Publié par Gaia - Dreuz le 23 octobre 2018

Il y a deux ans, le 24 octobre 2016, l’évacuation du plus grand bidonville de France commençait. L’évacuation de la jungle de Calais. Près de 6 500 migrants ont été envoyés dans différents centres d’accueil et d’orientation un peu partout en France. Leur santé mentale est aujourd’hui préoccupante.

Deux ans après, plusieurs centaines de migrants vivent toujours dans des conditions difficiles à Paris, Nantes, ou encore Grande-Synthe, mais aussi toujours à Calais. Ils seraient entre 450 et 500 dans cette ville qui reste un mince espoir de passer en Angleterre. Des exilés dont la santé mentale est préoccupante, les troubles psychiques sont cachés mais bien réel, et les associations tentent de les soigner.

A deux pas du port de Calais, sur un terrain vague entre deux usines, une quarantaine de tentes sont plantées, sous le vent incessant du bord du mer. C’est ici que Chayan dort depuis quelques jours.

Mon asthme s’est empiré depuis que je suis ici, je respire mal. Cela s’est aussi aggravé par le manque de sommeil. Je dors peu et je fais beaucoup de cauchemars.

Cet ingénieur afghan d’une quarantaine d’années a quitté son pays très jeune pour s’installer en Iran. Mais il y a quelques mois, il a été expulsé.

J’ai eu des problèmes quand je suis retourné en Afghanistan. Des ennemis de ma famille m’ont attaqué, ils m’ont tiré dans le dos, m’ont menacé de mort. Je me suis échappé. J’ai traversé 9 pays pour arriver jusqu’ici. J’ai laissé ma femme et mes deux enfants en Iran. Mon fils a 9 mois, je ne l’ai jamais vu, car quand je suis parti, ma femme était enceinte. Quand j’appelle ma fille, elle pleure tout le temps, elle ne comprend pas. C’est très dur pour moi, mais je ne dis pas à ma famille ce que je vis ici… C’est comme ça.

Chayan n’en dira pas plus. Difficile pour lui d’exprimer ce qu’il ressent et ce qu’il a vécu sur la route. Il est le seul à avoir accepté de se raconter, par bribes. Les autres exilés sont méfiants, en colère, parfois agressifs.

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“Les trois quarts des personnes présentes sur le littoral présentent des troubles psychiques” d’après Médecins du monde

Lucille tente d’apaiser ces tensions en offrant une écoute. Cette étudiante en master de psychologie fait partie de Médecins du monde, qui intervient chaque jeudi avec sa clinique mobile pour soigner les migrants.

Vidéo de janvier 2018 : aujourd’hui, il y a environ 1 800 personnes à Grande-Synthe et 450 à Calais

Juste à côté de l’ambulance de Médecins du monde, une association anglaise, Art refuge UK, et notamment Marie Ann, proposent aux exilés d’extérioriser leur mal-être par l’art, en faisant de la poterie, des jeux de constructions, mais aussi grâce à une grande carte du monde.

Souvent, quand les gens ont eu un périple compliqué, ils ne savent pas vraiment où ils sont. Ils regardent la carte, et disent : je viens d’ici, ou de là, et parfois, ils réalisent ce qu’ils ont accompli comme trajet. Mais parfois, c’est aussi difficile, car ils se rendent compte à quel point ils sont loin de chez eux.

Si les migrants évoquent difficilement et de manière détournée leur parcours, leurs corps parlent souvent pour eux. Quand les troubles sont trop importants, quand le stress post traumatique est trop fort, les migrants sont dirigés vers la permanence d’accès aux soins de l’hôpital de Calais, où une psychologue peut les écouter. Mais peu de migrants y vont. D’autant qu’il faut un travail au long cours pour les soigner.

C’est ce que fait la psychologue clinicienne, Marie Caroline Saglio-Yatzimirsky, à l’hôpital de Bobigny. Elle alerte sur la situation des migrants.

Médecins du monde alarme depuis plusieurs mois sur les nombreuses souffrances psychiques des migrants. Pour l’association, c’est une urgence de santé publique, pas assez prise en compte par l’Etat. Et que les associations ne peuvent gérer seules.

Le Centre Primo Levi a publié avec Médecins du Monde un rapport “La souffrance psychique des exilés, une urgence de santé publique”, lors de la journée mondiale des réfugiés, le 20 juin dernier. Dans ce rapport, le centre y formule différentes recommandations, notamment, le renforcement et l’adaptation des structures de prise en charge, la psychiatrie hospitalière et de secteur.

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Source : Franceculture

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