Publié par Abbé Alain René Arbez le 25 décembre 2012

Noël

Nous célébrons Noël le 25 décembre? Non pas en raison d’une date de naissance qui reste inconnue, mais parce que finalement, pour fêter l’événement lui-même, c’est la fête du solstice d’hiver qui a été choisie, car c’est le moment symbolique où la lumière du soleil se remet à grandir et à gagner sur la nuit…

Comme l’annonçaient les prophéties du Premier Testament, la lumière créatrice de la Parole de D.ieu se répandra depuis Jérusalem dans le monde entier pour faire bénéficier les nations de ses bienfaits.

La Nativité est certainement la fête chrétienne la plus populaire. L’évangile de Noël nous redit l’essentiel de l’espérance, c’est vraiment la réalisation d’une heureuse annonce que déjà Isaïe transmettait à tous les découragés de son époque: un fils nous est donné, un enfant nous est né, promesse d’avenir et de salut pour un peuple constamment menacé par les puissances du mal!

Nous vivons dans un monde contrasté et difficile; bien souvent, les souffrances semblent plus pesantes que les joies, et dans tellement de situations humaines, on a l’impression que les ténèbres l’emportent sur la lumière…

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Mais le vrai message de Noël, c’est que la gloire de D.ieu s’est définitivement liée au bonheur des hommes, il nous faut donc réaliser que cet amour de D.ieu manifesté en Jésus ne reste pas extérieur à nos situations humaines. Noël n’est pas un conte pour enfants, il ne résout pas tout par effet magique, c’est l’annonce d’un processus de recréation du monde. L’enfant qui est né à Bethléhem de Judée, pays des Juifs, il y a 2000 ans, vient au monde dans le dénuement total, entouré – selon les traditions – d’animaux de la crèche, pour évoquer le fait qu’ainsi, la création repart sur d’autres bases.

C’est justement cette condition vulnérable que D.ieu a choisie pour venir à nous, pour nous faire comprendre qu’il n’est pas une divinité autoritaire et lointaine qui nous menace, comme dans les mythologies, mais qu’au contraire il rejoint notre condition comme pour nous parler « de l’intérieur » de notre humanité, et ainsi accomplir pleinement l’alliance entre Dieu et l’humain, annoncée de multiples manières dans la Bible. L’enfant de Bethléhem nous redit tout cela aujourd’hui, à travers la douce présence de son humilité.

A l’heure des grandes stratégies économiques et politiques dans le monde, alors que des événements bouleversent les situations de populations entières et puisque nous vivons à l’heure d’internet et des communications intercontinentales, nous pouvons aussi nous demander, pour une fois, comment les autres perçoivent notre célébration de Noël : regardons brièvement ce que disent de Noël les juifs, les hindouistes, les bouddhistes, les musulmans et les sans-religions.

Pour les juifs : il faut d’abord comprendre que, suite à la douloureuse séparation du 1er siècle entre synagogue et église, durant des générations les fils d’Israël ont subi de terribles violences de la part des chrétiens. Dans ce contexte, beaucoup de juifs ont pu logiquement percevoir la personne de Jésus et l’usage qu’en faisaient les chrétiens, comme la source de leurs malheurs. Mais depuis une soixantaine d’années, après les changements doctrinaux survenus dans les Eglises chrétiennes à l’égard du judaïsme, de plus en plus d’intellectuels juifs se sont mis à lire les évangiles et à reconnaître en Jésus un grand rabbi porteur de la tradition hébraïque. Pour eux, Noël est la célébration d’une grande figure de leur peuple.

Les hindous, croient que le divin se manifeste en toutes choses. Jésus représente donc pour eux un « avatar », une manifestation du divin particulièrement parlante: c’est un yogi, c’est à dire un sage qui a réalisé son unification en accomplissant la voie de la compassion et de la dévotion. Noël est pour eux une fête célébrant un visage respectable du divin parmi d’autres grandes figures sacrées.

Les bouddhistes ne croient pas en un Dieu créateur et personnel et pour eux, le salut final de chacun consiste à être une goutte d’eau qui disparaît dans l’océan du nirvâna. Mais ils voient dans l’enseignement de Jésus des convergences étonnantes avec la sagesse de Siddharta, dénommé Bouddha: en particulier dans le détachement, l’accueil de l’autre, la non violence et la compassion. Noël est pour eux l’occasion de reconnaître un grand maître de sagesse qui incite à l’éveil des consciences.

Les musulmans célèbrent seulement la fête du mouloud comme mémoire de la naissance de Mahomet. Le Coran – qui pour nous n’est pas une Ecriture inspirée par Dieu – parle de Jésus à travers un certain Issa et de sa mère Myriam. Mais ce Jésus-là n’est pas celui de l’évangile, c’est un prophète musulman, qui n’est évidemment pas la Parole de Dieu faite chair. Pour l’islam, Jésus n’est jamais mort sur une croix, et surtout il n’est pas Fils de Dieu. Il ne peut donc pas y avoir de regard musulman sur le Noël des chrétiens, puisque le Coran se veut le remplacement des Ecritures juives et chrétiennes qui l’ont précédé.

Quant aux athées et agnostiques, les sensibilités sont diverses et très marquées par les idéologies : si certains ne voient en Noël qu’une fabrication crédule, beaucoup reconnaissent dans ce message un élan humaniste qui a montré sa créativité au cours des siècles, comme une promotion du visage humain et l’annonce d’une paix offerte à tous.

Ces regards différents sur la Nativité nous invitent à ne pas perdre de vue le fait que nous vivons dans un monde aux multiples religions et aux cultures diverses, pas toujours en harmonie.

L’espérance de Noël ne doit pas nous faire minimiser ces différences, car nous sommes minoritaires dans nos sociétés. Cela devrait nous stimuler à approfondir et fortifier notre foi, pour en témoigner sereinement autour de nous.

Nous voici aujourd’hui de nouveau à la crèche de Bethléhem. Pour nous approcher de Jésus, il nous faut côtoyer les humbles bergers, ces membres du peuple d’Israël qui ont entendu les premiers la bonne nouvelle dans la nuit de leur veille; il nous faut aussi croiser les mages, ces étranges personnages venus de loin, avec leurs convictions et leur culture païenne, mais qui ont tenu à s’incliner devant cette royauté céleste si différente des royautés terrestres.

C’est peut-être cette attitude qui nous est proposée en ce jour de Noël: être d’une part proches de la tradition biblique des bergers d’Israël, et être d’autre part capables de côtoyer avec lucidité des personnes et des groupes aux conceptions très différentes des nôtres.

« Gloire à D.ieu et shalom sur Terre à ceux que D.ieu aime ! » le chant des anges résonne comme une bénédiction, et le monde entier peut bénéficier de la Présence glorieuse, la Shekhina.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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