Publié par Gaia - Dreuz le 21 juillet 2013

Quand les islamistes s’adressent aux non-musulmans lors d’activités de dawa (prosélytisme), ils présentent le port du hijab comme une manifestation de foi et de modestie de la part des femmes musulmanes.

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Quand, dans son livre Le licite et l’illicite en islam, le guide spirituel des Frères Musulmans Youssef Qaradawi explique à ses propres partisans pourquoi les musulmanes doivent porter le hijab, il apporte deux justifications d’un tout autre ordre :

  1. Il déclare que les musulmans doivent se distinguer des non-musulmans, notamment dans leur apparence : le hijab sert à distinguer les femmes musulmanes des autres femmes et la barbe joue un rôle similaire chez les hommes ;
  2. Il ajoute qu’en portant le voile et en s’affichant comme musulmanes, les femmes éviteront d’être molestées.

Le port du hijab fait donc partie de la politique d’auto-isolement prônée par les islamistes comme le refus de serrer la main de personnes de l’autre sexe, etc. Dans un autre ouvrage (Priorities of the Islamic Movement), Qaradawi pousse la promotion de l’auto-isolement jusqu’à inciter ses partisans à développer des ghettos musulmans en Occident (Try to have your own “Muslim ghetto then”).

En 2010, la GRC, le SCRS et d’autres agences de sécurité canadiennes ont prévenu le gouvernement canadien des efforts déployés par les islamistes pour développer une «société parallèle» au Canada.

Voici deux passages du livre Le licite et l’illicite en islam de Qaradawi qui se rapportent à ces justifications du port du hijab rarement évoquées :

  1. Ce vêtement ne doit pas ressembler à ce que portent les mécréantes, les juives, les chrétiennes et les idolâtres. L’intention d’imiter ces femmes est interdite en islam qui tient à ce que les musulmans se distinguent et soient indépendants dans le fond et dans la forme. C’est pourquoi il a ordonné de faire le contraire de ce que font les mécréants. Chapitre The halal and the haram in marriage and family life / Section The physical appetites / Sous-section How a Muslim Woman Should Conduct Herself
  2. Voilà pourquoi Allah (swt) demande aux croyantes (musulmanes) de se couvrir d’un vêtement ample où qu’elles aillent, afin qu’elles puissent être ainsi distinguées des femmes qui sont non-croyantes et aux mœurs légères (non-believing and loose women). Allah a commandé à son Prophète (pbsl) de transmettre ce message divin à la nation: ‘Ô Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, qu’elles se couvrent de vêtements amples. Elles seront ainsi plus facilement reconnues (en tant que musulmanes) et ne seront pas molestées (Verset 33:59)’.

Chapitre The halal and the haram in marriage and family life / Section The physical appetites / Sous-section Women’s ‘Awrah

NOTE : La première citation provient de la traduction française du livre Le licite et l’illicite en islam de Qaradawi publiée par les Éditions Al-Qalam et reproduite par Caroline Fourest au chapitre 2 de son livre Frère Tariq (Paris, Éditions Grasset, 2010, p. 249). La seconde citation et les autres qui apparaissent plus bas ont été traduites en français par Point de Bascule à partir de la version anglaise de l’ouvrage de Qaradawi disponible sur Web Archive. Dans tous les cas, nous avons identifié le chapitre, la section et la sous-section de la version anglaise où les différents passages peuvent être retrouvés.

Dans le passé, d’autres islamistes sont allés dans le même sens que Qaradawi en affirmant qu’une femme non voilée qui se fait molester par du harcèlement verbal ou une agression physique est responsable de ce qui lui arrive.

Dans un sermon livré lors du Ramadan 2006 devant 500 personnes, le principal imam d’Australie, Taj Din al-Hilali, a comparé les femmes non voilées à de la «viande non recouverte» qui attire les prédateurs. Il a fait ses remarques pour excuser des musulmans qui venaient d’être condamnés de plusieurs viols collectifs en Australie :

Si vous prenez de la viande non recouverte et que vous la placez à l’extérieur sur la rue, dans un jardin, un parc ou dans votre cour et que les chats viennent et la mangent, à qui la faute – les chats ou la viande à découvert ?

La viande non recouverte est le problème.

Si elle (la femme) avait été dans sa chambre, dans sa maison, qu’elle avait porté le hijab, il n’y aurait aucun problème. Les femmes sont des ‘armes’ utilisées par Satan pour contrôler les hommes. (Daily Mail – 26 octobre 2006)

En 2007, dans son commentaire Du voile et du viol publié par La Presse, Rima Elkouri, a dénoncé le Centre communautaire musulman de Montréal (CCMM) pour avoir été dans le même sens que l’imam d’Australie et avoir affirmé qu’une femme non voilée représentait une incitation au viol.

Malgré les nombreuses dénonciations du CCMM en 2007, la Commission Bouchard-Taylor recommanda l’année suivante au gouvernement du Québec de financer cet organisme dans son rapport final (p. 236). Le CCMM et une vingtaine d’autres organismes islamistes signèrent la lettre commune de 2007 à laquelle réfère la note 91 de la page 236 du rapport Bouchard-Taylor. Le CCMM est inscrit au Registre des entreprises du Québec sous l’appellation d’Association El-Hidaya (NEQ 1146642625).

Au moins deux autres extraits du livre Le licite et l’illicite en islam sont consacrés à l’auto-isolement par l’apparence que Qaradawi encourage ses partisans à pratiquer :

       La teinture des cheveux et de la barbe

Une autre façon de s’embellir consiste à se teindre les cheveux gris ou les poils gris de la barbe. Il a été reporté (PdeB : au début de l’islam) que les juifs et les chrétiens s’abstenaient de se teindre les cheveux et la barbe, considérant un tel embellissement et une telle parure contraires à la piété et à la dévotion et inopportuns pour des rabbins, des prêtres et des ascètes. Le Prophète (pbsl) interdit aux musulmans d’imiter ces gens ou de suivre leurs façons de faire afin que les musulmans puissent développer des caractéristiques distinctes et indépendantes dans leur apparence et leur conduite.

Al-Boukhari, suivant l’autorité d’Abou Hurairah, a rapporté que le Messager d’Allah (pbsl) a déclaré : ‘Les juifs et les chrétiens ne se teignent pas les cheveux, alors soyez différents d’eux’. Il ne s’agit cependant pas d’un commandement mais bien d’une recommandation comme le démontrent les actions des compagnons du Prophète tels Abou Bakr et Omar qui se teignaient les cheveux alors que d’autres tels Ubay ibn Ka’b et Anas ne le faisaient pas.

Chapitre The halal and the haram in the private life of Muslim / Section Clothing and Adornment / Sous-section Dyeing the Hair

Le port de la barbe

La barbe se rattache également à notre sujet. Al-Boukhari, suivant l’autorité d’Ibn Umar, a rapporté que le Prophète (pbsl) a déclaré : «Soyez différents des polythéistes (mushrikeen) : laissez-vous pousser la barbe et coupez la moustache». Le but recherché ici, comme l’affirme le hadith, est de se distinguer des polythéistes qui, dans cet exemple précis, étaient les zoroastriens qui vouaient un culte au feu et qui avaient l’habitude de se tailler la barbe ou de se la raser. L’ordre du Prophète de se comporter différemment d’eux visait à entraîner les musulmans à développer une personnalité indépendante, autant dans sa facette intérieure que dans ses manifestations extérieures, autant dans sa substance que dans sa forme. En plus de ça, se raser la barbe est un affront à la masculinité. C’est une tentative de ressembler aux femmes puisque la barbe fait intégralement partie de la masculinité et constitue un trait distinct du sexe masculin.

(…) Les musulmans d’aujourd’hui ignorent le commandement du Prophète de se comporter différemment des non-croyants et d’éviter de les imiter. En effet, quiconque «imite les membres d’une communauté en fait partie».

Un grand nombre de juristes considèrent que se raser la barbe est haram (défendu) en raison de ce commandement du Prophète. Se laisser pousser la barbe est obligatoire particulièrement parce qu’il vise à ce que les musulmans soient différents des non-musulmans. Le maintien d’une différence par rapport à ceux qui ne croient pas est obligatoire pour les musulmans.

Chapitre The halal and the haram in the private life of Muslim / Section Clothing and Adornment / Sous-section Letting the Beard Grow

Qaradawi a complété ce passage sur le port de la barbe en reproduisant une longue citation de l’exégète musulman Ibn Tamiyya (1263-1328) qui va dans le même sens que la position qu’il défend.

C’est également dans son livre Le licite et l’illicite en islam que Qaradawi justifie les assassinats d’homosexuels en déclarant qu’ils «maintiennent la pureté de la société islamique et la nettoient de ces éléments pervertis». (Chapitre The halal and the haram in marriage and family life / Section The physical appetites / Sous-section Sexual Perversion: A Major Sin)

Ce livre de Qaradawi fait partie des documents utilisés dans le cours d’études islamiques (p. 11) conçu pour les élèves musulmans qui fréquentent les écoles publiques d’Edmonton. Ce cours a été élaboré par Issam Saleh, le président de MAC-Edmonton, et par Waleed Najmeddine qui vit également en Alberta et collabore au site OnIslam qui popularise les thèses des Frères Musulmans sur internet.

Dans le passé, en plus d’avoir justifié l’assassinat des homosexuels et d’avoir incité les musulmans vivant en Occident à s’auto-isoler et à y développer des ghettos, Qaradawi a plaidé pour la conquête islamique de l’Occident, promu les mutilations génitales féminines, etc.

Conclusion

Dans son récent ouvrage sur l’interculturalisme, Gérard Bouchard critique Point de Bascule pour avoir présenté le hijab comme un «étendard» du projet de conquête islamique dans des articles passés. Le passage de Gérard Bouchard, qui se retrouve à la page 216 de son livre, a également été reproduit par La Presse :

On invoque parfois le spectre d’un complot islamiste dont le port du foulard serait le cheval de Troie ou «l’étendard» (groupe Point de Bascule). En vertu d’un effet domino, le port de ce symbole ouvrirait la porte à tout le reste, c’est-à-dire à un projet de domination politique de l’Occident accompagné de la destruction de ses institutions et des valeurs qui les supportent. Cette sombre perspective étonne. Après tout, on parle ici d’un contingent plutôt mince. Selon diverses estimations (dont aucune n’est fondée sur un recensement rigoureux), entre 10% et 20% des musulmanes québécoises porteraient le hidjab; et parmi celles-ci, il faut exclure toutes celles qui, manifestement, ne se définissent pas comme des «soldates d’Allah».

Selon Point de Bascule, le hijab peut difficilement être présenté comme un cheval de Troie en raison de sa grande visibilité.

Par contre, quand un idéologue aussi populaire chez les musulmans que Youssef Qaradawi affirme que les musulmanes doivent porter le hijab (et les musulmans la barbe) pour s’afficher et se distinguer des mécréants, comment ne pas y voir là les caractéristiques essentielles d’un «étendard»? Quand, au surplus, Qaradawi affirme que la doctrine qu’il promeut est essentiellement politique (“True Islam is essentially political” – Auspices of the ultimate victory of Islam), comment ne pas établir un parallèle entre le hijab et la barbe des islamistes, d’une part, et la croix gammée et la faucille et le marteau qui ont représenté des idéologies totalitaires dominantes d’autres époques, d’autre part ?

On peut diverger d’opinion sur le niveau de pénétration de l’islam politique véhiculé par les Frères Musulmans et les autres islamistes au Québec. Cependant, quand Gérard Bouchard invoque le niveau de pénétration de l’islam radical au Québec (qu’il juge faible) pour invalider l’existence même d’une doctrine qui présente le hijab comme un symbole d’auto-isolement garant de la sécurité physique de celles qui le portent, il confond l’effet et la cause. L’existence ou non d’une doctrine constitue une question séparée et distincte du niveau de pénétration de cette même doctrine dans une société donnée.

Contrairement à ce que laisse sous-entendre Gérard Bouchard, ce n’est pas Point de Bascule (ou d’autres groupes anti-islamistes) qui a concocté une théorie du hijab comme «étendard» des ambitions islamistes, mais bien les islamistes eux-mêmes. Les citations de Qaradawi que nous avons reproduites en attestent. Dans les circonstances, Point de Bascule n’est que le messager qui relaie ce que les islamistes ont élaboré.

En 2008, le traducteur de Youssef Qaradawi et «expert de l’islam» consulté par la Commission Bouchard-Taylor, Salah Basalamah, a déclaré que «c’est quand une femme juge portera le foulard islamique qu’on pourra vraiment mesurer la réussite du cadre social» (textereproduction de l’original).

Pour Point de Bascule, le port du hijab par une juge serait aussi inacceptable que le port d’une croix gammée par un fonctionnaire de l’Etat et pour les mêmes raisons. Ces symboles représentent des idéologies totalitaires incompatibles avec la règle de droit et le respect des droits individuels que les fonctionnaires sont censés représenter et protéger.

Ce n’est pas Point de Bascule qui établit un rapprochement entre l’idéologie de Salah Basalamah et de son mentor Qaradawi et le nazisme mais les leaders islamistes eux-mêmes. C’est bel et bien Qaradawi qui a décrit Hitler comme «un envoyé d’Allah venu punir les juifs» et qui a déclaré espérer que le prochain massacre de juifs se fera aux mains des musulmans. C’est le fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna lui-même, qui a présenté Adolf Hitler comme un modèle à ses partisans en quête de «succès et de fortune» (To what Do We Invite Humanity? – À quoi convions-nous l’humanité?)

La caractérisation par Point de Bascule du hijab comme symbole d’une idéologie totalitaire ne nous conduit pas à en proposer l’interdiction systématique, pas plus que nous ne proposons l’interdiction systématique des symboles représentant d’autres idéologies totalitaires. Selon nous, les critères retenus pour déterminer l’acceptabilité de la croix gammée dans des circonstances données devraient être utilisés pour déterminer l’acceptabilité des symboles islamistes dans des circonstances similaires.

Référence supplémentaire

Point de Bascule (Le Devoir15 février 2010) : Le problème central, c’est la montée de l’islam politique, et non les signes religieux

 http://pointdebasculecanada.ca/articles/10003041-youssef-qaradawi-les-musulmanes-doivent-porter-le-hijab-pour-se-distinguer-des-m%C3%A9cr%C3%A9antes-par-leur-apparence%2c-ce-qui-leur-%C3%A9vite-%C3%A9galement-d%E2%80%99%C3%AAtre-molest%C3%A9es.html

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