Publié par Les amis de Rachel Franco le 14 juin 2013

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Ce n’est pas un sujet facile que je vais aborder parce qu’il réveille les passions ; or si nous voulons avancer sur un chemin de clarté, il faut calmer les passions.

Il ne faut pas permettre une diffusion de haine contre les homosexuels

Il ne s’agit certainement pas de permettre une diffusion de haine contre les homosexuels. Le sarcasme et les rejets sont faciles et ne permettent jamais de saisir ce qui se joue dans l’esprit des hommes ; or un chemin qui se veut éclairant se pratique dans l’effort et la réflexion.

Il s’agit, avec vous et si vous le voulez bien, de s’approcher du thème de l’homosexualité et d’essayer d’apporter une petite pierre à l’édifice de pensée de chacun.

En Israël, la Gay Pride annuelle a eu lieu vendredi dernier à Tel-Aviv, sous le signe de la fierté habituelle affichée par ses participants. D’ailleurs cette année, « la marche de la fierté » a reçu la visite du premier couple homosexuel marié en France, depuis l’adoption de la loi permettant le mariage pour tous, et signe du soutien à cette loi, ce couple est ou a été hébergé par l’Ambassadeur de France en Israël.

Faire un rapprochement entre la Gay Pride et la parasha Kora’h

Dans la mesure de mes connaissances, je vais essayer de m’appuyer sur les enseignements bibliques qui fleurissent en Israël, pour lire l’actualité grâce au prisme de la Bible. Et puisque nous disons que la parasha de la semaine est toujours en relation avec l’actualité, je vais tenter de faire ici un rapprochement possible entre la parasha Kora’h, étudiée la semaine dernière et la manifestation des Gay Pride.

Pourquoi lui et pas moi ?

Quelle était l’argumentation de Kora’h dans la querelle face à Moïse et Aaron ? Il faisait partie de la Tribu des Levi et n’a pas accepté de ne pas « officier » comme le Cohen Hagadol. La question classique « pourquoi lui et pas moi ? » est une question bien plus profonde qu’elle ne le semble, car elle remet en question l’ordre de ce monde ou encore le destin de chacun, si destin il y a.

Kora’h s’est appuyé sur l’argument en vertu duquel « l’Éternel réside au milieu de tous les enfants d’Israël » pour soutenir, avec vérité, que nous sommes tous égaux devant l’Éternel et contester alors le privilège de la prêtrise à Aaron.

Pourquoi faut-il alors une différence entre les hommes et leurs fonctions ? Pourquoi faut-il un grand Cohen pour le service divin et les Levi pour les assister ? Pourquoi tout Israël n’est-il pas habilité de la même manière ? Le même droit pour tous ! Nous sommes égaux devant l’Éternel ! La loi et les prescriptions qui consistent à différencier, à ordonner, à régir, à limiter, à interdire sont injustes et le fruit d’une accaparation du pouvoir par Moïse et son frère.

Nous pouvons prolonger l’interrogation de Kora’h avec les questions suivantes : Pourquoi faut-il des peuples et non une seule famille de la terre ? Tous égaux, tout est pareil, tout se vaut, sans effort et sans considération de la nature des peuples et des hommes à l’intérieur de ces peuples. Il s’agit donc bien de gommer les différences des peuples, des familles et des individus pour nous en tenir à une loi du Genre qui efface et étouffe en nous toute personnalité physique, toute individualité psychique et toute originalité aussi.

De la même manière, ne peut-on dire que les homosexuels considèrent que les sexes sont interchangeables ?

Il faut preciser que « L’Éternel réside au milieu de tous les enfants d’Israël » a été entendue comme une résidence du Divin dans l’intériorité de l’homme, quand celui-ci se fait Temple.

Or Kora’h a soutenu que l’essentiel est l’intériorité par excellence, et juste elle. Nul besoin de se rattacher au monde de l’extériorité et aux différences physiques qui nous séparent les uns des autres.

De la même manière, ne peut-on dire que les homosexuels considèrent que ce qui compte est le désir intérieur et l’amour ressenti à l’égard de certains autres ? Lors de mes discussions sur ce sujet, plusieurs ont soutenu que la nature avait fait une erreur et que l’intériorité est ce qui prévaut et qu’il faut comprendre la détresse de ceux qui vivent dans un corps non adapté à leur psychique.

Il me semble que si nous considérons que la nature est capable de faire des erreurs, nous remettons en doute la Direction divine dans notre monde, mais ceci est un autre débat.

Il est toujours difficile de rapporter des enseignements d’un livre aussi secret que le Zohar, mais tout de même, comme il faut essayer de dire pour donner, je vais me prêter à l’exercice.

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Concernant Kora’h, il est écrit :

« Celui qui fait la droite… gauche, et la gauche… droite, c’est comme s’il détruit le monde »,

« Viens voir, Aaron droite, Levi gauche »,

« Kora’h a voulu un changement de la droite vers la gauche, pour cela, il fut puni. »

R. Moshé Cordovero clarifie :

« La gauche est liée à l’interdit et à l’impur, la droite est liée au permis et au pur. Celui qui inverse ces deux principes, rend permis l’interdit et interdit le permis ».

« Aharon, Cohen est du côté de la droite/Hessed (la générosité) et Lévi est du côté de la gauche/Guébourah (la rigueur) ».

« Il a changé le Cohen en Lévi et le Lévi en Cohen. »

Ainsi, les revendications de Kora’h consistaient pour l’essentiel à vouloir inverser les principes du monde (Gauche et Droite) et ignorer la nature spirituelle des hommes (Rigueur/sévérité et Générosité/largesse) comme si nous avions tous les mêmes aptitudes, les mêmes forces et les mêmes faiblesses.

Il a nié que les principes spirituels du monde s’habillent aussi dans les lois de la nature physique avec lesquelles nous devons composer. Ce faisant, il a nié aussi le projet divin pour les hommes, projet qui consiste à travailler leurs jardins intérieurs, en vue de réparer le monde et œuvrer à son perfectionnement.

Si le monde est créé imparfait, c’est justement parce que notre monde est en attente de l’homme de bien et que les hommes sont les partenaires de Dieu dans ce projet qui consiste à faire de cette terre, un lieu de Sa résidence.

Il va s’en dire que ce lieu de résidence ne saurait être un lieu de terreur religieuse ou politique, un lieu où l’homme et la femme seraient ligotés par la peur de la Loi divine. Mais à mon sens, pas davantage un lieu où une religion qui ne serait qu’Amour les emprisonne dans une tolérance qui ignore la manière de se battre contre le Mal.

On ne saurait ignorer que le monde est habité par des forces de Bien et des forces de Mal, ni ignorer le mérite de ceux qui s’engagent corps et âme dans l’accomplissement de leurs responsabilités sur terre et à l’égard de leurs frères en humanité. S’il n’en était pas ainsi, le monde et les hommes seraient perdus.

Alors certes, l’Éternel a créé tous les hommes égaux devant Lui, mais cette égalité ne brillera à la fin des jours, que pour les méritants. Car il n’y a pas que des droits qui consistent à recevoir, mais aussi des devoirs qui consistent en des comportements d’être et du savoir-vivre ensemble.

Toute tentative de réduire les hommes à une uniformité porterait le germe du totalitarisme.

Chacun d’entre nous est porteur d’une mission toute personnelle qu’aucun autre n’est mieux habilité à faire que nous et les aptitudes des uns et des autres est une richesse qui permet justement d’apprendre à nous respecter, à nous compléter et à vivre ensemble. L’histoire est écrite par ceux qui s’engagent et acceptent de donner corps à leurs missions intérieures et toute tentative de réduire les hommes à une uniformité porterait le germe du totalitarisme.

Kora’h a donc refusé le joug des lois de la nature spirituelle humaine et il a nié le principe d’une histoire qui se déroule en des étapes nécessaires à une maturation d’esprit, comme un arbre qui donne des fruits en son temps.

La gauche n’est pas la droite et de la même manière, le Féminin n’est pas le Masculin. J’entends par là des concepts spirituels, mais il va s’en dire que ceux-ci s’habillent aussi dans les lois de la nature.

La punition de Kora’h a d’ailleurs été à la hauteur de sa faute : il a ouvert la bouche pour soutenir que seule comptait l’intériorité et qu’il suffisait de se connecter à elle. Il a nié la nécessité du travail dans le monde de l’extériorité ; la terre a ouvert sa bouche et il a été avalé vivant par l’intériorité de la terre.

Je me lèverai toujours contre la violence qui est faite aux homosexuels

Je tiens à écrire expressément que cet article n’a certainement pas pour objet de prétendre que les feux intérieurs de la terre devraient avaler vivants les homosexuels. Qu’il soit clair que lorsque l’un d’entre eux est agressé, je suis solidaire de lui et que je me lèverai toujours contre la violence qui est faite aux homosexuels. L’histoire biblique vient ici donner une clé de compréhension et ne saurait être utilisée comme une arme de destruction.

Ceci étant dit, je me pose la question suivante : dans cette marche de la fierté homosexuelle, de quoi est-on fier au juste et que peut-on dire du sentiment de fierté en général ?

Il me semble que la fierté est un sentiment d’autosatisfaction dans lequel le Moi est gonflé d’orgueil ou pour le moins, porte en germe un orgueil bien dangereux. Car les hommes orgueilleux n’ont besoin de personne, si ce n’est de l’admiration qu’ils recherchent dans le regard des autres.

Pourquoi la fierté est-elle ce sentiment que les homosexuels choisissent d’afficher ?

Les homosexuels refusent d’accepter les différences sexuelles qui permettent aux femmes et aux hommes de se compléter. Ils refusent le joug des lois de la nature pour s’en tenir à une intériorité faite de leurs seuls désirs et en cela, il me parait qu’ils agissent selon le modèle Kora’h. Mais pourquoi la fierté est-elle ce sentiment qu’ils choisissent d’afficher ? De quoi sont-ils fiers ? Est-ce de la liberté de s’affranchir des lois de la nature ? Est-ce de la force qui consiste à nier les lois du corps ? La fierté de soi est un piège pour l’âme et il faut s’en tenir à l’écart.

Une fois par semaine, Marina vient m’aider à tenir ma maison et vendredi dernier, je lui ai dit que mon fils avait été opéré ; pour la première fois, elle m’a confié qu’en Russie, elle était infirmière et qu’en Israël, elle est femme de ménage à cause de la langue hébraïque qu’elle ne parle que très mal.

Ne jamais être fier de soi, laisser ce sentiment aux autres s’ils reconnaissent que nous méritons cette fierté

Elle ne me l’avait jamais dit, choisissant de parler avec moi de sa petite fille et de ses problèmes d’hébreu. Et comment vous dire ? Je me suis sentie fière de cette jeune femme qui n’a jamais fait valoir ses études, son savoir et son diplôme. Fière d’elle, de sa modestie, de son chemin pour vivre dans le pays de ses pères. Peut-être ne faut-il jamais être fier de soi. Il faut laisser ce sentiment aux autres, s’ils reconnaissent que nous méritons cette fierté qu’ils nous accordent. Il n’y a pas matière à fierté que l’on soit juif, ou arabe ou français ou autre ! Tout le travail est d’essayer d’être quelqu’un de bien, mais si nous connaissons des êtres de valeur, alors nous pouvons leur dire que nous sommes fiers d’eux et de leurs chemins.

Lorsque j’ai reçu le prix du Jury lors de ma prestation au Mémorial de Caen, j’ai ressenti un sentiment de gratitude d’avoir été entendue, et j’ai remercié le Ciel qui m’a permis de montrer un autre visage d’Israël, que celui détestable diffusé par les médias en France. De quoi aurai-je dû être fière ? Les mots dans ma bouche et ma force de conviction viennent de Lui, et de Lui seulement.

Peut-être que le mot « gratitude » est plus à propos que le mot « fierté », car l’un reconnait le lien qui nous attache avec le Maitre du monde, tandis que l’autre nie ce lien et condamne l’homme à l’exil de soi.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Rachel Franco pour www.Dreuz.info

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