Bernard de Fontaine naît en 1090 dans une famille noble de Bourgogne. A l’âge de neuf ans, il est confié par sa famille à l’école de Châtillon sur Seine, où il excelle dans les études, en particulier en littérature latine (Sénèque, Tacite, Cicéron, etc). Il acquiert également un niveau avancé dans la Bible et les Pères de l’Eglise. Puis après une phase intermédiaire de vie mondaine, il s’oriente à dix-sept ans vers une existence mystique. Il entre en 1112 à l’abbaye de Citeaux, dont l’abbé est Etienne Harding, un intellectuel et un spirituel de qualité. Ce monastère a été fondé vingt ans auparavant face à la « réussite » problématique de l’abbaye de Cluny, afin d’offrir un mode de vie alternatif et simplifié, basé sur la règle de St Benoît. Cet élan cistercien réformateur connaîtra un retentissement fulgurant.
Dès 1115, Bernard est chargé de fonder une nouvelle abbaye, à Clairvaux. Il est ordonné prêtre par le célèbre philosophe Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-sur-Marne. Bernard en devient le père abbé, c’est-à-dire l’animateur responsable de la nouvelle communauté monastique.
Sous son impulsion, 700 jeunes gens deviennent moines et rejoignent l’abbaye, 160 monastères sont créés en lien avec Clairvaux. Ce rayonnement a un impact fructueux dans toute l’Eglise.
Presque un siècle avant la naissance de Bernard, en 1009, le sultan fatimide Al Hakim avait réduit à néant le Tombeau du Christ à Jérusalem. Il faisait mutiler les pèlerins (nez et oreilles) et détruisait les églises et les synagogues de la région.
C’est dans ce contexte de réaction à l’invasion islamique de la Palestine et de toute la région – sans parler de l’Espagne et de la Sicile – qu’en 1095 le pape Urbain appelle à l’expédition en Terre Sainte (1ère croisade), assisté par Pierre l’Ermite. Mais l’antijudaïsme étant très répandu dans la chrétienté, les cohortes de pèlerins et d’hommes armés s’acharnent en cours de route sur les juifs. Il y a certes des moines populaires exaltés, mais aussi des esprits cultivés, tels Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, et Godefroy de Bouillon qui incitent eux-mêmes directement au meurtre des juifs.
Bernard est alors appelé en renfort par l’évêque Henri, de Cologne, pour adresser urgemment un message au départ de la deuxième croisade, qui connaît également des massacres, puisqu’en Rhénanie se déroulent de terribles pogroms, faisant 10 000 victimes parmi les juifs. Les évêques locaux atterrés cherchent à protéger les juifs, mais ils sont débordés par les mouvements de foules excitées, sous l’influence en particulier d’un moine fanatique, du nom de Rodolphe. Le pape en personne condamne fermement ces crimes à la suite des évêques, rien n’y fait. C’est alors que Bernard se lève pour faire face à ce désastre et dénoncer les méfaits du moine allemand qu’il considère comme diabolique. Il lance sa parole forte pour stopper la folie meurtrière et dit aux foules : « Il est bon que vous marchiez contre les Ismaélites (les musulmans), mais celui qui touchera à un juif, c’est comme s’il touchait à Jésus lui-même ! » « Ils ont déjà assez subi les conséquences d’une captivité cruelle sous des rois chrétiens ! » ajoute-t-il.
Malgré ses problèmes de santé, Bernard se rend en Rhénanie et s’adresse directement à tous les partants regroupés pour l’expédition en Terre Sainte. Nous avons un écho direct de cet engagement personnel de Bernard dans le Sefer Zekhira de Jeshua Ben Meïr, contemporain des événements et qui écrit ceci en témoignage :
« Dans leur détresse du fait des massacres, ils crièrent vers D.ieu. Le Seigneur entendit les gémissements de son peuple et il suscita contre Belial un sage nommé Bernard de Clairvaux. Il les apaisa et leur dit : marchez sur Sion, défendez le sépulcre du Christ, mais ne touchez pas aux juifs, ne leur parlez qu’avec bienveillance, car ils sont la chair et les os du Messie, si vous les molestez, vous blesserez le Seigneur dans la prunelle de son œil ! Ainsi parlait cet homme sage, sa voix était respectée car il était aimé de tous. Il n’avait cependant reçu ni rançon ni argent de la part des juifs. C’était son cœur qui le portait à les aimer et lui suggérait les bonnes paroles pour Israël. D.ieu nous a consolés en suscitant ce juste sans lequel nul d’entre nous n’aurait conservé sa vie.”
Un autre juif de Bonn, Ephraïm, présente également Bernard comme le « sauveur des juifs » face au déchaînement de haine qui les a atteints. Et il va même jusqu’à affirmer : « cet homme connaît et comprend la religion chrétienne ! » paroles étonnantes de la part d’un juif, qui met ainsi en valeur le fait que pour Bernard la défense des juifs n’est pas une question de protection des pauvres, mais une dimension essentielle de la foi biblique. On retrouve un peu cette sensibilité chez Maïmonide qui estime que l’on peut enseigner la Thora aux chrétiens afin qu’ils saisissent l’enracinement de leur foi, mais pas aux musulmans… » Eux ne s’ouvriront jamais au D.ieu de la Bible, leur seul langage est celui du glaive exterminateur… » (selon Joshua Prawer, histoire du Royaume latin de Jérusalem).
On voit donc que si Bernard de Clairvaux condamne tout antisémitisme, c’est parce qu’il appuie sa conviction sur la Révélation judéo-chrétienne. Il connaît très bien la Bible et pour lui le peuple juif est garant de la pertinence de l’Ecriture. Harding, le père abbé qui l’a formé lors de son entrée au monastère est lui-même allé en Rhénanie consulter des rabbins pour préciser le sens originel de certains textes bibliques. La compassion et l’engagement de Bernard pour les fils d’Israël qui souffrent sont reliés à sa spiritualité qui fait le lien entre Jésus, Verbe incarné, et les juifs de son temps en qui il reconnaît la même chair, souffrante, mais appelée à la résurrection.
On remarque aussi des parallèles entre son commentaire du Cantique des Cantiques, et des commentaires juifs du Shir HaShirim.
Ce sont donc des fondements théologiques et pas simplement humanitaires qui expliquent l’engagement – trop rare il est vrai – de Bernard à l’égard des juifs. Bernard a médité les chapitres 9 et 11 de l’épître aux Romains. Ce que Dieu a donné à Israël, il ne le reniera jamais. Le fait que tout Israël ne reconnaisse pas Jésus comme messie ne condamne pas son avenir avec Dieu. « Le salut vient des juifs » (Jn 4.22) et l’accomplissement final ne se réalisera pas en les excluant. Leur présence dans l’histoire en attendant la Parousie est indispensable, c’est le témoignage vivant de l’alliance.
Dans sa lettre 363 rédigée au moment des pogroms, Bernard écrit : « Je vous enjoins à ne pas accorder de crédit à tout ce qui se raconte. Nous avons appris votre enthousiasme pour Dieu, et nous nous en réjouissons. Mais la modération de la connaissance ne doit pas vous faire défaut : ne maltraitez pas les juifs ! Il ne faut ni les tuer ni les expulser. Questionnez donc ceux qui connaissent l’Ecriture sainte.. Quand la totalité des nations sera entrée, tout Israël sera alors sauvé, dit l’Apôtre (Rm 11.25). »
Dans une lettre au pape Eugène III, Bernard écrit encore : « Tu ne dois rien négliger pour amener à la foi les incroyants. Sans oublier les hérétiques et les schismatiques. Mais en ce qui concerne les juifs, tu dois tenir compte du fait que tu as tout ton temps. L’échéance a été fixée que personne n’a le droit de précipiter. La priorité est à la totalité des païens ».
En d’autres termes, Bernard estime que compte tenu des dons irrévocables dont ils bénéficient de la part de Dieu, et des bénédictions de l’alliance, les juifs n’ont pas à être comme les païens l’objet d’une mission de conversion. Cette rencontre finale est réservée à Dieu lorsqu’il le voudra.
Dans sa spiritualité, Bernard est tributaire de son époque et les termes qu’il emploie dans certaines circonstances ne sont pas toujours exempts de tout antijudaïsme ordinaire propre aux mentalités qui se sont forgées au cours des siècles dans la chrétienté. Mais son intelligence biblique du peuple d’Israël en lien avec l’Eglise fait de lui un témoin prophétique de l’indispensable reconstruction de relations fraternelles entre chrétiens et juifs.
Il approfondit tout au long de sa vie le sens de sa vocation de moine et considère en fin de compte qu’au terme d’un cheminement humble et vrai, on doit être capable d’aimer Dieu pour lui-même et selon ses volontés, et non pas en fonction de soi et de ses propres aspirations et façons de penser.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info
Oui Bernard a eu une attitude pour le moins politiquement incorrecte. Grâces à Dieu pour cet homme qui a osé à l’encontre de tous..
Pour le temps spécial pour les juifs, ces arguments sont pour le moins légers.Jésus comme ses apôtres a premièrement annoncé le salut en Jésus-Christ aux juifs, à tous les juifs, aux brebis perdues d’Israël, pendant 3 ans leur annonçant qu’il n’y avait de salut en aucun autre et qu’il était le seul chemin, nul ne pouvant venir au Père que par lui.
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Israël en tant que peuple a un avenir glorieux, après les nations comme le dit Paul aux romains, mais les juifs à titre individuel ne sont en aucun cas hors du plan de salut, celui de l’Evangile, car en Christ il n’y a plus ni juif ni grec.
Recevoir le Messie, est bien la seule voie pour tous, Paul aux Romains ne dit pas le contraire, Dieu parle par les écritures plus certainement que par tout autre témoin fut-il saint.
vous revenez toujours sur la même question, ça devient lourd!
acceptez d’autres approches que celle des évangéliques, vous n’avez rien d’autre à dire?
Expliquez-moi un petit peu Monsieur l’Abbé S.V.P. . Les juifs peuvent quand même aussi être évangélisés, oui ou non ? Donc finalement reconnaître que J-C était le Messie ? Il existe d’ailleurs une association de juifs messianiques…je crois.
Merci de votre réponse.
Personnellement, j’ai beaucoup lu sur Bernard de Clairvaux et sur l’ordre des cisterciens car près de chez moi existait ! une abbaye cistercienne détruite par les français.
Fraternellement à vous.
Il y a eu des communautés de juifs christiques jusqu’au delà de l’an mil en Palestine.
Après ils ont disparu. Je suppose que devant la pression de l’Islam ils ont fini par se réfugier en Europe chrétienne et trop peu nombreux, ils ont fini pas se dissoudre dans la masse. Mais de cela, je n’en sais bien sûr rien.
c’est très possible
Désolé mais vous reprenez vous-mêmes les mêmes arguments sur le salut des juifs!
Et bravo pour votre amabilité souvent prise en défaut!
Je vous laisse définitivement, votre blog attire le climat que vous y insufflez.
cher ami, je n’ai nullement l’intention de blesser qui que ce soit, et je suis étonné de votre réaction à ma réponse virile.
mais avouez que c’est agaçant d’être réprimandé comme un enfant qui n’a pas bien fait ses devoirs.
la position que j’expose n’est pas une lubie de ma part, c’est une posture théologique qui mérite votre respect tout comme je respecte les accents fortement mis en évidence par la sensibilité évangélique.
je suis persuadé que l’épître aux Romains a été trop réduite à certaines optiques, pourquoi ne pas accepter les points de vue et débats d’idée, sans se sentir personnellement déstabilisé?
J’ai entendu mille fois certains arguments, et ils reviennent automatiquement dès que l’on essaie de laisser aux juifs leur propre espace. Israël n’est pas le faire-valoir de la théologie chrétienne, laissons Dieu opérer lui-même son salut quand il le veut et comme il le veut.
Monsieur l’abbé,
Je suppose que votre réponse à Monsieur Foisil s’adresse aussi en partie à moi…Il ne faut donc pas annoncer l’Evangile aux juifs ? Je repose ma question.
Quant à votre dernière phrase, elle est en partie
teintée de calvinisme….
Amicalement en Christ.
je rétirère ce que j’ai exprimé, (en soulignant les positions catholiques officielles qui ne sont pas que les miennes!) on peut être individuellement témoin de sa foi évangélique, mais l’Eglise n’a pas à organiser de campagne collective en direction des juifs, à la manière du prosélytisme agressif des siècles passés. L’épître aux Romains rappelle la priorité: évangéliser les païens. Quant aux juifs, “TOUT ISRAEL” sera sauvé! En temps voulu, selon la logique de Dieu qui dépasse la nôtre et notre conception du temps. Non je ne vais pas annoncer l’évangile aux juifs que je côtoie, mais si un juif veut parler avec moi du Christ, aucun problème, je respecte son cheminement personnel.
Merci de votre réponse. Mais comme vous, je ne crois pas qu’il faille être agressif dans l’évangélisation. Je crois que nous sommes faits pour nous comprendre ! ! ! Amitiés à vous en Christ.
“en soulignant les positions catholiques officielles qui ne sont pas que les miennes!)”. C’est bien là le problème, c’est que certaines positions de l’Eglise catholique, à laquelle je reste fidèle pour d’autres raisons, sont un peu trop “officielles”, notamment sur l’interprétation de certains épisodes des Evangiles, plus particulièrement sur la pauvreté, où la Parole du Christ doit absolument être ré-analysée sous une autre grille de lecture que celle du “p’tit pôôf bienheureux”. Rien n’est nécessairement définitif. L’interprétation donnée à ce sujet par l’Eglise ne tient tout simplement pas (il s’agit d’une interprétation ancienne et moyenâgeuse). Il ne suffit donc pas de mettre la pression pour qu’on y croit (on est chef à Rome pour mettre la pression. On met tellement la pression qu’on finit par mettre l’Eglise en dépression et en contradiction avec la Parole elle-même). L’interprétation catholique des Saintes Ecritures a contribué à certaines des idéologies les plus totalitaires alors qu’elle faisait erreur. Certes, le Christ n’a pas dit “Enrichissez-vous tant que vous le pouvez”, mais nous y reviendrons plus en détail lorsque vous, Père Arbez, remettrez sur dreuz un article qui y aura trait. Il ne s’agit pas de vous ressortir du Charles Gave “Un Libéral Nommé Jésus”, mais de replacer les choses dans leur contexte pour ce qu’elles valent avec plusieurs exemples allant dans le sens de la Parole du Christ. Maintenant, il est vrai qu’il y a encore et qu’il y aura toujours des Jean-Marc pour répandre l’idéologie nauséabonde et surannée d’une certaine Eglise.
quel est votre problème avec Calvin?
Lors des célébrations pluricentenaires de Calvin , l’organe de l’Eglise protestante de Genève *La Vie Protestante” m’a demandé un article sur Calvin. (Je suis genevois).
Monsieur l’Abbé,
Je n’ai pas de problème avec Calvin. Je suis abonné depuis 61 (Eh oui, je ne suis plus tout jeune), à la Revue réformée (maintenant éditée par la faculté d’Aix-en Provence ), ai lu et médité plusieurs éditions abrégées de l’Institution chrétienne, ainsi que certaines confessions de foi d’inspiration calviniste (et d’autres aussi ). Je suis
engagé dans des rencontres avec des frères évangéliques ou catholiques.
Par contre l’islam me tracasse et j’essaye d’aider mes frères persécutés…Je ne peux plus malheureusement passer de la littérature religieuse comme je l’ai fait lors d’un voyage privé en Russie communiste.
J’espère pouvoir continuer certains échanges avec vous.
Amitiés en notre commun Seigneur et Maître.
L’Apôtre Paul dit : “il n’y a plus ni Juif ni Grec…”, mais il dit aussi : “il n’y a plus ni homme ni femme, ni maître ni esclave ni jeune ni vieux” et cependant il dit à chacun de se comporter comme il se doit: “que celui qui est circoncis (Juif) demeure circoncis, que celui qui n’est pas circoncis (non-Juifs ne se fasse pas circoncire, maris aimez vos femmes, femmes soyez soumises à vos maris, maîtres n’opprimez pas vos esclaves, esclaves obéissez à vos maîtres Jeunes gens… Vieillard… (Epitre aux Colossiens chapitre 3)
Méfions-nous des posologies stéréotypées du légalisme religieux d’où qu’il vienne
Bonjour Père Arbez. Bien que je reconnaisse avoir “bornément” dépassé les bornes l’autre jour et vous en demande bien pardon, je reviendrai en temps plus propice à votre interprétation de la pauvreté dans le christianisme et tairai mes autres commentaires sur la pauvreté des autres commentaires. Dans votre article ci-dessus, j’ai deux questions:
1) Vous n’évoquez pas la rivalité entre St Bernard (prénom qui m’est cher car c’est aussi le mien) et Abélard, qui opposait quand même deux approches spirituelles au-delà de la rivalité purement humaine. Celle-ci n’avait-elle rien à voir avec le respect des Juifs?
2) J’apprends que Godefroid de Bouillon, dont la statue se trouve Place Royale à Bruxelles (googlez et vous verrez à quoi elle ressemble), avait incité aux meurtres des Juifs. Je suis déçu évidemment. Saviez-vous que nos grands “amis” veulent faire déboulonner la statue, certes pour d’autres raisons? Au vu de ce que vous nous apprenez, doit-on se joindre à eux? Cette question va un peu dans le sens de “Doit-on honorer le Pétain de 1918 et détester celui de 1940, toutes proportions gardées?”. Que faire désormais de Godefroid de Bouillon, considéré comme un héros de la chrétienté et puis aujourd’hui un persécuteur de Juifs? Votre éclairage est nécessaire. Merci à vous.
vous avez raison de nommer Abélard dans le débat de cette époque, car à sa manière, il a apporté un éclairage prenant aussi en compte la réalité vécue par les juifs. Il a lui aussi porté un regard fraternel sur le peuple juif. C’est vrai que Bernard et Abélard ont été en conflit grave, mais plus sur une thématique concernant la liberté personnelle, la responsabilité face à Dieu.
Concernant Godefroy de Bouillon, son courage a été exemplaire dans sa lutte contre les envahisseurs musulmans, mais en se replaçant dans les mentalités de l’époque, on découvre son antijudaïsme, aussi virulent que celui de l’abbé de Cluny, et qui pose problème dans notre perspective théologique.
Certains personnages célèbres sont ambivalents: prenons le cas de St Jean Chrysostome: il a écrit des merveilles et aussi proféré des horreurs antijudaïques selon la logique de son temps alors que la conscience des racines hébraïques avait fortement dérivé. les premières victimes en ont été les juifs, et on est aujourd’hui obligé, par loyauté intellectuelle, de ne pas le passer sous silence, simplement parce que certains de ses écrits sont excellents sur un autre plan.
Merci beaucoup pour votre réponse et l’éclaircissement très utile sur Abélard et St Bernard. Pour ce qui ce qui est de Godefroid de Bouillon, d’accord, mais on ne peut faire l’apologie de ce personnage historique malgré tout. C’est dommage. Un autre exemple: je ne suis plus royaliste depuis belle lurette, mais j’admire le roi des Belges Léopold II. Il a transformé la Belgique en grande puissance économique, ce qu’elle n’est plus avec les “leaders” qu’elle a (je suis certain que la Belgique mérite beaucoup mieux, ceci dit, mais l’état PS gangrène tout). Ce roi était un visionnaire, reconnu comme très dangereux pour les autres puissances européennes qui l’avaient surnommé “le géant dans un entresol” (faisant allusion à la taille du roi, sa grande habilité politique et aussi la taille ridicule du pays). Mais Léopold II, tout en encourageant l’évangélisation du Congo, a aussi fait l’objet du livre d’Adam Hochschild “Les Fantômes de Léopold II” sur les mains coupées des esclaves récoltant le caoutchouc lorsqu’ils ne remplissaient leurs quotas, sans parler des assassinats sommaires (on parle même de génocide). Il y a deux écoles: celle qui dit que le roi des Belges était au courant et celle qui lui accorde le bénéfice du doute. On ne sait que choisir. N’empêche qu’en faire l’apologie devient indécent. Personne n’est parfait, mais cela devient très difficile de trouver des références dignes de ce nom.
OK, vous semblez être “belge”. Vous devriez donc savoir que la littérature relative aux mains coupées fut produite par des auteurs-rivaux britanniques !
Ajoutez-y – pour la correction culturelle – que cette pratique des mains coupées était celle historique des esclavagistes arabes !
Etant français coutumier de votre pays, j’ai lu des études développées par le Musée de l’Afrique à Tervueren d’où il ressort que cette “pratique” n’était pas commanditée par le pouvoir colonial. Elle put être le fait d’actes antérieurs (photographiés par des britanniques ou des belges?) en témoignage d’atrocités passées … et non en une rétorsion productiviste ! Corrigez-vous, par simple honnêteté ?
Merci The Wolff. Je n’accuse pas Léopold II. Je ne sais pas et pose des questions, comme pour Godefroid de Bouillon, personnage trop méconnu, étant donné, dans son cas, le recul des siècles. Cependant, vous posez également beaucoup de grandes questions et émettez des hypothèses. Maintenant, bien qu’il ne soit pas foncièrement malhonnête, le Musée de l’Afrique de Tervuren est un musée royal qui appartint à, et fut d’ailleurs fondé par, Léopold II lui-même. Je doute fort qu’il soit très objectif quant à la responsabilité morale éventuelle du roi. Etant donné que cette personne me plaît malgré ses autres défauts “très 19ème”, je préfère lui accorder le bénéfice du doute, mais c’est tout juste. Je pense que l’on devrait ouvrir une enquête sur le sujet, mais en Belgique tout ce qui touche à la famille royale est tabou, même si certains secrets sont aujourd’hui des secrets de polichinelle. Quant au livre d’Hochschild, écoeuré, je ne l’ai pas lu entièrement (jusqu’à la page 112 ou 113). Mais notre digression s’aggrave et s’éloigne vraiment trop du sujet. En tout cas, à nous Belges, Godefroid de Bouillon nous est souvent présenté comme un héros et une référence historique (parmi les héros “belges”, un peu comme Charlemagne, né près de Liège). Aujourd’hui, les cours d’histoire d’école primaire tende à occulter Godefroid afin de ne pas heurter les sensibilités de qui vous savez. Mais il n’avait jamais été question de la persécution des Juifs sur son ordre. Et cet éclaircissement est utile, car on oublie Godefroid, ne lit plus rien sur lui depuis l’école primaire et puis on garde juste le souvenir d’un “grand héros, défenseur de l’Occident chrétien”, alors qu’il a une part d’ombre assez pénible.
Les grands esprits qui ont remplis les monastères sont toujours vivants par leurs écrits et les actions qu’ils ont posé. C’était une aberration de s’en prendre aux juifs et le peuple ignorant et manipulé par ce moine Rodolphe, quel assassin. Le simple fait que le Christ soit né parmi les juifs les honore quel que soit les différentes façon d’interpréter les écritures.
Ecclésias
“J’ai pris racine au milieu du peuple glorifié dont l’héritage est le partage de mon Dieu, et j’ai établi ma demeure dans l’assemblée des saints”.
Di.eu a fait naître Jésus au sein du peuple juif et dans la descendance de David pour accomplir les prophéties et tenir sa promesse.
Il est juste que nos frères ainés dans la foi aient le respect et la considération qui leur est due.
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merci de votre lecon d’histoire. Et merci pour votre reponse au Pasteur Foisil.
Les bonnes relations entre certains Chrétiens éclairés et les Juifs au Moyen Âge sont très méconnus et méritent réflexion. Il existe un dicton qui dit que si Nicolas de Lyre à pu jouer de sa lyre, c’est grâce à Rachi
à René: “si Lyra non lyrasset, Lutherus non saltasset” Si Nicolas de Lyre n’avait pas joué de sa lyre, Luther n’aurait pas dansé! C’est parce que Nicolas de Lyre, qui était de famille juive, connaissait bien la Bible hébraïque et dont les commentaires étaient proches de ceux de Rachi (Rabbi Shlomo Itzhaki, de Troyes). Des liens ont existé entre savants des deux communautés.
Quel plaisir de lire que dans l’église catholique il y a des gens “nés de nouveau”!!! Quelle joie de trouver des frères et soeurs en Yéshoua même dans un lointain passé! Que D.ieu bénisse tous ceux qui prendront fait et cause pour Israël, au mépris de leur propre sécurité ou de leur réputation et quelle que soit leur appartenance. Oui, Israël est la prunelle de l’oeil de D.ieu et oui le salut viendra des Juifs, il est venu par Un Juif, ce Juif reviendra bientôt et IL reviendra en terre juive, en temps que Juif. Gloire à Yéshoua/Jésus notre seul Seigneur, notre seul Sauveur, le Fils du D.ieu vivant! Soyez bénis frères et soeurs catholiques qui le reconnaissez comme tel. Shalom!
c’est tout à fait vrai, il y a eu heureusement des ilôts de fraternité christiano-juive ou judéo-chrétienne au milieu des confrontations et des hostilités dominantes.
en réponse à René
Israël devrait inscrire Bernard De Clairvaux comme juste parmi les nations. Ils sont tellement rares les hommes qui disposaient d’une lucidité extrême comme Bernard De Clairvaux dont je n’ai jamais entendu parler mais ayant une pleine confiance dans l’Abbé Arbez, ces justes ont sauvés les juifs et l’humanité entière.
Il suffit de peu pour mettre le feu dans les esprits des foules insuffisamment cultivés et les poussaient a commettre des crimes contre une population sans défense, c’est tous le contraire du message de la bible hébraïque et chrétienne, bien entendu, ceux qui les inciter, laisser ces foules dans la totale ignorance des écritures.
Votre commentaire, touchant de surcroît, complète très bien le fil de ma pensée sur le sujet.
Bravo Bernard de CLAIRVAUX ; il faudrait tant d’autres hommes comme lui ! Et merci Monsieur l’Abbé ARBEZ de porter à notre connaissance le courage de tels hommes !
@ Abbé Arbez. Je viens de prendre connaissance de votre article de 2013. A l’époque je ne connaissais pas Dreuz et je vois que vous avez dû “croiser le fer” avec un certain pasteur Foisil au sujet de la position des Juifs par rapport à l’Eglise. J’ai moi-même un long parcours au sein des églises protestantes et ai suivi une formation biblique à l’Institut Biblique Belge (évangélique), de 1978 à 1981. Je leur dois donc beaucoup. J’y ai reçu une solide formation biblique avec aussi quelques erreurs doctrinales qu’il m’a fallu des années à identifier et mettre en lumière. Pour rétablir en quelque sorte un équilibre par rapport aux positions exprimées dans ce fil, sachez que je partage pleinement les positions que vous y défendez au sujet du destin particulier réservé aux Juifs dans le plan de salut de l’humanité.
Dans son ordre de mission aux premiers chrétiens (qui étaient Juifs) en Matthieu 28: 19, Jésus dit: “Allez, faites de toutes les nations des disciples …” Mais l’Épître aux Romains aux chapitres 9, 10 et 11 nous révèle aussi clairement qu’un plan particulier leur est réservé afin que “tout Israël soit sauvé”. Imaginez ce qui se serait passé si Jésus avait dit : Allez, faites de toutes les nations des disciples, sauf les Juifs … Aujourd’hui, on constate effectivement qu’il existe quelques Juifs messianiques qui reconnaissent en Jésus leur sauveur (à l’image du reste de l’humanité?), mais aussi que la plupart conservent une sorte de “voile”(Romains 11:8) que Dieu maintient volontairement, le temps que la totalité des païens soit entrée dans le plan de salut de l’humanité. Et alors seulement, le Messie viendra pour les siens (les Juifs qui ne l’on pas reconnu lors de sa première venue, Jean 1: 11) et reviendra pour les autres qui l’attendent avec ferveur. Lorsque l’on a compris ces choses, il n’y a aucune raison en effet de partir en croisade pour évangéliser les Juifs, tout en étant disposés à rendre compte de notre foi aux Juifs qui nous en demanderaient éventuellement raison. Certains Juifs ici nous “chatouillent” régulièrement sur cette question. Je ne leur en veux pas. Nous leur devons bien ça avec tout ce qu’ils ont dû subir et souffrir à cause de nous tout au long de la tragique histoire de l’humanité. A propos, je me sens beaucoup plus proche d’un Bernard de Clairvaux que d’un Luther … Bien cordialement,