Publié par Guy Millière le 29 mars 2013

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J’ai passé une dizaine de jours très loin de la France, à Los Angeles et Las Vegas. Les nouvelles qui me sont parvenues de Paris étaient, pour l’essentiel, très alarmantes.

Le respect de la vie humaine se perd lorsque les assassins sont peu punis

Un lycéen poignardé dans une ville de province qui, vue de loin, pourrait sembler paisible, et en réaction, comme toujours, une “marche blanche”. Je ne doute pas que des paroles de compassion vis à vis de l’agresseur ont été prononcées et que, si les parents du lycéen ont dit qu’ils pardonnaient, les journaux télévisés ont dit qu’ils faisaient preuve de “dignité”.

Des bébés retrouvés congelés chez leur mère qui, elle aussi, mérite beaucoup de compassion sans doute. Les bébés étant morts, on peut les passer par pertes et profits. Le respect de la vie humaine se perd lorsque les assassins sont aisément pardonnés ou peu punis, et nous en sommes à une perte très profonde du respect pour la vie humaine en ce pays.

La manifestation contre le mariage homosexuel (je n’utilise pas la notion grotesque et hypocrite de mariage pour tous, ne serait ce que parce que le mariage en question n’est pas pour tous : et les polygames ? Et les pédophiles ? Et les adeptes de la zoophilie ? Que d’injustices à réparer encore…) s’est achevée dans la répression policière et les gaz lacrymogènes. C’était une manifestation paisible, mais ce n’était pas une manifestation socialiste, donc il n’était sans doute pas concevable de la traiter comme une manifestation socialiste, ou, par exemple, islamique.

Les économistes qui ne sont pas socialistes sont traités comme des parias

En parallèle, je l’ai déjà écrit, chômage et pauvreté continuent à monter irrépressiblement. Francois Hollande est très critiqué, mais nombre de ceux qui le critiquent trouvent qu’il n’est pas assez socialiste : ce qui est logique dans un pays où les économistes qui ne sont pas socialistes d’une manière ou d’une autre sont traités comme des marginaux ou des parias. Des lecteurs m’ont fustigé ici parce que je disais qu’économiquement le Front national était, lui aussi, socialiste. Je ne leur en veux pas. Dans un pays où le socialisme est hégémonique, on prend aisément les différences entre des nuances diverses de socialisme pour des différences essentielles, et on ne parvient plus à distinguer ce qui est socialiste de ce qui ne l’est pas.

S’il n y avait qu’en matière d’économie que les débats sont biaisés et anéantis, la situation serait très grave, mais l’économie n’est pas seule concernée. Deux semaines après avoir incendié Veronique Genest et après avoir débité des monstruosités haineuses sur Israël, les chroniqueurs de l’émission de Laurent Ruquier le samedi ont invité deux journalistes qui furent otage en Irak, et qui désormais semblent otages, consentants cette fois, du Qatar. Ils ont parlé de l’opulence des trois cent mille citoyens qataris, de la présence au Qatar d’un million sept cent mille travailleurs immigrés. Ils n’ont rien dit ou presque sur le statut servile de ces travailleurs immigrés. Ils n’ont rien dit du fait que le Qatar est une monarchie absolue et un régime autoritaire strict, ou sur le fait que la chaine Qatari al Jazeera donne la parole à Youssouf al Qaradawi, prêcheur antisémite des Frères musulmans, ou encore sur le fait que le Qatar finance l’avancée de l’islam radical. Les chroniqueurs n’ont rien dit non plus.

Quand on propage la haine envers une démocratie comme Israël c’est qu’on a de la pourriture dans la tête

Quand on propage la haine envers une démocratie comme Israël tout en prononçant des propos sirupeux sur un régime tel que celui du Qatar, quand on prétend défendre les arabes palestiniens, qui sont traités par Israël comme les êtres humains sont traités dans un Etat de droit, et qu’on le fait tout en glissant vite sur la servitude inique subie par des centaines de milliers de musulmans au Qatar (car les immigrés au Qatar sont, pour l’essentiel, musulmans), c’est qu’on a de la pourriture dans la tête. Et malheureusement, des millions de gens en allumant leur téléviseur, s’imprègnent de cette pourriture, sans disposer d’antidote contre le poison qu’elle contient.

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Ce qui se passe en France est à mes yeux l’approche du stade terminal d’une avancée d’idées ineptes et destructrices vers l’hégémonie.

Les civilisations meurent. Je crains que la civilisation française, comme nombre de civilisations européennes, soit à l’agonie.

J’écris ces mots en avion. Je sais qu’à l’atterrissage, je vais retrouver la circulation asphyxiée par des tonnes de béton, des poteaux métalliques, des grillages. Tout cela au nom de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pollution. Et je suis l’un des seuls, semble t’il, à trouver cela absolument délirant.

Je vais retrouver les bidonvilles qui prolifèrent à nouveau aux portes de Paris, les détritus sur le bord des autoroutes menant de Roissy à la ville dont le prince aime tant la pédale qu’il a mis des vélos en libre service partout.

Dans un livre que j’ai consacré à la France il y a douze ans, je parlais de la stratégie du homard (métaphore reprise aussi par Michel Gurfinkiel) : pour cuire un homard sans qu’il se débatte, il faut le mettre dans l’eau froide et faire chauffer peu à peu. Le homard se laisse gagner par la torpeur, et quand l’ébullition ultime arrive, le homard ne peut plus réagir et se débattre. Il est cuit.

J’aimerais croire qu’un printemps français est envisageable, comme cela semble se dire ici ou là, mais je n’y crois pas une seule seconde.

Je suis, bien-sûr, du coté de ceux qui se battent pour sauver ce qui leur semble pouvoir l’être encore. Mais je ne peux m’empêcher de songer qu’il est trop tard, et que la France est cuite.

Un million de personnes peuvent descendre dans la rue. Il en reste des millions qui regardent le journal télévisé, et, comme des chiens dressés, font ce qu’on leur dit de faire ou se laissent laver le cerveau.

Je conseillerai plus que jamais à ceux qui le peuvent de partir

Je ne regarderai, bien sur, pas Hollande à la télévision jeudi soir, comme je ne regarderai pas les réactions aux propos de Hollande. Je n’attends rien de Hollande. Je n’attends rien de ceux qui lui répondront.

Je continuerai à dénoncer l’antisémitisme et toute forme de racisme, tout comme je continuerai à expliquer ce qui à mes yeux doit l’être, mais je conseillerai plus que jamais à ceux qui le peuvent de partir. Et j’aurai une infinie compassion pour ceux qui ne le peuvent.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

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