Publié par Dreuz Info le 24 mars 2013

Marcela Iacub

Anna Alter, L’auteur, avec Perrine Cherchève, de L’Amour à gauche*, nous fait partager ses réflexions et pensées sur les rebondissements de DSK dans Marcela Iacub…

Tout ce que toucherait DSK se transformerait-il en argent, or, œuvres d’art et…gros tirages ? Pour que la manne tombe du ciel, suffirait-il de répéter les trois initiales devant un maire, un juge, un grand éditeur et entre les lignes d’un livre, puis à la Une d’un journal ?

Des cornes au front d’Anne Sinclair visibles du monde entier

Ha brakha dabra, après son mariage avec l’ensorceleur, Anne Sinclair hérite des millions de sa mère en même temps que d’appartements qui sont de l’or en barre, et récupère, entre autres tableaux de maîtres, « Des nymphéas de Monet » de son grand-père Paul Rosenberg spolié pendant la seconde guerre mondiale, qu’elle cède pour une bouchée de pain, à peine une vingtaines de millions de dollars de gré à gré. Elle se rattrape fin 2003 en vendant aux enchères « La femme en rouge et vert » de Fernand Léger 22,4 millions, et, quatre ans plus tard, « l’Odalisque harmonie bleue » de Matisse adjugé 33,6 millions. Une corne d’abondance dans laquelle puisera son très cher époux qui, après avoir donné un violent coup de rein à gauche pour tester son charme, a mis fin à sa carrière en lui plantant des cornes au front visibles du monde entier.

L’ancien ministre de l’économie à la main baladeuse plus ou moins heureuse, comme on va le voir dans la suite… Pour être précis, dans la suite 2086, au 28ème étage du Sofitel de New York, où la femme de chambre Nafissatou Diallo expérimente à son corps défendant le pouvoir de l’homme providentiel que toute la France attend, et empoche en transigeant à l’amiable, une somme coquette qu’elle n’aurait pas gagné en trois vies de ménages dans un palace.

DSK a eu les jambonneaux sciés par les média

Inspirée par ses exemples et d’autres plus discrets, la juriste Marcela Iacub a tenu à vérifier si la magie opérait aussi sur elle. Cette chercheuse du CNRS et de sensations fortes, internationalement réputée pour ses positions à rebrousse poils, se glisse dans le lit de l’ex-patron du FMI pour réveiller le cochon de compétition que son œil d’experte a vu en lui, et illico elle encaisse une avance de 20 000 euros pour tout raconter et même plus, dans un livre. Avant de solliciter un premier rendez vous, elle s’est faite remarquer en 2012 en volant au secours de l’animal politique pris au piège de ses pulsions alors qu’il était bien parti pour gagner la course de l’Elysée. Un essai d’approche facile et anti conventionnel, comment en pourrait-il être autrement quand on prend la défense de son Babe, qui au lieu d’atterrir à l’Elysée, a les jambonneaux sciés par les média et les féministes bon teint. Le bandeau rouge au bas de la couverture avec les trois lettres magiques au-dessus du sous-titre « la justice américaine et les femmes en France », plus encore que le titre provocateur lui-même, « Une société de violeurs ? », font frémir… les ventes. On peut dire que la brillante intellectuelle a de la « suite » dans les idées.

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Pour séduire le thaumaturge, Marcela se présente en bas bleu, protectrice des droits des hommes et des bêtes, et Babe ne résiste pas, puis la laisse choir comme une vieille chaussette au bout de sept mois. Croyant à la vertu thérapeutique des contes de fées trash, l’essayiste se change comme par enchantement en romancière et, pour soigner son chagrin et ses frustrations, invente dans « la belle et la bête » des scènes érotiques.

Pour que la terre entière sache combien elle désirait passer à la casserole avec son porc grillé

« Parce que parfois, il faut mentir pour dire la vérité : la vérité n’est pas la réalité », explique la féministe alternative qui veut que la terre entière sache combien elle, figure emblématique de la gauche libertaire radicale, désirait passer à la casserole avec son porc grillé, en petits escarpins laqués roses.

Marcela Iacub
Marcela Iacub

Son éditeur, Jean-Marc Roberts, confiera plus tard au Monde qu’il avait lu un premier jet de son roman d’aventure rose dans lequel les noms et les lieux étaient gommés et il l’avait trouvé « mauvais ». Il l’avait donc poussée « à faire une version où l’on reconnaisse davantage celui qui l’avait inspiré » et il n’a eu qu’à s’en féliciter. La formule « DSK » a produit immédiatement son effet. Dès que l’auteure a donné des détails sur le cochon qu’elle avait consommé sans modération en prenant son pied, même pour écrire, le « le livre devenait alors beaucoup plus fort » et miraculeusement métamorphosé en grande œuvre littéraire, saluée à sa sortie par une salve de louanges.

Le Nouvel Obs puis Libération, les deux grands journaux intello de gauche, lui sacrifient l’un à la suite de l’autre leur Une, avec une petite idée derrière la tête que le directeur de la rédaction du Nouvel Obs, pris à parti, laisse involontairement échappé : “D’un côté on se plaint que la presse va mal, de l’autre on crie scandale quand l’hebdomadaire veut augmenter ses ventes” s’énerve Laurent Joffrin, excédé par les reproches contre sa couv’ choc « Mon histoire avec DSK ». Le grand journaliste donne toute la mesure de ses goûts littéraires saucissonnés par la crise de l’écrit et de la monnaie, lui qui à ses heures perdues, entre son hebdo et ses interventions radio, pond des romans applaudis par toute la basse cour, les confrères et néanmoins amis lui tendant à chaque sortie la plume et le micro.

Le moindre prétexte pour « mettre » Iacub en couverture pour doper les ventes

Le mot est lâché, il faut vendre du papier. Pendant plusieurs semaines les média ont du groin à moudre. On mouline du cochon, en s’écharpant. Les uns sont pour, les autres contre, chaque camp cherchant le moindre prétexte pour « mettre » Iacub en couverture pour doper les ventes.

“La protection des porcs est chez moi une vocation. C’est la raison pour laquelle je me suis d’abord battue pour la liberté et puis je suis devenue végétarienne” est une citation de la dame au petit cochon que ses partisans et ses adversaire répètent en boucle. Les plus engagés ou enragés, dénoncent un procès oiseux fait à son livre, bien sûr que c’est de la littérature, mais « sans écriture », ose un critique de renom.

La femme par qui le scandale est arrivé, elle, se pose en victime sur un plateau de télé. Pas à cause de la condamnation pour atteinte à la vie privé à 50 000 euros, elle a connu une peine plus lourde et l’éditeur va payer. L’ennemi, c’est une élite culturelle dominante qui a décidé qu’il était insupportable qu’une “intellectuelle”, “une femme très connue” (sic), puisse faire un livre simple qui raconte une histoire commune. Qu’on arrête de lui chercher des poux sous le turban, ce n’est pas elle, mais les autres qui sont hystériques et obsédés sexuel. Le lobe que son amant aurait arraché “comme la marguerite d’un jardin” avec les dents pour la manger, ce n’était qu’une métaphore littéraire, elle voudrait maintenant pouvoir dormir sur ses deux oreilles…

L’effet DSK est moins ravageur que prévu. Vingt mille “Belle et bête” seulement ont été écoulés dans les premières semaines et les ventes du best seller annoncé piétinent dans le lisier.

Inutile de chercher une morale à cette fable. Une truie n’y retrouverait pas ses petits…

Et par dessus le marché, on a à Paris un temps de cochon.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Anna Alter pour www.Dreuz.info

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