Publié par Dreuz Info le 6 juin 2013

al-dura 

L’affaire Al Dura révèle une triste réalité en ce qui concerne l’état de la société française et de notre relation à l’information. La dureté et l’acharnement auxquels ont été soumis, et continuent à l’être, ceux qui ont questionné la version officielle des faits, symbolisent une plaie vis-à-vis de la santé démocratique française.

Il est souvent affirmé que le journalisme en temps de guerre est l’une des professions les plus compliquées qui soient. Atteindre la vérité sur le champ de bataille reste une des missions les plus dures avec lesquelles un commentateur puisse se mesurer. Si cela est vrai, ces multiples difficultés ne sont pas suffisantes pour justifier la manipulation de l’image et le détournement de la vérité à des fins politiques ou éditoriales.

Les évènements qui ont eu lieu le 30 septembre 2000 à Gaza représentent un mélange parfait pour prouver à quel point il est quasiment impossible de demander un regard objectif sur la situation en Israël.

L’utilisation d’un discours journalistique se basant sur des mensonges a consenti à bâtir un mythe autour d’une scène qui ne devrait pas en évoquer un. Un monde arabe et musulman en quête de martyrs a été servi par un journalisme français ne vérifiant ni ses sources ni ses intervenants.

Si ces faits sont désormais bien connus et la personne de Charles Enderlin est clairement remise en cause pour son manque d’éthique professionnelle, les dégâts sont déjà faits. Daniel Pearl a été barbarement tué avec les images transmises par France 2 en arrière-plan alors que le terroriste Mohammed Merah a utilisé la version officielle des évènements comme une des justifications de son massacre.

Alors que le gouvernement israélien a rendu publique son analyse de ce qui s’est passé il y a bientôt 13 ans, une question doit être posée : quel impact ce rapport aura-t-il sur la manière dont la classe dirigeante française, aussi bien politique que publique, considèrera l’affaire Al Dura ?

S’il est vrai que ce document confirmera la critique émise en première ligne par Philippe Karsenty ainsi que par Nahum Shahaf, Gérard Hubert et Stéphane Juffa, il est d’autant plus probable qu’il ne soit pas reconnu comme preuve valable dans le débat qui a lieu en France. Cela pour une raison très simple : le gouvernement français ainsi qu’un large tissu associatif pro-palestinien ne considèrent pas qu’une vision objective venant d’Israël soit possible et/ou souhaitable.

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Le premier point se base sur le fait que toute personnalité publique proche de l’Etat Juif ou tout organe institutionnel de ce dernier est perçu comme impliqué dans un effort de propagande. La société française de manière générale, influencée par un discours destructeur venant de ses plus grands média, a perdu la capacité d’entendre et de comprendre un message relié au conflit qui ne soit pas purement et intrinsèquement pro-palestinien.

Le deuxième point est plus problématique.

Pourquoi ne pas vouloir voir la vérité en ce qui concerne l’affaire Al Dura? Pourquoi cela fait-il plus de dix ans que l’on accepte de manière plus ou moins implicite un mensonge ? Cette situation est le résultat d’une triste réalité : le procès opposant France 2 à Philippe Karsenty devrait être perçu comme la pointe d’un iceberg, où il est nécessaire de comprendre que le message médiatique français vis-à-vis d’Israël et les territoires est fondamentalement biaisé et orienté politiquement. Une déclaration officielle israélienne suivie d’une approbation de la part du gouvernement français reviendrait à remettre en cause de manière substantielle la manière de laquelle le conflit est présenté dans les média nationaux.

A quoi devons-nous donc nous attendre ? Au-delà verdict du 26 juin, l’effort pour une information de qualité en ce qui concerne Israël doit être poursuivi.

Une opinion publique encore trop influencée par un discours pro-palestinien et une éducation imprécise et souvent fausse sur le conflit ne peut que difficilement se rendre compte de l’envergure de la manipulation médiatique à son égard.

L’affaire Al Dura est donc un miroir sur notre société.

Il nous est possible de voir l’acharnement de certains groupes d’intérêts contre tout individu venant remettre en cause leur discours.

Il nous est possible d’apprécier à quel point l’irrationalité et la subjectivité prennent le dessus lorsqu’il s’agit d’Israël.

Il nous est enfin possible de comprendre quelle est la position réelle du gouvernement. Un gouvernement qui refuse de s’impliquer dans les enquêtes israéliennes ou de commenter ces enquêtes, mêmes concernant l’un des faits les plus marquants du journalisme national du début du 21ème siècle.

Le mois de juin est essentiel car il détermine légalement le résultat de cette affaire. Le « day after » sera aussi important que le jugement en soit et aussi déterminant que les preuves israéliennes fournies.

La manière par laquelle la société, le gouvernement et les cercles intellectuels de la métropole réagiront sera utile pour voir encore une fois à quel point Al Dura est le miroir d’un pays qui a du mal à voir la vérité lorsqu’il est confronté à la réalité israélienne.

Quand dénoncer un mensonge devient un acte de « propagande sioniste » et se battre pour que le journalisme reste une profession impartiale revient à se mettre personnellement en première ligne, alors de graves interrogations vis-à-vis de notre société doivent être soulevées.

© Riccardo Dugulin www.riccardodugulin.com 

Riccardo Dugulin a un Master de la Paris School of International Affairs (Sciences Po Paris) en Sécurité internationale. Il travaille comme manager de projet sécurité pour une compagnie d’assistance médicale à Paris. Il a travaillé pour de nombreux centres de recherche à Washington DC, Dubai et Beirut.

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