Publié par Abbé Alain René Arbez le 9 avril 2013

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Après ce temps de prière du Kadish animé par Monsieur le Grand Rabbin Yitzhak Dayan à la mémoire des défunts de Birkenau, partageons ensemble un moment de méditation exprimé au nom des catholiques.

Dans un lieu comme celui-ci, on a plus envie de faire silence que de prendre la parole.

Nous sommes ici devant ce mémorial, nous nous trouvons quelque part au milieu d’un univers quasi irréel, hors du temps et de l’espace, avec un horizon parsemé de miradors, de baraquements, dans une grisaille remplie de tristesse qui nous donne cet étrange sentiment d’un endroit à la fois vide et surchargé de mémoire.

On a envie de faire longuement silence pour honorer toutes ces victimes innocentes. Dans ce lieu où s’est pratiquée l’industrie de la mort, nous évoquons ces innombrables victimes d’une barbarie qui dépasse l’imagination, tous ceux et celles qui furent les malheureuses proies d’un délire assassin à l’échelle de l’Europe.

Des victimes si nombreuses qu’elles peuvent presque en devenir anonymes, et pourtant: ces disparus étaient des enfants, des femmes, des vieillards, des êtres humains avec un visage, un nom, une identité; provenant de divers pays, tous ils appartenaient à une famille, à une nationalité, mais surtout ils avaient le tort d’appartenir à un peuple: le peuple juif, cible principale du régime hitlérien et de ses alliés.

On a d’abord envie de faire silence dans ce lieu de mémoire, mais on a aussi envie de parler pour dire que cette folie meurtrière d’hier nous concerne tous aujourd’hui, et que les mêmes démons peuvent à tous moments se remettre en action à petite ou à grande échelle, sous un masque ou sous un autre, mais avec les mêmes intentions de semer la mort et avec les mêmes cibles vivantes.

Ce qui s’est passé ici est indicible, inqualifiable. Aucune idéologie, aucune religion ne peut trouver du sens à ce massacre de masse, à cette tuerie aussi gigantesque soigneusement planifiée et organisée, grâce à des relais actifs, à travers tout un système, incluant des complaisances, des complicités, des indifférences.

Depuis l’après-guerre, l’Eglise catholique a dans diverses circons-tances exprimé son horreur pour le rôle direct ou indirect que certains de ses membres – trop nombreux – ont pu jouer dans la Shoah. Elle a rendu hommage aux catholiques qui ont sauvé des Juifs et a déclaré son désir sincère de repentance, son besoin de recréer des relations fraternelles avec les membres du peuple juif, peuple de l’alliance à qui elle se reconnaît liée par une profonde parenté spirituelle.

L’antijudaïsme chrétien martelant sa haine durant des siècles n’est pas pour rien dans ce qui s’est passé ici. Mais il n’est pas le seul, il y a beaucoup de formes d’antisémitisme; et l’athéisme, les milieux laïques ont aussi le leur, qui conduit aux mêmes conséquences.

La violence qui s’est abattue ici sur des innocents dans ce qui fut appelé par les nazis la solution finale doit être identifiée pour pouvoir être combattue aujourd’hui, car elle peut se camoufler sous d’autres habillages idéologiques, en particulier dans le conflit du Proche-Orient.

Car en ce début de XXIème siècle, certaines voix n’ont pas peur de clamer – cette fois-ci pas en allemand, mais en arabe, en turc, en pakistanais, en indonésien, en anglais, et même en français – qu’elles veulent la disparition des Juifs et de leur pays, Israël, accusé de tous les maux de la terre.

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Devant l’escalade à laquelle on assiste, le cardinal Tucci affirmait à Radio Vatican que l’antisémitisme islamiste est sans doute parmi les pires, dans sa violence et sa radicalité.

Espérons que les chrétiens et les humanistes éclairés seront nombreux à se souvenir de ce qui est arrivé dans les camps d’extermination il y a 50 ans pour exiger maintenant, sous toutes les formes possibles, une vraie justice au Proche-Orient, mais dans une approche équitable et non pas unilatérale comme nous le voyons quotidiennement; la justice, cela suppose d’abord la fin des propos antisémites, le droit réciproque à l’existence pour tous certes, mais dans le respect de l’histoire de cette région de Terre sainte.

L’enjeu nous implique tous, juifs, chrétiens, humanistes laïques, car les valeurs qu’il y a à défendre sont à la base de notre société démocratique et de notre conception de l’être humain.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, Auschwitz, le 26 novembre 2004

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