Publié par Gaia - Dreuz le 26 août 2013

Deux prédicateurs saoudiens ont présidé un séminaire en début de semaine à la mosquée Abou Bakr de Roubaix.

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Sujet sensible. La mosquée Abou Bakr à Roubaix a accueilli en début de semaine Salih Al-Souhaymi et Mohamed Ramzan Al-Hajiri, deux prédicateurs originaires d’Arabie Saoudite, pour un séminaire. Selon nos informations, les deux hommes seraient surveillés de près par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Ils feraient l’objet d’une mesure d’ordre intérieur dans le jargon policier. Mesure qui selon une source proche du dossier indique que ces deux personnes « auraient dû théoriquement être refoulées à la frontière. » Mais une fois entrés sur le territoire, ils ne pouvaient plus l’être. Surveillés, mais pour quelles raisons ? La question est posée. Les deux cheikhs – guide spirituel en arabe – seraient identifiés pour des prêches radicaux. Les deux Saoudiens appartiennent à la mouvance salafiste. Sur Internet, ils sont présentés comme des théologiens. Ils sont cités sur de nombreux sites islamistes et apparaissent dans de rares vidéos. Et sont au demeurant inconnus au bataillon médiatique. « Ce sont de très grands savants connus dans le monde entier, c’était un moment magnifique » témoigne cette jeune maman à deux pas de la mosquée Abou Bakr. Hier, jour de grande prière, les fidèles se pressaient dans ce hangar défraîchi de la rue de Babylone. « Les gens sont venus de partout, je suis venu parce que c’était traduit en français », confie ce jeune homme. La mosquée Abou Bakr, l’une des six mosquées de la ville, y a élu domicile en attendant l’aménagement de nouvelles installations dans un ancien bâtiment industriel adossé à La Condition Publique.

Durant trois jours, ce rassemblement a attiré des milliers de fidèles. 2 500 personnes par jour selon la police, 1 500 selon les organisateurs… La mosquée avait improvisé un dortoir pour accueillir les participants venus de toute la France, de Belgique, des Pays-Bas et d’Allemagne pour assister à l’événement. Événement qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux. Mais de quoi était-il question durant ces trois jours de prêche ? « Il fallait venir ! C’était ouvert à tout le monde » lance tout de go Farid Gacem, le président de l’association cultuelle Abou Bakr. La presse n’était pas invitée. D’abord très fermé à nos questions – « lesmédias déforment tout » – Farid Gacem finit par lâcher prise. « Il n’a été question que de l’adoration de Dieu pendant ces trois jours », rassure-t-il. Ni lui ni la mosquée Abou Bakr ne seraient à l’initiative de ce séminaire : « Mais nous étions très honorés de recevoir deux grands théologiens. » Les deux prédicateurs feraient une tournée en France et en Europe à l’invitation d’une organisation confessionnelle.

L’Islam des origines

« Si ces deux théologiens avaient su qu’ils n’étaient pas les bienvenus en France, ils ne seraient pas venus, c’est contraire à leur foi. Pourquoi les autorités ne me l’ont-elles pas dit ? Elles étaient pourtant présentes durant ce séminaire », s’indigne le président de l’association cultuelle. Peut-être par crainte de débordements ou d’amalgames autour d’une mouvance controversée ? Une mouvance qui sous d’autres latitudes prône le djihad armé. « On a parlé que de l’amour de Dieu, répète Farid Gacem. Ces savants viennent pour accompagner les jeunes dans leur pratique. Il n’était pas question de transformer la France ou que sais-je… On ne fait pas de politique. Au contraire, les salafis sont les premiers à combattre les sectes.» Farid Gacem revendique en toute sérénité son obédience : « Je suis salafi dans ma pratique spirituelle mais cela n’engage que moi. La mosquée Abou Bakr est la mosquée de tous les musulmans. »

Dans les enregistrements de ces prêches (délivrés en arabe littéral et traduits simultanément en français) qui circulent sur Internet, il est effectivement beaucoup question du sens des textes sacrés. Textes sur lesquels s’appuient les deux prédicateurs dans la logique du courant salafi qui prône un retour à l’Islam des origines. Absolument aucun appel à la guerre sainte en France. En tendant l’oreille, on note néanmoins qu’il est un moment question du Printemps arabe présenté par l’un des deux prédicateurs comme une « manigance des ennemis de l’Islam ». Le prédicateur y présente clairement les manifestants et les laïcs comme « des ennemis de la religion d’Allah » en invitant l’assemblée à « ne pas prendre part à des partis politiques mais à suivre la voie d’Allah, celle du consensus… » Un discours sans équivoque, pas tout à fait anodin, mais connu. Selon nos sources, rien « d’anormal » ou de « violent » n’a été décelé par les autorités qui ont assuré une présence discrète durant cette rencontre. « Une présence classique dans ce genre de rassemblement », indiquent les services de la préfecture sans répondre à toutes nos questions.

Quant à savoir si la venue de ces deux prédicateurs saoudiens a un quelconque lien avec le financement de la future mosquée ? Le président est formel : « Les travaux sont exclusivement financés par les dons des fidèles. » Estimé à deux millions d’euros, le chantier, dont la première pierre a été posée en janvier 2012 par l’ancien maire René Vandierendonck, prend doucement forme.

Selon nos informations, les deux prédicateurs étaient attendus en région parisienne après leur passage à Roubaix.

http://www.lavoixdunord.fr/region/a-roubaix-deux-cheikhs-saoudiens-surveilles-au-cours-ia24b0n1492559

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gaïa pour www.Dreuz.info

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