Publié par Gilles William Goldnadel le 24 juin 2013

WILLIAM GOLDNADEL (CONSEIL REPRESENTATIF DES INSTITUTIONS JUIVES DE FRANCE), INTERVIEW

Vite, que vienne le véritable « front républicain ». Non celui prôné par une gauche alliée aux extrêmes, mais celui contre l’arbitraire judiciaire, la fausse morale à géométrie invariable, la complaisance envers l’islamisme radical et la mainmise de l’idéologie bêtifiante sur le service public de l’information.

Si j’avais le goût de l’hyperbole propre à la gauche morale, je dirais qu’un climat de pré- fascisme est en train de s’installer sur la France.

N’ayant aucune appétence pour ce genre d’extravagance verbale, je me contenterai d’affirmer qu’un sale temps menace le pays. Démonstration :

Déjà, un mauvais procès diligenté contre la droite et les opposants au mariage homosexuel avait voulu leur faire porter, sans le moindre commencement de preuve, la responsabilité de la mort d’un jeune homme dans une rixe entre extrémistes assez semblables.

Voilà qu’à présent, Nicolas, 23 ans, militant contre le mariage gay, est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à la peine de quatre mois d’emprisonnement, dont deux fermes. Plus grave encore, circonstance rare, celui-ci est arrêté à la barre, privant ainsi son appel de tout effet suspensif, comme cela est le cas en pareille matière, et donc expédié séance tenante en prison.

Le jeune homme est déclaré coupable de rébellion à agents et d’avoir refusé de se soumettre à un contrôle génétique. Aucun acte de violence contre les personnes ou les biens ne lui est reproché par les juges.

Admirez à présent le titre de l’article du Monde.fr : un jeune homme « déjà condamné » est condamné à de la prison ferme.

En guise de condamnation, celui-ci avait été convaincu de refus de respecter l’ordre de dispersion à l’occasion d’une manifestation et avait écopé pour cela d’une amende de 200 €… Encore faut-il ajouter que l’appel du parquet avait privé cette sanction de tout caractère définitif. J’affirme que c’est la première fois que le journal du soir précise dans un titre annonçant une décision judiciaire le fait que la personne sanctionnée avait déjà été condamnée.

On ne peut qu’en déduire que cette précision insolite n’est utilisée par le quotidien épris d’humanisme que pour tenter de justifier l’exceptionnelle sévérité de la sanction.

En réalité, qui que ce soit disposant d’un minimum de bonne foi ne peut se tromper sur l’énormité de cette condamnation. Beaucoup l’ont comparée, à juste raison, avec la clémence dont ont bénéficié les jeunes rançonneurs – cogneurs de Grigny et les voyous – violents du Trocadéro.

Beaucoup encore ont fait remarquer que les verts – faucheurs d’OGM, ou les syndicalistes – casseurs de la CGT d’Amiens qui s’étaient fait gloire de refuser de se soumettre, eux aussi, au test d’ADN, n’avaient pas récolté une peine de prison ferme mais la compréhension empathique d’une gauche taubiresque qui passe par ailleurs son temps à hurler contre les courtes peines.

Je n’ai pas lu une seule ligne dans un seul journal de gauche protestant contre la sanction infligée à un Nicolas qui a mérité sa place sur le mur des cons.

Jamais, peut-être en temps réel, comparaisons à l’appui, ne nous avait été aussi clairement donné de constater en matière pénale l’amoralité de la gauche morale.

À ce stade d’humanité délicate, on appréciera le tweet hilarant de Stéphane Guillon : « l’opposant au mariage pour tous incarcéré ce soir à Fleury-Mérogis va peut-être changer d’avis demain matin après sa première douche. »

Les journaux ont tous évoqué la confirmation de la condamnation de Jean-Marie Le Pen pour avoir minimisé les rigueurs de l’occupation allemande, ainsi que la levée de l’immunité parlementaire de sa fille pour avoir comparé les prières de rue musulmanes à cette occupation. En revanche, il va me falloir, une nouvelle fois, citer ce passage de l’interview de feu Stéphane Hessel au Frankfurter Allgemeine Zeitung de janvier 2011 dans laquelle, la Sainte icône se livre et à minimisation et à comparaison : « l’occupation allemande était, si on la compare par exemple avec l’occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite d’éléments d’exception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol d’œuvres d’art. Tout cela était terrible. Mais il s’agissait d’une politique d’occupation qui voulait agir positivement et de ce fait nous rendait à nous résistants le travail si difficile. » On peut tirer de cette flagrante différence de traitement des égarements verbaux, excommunications dans le premier cas, béatification dans le second, une observation de morale politique à caractère eschatologique :

– l’extrême droite est la dernière porte avant l’enfer, l’extrême gauche l’antichambre du paradis.

– quitte à comparer avec le nazisme, il est chaudement recommandé de l’associer à l’État juif, dont le peuple a été la principale victime, plutôt qu’avec l’islam politique dont l’opposition à Hitler a été bien tempérée pour peu qu’on puisse rappeler le comportement des Frères musulmans, du gouvernement irakien ou encore du mufti de Jérusalem.

Dans un ordre d’idées assez voisin, la manière dont la presse censée bien penser (Le Monde, Rue89) a traité la polémique concernant l’exposition photographique du musée du Jeu de paume, mérite le détour analytique.

Je rappellerai brièvement le problème, connu de mes lecteurs, puisque je suis le premier à l’avoir évoqué via cette chronique. Une photographe arabe israélienne de Haïfa, mais que la presse précitée préfère qualifier de palestinienne (comme si l’État juif ne pouvait pas légitimement administrer une minorité), accueillie par le musée subventionné précité, a exposé des photographies de terroristes palestiniens, agrémentées simplement du vocable de « martyrs ».

Au-delà de l’emploi de cette phraséologie doloriste propre au djihadisme, certaines organisations juives se sont émues de ce que le public du musée soit tenu dans l’ignorance de ce que les actes commis par les prétendus « martyrs » exposés ont entraîné la mort d’une cinquantaine de civils Israéliens.

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À la suite de ces protestations, le ministère de la Culture, sans trop de spontanéité, s’est fendu d’un communiqué dans lequel il demandait au musée qu’il subventionne de « contextualiser » les photos légendées si sobrement.

Au lieu de répondre éventuellement à cette argumentation, la presse précitée a préféré la taire. Avec son habitude qui tourne à la manie, elle préfère victimiser le musée qui aurait reçu des coups de fil de menaces de quelques abrutis.

Voici donc les protestataires confinés dans leur rôle désormais réservé de censeurs pithécanthropes communautaristes, imperméables à la liberté artistique dangereusement menacée.

Ainsi, nos intelligences artistiques et humanistes autoproclamées n’auront pas à répondre aux questions posées par l’artiste et leur propre attitude : fascination mortifère de la population palestinienne pour les attentats aveugles qui fait que plus d’un tiers de celle-ci a approuvé l’égorgement d’un bébé de trois mois dans son berceau à Itamar.

– Complaisance désinvolte, d’une partie de la classe médiatique ou artistique, aisément classable sur l’échiquier politique, pour la radicalité violente islamique. Malgré Toulouse et d’autres attentats en France, passés et sans aucun doute à venir.

La même classe qui a dressé tranquillement la liste des intellectuels de droite, « inspirateurs » d’un norvégien illuminé.

Dans une tribune du Monde datée de jeudi et consacrée à la polémique, une « spécialiste de l’image » en appelle avec véhémence à la liberté artistique en danger. C’est dans ce même journal qu’une autre spécialiste, suivie par de nombreux intellectuels épris de liberté et haïssant toute censure des œuvres de l’esprit, réclamèrent avec succès l’éviction de Richard Millet de chez Gallimard pour avoir écrit dans un livre des choses qui leur déplaisaient sur l’immigration.

Dois-je faire un dessin ou prendre une photo ?

Pendant ce temps, sur France Inter, il semblerait que la gauche de service public (pardon pour le pléonasme) soit définitivement décomplexée au fur et à mesure que la gauche politique est électoralement déconsidérée.

Ainsi, ce dimanche matin, les mêmes qui faisaient résonner, le mois dernier, les tambours et les trompettes saluant l’embellie timide de la popularité de François Hollande révélée par le JDD, ont mis une sourdine au nouveau sondage qui annulait le précédent. L’affaire Tapie est désormais la seule qui mérite le gros plan.

Dans une future chronique, je tenterai d’expliquer pourquoi, à mon avis, la cause judiciaire est loin d’être entendue contrairement à ce qu’affirme, allez savoir pourquoi, jour après jour, la radio d’État.

C’est ainsi que le 20 juin, celle-ci invitait dans sa matinale Xavier Bertrand. Tellement prié de considérer l’arbitrage querellé comme pénalement répréhensible et l’ancien président, chef « de la bande organisée », l’ancien ministre pourtant peu suspect de sarkozysme inconditionnel, en vint à reprocher avec un beau courage à Patrick Cohen « son parti pris ». Réponse de l’intéressé : « je regarde le dossier ». Mr Cohen voulait sans doute dire -le dossier pénal n’étant pas à ma connaissance encore en vente sur Internet- qu’il avait lu Le Monde.

Deux jours plus tard, Bertrand, qui ne pouvait plus répondre, fut puni de son insolence lors de la chronique « humoristique » de Sofia Aram, qui lui réserva un sort particulier sans que cela ne semblât gêner l’équipe matinale. Il faudra informer un jour Mlle Aram, qui continue, billet après billet de s’acharner sur Nadine Morano, Jean-François Copé et autres dame Boutin, que Nicolas Sarkozy n’est plus président de la République et qu’en général le rôle des bouffons est plutôt de moquer le pouvoir en place. Avec Mlle Aram, on en viendrait à regretter l’impartiale pondération deStéphane Guillon.

Retour à l’affaire Tapie sur France Inter. Vendredi, débat entre Jean Peyrelevade et Thomas Clay au sujet de l’arbitrage querellé. Deux personnalités très estimables mais ayant dit déjà publiquement toute leur catégorique suspicion. Un peu comme si on m’invitait pour débattre contradictoirement du Proche-Orient avec Schmuel Trigano.

Bien entendu, aucun auditeur s’exprimant sur l’antenne n’est venu contredire leur point de vue. Pour faire bonne mesure, au moment où l’on évoquait la responsabilité de Nicolas Sarkozy, Bernard Guetta posa candidement la question de savoir si le mobile du cadeau fait à Bernard Tapie ne serait pas « d’éventuelles rétro commissions ».

Ce fut un moment de grand pluralisme.

À ce sujet, et toujours s’agissant de France Inter, on saluera sa discrétion pour évoquer l’affaire du mur du Syndicat de la magistrature et la sanction infligée à Clément Weill-Raynal.

Patrick Cohen a confessé « avoir oublié » de poser la question au président de France Télévisions, M. Pflimlin.

Quant à moi, avocat du journaliste, seul « lanceur d’alerte » en ce bas monde stigmatisé par la gauche, j’ai bien été interviewé par l’excellente Nathalie Hernandez, mais pour une raison que nul ne s’est donné la peine de m’expliquer, l’interview n’a jamais été diffusée. Sans doute encore un oubli.

Vite, que vienne le véritable « front républicain ». Non celui prôné par une gauche alliée aux extrêmes, mais celui contre l’arbitraire judiciaire, la fausse morale à géométrie invariable, la complaisance envers l’islamisme radical et la mainmise de l’idéologie bêtifiante sur le service public de l’information.

Avant que mon évocation du temps pourri qui vient n’ait rien d’hyperbolique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles William Goldnadel. L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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