Publié par Michel Garroté le 3 avril 2013

Abraracourcix

Michel Garroté, réd en chef – L’enquête judiciaire menée en Suisse par le ministère public genevois a permis d’établir l’existence de comptes bancaires non déclarés de Jerôme Cahuzac, suite à des perquisitions au sein des banques UBS et Reyl & Cie. Le résultat de cette enquête suisse explique sans doute les aveux de Cahuzac.

Je lis quelque part que Hollande sera forcément affecté par l’affaire Jérôme Cahuzac, qui porte un coup à la République exemplaire que le président appelait de ses vœux pour marquer une rupture avec des pratiques passées (je trouve cela comique : Sarkozy, lui, avait promis la République irréprochable ; on prend le peuple pour un ramassis d’imbéciles et le peuple déteste ça). L’Elysée n’a pas tardé à réagir après les aveux de l’ancien ministre du Budget, Cahuzac, qui a reconnu détenir des comptes bancaires à l’étranger depuis des années. Dans un communiqué, le président de la République prend acte « avec sévérité » de l’aveu de l’ancien ministre, coupable d’une « faute impardonnable » (j’ignore ce que signifie concrètement « prendre acte avec sévérité »).

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a quant à lui dit sa tristesse et sa consternation devant la cruelle vérité d’un homme qui a menti devant le président de la République, le Premier ministre et la représentation nationale. Au-delà de Jérôme Cahuzac, nombre de réactions à droite comme à gauche, prennent pour cible le chef de l’Etat. L’UMP demande des explications au président, qui ne pouvait selon ce parti ignorer la vérité. Cette affaire est obligatoirement un mauvais coup pour François Hollande, pense-t-on chez OpinionWay.

A l’institut Harris Interactive, on souligne que jusqu’ici, l’affaire Cahuzac avait eu peu d’impact sur le président, les Français jugeant d’un côté la mise en cause de l’ancien ministre du Budget et de l’autre, l’action politique de François Hollande. S’il y avait la perception dans l’opinion que le président aurait couvert des faits juridiquement répréhensibles, cela pourrait prendre des allures d’affaire d’Etat, mais on n’en est pas là, ajoute-t-on à l’institut Harris Interactive. Mais qu’en savent-ils, à l’institut Harris Interactive ?

Sarkozy-Hidalgo-Peillon

Pendant la campagne électorale, François Hollande avait insisté sur la moralisation de la vie publique, au terme d’un quinquennat qui avait notamment vu les ministres Eric Woerth, Christine Lagarde et Michèle Alliot-Marie mis en cause à des degrés divers.

Au demeurant, la liste est longue de celles et ceux qui sous la Cinquième République ont été soupçonnés, parfois à tort, souvent avec raison, dans des affaires : Giscard, Mitterrand, Fabius, Hernu, Désir, Tapie, Bérégovoy, Pelat, Gaymard, Le Pen, DSK, Chirac, Emmanuelli, Tiberi, Sarkozy, Aubry, Royal, Balkany, Tron, Dassault, Huchon, Baylet, Andrieux, Guérini, Ayrault, Juppé, Villepin, Pasqua, Dray, etc.

Le président de l’UMP, Jean-François Copé, n’a pas manqué d’y faire référence en dénonçant un mensonge qui signe définitivement la fin de la gauche morale et donneuse de leçons. François Hollande nous annonçait une République exemplaire. Quel crédit accorder désormais à son équipe gouvernementale ?, ajoute Copé. Cette affaire va jeter un soupçon de manière générale sur le comportement des politiques, pense-t-on chez OpinionWay. Elle porte aussi un coup à l’idée qu’il y avait une différence entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Cela va donner le sentiment que droite et gauche, c’est pareil. Pour autant, pense-ton à l’institut Harris Interactive, la morale politique n’est pas au cœur des préoccupations des Français.

L’institut Harris Interactive plaisante, je suppose. Car en réalité, oui, justement, la morale politique est au cœur des préoccupations des Français qui en ont tous assez de la langue de bois.

Nous restons dans un pays politique et les raisons de l’affection de l’opinion ne sont pas liées à des dimensions de probité mais d’efficacité politique et de valeurs, dit-on à l’institut Harris Interactive qui décidément semble adorer l’humour cynique (car oui, les Français désirent ardemment voir enfin de la probité chez leurs élus). Aux yeux de l’institut Harris Interactive, ce genre d’affaire fait davantage le jeu de l’abstention, d’une forme de désaffection à l’égard des politiques que de l’extrémisme. Ah oui ? Vraiment ? Mais qu’en savent-ils, nom d’un chien, à l’institut Harris Interactive ? L’absence de probité n’est-elle pas le catalyseur du raz-le bol et parfois de l’extrémisme ? Et qu’est-ce que « l’extrémisme » d’abord ?

Déjà en berne dans les sondages, la cote de popularité du président devrait avoir d’autant plus de mal à se relever. C’est une difficulté supplémentaire pour espérer remonter fortement dans les semaines ou les mois qui viennent, ça risque de laisser une trace et de rendre plus difficile une reconquête même si c’est quand même toujours les questions économiques qui restent les plus importantes pour les Français, tempère-t-on chez OpinionWay, qui se trompe une fois encore – exprès ? – sur les questions qui sont les plus importantes pour les Français (le mariage homosexuel avec adoptions d’enfants, l’islam et l’insécurité, voilà ce qui agace profondément les Français).

caviar

De son côté, l’ancien condamné Harlem Désir fait la morale à Jérôme Cahuzac. Harlem Désir, Premier secrétaire du Parti socialiste, déclare (extraits adaptés ; lien en bas de page) : « Par ses actes d’une extrême gravité, incompatibles avec les exigences de la vie politique et des mandats publics, la possession de compte à l’étranger pour frauder le fisc abritant des centaines de milliers d’euros, et par ses mensonges intolérables vis à vis du président de la République, de la représentation nationale et des Français, Jérôme Cahuzac s’est exclu de fait du Parti Socialiste. Il n’en sera désormais plus membre. Je lui demande, également, de tirer toutes les conclusions de ses agissements en renonçant à ses mandats électifs ».

Harlem Désir a occupé, de novembre 1986 à octobre 1987, la présidence de SOS Racisme tout en étant salarié par l’Association régionale pour la formation et l’éducation des migrants, percevant pour cet emploi fictif, un salaire mensuel net de 8’900 francs. Il a été condamné le 17 décembre 1998, à 18 mois de prison avec sursis et 30’000 francs d’amende pour recel d’abus de biens sociaux.

Sur lexpress.fr, François Koch écrit (extraits adaptés ; lien en bas de page) : « En commettant un mensonge d’État, le frère Jérôme Cahuzac a manifestement aussi trahi les idéaux de la franc-maçonnerie, surtout ceux de son obédience, le Grand Orient de France, où il est passé sous le bandeau en 1996, dans l’atelier parisien Locarno 28. En mentant devant les députés (et les caméras de télévision), qui plus est un mensonge aussi grave, Jérôme Cahuzac a volontairement traîné dans la boue ce que les frères de son obédience ont de plus cher au cœur : la République et sa représentation parlementaire.

C’est le sentiment manifeste de Gérard Contremoulin, dans son post « La faute, dérive personnelle d’un fraudeur devenu ministre ». En général, les frères ont tendance à considérer que celui des leurs qui commet un délit ou une faute ne l’a pas commis en tant que maçon. Là, le mensonge les yeux dans les yeux face à la République est celui d’un frère. Celui d’un homme qui a trompé tout son entourage ».

Les arguments (volontairement ?) naïfs de Gérard Contremoulin ne sont pas convaincants. Le Grand Orient de France n’est pas une obédience comme les autres. Le Grand Orient de France, contrairement à d’autres obédiences, défend la laïcité absolutiste à géométrie variable, à savoir islamophile d’un côté ; et radicalement opposée à la culture judéo-chrétienne de l’autre.

Le Grand Orient de France, contrairement à d’autres obédiences, fait de « l’immigration une chance pour la France » et du « vivre ensemble » des dogmes qu’il n’est pas permis de remettre en question sous peine de se faire taxer d’extrémiste. Le Grand Orient de France, contrairement à d’autres obédiences, ratisse large, du Front de gauche (Mélenchon) au Front national (Collard), en passant par l’UMP, l’UDI et le PS.

Vu sous cet angle-là, la concupiscence du frère de loge Cahuzac n’est que la pointe de l’iceberg. Et les indignations suscitées chez les élus par Cahuzaleaks n’est qu’une vaste hypocrisie « à la française ». La Cinquième République n’a jamais été synonyme de probité. Voilà le vrai problème.

Reproduction autorisée avec mention www.dreuz.info

http://www.parti-socialiste.fr/communiques/communique-dharlem-desir-0

http://blogs.lexpress.fr/lumiere-franc-macon/2013/04/03/la-faute-lourde-du-frere-cahuzac/

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