Publié par Abbé Alain René Arbez le 18 mars 2013

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Le cardinal Jorge Bergoglio, nouvellement élu évêque de Rome, a choisi le nom d’un témoin majeur de la foi : François d’Assise, qui, jeune homme, n’a pas été impressionné par les puissants et s’est senti irrésistiblement attiré par une vie donnée au Christ et aux plus humbles.

Aussitôt, les médias ont commencé à extrapoler sur ce prénom, et certains en ont déduit que le pape François, à l’instar de son illustre inspirateur du 13ème siècle, allait donc engager un grand « dialogue avec l’islam ». Cette ambivalente mission au sein d’une Europe en cours d’islamisation est tellement prégnante dans les esprits (quelque peu manipulés par la pensée unique) qu’il vaut la peine d’y regarder de plus près !

Certes, historiquement, François d’Assise est allé à la rencontre du Sultan Al Malik al Kamil en 1219, en pleine guerre entre chrétiens et Sarrazins. Il a fait cette démarche courageuse avec beaucoup de foi, mais il l’a forcément faite à la manière de son temps, et non pas avec les critères de notre époque postmoderne et laïciste. Voyant les désastres de la dhimmitude gagner partout du terrain, François n’était certainement pas le naïf islamophile auquel on veut à tout prix nous faire croire.

Ce qui est certain, c’est la détermination de François pour tenter de convaincre le Sultan d’abandonner la mainmise islamique sur les lieux saints et de stopper la férocité infligée partout aux malheureux habitants. Car partout les invasions musulmanes accompagnées de massacres, de pillages et de destructions ont causé des dégâts considérables. François étant spirituellement attentif à ceux qui souffrent, il s’est donc lancé dans une tentative risquée de pacification pour stopper les horreurs du conflit islam-occident. En effet n’oublions pas que les croisades n’avaient dès le départ rien d’une guerre coloniale. Suite à l’occupation des terres chrétiennes par les musulmans, à la conquête des lieux saints, et aux enlèvements contre rançons, elles répondaient à un besoin d’autodéfense tout à fait légitime, même s’il faut clairement déplorer les dérapages sanglants collatéraux, commis par des aventuriers et des notables déchus prêts à tout.

En prenant cette initiative, François d’Assise sait pertinemment que le tombeau du Christ à Jérusalem a été réduit en poussière par le sultan Al Hakim en 1009, qu’églises et synagogues ont été peu à peu détruites par les musulmans en Terre sainte. Il va donc à la rencontre d’Al Malik al Kamil en sachant que ce ne sera ni pour l’en féliciter, ni pour une gentille discussion autour d’une tasse de thé. Le récit détaillé que nous possédons sur cet épisode est signé de Saint Bonaventure : c’est surtout une épopée à la gloire de François aux accents légendaires, avec des embellissements apologétiques évidents. Par exemple, il est écrit qu’à la fin de l’épisode, le sultan veut devenir chrétien, ce qui est trop beau pour être vrai !

Mais à quelles réalités factuelles correspond cette aventure de François chez le Sultan ? Pourquoi s’ingénie-t-on habituellement à en faire un exemple de « dialogue islamo-chrétien », au sens moderne… D’abord si l’on s’en tient au récit de St Bonaventure, ce ne semble pas être le cas, car François et son compagnon de route s’attendent à être parmi les musulmans « comme des brebis au milieu des loups ». Il n’est donc pas question de paisibles discussions philosophiques ou de partage de connaissances religieuses.

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D’ailleurs, à leur arrivée, les deux routards se font « saisir brutalement par les Sarrazins avec haine et cruauté, injurier, rouer de coups ». En réalité, François vient annoncer au chef politico-religieux que la seule vraie voie de salut est celle du Christ, en raison de l’attitude pacifique et respectueuse qu’il demande à ses disciples. François lui annonce même le Dieu unique et trinitaire, c’est-à-dire que le Christ est expression divine de l’amour sur terre. Bonaventure insiste dans son récit : François invite le Sultan à se convertir à cette vision de l’humain, lui et son peuple, car seul Jésus et son enseignement peuvent sauver du gouffre de l’iniquité et du malheur.

Le récit de Bonaventure ajoute encore un passage où François propose au Sultan de témoigner devant lui de sa sincérité par l’épreuve du feu, mais ce n’est là qu’un ajout inspiré de la Bible, évoquant la période des persécutions par Antiochus Epiphane en Israël, où les croyants au vrai Dieu l’ont emporté sur la dictature païenne. Le texte dit aussi que finalement, en le laissant partir, le Sultan propose à François des dons pour ses pauvres, mais celui-ci refuse, « parce qu’il ne décèle pas en lui les racines profondes de la vraie foi ».

Conclusion : où voit-on, dans cette séquence, la moindre trace de ce que l’on désigne aujourd’hui par « dialogue islamo-chrétien » ? François a-t-il posé une seule question sur l’islam et ses merveilles ? Non. A-t-il manifesté la moindre estime pour cette religion ? Non.

Logique avec sa foi humaniste, il a certes exprimé du respect devant la personne du sultan, mais à aucun moment il n’a porté d’appréciation positive sur la foi mahométane. Il était si persuadé que c’était une impasse sanguinaire qu’il lui a proposé la voie pacifiante de la posture évangélique !

Contrairement aux chantres actuels du pseudo « dialogue », François n’attend rien de l’islam, il sait quelles sont les réalités de cette religion en amont et en aval. Il se contente de respecter les personnes, mais il n’entretient aucune illusion tendant à faire croire que le coran apporterait quoi que ce soit de nouveau ou de créatif à ceux qui ont en mains la tradition biblique et ses riches expériences humaines. Contemporain de François d’Assise, le pape Innocent III déclare : « l’amour du prochain oblige les chrétiens à libérer les milliers de frères et de sœurs livrés à la merci des Sarrazins, écrasés et peinant sous le joug du plus sévère esclavage ! ».

Puisse le pape François tenir lui aussi un langage de vérité et appeler à la paix, au respect mutuel, à la promotion des droits de l’homme, les responsables musulmans qui oppriment les croyants de l’alliance dans les territoires soumis aux lois d’une violence destructrice interminable. Avec la possibilité, pour les chrétiens, d’offrir librement comme François d’Assise, la voie judéo-chrétienne aux adeptes du coran.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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