Publié par Jean-Patrick Grumberg le 3 juin 2013

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Il y a trois ans, Bernard Accoyer, alors Président de l’Assemblée nationale, avait tenté de nous faire taire. Je lui avais répondu, en substance, que “Georges Clémenceau a dit aux bloggeurs que « la démocratie, c’est le pouvoir pour les poux de manger les lions ».

J’avais, je dois le dire, apprécié qu’après cet échange et son courrier à l’entête de l’Assemblée, il eut l’intelligence de passer à autre chose. Je constate aujourd’hui que dans l’opposition, il se rapproche de notre posture.

Le revoici, cette fois en défenseur de la liberté et de Clément Weill-Raynal dans le Figaro. Rafraichissant.

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Celui qui révèle un scandale ne doit plus être sanctionné, placardisé, licencié, ostracisé, mais protégé et montré en exemple. Depuis l’adoption de la loi du 16 avril 2013, malgré toutes les interrogations et critiques suscitées par la création d’un tel statut, les «lanceurs d’alerte» sont élevés au rang de «héros» de la citoyenneté et bénéficient d’une protection législative totale. Ainsi l’exige désormais cette nouvelle loi, qui dispose dans son article L. 1351-1: «Aucune personne ne peut être… sanctionnée ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de traitement, de formation, de reclassement, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat, pour avoir relaté ou témoigné, de bonne foi… de faits relatifs à un risque grave pour la santé publique ou l’environnement dont elle aurait eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions.»

Ce qui vaut pour la santé et l’environnement ne devrait-il pas, en toute logique, s’appliquer à tous les domaines où le dévoilement d’une vérité permet de protéger la démocratie, la justice, le citoyen? C’est le Réseau de documentation des écologistes activistes qui le dit: «Un citoyen ne se divise pas. Il a non seulement une tâche professionnelle, mais, qu’il le veuille ou non, il est aussi engagé socialement. Un citoyen-travailleur se doit de toujours conserver un sens moral sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire… C’est pourquoi les “lanceurs d’alerte” doivent être protégés.»

Or voilà qu’un journaliste, Clément Weill-Raynal, nous apprend que des juges ont épinglé des personnalités politiques et intellectuelles pour la plupart classées à droite, sur un «mur des cons» dans les locaux du Syndicat de la magistrature situés dans les bâtiments mêmes du ministère de la Justice. Cette révélation illustre à l’évidence la politisation outrancière de certains magistrats. Elle constitue une mise en garde pour tous ceux qui voudraient instrumentaliser la justice à des fins politiques. Et une alerte pour les citoyens qui doivent être informés et vigilants face à cet état de fait.

Un journaliste n’a-t-il pas le devoir d’alerter les autorités et l’opinion sur des risques d’atteintes graves à l’impartialité de la justice ? La loi peut-elle rester aux mains des gardiens d’un temple syndical et politique ?

Au titre de «lanceur d’alerte», le journaliste doit être protégé comme le veut désormais la loi, contre les pressions, les menaces de licenciement et autres sanctions que l’on a si longtemps infligées à ceux qui prenaient des risques au nom de la vérité et de leur conscience. Mais y aurait-il objectivement des bons et des mauvais «lanceurs d’alerte»? Clément Weill-Raynal n’est-il pas lui aussi digne d’être protégé comme «lanceur d’alerte»?

Le «mur des cons» n’est pas qu’une «blague de potaches». Ce n’est pas parce que les magistrats qui en sont les auteurs cherchent à se faire oublier qu’il faudrait, par un renversement de situation hallucinant, que le journaliste qui a révélé l’affaire fasse l’objet d’une procédure disciplinaire, comme c’est le cas actuellement. Clément Weill-Raynal, journaliste et citoyen, doit avoir le droit d’être protégé comme «lanceur d’alerte».

Un journaliste n’a-t-il pas le devoir d’alerter les autorités et l’opinion sur des risques d’atteintes graves à l’impartialité de la justice? La loi peut-elle rester aux mains des gardiens d’un temple syndical et politique? Gardons espoir, il y aura toujours des personnalités indépendantes, dévouées à la morale et à l’éthique pour le bien commun. Comment le citoyen, le parlementaire qui a débattu de la loi sur les «lanceurs d’alerte» et encore plus celui qui l’a votée, pourrait-il ne pas féliciter et soutenir Weill-Raynal dans son action contre ceux qui usurpent leur pouvoir en dévoyant la justice et en la déconsidérant.

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