Publié par Michel Garroté le 23 janvier 2013

jeunes-jihadistes

Michel Garroté, réd en chef – Le juge français antiterroriste du Tribunal de grande instance de Paris Marc Trévidic, dont je ne partage qu’en partie les analyses, essaye de dresser le profil des nouveaux djihadistes, des terroristes souvent très jeunes. Avec l’intervention française au Mali et la sanglante prise d’otages en Algérie, le terrorisme reste un problème majeur. Marc Trévidic tente d’expliquer, non sans zones d’ombre, au journaliste suisse Antoine Menusier, qui seraient les nouveaux islamistes (extraits adaptés ; cf. 1er lien vers source en bas de page).

Antoine Menusier – Ces dernières années est apparu un type nouveau de terroriste, dites-vous, le djihadiste solitaire, quel est son profil ?

Marc Trévidic – Il y a la masse des jeunes qui, n’ayant aucune connaissance religieuse, l’acquièrent rapidement sur Internet. Ils ont eu des problèmes avec la justice et trouvent dans l’islam une rigueur dans la vie quotidienne. Ils vont alors vouloir aller sur une terre de djihad. Le tout dans une certaine désorganisation. Mais une fois pris en charge par des vrais terroristes, au Waziristan (région pakistanaise à la frontière avec l’Afghanistan) par exemple, ils peuvent devenir très dangereux à leur retour en France. C’est un peu le cas Mohamed Merah, avec la particularité qu’il se trouvait depuis longtemps dans un climat ambiant très dur. D’autre part, il y a des gens beaucoup plus idéologues, avec une science religieuse plus grande. Ceux-ci ont un rôle plus actif, notamment de recrutement.

Antoine Menusier – Mohammed Merah est-il une exception « exceptionnelle » ?

Marc Trévidic – Ce qui est exceptionnel, ce n’est pas son parcours, beaucoup l’ont eu. C’est sa très grande détermination à tuer et sa très grande faculté de dissimulation.

Antoine Menusier – Vous avez affaire de plus en plus à des mineurs attirés par le djihad. Que leur dites-vous ?

Marc Trévidic – D’abord, même chez les mineurs, il y en a dont on sent tout de suite qu’ils sont très durs et rodés, avec un passé de délinquants et l’habitude de la police. Et puis il y a ceux, plutôt la majorité, qui ont été radicalisés tellement vite, en un mois ou deux, qu’on peut faire avec eux le chemin inverse assez rapidement. Ils veulent faire du jeu guerrier vidéo, mais sans manettes. On n’a pas là quelque chose de très profond. Ceux dont j’ai en charge le dossier sont tous sous contrôle judiciaire. Ils ont une peur bleue de la prison préventive. Ils sont repris en main par les parents ou par les grands frères. Pour l’instant je croise les doigts, je n’ai pas eu de problèmes.

Antoine Menusier – Parfois ce sont les parents eux-mêmes qui vous avertissent de la dérive de leurs enfants ?

Marc Trévidic – Oui. Ça aussi c’est nouveau. Ils nous disent : venez à notre secours, notre fils, notre fille, est pris en main par des intégristes, il veut partir faire le djihad.

Antoine Menusier – La cause palestinienne est-elle une de leurs motivations ?

Marc Trévidic – Oui, ça reste un argument fort de radicalisation au départ, même si ce n’est pas à Gaza qu’ils vont aller faire le djihad. On les encourage à aller combattre les Américains, à la kalach (Note de Michel Garroté – L’israélophobie viscérale des médias français a donc contribué à la radicalisation des musulmans de France…).

Antoine Menusier – Des femmes se lancent aussi dans le djihad. Qui sont-elles et que font-elles ?

Marc Trévidic – La première catégorie, ce furent les femmes kamikazes qu’on a vues en Irak et en Tchétchénie. C’était une grande nouveauté. Les femmes, avec le niqab, ne peuvent pas combattre aux côtés des hommes, se planquer avec eux dans une baraque. Il n’y avait que les attentats kamikazes qu’on pouvait leur offrir dans un premier temps. Et encore, ça a été discuté. Une fois ces grands conflits terminés, les femmes ont trouvé un rôle grâce à Internet. Elles y restent des heures à passer des messages opérationnels cryptés, à envoyer des numéros de code pour aller chercher de l’argent dans des bureaux de Western Union, à poster de la propagande, à faire des traductions d’arabe en français ou en anglais. Les femmes peuvent être très efficaces derrière Internet tout en respectant les lois de la non-promiscuité avec les hommes, enseignées par l’islam radical. Internet a en quelque sorte libéré la femme musulmane intégriste.

Antoine Menusier – Combien de Français sont-ils engagés dans des actions djihadistes armées ?

Marc Trévidic – Certains sont partis au Yémen, en Somalie ou au Waziristan. Ces derniers mois, dix Français environ sont partis combattre au Mali, selon nos sources judiciaires. C’est un minimum, car il y a tous les Franco-Maliens qui se rendent au Mali soi-disant pour rendre visite à leur famille et dont on se doute, pour certains, qu’ils vont y faire autre chose (Note de Michel Garroté –Selon mes sources des milliers de mercenaires djihadistes se sont rendus au Mali ces derniers mois ; cf. 2e lien en bas de page).

Antoine Menusier – Combien de personnes liées au terrorisme interrogez-vous chaque mois dans votre bureau ?

Marc Trévidic – En moyenne, j’ai trois interrogatoires par semaine, de personnes différentes. Et puis il y a tous les dossiers, qu’on appelle des « X », écoutes, surveillances, précédant d’éventuelles interpellations.

Antoine Menusier – Ce sont des interrogatoires préventifs ?

Marc Trévidic – Tout est censé être préventif dans la lutte antiterroriste. Il faut en théorie interpeller les personnes avant qu’elles ne passent à l’acte. Dans ce préventif, il y a ce que j’appelle le supra-préventif, qui consiste à interpeller les gens avant même qu’ils ne partent, parce qu’on arrive à démontrer qu’ils ont l’intention de rejoindre un groupe terroriste. Ce sont des gens qui parfois sortent libres du bureau, sous contrôle judiciaire, parfois vont un petit moment en prison. Ce sont généralement des petits jeunes dont on a peur qu’ils deviennent pires s’ils vont sur une zone de djihad.

Antoine Menusier – La menace terroriste en Europe est-elle aujourd’hui élevée ?

Marc Trévidic – Elle est plus élevée qu’il y a un ou deux ans. Ce qui est nouveau, avec le Mali, c’est d’avoir, relativement proche de l’Europe, un territoire où des gens disent : « On applique la charia, venez défendre la terre d’islam ». Pour tous les jeunes qui ont envie de faire du djihad, le Mali est plus proche que le Waziristan ou le Yémen (fin des extraits adaptés ; cf. ci-dessous 1er lien vers source).

Reproduction autorisée

Avec mention www.dreuz.info

Et sources :

http://www.lematin.ch/monde/mineurs-veulent-djihad/story/23627015

http://bamada.net/afflux-massif-de-mercenaires-djihadistes-au-mali/

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