Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 juin 2013
Nicolas
Nicolas

Comment prétendre que l’incarcération de Nicolas n’est pas justifiée ?

La gauche en général et les Socialistes en particulier ne sont-ils pas les défenseurs des Droits de l’homme, aux premiers rangs desquels figure le droit de manifester et la liberté d’expression ?

Nicolas, l’opposant à la loi Taubira, a été condamné par la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les dossiers de stupéfiants et proxénétisme, mercredi 19 juin, à quatre mois de prison, dont deux mois ferme, et 1 000 euros d’amende, en comparution directe avec mandat de dépôt et incarcération immédiate à la prison de Fleury-Mérogis, pour “rébellion”, “fourniture d’identité imaginaire” et «refus de se soumettre à un relevé d’empreinte», après une course-poursuite avec un policier qui s’est achevée au premier étage de la pizzeria Pino sur les Champs-Élysées, en marge d’une manifestation pour la Manif Pour Tous.

Les réseaux sociaux ont beau hurler que Nicolas est un prisonnier politique, un martyr du régime socialiste totalitaire, les preuves de sa culpabilité sont accablantes.

  • D’abord, il s’appelle Nicolas Bernard-Buss. Première faute. S’il s’était appelé Adil L.1, interpellé à son domicile après avoir planté un couteau à viande de 22 centimètres dans la poitrine de sa victime, dans une rue de Montbéliard la semaine dernière ; s’il était récidiviste comme Adil L. ; s’il avait été impliqué dans une affaire de meurtre en 2009 comme Adil L. ; s’il était connu pour son ultra violence comme Adil L. ; s’il avait, comme Adil L., frappé un enfant de 6 ans avec un aspirateur il y a 6 mois ; et s’il avait pénétré par effraction dans un appartement il y a quelques jours, comme Adil L., alors il serait libre comme Adil L.. Car le procureur, qui envisageait une comparution immédiate, a laissé Adil L. en liberté à l’issue de l’audience “par manque de témoignages”, bien que le couteau de la tentative de meurtre a été retrouvé dans l’évier de sa cuisine.
  • Ensuite, Nicolas a commis une autre faute : il est très engagé dans l’opposition au mariage gay, a été de toutes les Manif Pour Tous, et il faisait partie des cinq membres fondateurs des “Veilleurs”, ce mouvement pacifique de jeunes qui se retrouvent régulièrement le soir pour lire des textes et des poèmes. S’il avait été, comme Benoît G, un extrémiste de gauche appartenant aux groupuscules des redskin, et qu’il avait, comme Benoît G2, gazé deux policiers lors d’une manifestation sauvage pour Clément Méric à Nancy la semaine dernière ; s’il avait, comme Benoît G, tenté d’échapper à la police pour essayer de rallier la place Saint-Epvre et aller tabasser un groupuscule d’extrême droite, ce que les policiers tentaient de l’empêcher de faire ; s’il avait, comme Benoît G, coincé deux policiers isolés dans une petite rue, lancé des pierres et même une plaque d’égout sur les policiers ; et s’il s’était, comme Benoît G. selon le représentant du Parquet, livré à « un hommage à la violence et à la haine”, Nicolas aurait écopé, comme Benoît G., de 4 mois de prison avec sursis et serait ressorti libre du tribunal.
  • Autre circonstance agravante, Nicolas, lors de sa fuite à l’intérieur de la pizzéria, aurait renversé une table, et hurlé : «Hollande, démission !». Si, au lieu des Champs Elysées, Nicolas s’était trouvé à Evry3, qu’il était le frère d’une femme intégralement voilée qui s’apprêtait à être verbalisée par deux policiers de la BAC ; qu’il avait insulté et frappé les policiers avec d’autres membres de sa famille ; s’il avait rameuté des jeunes du quartier pour lui prêter main forte ; et s’il avait blessé les deux fonctionnaires, dont l’un à l’épaule, il aurait comparu devant un juge pour outrage, rébellion et menace sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et il aurait été remis en liberté avec les autres agresseurs, comme à Evry.
  • Nicolas n’a pas non l’excuse, pour sa défense, d’avoir agressé un policier venu arrêter son frère, évadé, qui avait brisé son bracelet électronique4. Si Nicolas avait porté un violent coup au visage du policier avec un Tonfa, une matraque utilisée en art martial et par les forces de l’ordre ; s’il avait comme lui un casier judiciaire très fourni ; s’il était défavorablement connus par les autorités ; et s’il était “un voyou confirmé”, alors il aurait, comme le frère de l’évadé, écopé de 9 mois de prison avec sursis.

Pour agraver encore son cas, Human Right Europe a eu l’outrecuisance de soutenir que Nicolas a été battu et emprisonné pour ses opinions5, ce qui, sous un gouvernement socialiste, est bien entendu totalement impossible.

Encore plus ridicule, le professeur Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du Centre Européen pour la loi et la justice (ECLJ), a dénoncé, lors de la 23e cession du Conseil des Droits de l’homme de l’ONU, les brutalités policières de la France contre les manifestants opposés au mariage des personnes du même sexe. Des brutalités policières dans la patrie des Droits de l’homme, et pourquoi pas un déni de démocratie ?

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C’est d’ailleurs ce que soutiennent les extrémistes de la Manif Pour Tous.

Ils évoquent, pêle-mêle,

  • le refus du référendum demandé par plus de 700 000 signatures ;
  • le refus du débat démocratique qui a pourtant eu lieu entre les partisans du mariage pour tous et les associations représentant les homosexuels ;
  • le mépris des quelques milliers de manifestants descendus dans la rue, mais qui prétendent avoir été des millions, dans ce qui restera la plus grande manifestation de la 5e république ;
  • la dénonciation auprès du Parlement Européen, par Luca Volontè, président de groupe PPE à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, des violences et des persécutions arbitraires dont il a été témoin en France.
  • et ce qu’ils appellent -le ridicule ne tue pas – des “emprisonnements arbitraires” pour faire soi-disant “taire l’opposition”, poussant le culot jusqu’à demander – et obtenir – d’être reçus à l’Assemblée nationale6 suite à la sextuple saisine du bâtonnier de Paris, des syndicats de magistrats, du procureur de la République, du Conseil supérieur de la magistrature, du défenseur des droits et du contrôleur général des lieux de privations de liberté, et d’un grand nombre d’actions judiciaires pour «arrestations arbitraires» et «contrôles d’identité abusifs», comme ce groupe d’amis arrêtés quatre fois, le même après-midi, pour port de sweat-shirt de la Manif pour tous, cette lycéenne de 16 ans embarquée dans un fourgon sans pouvoir prévenir ses parents, puis relâchée loin de chez elle à 1 heure du matin, ou encore ce directeur financier d’un groupe industriel, qui a passé 44 heures en garde à vue pour avoir dit «Bon courage !» à un manifestant blessé…

Des arguments, on le voit, empreints de la plus méprisable mauvaise foi.

Et ces nervis homophobes d’extrême droite et autres catholiques intégristes qui osent parler de dictature, c’est vraiment délirant.

Jusqu’à des fascistes notoires qui protestent :

  • «La réalité, c’est que Nicolas est un prisonnier politique…» déclare le député UMP de la Drôme Hervé Mariton,
  • Le Président du groupe UMP au Sénat, Jean-Claude Gaudin s’est «étonné de la grande sévérité et de la disproportion manifeste de la condamnation»,
  • Valérie Pécresse qui s’est dite, sur Twitter, «révoltée par l’enfermement» du militant «alors que les voyous de Grigny sont restés en liberté…»,
  • L’ancien ministre Xavier Bertrand a dressé le même parallèle entre les deux affaires, jugeant «insupportable» le «deux poids, deux mesures»,
  • Marion Maréchal-Le Pen s’est demandée si le jeune Nicolas n’a pas été «jugé par l’un des juges du Syndicat de la magistrature» du mur des cons, et a conclu à une «décision purement politique».
  • Idem pour le député du Vaucluse Jacques Bompard qui considère qu’il s’agit d’un «jugement politique, digne d’un régime policier et arbitraire».
  • Un haut magistrat, indigné, brise son devoir de réserve7 et dit sa rage après la condamnation de Nicolas. Il rappelle que les faucheurs d’OGM, qui font du refus de prélèvement d’ADN un de leurs combats sont régulièrement condamnés à des peines… d’amendes. Il précise que les policiers qui ont arrêté Nicolas ont agi en dehors de toute légalité, puisqu’ils n’ont pas, comme la loi les y oblige, sommé à deux reprises l’attroupement de se disperser. Il martèle que la rébellion n’est pas une infraction, mais un devoir de l’homme libre selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en son article 2. Il conjure ses pairs, les magistrats de France qui n’ont que le mot indépendance à la bouche, d’en user lorsque la police procède à des arrestations arbitraires, car “notre grandeur est de dire non, de libérer ceux qui ont été injustement placés en garde-à-vue, de classer sans suite les infractions qui n’existent nulle part ailleurs que dans l’esprit des dictateurs”

Mais heureusement, il reste en France quelques démocrates dignes pour faire oublier ces propos honteux.

Ainsi, Stéphane Guillon, humaniste s’il en est, rêve que Nicolas se fasse violer :

Stéphane Guillon

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

1http://www.dreuz.info/2013/06/la-justice-ideologique-a-une-fois-de-plus-touche-le-fond-adil-l-libre-apres-avoir-tente-de-tuer-un-homme-a-coup-de-couteau/ et http://www.lepays.fr/doubs/2013/06/08/coup-de-couteau-la-victime-temoigne
2http://www.dreuz.info/2013/06/un-extremiste-de-gauche-gaze-deux-policiers-lors-dune-manifestation-pour-clement-meric-pas-de-prison-pour-lui/
3http://www.rmc.fr/editorial/208111/deux-policiers-frappes-en-controlant-une-femme-voilee/
4http://www.lamanchelibre.fr/saint-lo/actualite-35464-agression-un-policier-a-saint-lo9-mois-avec-sursis.html

5http://humanrightseurope.wordpress.com/2013/06/20/france-beaten-by-police-and-imprisoned-for-his/

6http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/06/19/01016-20130619ARTFIG00602-manif-pour-tous-130-interpelles-recus-a-l-assemblee.php

7http://www.lepoint2.com/pdf/magistrats.pdf

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