Publié par Michel Garroté le 19 juin 2013

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Michel Garroté, réd en chef  –-  La soi-disant « élection » du soi-disant « modéré » mollah Hassan Rohani (photo), comme nouveau président de l’Iran, est l’occasion de rappeler ici, qu’une alliance de l’Occident avec tel ou tel pays musulman, doit être considérée, comme une alliance tactique à court terme, même si elle est renouvelable pendant un certain laps de temps. L’Occident doit admettre, une bonne fois pour toutes, que l’islam est imprévisible ; et que par conséquent, la stratégie globale à moyen et long terme de l’Occident, face à l’islam, reste, essentiellement, un ensemble de tactiques à court terme, modifiables à tout instant.

En outre, l’Occident a tout intérêt à maintenir un équilibre des forces entre islam sunnite et islam chiite. Et si les deux branches de l’islam, la branche sunnite et la branche chiite, sont en guerre, comme actuellement en Syrie, l’Occident doit apprendre à en tirer profit. Car le temps que ces deux branches consacrent à se combattre signifie un temps de répit, pour l’Occident, pour Israël, et, dans une moindre mesure, pour les Chrétiens d’Orient (dans le cadre du conflit syrien, le transfert de chrétiens syriens dans des secteurs chrétiens du Liban n’est pas forcément une mauvaise chose).

A propos de l’Iran, sur Le Huffington Post Français, Yves Bonnet, ancien directeur de l’ex-DST (qui avec les ex-RG constituent aujourd’hui la DCRI) écrit (extraits adaptés ; voir source en bas de page) : « Il y a au moins un pays qui ne s’y trompe pas, c’est Israël, dont le gouvernement et la presse, pour une fois unanimes, ne consacrent au non-évènement de l’élection présidentielle iranienne qu’un commentaire laconique : “nous jugerons sur pièces”. C’est bien le plus que l’on puisse faire, quand l’évidence s’impose de la mascarade du scrutin et de l’inanité du résultat ».

Yves Bonnet : « Le scrutin d’abord : après l’épuration de la liste des candidats, allant jusqu’à celle d’un ancien Président de la “République islamique”, par ailleurs objet d’un mandat d’arrêt international délivré par Interpol, après la réduction à quatre du chiffre des “nominés”, dont aucun ne s’inscrivait dans la “ligne” du Président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, après la qualification absurde des impétrants entre conservateurs “durs” et “modérés”, alors que tous sont issus du même moule khomeyniste et que leurs titres à la rigueur inflexible du régime sont équivalents, après tous ces avatars d’une élection ordinaire en dictature, sont intervenues des manipulations révélatrices de l’état de décomposition de la théocratie ».

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Yves Bonnet : « Etant donné que le ministère de l’intérieur est tenu par un partisan d’Ahmadinejad, le résultat ne pouvait être contesté dans l’ordre qu’il donnait des candidats. En revanche, il importait de ne pas aller à un second tour, compte-tenu du précédent de 2009 et des troubles qu’il avait suscités. Il fallait aussi donner au monde l’impression d’une vraie consultation populaire, ayant mobilisé les foules ».

Yves Bonnet : « Telle était la mission impartie au million de séides stipendiés du régime sous des formes et des appellations diverses : adjonction d’un autre scrutin, municipal celui-ci, au présidentiel, affluence de miliciens dans les bureaux de vote comme naguère chez nous, des inspecteurs des R.G. à une fameuse réunion électorale, regroupement de bureaux de vote afin d’en élargir la fréquentation, et pour couronner le tout, multiplication des chiffres obtenus par quatre ou cinq dans les “salles de regroupement des voix”, doux euphémisme pour désigner les bureaux de trucage électoral ».

Yves Bonnet : « De la sorte, après avoir eu le culot d’annoncer dès la veille du scrutin les chiffres de participation, les autorités ont pu proclamer élu dès le premier tour un candidat qui n’avait même pas obtenu le fatidique quart des électeurs inscrits que requiert une élection à la majorité absolue. Qu’importe puisque les médias occidentaux ont avalé la supercherie, comme un brochet affamé gobe l’appât et l’hameçon ».

Yves Bonnet : « Le nouveau Président ensuite. La personnalité du mollah Hassan Rohani ne diffère en rien de celle de ses prédécesseurs. Il suffit de consulter sa biographie pour s’en convaincre. Ancien proche de l’ayatollah Khomeiny, il présente le profil d’un spécialiste des questions militaires, avec l’exercice des fonctions de secrétaire du Conseil supérieur de la sécurité nationale pendant seize ans, de 1989 à 2005, fonctions qu’il cumulait avec celles de conseiller à la sécurité nationale du Président, de membre du Conseil supérieur de la défense, de commandant en chef de la défense aérienne, de président du Conseil supérieur de la logistique de guerre et, pour couronner le tout, de Président de la commission de la défense nationale ».

Yves Bonnet : « Ce qui ne donne pas précisément l’image d’un grand pacifiste qui serait résolu à stopper la marche de l’Iran vers la possession de l’arme nucléaire, s’il en avait le pouvoir. Hassan Rohani a encore récemment déclaré qu’il avait trompé la troïka européenne à ce sujet afin de permettre la poursuite du programme atomique et ses déclarations d’allégeance au Guide suprême ne laissent place à aucune ambigüité quant à sa loyauté envers les caciques du régime. Parler, dans ces conditions, d’une “cohabitation” entre le Guide et le Président témoigne d’une méconnaissance certaine de la logique institutionnelle de l’Iran religieux ».

Yves Bonnet : « Il convient donc de ne pas oublier aussi vite les antécédents de ce religieux. Pourrait-il avoir changé et s’être converti à une relative modération ? Pourrait-il infléchir la ligne doctrinale de la République islamique au point de supporter que s’exprime une opposition politique au principe même d’une théocratie ? Pourrait-il donner des preuves de l’arrêt du programme nucléaire et abandonner le soutien à la Syrie de Bachar el Assad ? Comme le souligne Israël, il faut certes attendre les actes plutôt que les discours de cet homme qui nous a déjà floués ».

Yves Bonnet : « Mais alors, ces élections sont-elles un coup pour rien ? Ce serait faire bon marché de la volonté populaire de changement que ces élections ont fourni l’occasion de découvrir. Indiscutablement, tous les analystes s’accordent sur ce point, l’Iran vit une véritable et inexorable conversion des esprits à un changement de régime, à l’abandon du Velayate Faqih, la primauté du jurisprudentiel religieux, au retour des libertés. L’adhésion à une constitution (celle de l’ayatollah Khomeiny) qui falsifiait l’élan libérateur de 1979, longtemps nié contre toute évidence par ceux qui avaient confisqué la volonté démocratique, n’est certes plus depuis longtemps et une certaine opposition, celle qui a multiplié les gestes pendant la campagne électorale, et qui s’exprime clairement en faveur d’une démocratie pluraliste et tolérante, en a durement payé le prix ».

Yves Bonnet : « Aujourd’hui, même les contempteurs de ce système archaïque en demandent l’amodiation. Aujourd’hui, même les caciques du régime, Rafsandjani en tête, s’en désolidarisent. S’ils le font, ce n’est pas par bonté d’âme ni en vertu d’une improbable grâce, mais plus simplement parce qu’ils mesurent la profondeur et la largeur du fossé qui les séparent de la société civile et des forces actives de ce grand pays. Leur “réalisme” les conduit sur le chemin de l’apaisement que le Guide n’empruntera jamais. Mais il sort affaibli de l’épreuve. Il s’est résigné à la victoire approximative de Rohani parce qu’il tient toujours les rênes du lourd char de l’Etat. Mais l’essieu en est fendu et ne tardera guère à se briser », conclut Yves Bonnet sur Le Huffington Post Français (fin des extraits adaptés ; voir source en bas de page).

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Pour ce qui me concerne, je suis moins optimiste qu’Yves Bonnet et je rappelle qu’Ahmadinejad avait dit (conformément à la doctrine des ayatollahs iraniens qui dirigent le pays depuis 1979), à la conférence révisionniste du 25 octobre 2005, qu’il fallait « rayer Israël de la carte » (voir sources en bas de page). La vraie citation, traduite du farsi vers l’anglais, puis traduite de l’anglais vers le français, serait, nous dit-on, celle-ci : « L’Imam (l’ayatollah Khomeiny) a dit que ce régime occupant Jérusalem doit disparaître de la page du temps ». Ce qui, traduit mot à mot du farsi, donnerait, nous dit-on encore : « Imam (Khomeiny) ghoft (a dit) een (ce) rezhim-e (régime) ishghalgar-e (occupant) qods (Jérusalem) bayad (doit) az safheh-ye ruzfgar (de la page du temps) mahv shavad (disparaître de) ».

Le fait est qu’à part cette phrase – avec ses deux traductions apparemment différentes mais en réalité issues d’une même idéologie génocidaire – Ahmadinejad avait aussi déclaré : « Certains pays européens insistent pour dire que, durant la seconde guerre mondiale, Hitler a brûlé des millions de juifs et les a mis dans des camps de concentration. Donnons une terre aux sionistes en Europe, en Allemagne ou en Autriche, pour qu’ils puissent y installer leur gouvernement ». Notons qu’en Iran les mots « juifs », « sioniste » et « gouvernement » (israélien) forment un tout. Et qu’il n’y a donc pas en Iran – pour Ahmadinejad, pour le Guide suprême, pour les ayatollahs et pour les imams – de différence entre, d’une part les mots « régime », « sioniste » et « gouvernement » ; et d’autre part, les mots « juifs » et « Israël ».

Le 19 décembre 2005, le Washington Post avait repris les propos d’Ahmadinejad : « Excepté qu’il n’y a jamais eu de tels camps et pas d’Holocauste du tout. Rien qu’un mythe, une légende fabriquée de toutes pièces sous le nom de massacre des Juifs ». Et le Washington Post avait rappelé qu’Ahmadinejad, président d’un pays en voie de devenir nucléaire, était un fervent adepte de l’Apocalypse. Dans l’islam chiite, on croit au retour messianique du douzième Imam. En 2005, le journaliste iranien Hossein Bastani avait confirmé qu’Ahmadinejad précisait, conformément à la doctrine des ayatollahs iraniens qui dirigent le pays depuis 1979, dans des réunions officielles, que le douzième Imam, « caché », réapparaîtrait. En outre, toujours selon Ahmadinejad, Israël serait rayé de la carte l’année du retour du douzième imam.

Le 16 décembre 2006, la chaîne radiotélévisée britannique BBC News, rappelait la conférence révisionniste, qui s’était tenue le 25 octobre 2005 sur le thème « Le monde sans le sionisme ». Le 16 décembre 2006, la BBC précisait qu’il s’agissait d’une conférence organisée en octobre 2005 par l’Iran, à Téhéran, sous les auspices de Mahmoud Ahmadinejad, à l’époque fraîchement « élu » président. Parmi les participants à cette conférence révisionniste, ajoutait le reporter de la BBC ayant couvert l’événement en 2005, il y avait les négationnistes les plus connus du monde ; notamment l’Australien Frederick Töben, condamné à la prison en Allemagne pour incitation à la haine et insulte à la mémoire des morts ; les Français Robert Faurisson et Georges Theil, condamnés en France pour négationnisme ; l’Américain David Duke, ancien dirigeant du Ku Klux Klan.

A la lumière des faits concrets rappelés ci-dessus et au-delà des querelles stériles de traduction, il est archi-clair qu’Ahmadinejad voulait bel et bien deux choses et non pas une seule : primo, il voulait rayer Israël de la carte ; et secundo, il voulait faire disparaître le régime israélien de la page du temps. Ahmadinejad voulait les deux car concrètement les deux vont pour lui de pair (voir sources en bas de page).

Et le soi-disant « modéré » mollah Hassan Rohani, nouveau président de l’Iran, pense exactement la même chose qu’Ahmadinejad, conformément à la doctrine du Guide suprême et des ayatollahs qui dirigent le pays depuis 1979. Sous la nouvelle « présidence », celle du mollah « modéré » Hassan Rohani, qui dépend de l’autorité du Guide suprême, sous cette nouvelle « présidence », la fabrication de la bombe nucléaire iranienne va continuer comme avant. Seuls les médias français feignent, tant bien que mal, de ne pas le savoir.

Il faut dire que le cas français est un peu particulier. En 2009, des dépannages frigorifiques auraient été effectués sur un site nucléaire français, site sensible classé III sécurité nationale. Lors de ces dépannages, il aurait fallu, nous signale-t-on, en outre, de bonnes notions en électronique de puissance et de bonnes connaissances du principe d’enrichissement de l’UF6 par centrifuge. Une méthode utilisée en Iran pour enrichir l’uranium dans des milliers de centrifugeuses enterrées dans des sites tel que Natanz par exemple. Il y aurait eu, en France, en 2009, dans une usine de conception de prototype de haute technologie, une armoire en cours de montage pour un moteur à palier magnétique haute vitesse avec, dessus, l’inscription, sur un panneau : Iran.

Cette usine aurait détenu, il y a quelques années, le record mondial de rotation (18 000 tours/seconde) sur un rotor plein de 9 mm qui a explosé et traversé 4 cm de plexiglas et s’est planté dans un coffrage. La France aide l’Iran depuis les années 1970 dans le partenariat nucléaire. Il se raconte que le partenariat aurait « cessé » en 1979 avec la montée au pouvoir des ayatollahs iraniens. L’entreprise à laquelle appartenait l’usine susmentionnée fabrique des machines pour différents secteur de l’industrie française, y compris la défense, l’aérospatiale, l’énergie et la pharmacie (voir sources en bas de page).

En Israël, en revanche, on sait que la fabrication de la bombe nucléaire iranienne va continuer comme avant. En Israël, on fait publiquement savoir qu’on le sait. Et on fait publiquement savoir que l’on fera tout pour protéger le peuple juif israélien de la menace – létale, existentielle – iranienne.

Reproduction autorisée avec mention :

© Michel Garroté www.dreuz.info

Sources mentionnées ou reprises :

http://www.huffingtonpost.fr/yves-bonnet/hassan-rohani-president-iran_b_3459407.html?utm_hp_ref=france

http://monde-info.blogspot.ch/2007/09/ahmadinejad-dtruira-t-il-isral.html

http://monde-info.blogspot.ch/2011/11/liran-integriste-genocidaire-et.html

http://www.dreuz.info/2012/09/liran-confirme-quil-rayera-israel-de-la-carte/

http://www.dreuz.info/2013/04/frappes-israeliennes-contre-le-nucleaire-iranien/

http://www.europe-israel.org/2011/05/le-monde-n%E2%80%99a-pas-appris-les-lecons-de-la-shoah-%E2%80%93-par-michel-garrote/

http://www.dreuz.info/2011/11/quels-pays-fabriquent-le-nucleaire-iranien/

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