le monde créé par Dieu : l’expérience de Job qui crie sa révolte est parlante. Alors que ses amis lui suggèrent que, dans ses malheurs, il a subi une punition méritée pour ses fautes, son refus apporte finalement un vif désaveu à cette théologie du châtiment et laisse au contraire entrevoir le visage d’un Dieu compatissant.

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Le créateur interviendrait-il en personne lorsqu’il y a un séisme ou un cyclone ? Non, répond le prophète Elie au mont Horeb. Dieu ne manifeste pas aux êtres humains sa présence par le tremblement de terre ou par l’ouragan, mais plutôt par l’effleurement d’une brise légère, signe de son Esprit qui parle au cœur de l’homme sans brutalité.

La tour de Siloé qui s’est effondrée sur la foule à Jérusalem a-t-elle été renversée par Dieu pour châtier les passants de leurs fautes ? Non, réagit aussitôt Jésus, car Dieu ne manifeste pas sa gloire dans la mort. Il est le Dieu des vivants, et il incite sans cesse à promouvoir la vie, y compris au milieu des malheurs et des pires épreuves. C’est ce que Jésus vivra jusqu’au bout, dans sa personne, en exprimant sa compassion aux souffrants et en ouvrant une voie d’humanité vers le Royaume de Dieu.

Il s’agit par conséquent aujourd’hui de concilier l’apport scientifique en matière de gestion des catastrophes, avec la conscience éthique émanant de la responsabilité confiée par Dieu aux êtres humains pour continuer l’œuvre de création. Le tikkoun olam en est la belle illustration.

Plutôt que de rechercher des rituels magiques rassurants pour conjurer le mauvais sort, la véritable attitude spirituelle est donc créative, c’est celle de l’intelligence des phénomènes naturels, de la réflexion sur la manière d’habiter la terre, la compassion avec les victimes et la solidarité avec les plus exposés.

Il est de ce fait urgent également de discerner entre catastrophes liées aux lois de la nature, et tragédies provenant des responsabilités de l’homme, comme le risque nucléaire, les épidémies par contagion, les famines pour cause de mal développement, etc. La tradition biblique refuse toute résignation devant ces problèmes.

Exemple significatif : devant une grande foule affamée, Jésus dit à ses disciples qui attendaient de lui un geste magique : donnez-leur vous-mêmes à manger… C’est alors qu’un enfant offre spontanément le peu qu’il a pour le partager, c’est le début du vrai miracle, une multiplication des chances pour résoudre la situation, et une véritable bénédiction. Cette détermination et cette simplicité de cœur devraient inspirer nos contemporains dans beaucoup de domaines.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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