Publié par Michel Garroté le 23 décembre 2012

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Michel Garroté, journaliste chrétien & réd en chef www.dreuz.info – Alors voilà, je commence par poser cette question déplacée : Noël ou Nativité ? J’aurais envie de répondre : les deux. Noël, pour nombre de personnes, c’est l’opéra commercial de la grande bouffe. On commence avec le saumon fumé, le foie gras, le homard, la dinde, et, la bûche atomique au dessert ; puis on termine avec la gastroentérite et les médicaments ad hoc. Je n’ai rien contre les gueuletons de fin d’année en famille. Je me pose simplement la question : faut-il se gaver, se saouler puis dégueuler pour fêter Noël ? Et recommencer le même scénario gerberac au Nouvel An ? Quand j’ai appris par la presse (c’était Noël 2008) qu’à Paris un SDF pouvait s’offrir le luxe de mourir, à cause du froid, Place de la Concorde (il y est effectivement mort), je me suis demandé de quel genre de concorde festive il s’agissait-là ? Bien entendu, je ne voudrais surtout pas jouer le trouble-fête. Je dis simplement qu’un peu moins de cadeaux, de bouffe, de champagne et de télévision contribueraient à faire la fête tout en se souvenant que cette fête, pour les chrétiens, marque la Nativité d’un Sauveur.

Je sais bien que c’est difficile à comprendre en dehors de la foi chrétienne. Du reste, nous autres chrétiens néoconservateurs pro-sionistes, nous n’imposons rien à personne. En ce qui me concerne, bien que je sois catholique, ou plutôt, parce que je suis catholique, je consacre beaucoup plus de temps à défendre et à valoriser Israël qu’à parler de l’Eglise catholique. Mais la période de Noël est particulièrement importante pour la foi chrétienne. C’est donc, aussi, l’occasion pour nous, du moins pour moi, de tenter de faire une trêve, une Houdna, dans ma résistance, dans notre résistance rédactionnelle à la terreur islamique. Eux posent des bombes (y compris à Noël dans les églises à Gaza) et nous pondons des articles. Pendant quelques jours nous allons essayer, du moins je vais essayer de me calmer. Eux et leurs roquettes je ne sais pas. Pour en revenir à la Nativité, il faut bien comprendre que c’est pour les chrétiens un temps de Joie. Jésus-Christ est né sur la paille dans une mangeoire à bestiaux, même si aujourd’hui nous appelons cela une crèche.

Et cette Nativité dans un tel dénuement, une telle pauvreté, une telle simplicité, c’est, justement-là, la Joie des chrétiens (qu’ils cessent donc de tirer la gueule durant l’octave de Noël…). Joie car, encore une fois, un Sauveur nous est né. Les premiers à l’avoir vu ne sont pas les riches rois mages avec leurs cadeaux somptueux le 6 janvier. Les premiers à l’avoir vu sont de pauvres bergers. Quant à cette jeune Juive de Galilée, Myriam de Nazareth – que nous autres catholiques francophones nommons Marie en français – elle ne s’est pas prise pour une déesse, cette fameuse nuit, à Bethléem. Au contraire, « elle méditait toutes ses choses », nous dit la Sainte Ecriture. Curieux, d’ailleurs, cette attitude : au lieu de s’extasier sur son rejeton elle médite toutes ces choses. Que médite-t-elle au juste ? Elle médite le Mystère de la Sainte Trinité. Elle médite le fait que la Nativité du Fils incarné de Dieu est indissociable du Père et du Saint Esprit.

Certes, au plan strictement humain, la vie ici-bas de Jésus-Christ, commence plutôt mal. On n’a pas l’habitude de voir un Roi, un Messie, un Dieu, un Sauveur, naître dans une mangeoire et recevoir en guise de première visite des bergers en guenilles avec quelques brebis pas forcément parfumées chez Chanel. Quel signe, d’ailleurs, ces bergers et ces brebis, dans la nuit du 24 au 25 décembre. Car Jésus-Christ, précisément, est le Bon Berger. Et nous, ses brebis, nous ne manquerons de rien, puisqu’il nous propose la Vie éternelle.

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Je me souviens que dans un commentaire fouillé sur le sens de la Nativité et de la Fête de Noël, Benoît XVI s’était livré, il y a quelques années, à une analyse anthropologique de la personne humaine dans sa relation avec Dieu. Au-delà de sa dimension spécifiquement chrétienne, cette anthropologie de la personne humaine développée par le pape, demeure un apport de haut niveau, à la réflexion philosophique en général. J’ose même ajouter qu’une personne qui ne se reconnaît pas dans la foi chrétienne, mais qui est à la recherche du Très Haut, cette personne, peut, avec un brin de bonne volonté, trouver dans ce commentaire du Saint-Père, quelques éléments de réflexion sur son chemin propre. C’est là un des dons de Benoît XVI : en alliant foi et raison, en alliant cœur et rigueur, au-delà de l’Eglise catholique, il a contribué, contribue et contribuera encore à enrichir la philosophie dans son étude de la personne humaine. Le pape, en commentant l’universalité de la fête de Noël, avait notamment déclaré qu’à Noël, les chrétiens célèbrent un événement historique qui est un remède à l’absurde.

Benoît XVI avait entre autre souligné le caractère historique de l’événement que Noël célèbre en déclarant : « A Noël nous ne nous limitons donc pas à commémorer la naissance d’un grand personnage ; nous ne célébrons pas simplement et de façon abstraite le mystère de la naissance de l’homme ou le mystère de la vie en général ; pas plus que nous ne fêtons seulement le début de la nouvelle saison ». « A Noël nous rappelons quelque chose de très concret et d’important pour les hommes, quelque chose d’essentiel pour la foi chrétienne  une vérité que saint Jean résume dans ces quelques paroles : Le Verbe s’est fait chair. Il s’agit d’un événement historique que l’évangéliste Luc se préoccupe de situer dans un contexte bien déterminé : au cours des jours où parut l’édit du premier recensement de César Auguste, lorsque Quirinus était déjà gouverneur. C’est donc dans la nuit d’une date historique qu’eut lieu l’événement de salut. Dans l’obscurité de la nuit de Bethléem s’alluma réellement une grande lumière : le créateur de l’univers s’est incarné, s’unissant de façon indissoluble à la nature humaine, au point d’être réellement Dieu de Dieu, lumière de lumière et dans le même temps homme, vrai homme ».

Benoît XVI avait proposé une lecture du terme le Verbe en rappelant que Dieu redonne sens à la vie de l’homme par son incarnation : « Ce que Jean appelle en grec ho logos, qui se traduit en latin par Verbum, le Verbe, signifie également le Sens. Nous pourrions donc comprendre ainsi l’expression de Jean : le Sens éternel du monde est devenu tangible à nos sens et à notre intelligence ; nous pouvons à présent le toucher et le contempler ». Le pape avait également souligné la proximité de Dieu : « Le Sens qui s’est fait chair n’est pas simplement une idée générale présente dans le monde ; il s’agit d’une Parole qui nous est adressée. Le Logos nous connaît, nous appelle, nous guide. Il ne s’agit pas d’une loi universelle, au sein de laquelle nous accomplissons un rôle, mais il s’agit d’une Personne qui s’intéresse à chaque personne : c’est le Fils du Dieu vivant, qui s’est fait homme à Bethléem ».

« A beaucoup hommes, avait précisé Benoît XVI, et, d’une certaine façon, à nous tous, cela semble trop beau pour être vrai. En effet, on nous répète ici : oui, il existe un sens, et le sens n’est pas une protestation impuissante contre l’absurde. Le Sens a un pouvoir : c’est Dieu. Un Dieu bon qui ne doit pas être confondu avec un quelconque être très haut et lointain, auquel il ne nous serait jamais donné d’arriver, mais un Dieu qui s’est fait notre prochain et qui est très proche de nous, qui a du temps pour chacun de nous et qui est venu pour demeurer avec nous. La petitesse de l’enfant est capable de faire fondre l’orgueil. Et, alors, nous nous demandons spontanément : Une telle chose est-elle possible ?  Est-ce digne de Dieu de se faire enfant ? ».

« Pour tenter d’ouvrir le cœur à cette vérité qui illumine l’existence humaine tout entière, il faut plier l’esprit et reconnaître la limite de notre intelligence. Dans la grotte de Bethléem, Dieu se montre à nous comme un humble enfant pour vaincre notre orgueil. Libéré de l’orgueil, alors l’homme peut aimer. Peut-être nous serions-nous inclinés plus facilement devant la puissance, devant la sagesse ; mais Lui ne veut pas que nous nous inclinions. Il fait au contraire appel à notre cœur et à notre libre choix d’accepter son amour. Il s’est fait petit pour nous libérer de cette prétention humaine de grandeur qui jaillit de l’orgueil ; Il s’est incarné librement pour nous rendre véritablement libres, libres de l’aimer », avait ajouté Benoît XVI en conclusion.

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