Publié par Michel Garroté le 26 mars 2013

Sarkozy-Mamie-Zinzin

Michel Garroté, réd en chef – Je note – une fois encore – qu’en France, c’est pour ou contre, noir ou blanc. Si l’on est de droite, l’on est obligatoirement UMP ou FN. Si l’on est UMP, l’on critique obligatoirement le fait que le juge Gentil s’intéresse à Sarkozy. Si l’on soutient la Manif pour Tous, l’on ne critique pas Frigide Barjot. Et si l’on ne respecte pas cette règle – à mon sens cartésienne, hypocrite et liberticide – l’on se fait injurier. Alors voilà : je suis de droite ; aux dernières présidentielles j’ai suggéré que nos lecteurs, au deuxième tour, fassent barrage à Hollande en votant Sarkozy ; ce qui ne change rien au fait que je n’aime toujours pas Sarkozy.

Du reste, j’ai beaucoup de peine à comprendre qu’en France, une partie de l’UMP, une partie de la presse de droite et une partie de la blogosphère de droite soutiennent Sarkozy. Soit les Français changent d’avis tous les six mois ; soit c’est moi qui ai loupé un épisode, ce qui n’est pourtant pas dans ma nature de vieux singe aux aguets. Pour ce qui concerne le juge Gentil devenu méchant et Sarkozy devenu gentil, je ne me joins pas au concert des indignations. Je sais pertinemment que la base de l’appareil judiciaire français est gauchiste. Mais je ne vais pas pour autant déplorer qu’un président de la Cinquième République bananière soit mis en examen. Je ne suis pas le seul à penser cela.

Ainsi, le journaliste espagnol Javier Valenzuela écrit (lien en bas de page) : Personne ne s’est autant acharné à détruire l’image de Nicolas Sarkozy que Nicolas Sarkozy lui-même. Le soir de son élection, en mai 2007, en choisissant de fêter sa victoire au Fouquet’s avec ses amis millionnaires du monde des affaires et du spectacle, tous ses grands discours destinés à se faire passer pour un homme proche des Français ont été réduits d’un seul coup à néant.

Javier Valenzuela : Et dans les mois qui ont suivi, faisant preuve d’un culot et d’un entêtement inouï, Sarkozy n’a pas hésité à se faire photographier à bord de yachts luxueux dans des endroits paradisiaques, confirmant ainsi qu’il avait tout d’un Rastignac. Une telle soif de pouvoir associée à une tendance incontrôlable à l’autodestruction relève de la pathologie. Tout comme la crise économique, et plus que le travail de sape de l’opposition socialiste, c’est sans doute ce trait de caractère qui lui a valu l’année dernière de se trouver dans la situation de suprême ridicule de manquer de peu sa réélection et de ne rester qu’un seul mandat à la tête du pays.

Javier Valenzuela : Aujourd’hui Sarkozy est accusé par un juge d’avoir commis une faute d’une malhonnête impardonnable : avoir profité de la faiblesse d’une vielle femme atteinte de la maladie d’Alzheimer pour lui piquer son pactole. Le jeudi 21 mars au soir, l’ancien président français s’est ainsi retrouvé au palais de justice de Bordeaux à devoir s’expliquer pendant des heures devant le juge Jean-Michel Gentil.

Javier Valenzuela : Dans le cadre de cette audition, le juge avait organisé une confrontation avec des personnes qui avaient travaillé pour l’héritière de l’empire L’Oréal. Et notamment Pascal Bonnefoy, ancien majordome de Liliane Bettencourt et auteur des enregistrements qui furent à l’origine du scandale révélé en juin 2010. En mettant en examen Nicolas Sarkozy, le juge Gentil considère qu’il existe des éléments rationnels permettant de penser que Sarkozy a soutiré de l’argent à Liliane Bettencourt afin de financer sa campagne électorale de 2007.

Javier Valenzuela : Je ne vois pas bien, à première vue, quel auteur français de polar pourrait traiter ou aurait pu traiter l’affaire Bettencourt. Certes, pas les classiques de la branche dure de la Série noire, Jean-Patrick Manchette ou Didier Daeninckx, plus habitués à raconter des histoires de gangsters très violents.

Javier Valenzuela : Pas non plus le Marseillais Jean-Claude Izzo, dont les romans pourraient être rattachés à la veine méditerranéenne et sociologique d’un Manuel Vázquez Montalbán ou d’un Petros Márkaris. Fred Vargas, avec ses intrigues énigmatiques, entre le policier et le fantastique – capable de raconter l’affaire d’un vieillard qui assassine sa femme à la mie de pain –, serait sans doute la mieux à même de raconter l’affaire. Ou le Belge George Simenon.

Javier Valenzuela : Une chose est sûre, le livre auquel les déboires de Sarkozy et l’affaire Bettencourt me renvoient le plus directement est L’Histoire universelle de l’infamie de Jorge Luis Borges. Entre Le Peu Civil Maître de cérémonies Kotsuke no Suké et L’Imposteur invraisemblable Tom Castro, une nouvelle borgésienne intitulée Sarko le diabolique détrousseur de vieilles dames pourrait trouver sa place.

Javier Valenzuela : En mai 2012, j’ai écrit : Sarkozy peut être vaincu ce dimanche 6 mai par François Hollande. Ce serait un échec personnel impressionnant pour Sarko le Petit. Cela confirmerait que ses fourberies, son état d’excitation permanent, sa passion obscène pour les riches et autres célébrités, son agressivité et sa démagogie sont devenus insupportables à des dizaines de millions de Français.

Javier Valenzuela : Même si elle s’est confirmée, cette prédiction n’avait pas grand mérite. Les Français sont un peuple qu’on ne peut pas tromper majoritairement pendant longtemps. La démence sénile d’une Liliane Bettencourt n’est pas une maladie collective de l’Hexagone, conclut Javier Valenzuela (lien en bas de page).

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