Publié par Salem Ben Ammar le 22 janvier 2013

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L’engagement des troupes françaises au Mali semble avoir pris de court la communauté internationale, sauf les pays concernés directement ou indirectement telle l’Algérie.

L’engagement suscite réserves et interrogations sur le cavalier seul de la France, et les limites de sa politique face au terrorisme islamique. On lui reproche, à tort ou à raison, son manque de cohérence. Soit la France doit le combattre là où il se trouve, soit cesser de lui mener un combat sélectif, mu par des considérations géopolitiques, géo-économiques et géostratégiques.

Ainsi, pour les critiques de l’intervention française au Mali, la France semble atteinte de schizophrénie. Elle soutient la cause des terroristes musulmans en Syrie, et les combat au Sahel, au risque de provoquer leur ire, et dérouler à leurs pieds le tapis rouge maculé du sang des prochaines victimes des actions terroristes sur son propre territoire.

Quoi qu’il en soit, et au-delà de toutes les spéculations qui entourent cette intervention, la France n’a toujours pas compris qu’avec le terrorisme musulman, le djihad, qui est un et indivisible, il ne peut y avoir de riposte différenciée ni graduée.

Pour que son intervention ait du sens, elle doit cesser tout soutien aux pseudos rebelles syriens, mosaïque multinationale de mercenaires islamistes, afin que son engagement au Mali soit entendu et compris comme une réelle volonté de venir en aide aux populations maliennes en proie à la barbarie musulmane. Son action sera alors saluée et soutenue inconditionnellement.

En l’état actuel de la crise malienne, avec les risques de contagion, la France ne peut pas rester inactive et impuissante à regarder passer les caravanes terroristes dotées d’armements sophistiqués être renforcées par des nouvelles caravanes venues du monde musulman. La Tunisie est devenue une nouvelle terre de djihad, grâce aux anciens combattants rentrés d’Afghanistan et d’Irak, voire de Syrie, où ils sont entrain de goûter à la débâcle.

Si la France dit vouloir lutter contre le Jihad, elle doit répondre avec fermeté et vigueur à la brutalité et la barbarie de l’islam djihadiste.

Les frontières dessinées par la France ne couvrent aucune réalité ethnique où historique.

Que la France vienne en aide au pays du Sahel, du fait de ses liens historiques et humains, n’est en rien scandaleux, car elle est la cause première des problèmes frontaliers en Afrique subsaharienne, de la nouvelle route de la cocaïne, et du sanctuaire des terroristes. En l’absence d’une force africaine crédible, ainsi qu’une force onusienne de lutte contre le terrorisme international, il incombe à la France d’étouffer le terrorisme saharien, tout en aidant à la sécurisation des territoires du Sahel, et participer militairement à la restauration de l’autorité de ses anciens dominions qu’elle a créé artificiellement.

Mais si elle prend prétexte de cet état de troubles pour ré-instaurer un « nouveau pouvoir colonial » au profit de ses multinationales, comme Areva, lui permettant de mettre la main sur les gigantesques richesses minières et minérales du sous-sol malien, convoité également par le Qatar, cela non plus n’est pas un acte hostile à l’égard du Mali et des pays voisins, s’il s’inscrit dans une logique protectrice de la souveraineté économique des peuples sahariens.

On ne peut non plus faire un procès d’intention à la France qui agit sous mandat onusien, et dont l’influence en Afrique se trouve réduite en peau de chagrin au profit des chinois et des américains. La France ne peut s’offrir le luxe de se voir totalement éjectée de l’Afrique francophone, d’autant plus que les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO), et à leur tête le Nigeria et l’Algérie, sont les premiers à soutenir l’intervention française. Il est fort douteux qu’avec l’appui militaire et politique de pays tels le Nigeria et l’Algérie, très pointilleux de leur indépendance nationale et leur leadership régional, la France soit animée d’arrière-pensée néo-coloniales, contrairement aux intentions malveillantes qu’on lui prête. De même qu’il serait farfelu de l’imaginer intervenir en sous-main pour les intérêts des Etats Unis.

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Conforme, l’Emirat-bananier du Qatar se révèle un farouche adversaire de l’engagement français, dont il doute du « bien-fondé ». Il craint que la France et ses alliés africains, dont l’Algérie, déjouent son plan d’annexion du Sahara, première étape avant la conquête de l’Algérie. Plus encore, les propos indigestes du philo-nazi Youssef al-Qaradâwî, une sorte de Cardinal de Richelieu de l’Emir du Qatar, son porte-voix à l’adresse des masses arabes endoctrinées, s’est permis de jeter son fiel sur cet engagement, qu’il décrit comme une immixtion dans les affaires intérieures des pays africains, attentatoire de leur souveraineté, qualifiant l’intervention de la France au Mali de « précipitée ». En la qualifiant ainsi, il reconnaît implicitement que la France a pris le Qatar de court, l’envoyant dans les cordes.

Ceci éclaire les desseins hégémoniques et bellicistes du Qatar, qui aurait préféré transformer cette région en chasse gardée, en zone de chaos, afin qu’il puisse tisser sa toile, baliser le terrain pour pousser les Etats Unis à une intervention sur le modèle de l’Afghanistan et de l’Irak, et prendre l’Algérie en étau.

Si tel est bien le cas, l’intervention française n’est ni précipitée, ni inadéquate, ni empreinte d’arrière-pensée néo-coloniale, elle se justifie amplement, et elle est conforme, pour une fois, avec l’esprit de la Charte des Nations Unies, en terme de maintien de la paix et de sécurité internationale.

Laisser cette région du monde entre les mains des milices terroristes composées de plusieurs nationalités à la solde du Qatar, c’est non seulement valider l’occupation du Nord du Mali et des pays limitrophes, mais surtout contribuer à la prolifération du terrorisme, en créant un nouvel appel d’air, comme en Afghanistan mais autrement plus redoutable, car il est situé près d’une Europe très poreuse à l’immigration africaine.

Avec les révolutions du printemps wahhabite, l’Algérie reste le seul rempart et la dernière zone-tampon contre le terrorisme musulman orchestré par le Qatar. En faisant sauter la digue algérienne, comme l’a tenté le groupe de mercenaires avec la prise d’assaut du site gazier de Tiguentourine à 50 km d’In Amenas, la houle terroriste finira par engloutir tout l’espace méditerranéen au nord comme au sud.

La France doit, si elle entend se conformer à sa promesse « d’éliminer le terrorisme » lui mener un combat là où il est localisé, et pas seulement au Nord Mali. En a-t-elle les moyens ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Salem Ben Ammar pour www.Dreuz.info

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