Publié par Guy Millière le 6 février 2013

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Lorsque je vois quelque chose traîner dans le caniveau, je ne m’abaisse pas, en général, pour m’y intéresser. Je passe mon chemin en regardant plus haut.

Mais il m’arrive de faire des exceptions. Ces lignes seront une exception.

Un journaliste que je nommerai pas, et qui ne me nomme pas non plus (mais que Fabien Ghez, pour qui j’ai estime et amitié, nomme, lui, sur JSSNews (1), écrit à mon sujet des choses ineptes et grotesques. Ce n’est pas grave : il ne sera pas le premier. Comme disait Michel Audiard : il y a des gens qui osent tout, c’est à cela qu’on les reconnaît.

Il ajoute un tissu de sottises sous-entendant que je mens. Ce n’est toujours pas grave.

Mais il est, dans son piètre article, des allégations perfides que je ne connais que trop bien. Et même si j’ai déjà répondu à celles-ci, je pense utile de le faire une fois de plus. Avant de passer à des choses plus dignes d’intérêt.

1. Je ne suis pas un « anti-islamiste  forcené » :

je suis hostile à l’islamisme de manière très logique et très rationnelle. Comme je suis hostile à tout totalitarisme. Quand j’écoute les discours des dirigeants du Hamas ou de Youssouf al Qaradawi, je n’entends pas parler des gens imprégnés d’une modération particulière, d’un attachement aux valeurs de droit et de démocratie, et je discerne plutôt du racisme et des intentions génocidaires. Donc anti-islamiste : oui. Forcené : non. Je pense par contre qu’un journaliste, juif de surcroît, qui ressent la moindre sympathie pour l’islamisme, devrait consulter d’urgence un psychiatre.

2. Je n’ai aucune « haine » pour Barack Obama.

J’analyse sa politique étrangère, sa politique intérieure, et son parcours professionnel et personnel. Je dis que c’est un homme d’extrême gauche et j’explique pourquoi cela en fait un homme dangereux. Un journaliste qui confond un sentiment (la « haine ») avec une analyse montre en cela qu’il est incapable d’exercer son métier de journaliste, car il montre qu’il est inapte à distinguer ce qui relève de la logique et de la déduction de ce qui relève des affects. Un tel journaliste devrait immédiatement changer de métier. Et si ce journaliste pense que c’est par un pur hasard que Barack Obama compte dans son passé des hommes aussi sympathiques et fréquentables que Louis Farrakhan, Rashid Khalidi, Bill Ayers et Bernardine Dohrn, je lui signale que je suis propriétaire du Pont Neuf et que je peux lui vendre à un bon prix, et j’ajoute un scoop qu’il peut utiliser quand il veut : Mahmoud Abbas est un ancien hippie, et ma grand mère faisait du vélo avec lui dans les rues de San Francisco.

3. Je n’ai aucune « dévotion » pour Israël.

Je connais l’histoire de l’antisémitisme d’hier et d’aujourd’hui. Je sais ce que le monde occidental doit au peuple juif et au judaïsme : et non, cela ne m’est pas « étranger », car j’ai beaucoup étudié dans ma vie, ce qui n’est visiblement pas le cas de tout le monde. Je connais aussi l’histoire d’Israël : je sais que c’est une démocratie entourée de fanatiques et de totalitaires, et je suis résolument du côté des démocraties et jamais du côté des fanatiques et des totalitaires. Je sais que c’est étonnant pour des gens qui nagent dans une mélasse relativiste au point d’avoir de la purée Mousline dans la tête, mais c’est ainsi. J’ajoute que, me rendant en Israël une première fois il y a bien des années, c’est un pays que j’ai aimé, et que j’aime toujours davantage. Parce que j’ai des affinités avec la liberté, l’éthique, l’honneur, l’esprit de réussite. Je sais que c’est étonnant encore. Mais c’est ainsi, oui. Et je n’ai pour autant de dévotion pour rien et pour personne. Déduire du fait que je ne suis pas juif qu’Israël m’est étranger est insultant, et définit celui qui écrit de pareils mots.

4. Je n’ai aucun « intérêt mercantile » à prendre les positions qui sont les miennes.

J’ai appris de mes maîtres à respecter le travail de la pensée, à considérer que je faisais un métier honnête et à vouloir le faire honnêtement. Si je devais choisir de me vendre, j’aurais choisi de retourner ma veste, il y a bien plus d’argent à gagner en étant « pro-palestinien » et à se prostituer pour gagner un peu plus. Défendre Israël m’a coûté des contrats et une part importante de mes revenus. Parler d'”intérêts mercantiles” à mon sujet est plus insultant encore que me dire « étranger » à Israël. J’ai remarqué, souvent, que les gens qui accusaient les autres de calculs sordides ne faisaient que projeter sur ceux qu’ils insultent leurs propres propensions.

5. Je passe sur les allusions à mes « textes illuminés » et à mes brûlots.

Je m’efforce, quand je peux, d’avoir du style, ce qui n’est visiblement, là encore, pas le cas de tout le monde. Et je comprends que lorsqu’on a la plume besogneuse, cela indispose. J’en viens aux fines déductions : je dirais qu’Obama est « musulman », donc « antisémite ». Je dis qu’Obama est né musulman, ce qui est un fait, qu’il a pratiqué l’islam jusqu’à l’âge adulte, ce qui est encore un fait, qu ‘il s’est converti ensuite au christianisme en devenant membre d’une église fondée par un ancien membre de The Nation of Islam, Jeremiah Wright, ce qui est toujours un fait, et j’ajoute que Jeremiah Wright est un antisémite. Si j’écrivais avec le simplisme niais et à la limite de la débilité mentale que me prête l’auteur de ces mots, je penserais que je suis très fatigué et que je ferais mieux d’aller dormir, ou je me demanderais si je ne suis pas atteint d’une dégénérescence du cerveau. Je conseillerais à l’auteur de ces mots d’apprendre à lire, et de remplacer sa collection de cahiers de coloriage par des livres sans images, ce serait un bon début pour lui.

6. Je n’ai jamais déduit du fait qu’Obama serait antisémite qu’il ne serait pas réélu.

J’ai pensé, pendant un mois environ, qu’il pouvait être battu. J’ai reconnu m’être trompé. J’ai expliqué pourquoi, et ceux qui lisent et n’en sont plus aux cahiers de coloriage ont lu. Ceux qui ne lisent pas n’ont pas lu, bien sûr.

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7. Suit ce qui constitue l’objet réel du piètre article :

Le monsieur entend montrer que Barack Obama (que j’appelle effectivement parfois Barack Hussein Obama Jr parce que c’est son nom : stupéfiant d’appeler quelqu’un par son nom, non?) est un grand ami du peuple juif et d’Israël. La preuve, dit-il, il a des amis juifs et il est soutenu par des juifs. Je donne un autre scoop au monsieur : Mahmoud Abbas aussi a des amis juifs, des gens comme Michel Warschawski, par exemple. Les dirigeants du Hamas ont des amis juifs aussi : les dirigeants d’Europalestine, par exemple. Si j’avais des amis appelés Shlomo Sand, Norman Finkelstein ou Noam Chomsky, je pourrais dire que j’ai des amis juifs. Je trouverais qu’ils ne sont pas très présentables, mais le monsieur serait content. J’aurais des amis juifs qu’il pourrait apprécier. Je vais donner un conseil de lecture au monsieur : un livre de Theodor Lessing appelé La haine de soi juive. L’auteur est un juif allemand qui a publié le livre en 1930. A l’époque, il était consterné en voyant des juifs allemands pas du tout inquiets de voir un petit moustachu vociférant monter vers le pouvoir. Je sais, le livre de Theodor Lessing ne contient pas d’images à colorier, ce qui le dessert pour des gens comme le monsieur.

8. Obama a reçu effectivement les voix de soixante dix pour cent des Juifs américains :

La raison pour laquelle il en est ainsi a été donnée par Norman Podhoretz, dans un livre appelé Why Jews Are Liberal. C’est encore un livre sans images à colorier, je ne l’ignore pas, en supplément il est en anglais (mais la connaissance de l’anglais est utile lorsqu’on veut parler des Etats Unis en sachant de quoi on parle). Mais c’est un livre qui permet de comprendre. Obama a effectivement des Juifs dans son entourage, mais ce sont des Juifs qui se soucient autant du futur d’Israël que je peux me soucier de ma première paire de chaussettes. Dans la liste de juifs obamistes donnée par le monsieur aux fins de rassurer ses lecteurs et de leur faire passer le message : Obama est un grand ami des Juifs et d’Israël, on trouve Jerry Kellman, qui, dit le monsieur, a « insufflé un élan » à Barack Obama « en 1985 lors d’une étape majeure dans carrière professionnelle » et l’a « recruté » pour « travailler avec lui dans les banlieues sud de Chicago ». Quelle belle description ! Le monsieur ignore sans doute (il me semble être d’une ignorance encyclopédique) que Jerry Kellman était le bras droit de Saul Alinsky, qui a été le maître à penser de toute l’extrême gauche révolutionnaire aux Etats-Unis depuis les années 1960. Il ignore que Kellman a formé Obama à être agitateur social (une belle carrière professionnelle!). Il ignore tout du travail d’Obama dans les quartiers Sud de Chicago, ou il en a lu une version réécrite façon « Bécassine, c’est ma cousine » destinée aux ignorants. Il n’a pas lu mes livres sur Obama, ce que je comprends, car ce sont des livres sans images à colorier. Daniel Pipes, avec qui j’ai signé Face à l’islam radical (mais le monsieur dirait que Daniel Pipes est un mauvais juif puisqu’il ose révéler des faits sur Obama, comme moi) a écrit des articles très fondés sur le passé musulman d’Obama, sur ses fréquentations antisémites et sur ses liens d’amitié avec des terroristes non repentis. David Horowitz, avec qui j’ai signé un autre livre (encore un mauvais Juif aux yeux du monsieur, sans doute), a même écrit un long texte pour dénoncer les rapports troubles d’Obama avec les Juifs et l’hostilité d’Obama vis-à-vis d’Israël, Obama and the War Against the Jews. Je laisse de côté les autres noms de collaborateurs d’Obama cités par le monsieur, je traite de chacun d’eux dans mes livres sur Obama en donnant ce qui manque dans l’article du monsieur : des références précises, car je ne prends pas mes lecteurs pour des imbéciles, ce qui n’est visiblement pas le cas de tout le monde.

9. Le monsieur n’est pas en guerre contre les Juifs.

Il aime les Juifs antisémites, les Juifs idiots utiles, les Juifs compagnons de route de la délégitimation et de la déstabilisation d’Israël. C’et son droit. Qu’il se conduise lui-même en idiot utile et en compagnon de route est son droit aussi, mais qu’au moins, il épargne les insultes vi-à-vis des autres, Juifs et non Juifs, et qu’il ne fasse pas passer son ignorance et son incompétence pour de doctes qualités. Comme dit la vieille expression, il ne faut pas grimper au mat avec un derrière pas très propre.

10. J’ajouterai que le monsieur en question m’avait proposé de publier sur son blog. Je ne l’ai pas fait. J’ai pris une excellente décision en ne le faisant pas.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

(1) http://jssnews.com/2013/02/04/pour-milliere-par-fabien-ghez/

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