Publié par Gilles William Goldnadel le 19 février 2013

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Cette semaine, Gilles-William Goldnadel déplore le dogme socialiste selon le quel “la prison ne sert à rien”, et revient aussi sur le scandale autour de la viande de cheval, et la démission du pape.

Ainsi, de par sa seule volonté, Benoît XVI va redevenir Joseph Ratzinger. Un souverain pontife infaillible va renoncer, de sa seule volonté, sinon au pouvoir temporel, au moins au magistère spirituel suprême et à ses pompes pour redevenir l’intellectuel qu’il n’aura jamais cessé d’être un seul jour et jusqu’à son dernier.

De cet exemple unique dans l’histoire moderne d’un pape lucide sur le déclin de sa lucidité, de petits esprits auront titré sur un « papus interruptus » et sur un pasteur dépressif.

Benoît avait commencé son pastorat sous le signe infamant du racisme le plus écœurant.

On n’oubliera pas cet homme en blanc, épinglé sur certains canaux d’une svastika, sous le prétexte que celui-ci aura été obligé, enfant, de porter l’uniforme de l’Allemagne nazie.

Il y aura eu encore la controverse de Ratisbonne et son discours au cours duquel, pour s’être permis de regretter le littéralisme, souvent violent, de l’islam contemporain, une partie de l’église d’Orient, frappée de dhimmitude, l’obligera à prendre le chemin de Damas.

Restera surtout la pieuse image d’un pape, taxé à juste titre de conservateur, mais combien plus moderne que les relativistes modeux.

À leur sujet, les féministes qui ont exhibé -la belle affaire- leurs attributs mammaires sous la nef de la cathédrale de Paris pour fêter la démission du Saint-Père et le mariage pour tous, auront tristement incarné la fausse rébellion dans son aspect le plus ridicule.

Il aurait été autrement plus utile et courageux, si elles avaient été sincèrement concernées par les causes des femmes et des homosexuels, d’aller manifester en d’autres lieux de culte.

Il est vrai qu’il ne se serait plus agi de courage, mais de témérité.

Il faudra encore nous dire pour quelle raison il serait illégal et immoral de manifester sur le chantier d’une mosquée en construction et qu’il ne le serait pas de montrer une partie de sa nudité pour le seul plaisir d’humilier les fidèles d’un culte encore majoritaire.

C’est dans ce cadre de cette insolence à sens unique qu’il convient de replacer la blague présidentielle sur la démission papale. Plaisanterie qui serait bien innocente de la part d’un homme qui en est coutumier, si elle ne trahissait pas, en profondeur, cet écart propre à la gauche française entre le dénigrement désinvolte envers la tradition judéo-chrétienne et l’obséquiosité obligatoire à l’égard de l’altérité moins paisible.

La semaine écoulée aura été celle du cheval. Contrairement à ce qui a été dit et écrit un peu partout, l’affaire Spanghero n’aura pas mis à mal la sécurité alimentaire proprement dite mais, plus directement, la sincérité de l’étiquetage des produits que nous mangeons. Il paraît en effet que le cheval servi en douce à des amateurs de bœuf était excellent.

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La maison Spanghero, à tort ou à raison, clame son innocence et plaide l’erreur d’inattention.

Nul ne semble s’être ému de ce que M. Hamon, ordinairement si soucieux du droit des gens, ait piétiné allègrement une présomption d’innocence qui devrait profiter à tous et partout, fusse à Castelnaudary.

Ce faisant, le ministre a aussi marché allègrement sur les plates-bandes du pouvoir judiciaire, son pôle santé étant saisi. Nul n’aura non plus remarqué les criantes contradictions du représentant de l’exécutif qui dans la première proposition affirme péremptoirement que Spanghero « savait », tandis que dans la seconde évoque des « négligences ».

Après tout, peu importe : en cas de faillite de l’établissement, le gouvernement pourra toujours dépêcher M. Montebourg qui devrait pouvoir trouver aisément un repreneur libyen.

Sur le fond de cette affaire, et en dehors d’une publicité mensongère avérée, j’avoue humblement, quitte à heurter la sensibilité des amoureux du cheval, nourrir autant de compassion à l’égard d’un veau mené à l’abattoir que d’un équin.

La seule cohérence morale et intellectuelle, en cette cruelle matière, revenant aux végétariens, de plus en plus nombreux, selon une excellente et récente enquête du Point.

En revanche, la sécurité des Français est gravement compromise, sans qu’on s’y passionne autant, par les projets iréniques de Mme la ministre de la justice en exercice.

Les travaux de sa fameuse « Conférence de Consensus »,tellement consensuelle qu’elle n’est ouverte qu’à ses partisans, se sont ouverts dans l’indifférence générale, en celle comprise de l’opposition, mieux occupée, semble-t-il, par les lointaines élections à la mairie de Paris.

Le dogme de la ministre et de ses amis est confectionné d’un habit idéologique que l’on croyait élimé et qu’elle a pourtant ressorti, impeccable, de la naphtaline : la prison ne sert à rien, elle est inhumaine et hors de prix. Elle est même contre-productive et fabrique des récidivistes. Le salut du délinquant et de la société viendra donc de sa réinsertion.

La présidente de la dite conférence, Mme Maestracci, membre du Syndicat de la Magistrature, a ajouté à ce programme traditionnel son désir de dépénaliser certaines infractions. Leurs auteurs ne seraient plus traduits devant le juge, mais simplement soumis à contraventions :« dépénaliser ne veut pas dire autoriser » a-t-elle ajouté.

Tout porte donc à croire que la conférence va accoucher d’un nouveau projet de loi qui déconstruira les dispositions prises par l’ancien pouvoir contre la récidive, et notamment les peines plancher.

De manière assez surréaliste, les médias ont repris l’antienne ministérielle comme une évidence qui s’imposait sauf, évidemment, aux bas du front.

Je le disais plus haut, la conférence n’était pas ouverte à tous les spécialistes de la question. Ainsi, la ministre a trouvé saugrenu d’y inviter gendarmes et policiers.

Si, par le plus grand des hasards, j’avais été convié avec mes amis de l’Institut Pour la Justice, la conférence de consensus aurait été sans doute moins consensuelle, mais j’aurais suggéré, entre autres ingrates platitudes :

– Que la prison est le pire des systèmes pour punir, prévenir et neutraliser, à l’exception de tous les autres.

– Que ma propre expérience -qui vaut bien celle de la ministre et de ses conseillers- est que la majorité de ceux qui ont eu le malheur de s’y trouver sont terrifiés à l’idée d’y retourner.

– Que les évidences assénées lors de la conférence sont rien moins qu’évidentes : qu’il est normal que la réinsertion ait pu éviter la récidive, celle-ci réussissant au moins récidivant.

– Qu’à l’inverse, les travaux d’un Éric Maurin ont pu démontrer que les délinquants et criminels ayant bénéficié d’une grâce présidentielle avaient été les plus récidivants.…

– Que les prisons coûtaient cher, mais moins que le crime. Qu’ainsi, selon les travaux de l’économiste Jacques Bichot, la délinquance coûte chaque année à la collectivité 150 milliards, dont 80 pour le noyau dur de la criminalité. On voudra bien comparer avec les 3 milliards alloués à l’administration pénitentiaire.

– Qu’en tout état de cause, l’argument économique de vouloir supprimer le prisonnier plutôt que de construire une cellule supplémentaire revient, mutadis mutandis, à vouloir supprimer les élèves plutôt qu’à engager un enseignant supplémentaire. J’ai cru comprendre que ce n’était pas la politique de M. Peillon.

– Que s’agissant, enfin, de la dépénalisation et de la vanité de l’enfermement, il semblerait que les amis de Mme Taubira ne soient pas toujours dans ces dispositions angéliques.

Ainsi, au lendemain de l’élection de François Hollande, ceux-ci publiaient une tribune remarquée dans un journal du soir pour réclamer davantage de répression à l’encontre de la délinquance financière. Et chacun sait que les mêmes étaient vent debout, lorsque Nicolas Sarkozy a suggéré timidement la dépénalisation de certains délits formels touchant au droit des sociétés.

Je n’ai jamais entendu, par ailleurs, un seul membre du Syndicat de la Magistrature expliquer que la prison était impuissante à réduire la délinquance d’astuce, ni qu’elle était inutile ou inhumaine.

Un esprit chagrin pourrait penser qu’il s’agit d’idéologie.

L’opposition qui a perdu le combat contre « le mariage pour tous », pour l’avoir mené trop tard, serait bien inspirée de ne pas récidiver sur la question de la récidive.

Concernant en effet les questions de justice pénale et d’incarcération, les sondages, au rebours du mariage pour tous, montrent que les Français, toutes tendances confondues, et nonobstant, ce qu’on leur raconte, savent l’indulgence de leur justice pour les récidivistes. Selon un sondage confidentiel de 2011 commandé par la place Vendôme (le Figaro du 14 février) 80% des Français, pensent que la mission de la prison reste de punir et 82% estiment qu’il s’agit de protéger la société.

C’est la raison pour laquelle François Hollande, lors de la campagne présidentielle, s’était bien gardé de critiquer avec véhémence la politique pénale du président sortant.

Le président élu, adepte comme je l’ai écrit précédemment du yin et du yang, ne pourra pas longtemps justifier la présence sécurisante de M. Valls à sa droite, si par malheur, les idées de Mme Taubira venaient à priver les fonctionnaires de police de toute utilité pratique.

Enfin, si j’avais été invité à la conférence, j’aurais offert à chaque participant un exemplaire de « La France Orange mécanique » écrit par Laurent Obertone et préfacé par mon cher Xavier Raufer. (Éditions Ring)

Il s’agit d’une enquête magistrale réalisée par un journaliste sur un sujet tabou : l’ensauvagement d’un pays. Pendant que Christiane Taubira veut rompre avec le « tout carcéral », l’auteur, d’une plume inspirée, décrit, entre autres tragédies banales et quotidiennes, la centenaire poussée au sol et gravement blessée par « plusieurs personnes » pour une montre. Toutes les 24 heures : 13000 vols, 2000 agressions, 200 viols.

Obertone, C’est l’anti Genet : la faconde féconde au secours non de l’assassin mais de sa victime. Plutôt nouveau à Paris.

Et sur la couverture du document, une phrase en exergue que j’aurais recommandée aux magistrats que je n’ai pu croiser lors de la conférence : « nul n’est censé ignorer la réalité ».

L’anti-angélisme est un humanisme.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles William Goldnadel. L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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