Publié par Jean-Patrick Grumberg le 4 septembre 2013

Vote Syrie USA

La décision de la France d’entrer dans le conflit syrien est entre les mains du parlement américain : si le Congrès dit oui (le Sénat en est plus proche), et malgré une large réticence de la population américaine, François Hollande fera trois ronds de jambe pour dire qu’il a pris “sa” décision, et il suivra les Etats Unis docilement – il fallait un président noir à la Maison blanche pour observer la complice lâcheté des médias français en pareille occasion.

Le président du Congrès américain John Boehner (Républicain) vient de se déclarer en faveur d’une frappe contre Bashar al Assad, et il a ajouté qu’il encourage ses collègues à suivre sa voie. Dans le camp Républicain, les élus favorables à une réaction des Etats Unis en Syrie ne manquent pas, malgré les quatre humiliantes années qui viennent de s’écouler, et tout laisse à croire que les discussions, bien que fortement politisées, iront dans le sens de l’intervention militaire.

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William Kristol, dans le Weekly Standard, endosse les arguments de Elliot Abrams, qui explique dans Politico être favorable à une frappe contre la Syrie, tout en mettant en lumière les aberrations de Barack Obama :

  • Dans la première phase, Obama a refusé aux rebelles – les modérés laïques étaient alors majoritaires, avec une présence de jihadistes étrangers inexistante et pas d’al Qaïda en vue, l’aide qu’ils réclamaient pour détrôner Assad. Résultat, les vrais rebelles, ceux de nationalité syrienne qui réclamaient un changement de régime, ont été décimés.
  • Puis les islamistes sont montés en puissance, ils ont reçu du Qatar autant d’argent et d’armes qu’ils en souhaitaient, et ont afflué de l’étranger – y compris d’Europe – et l’entrée de jihadistes s’accélère en ce moment même.
  • C’est à ce moment, en juin dernier précisément, que la Maison Blanche fait un revirement à 180° et décide d’apporter son aide aux “rebelles” – mais lesquels ? Selon le Général en retraite Jack Keane, les forces rebelles modérées et laïques de l’Armée Syrienne Libre sont encore fortes, et si elles recevaient l’entrainement et l’armement nécessaire, elles pourraient émerger comme une puissante sérieuse dans l’après Assad. C’est tout l’inverse, explique le colonel Ralph Peters, pour qui les forces rebelles les plus fortes en ce moment -et qui bénéficieront de l’offensive américaine – sont dominées par al Qaida et ses affiliés islamistes comme Jabhat al-Nusra, et domineront le pays en cas d’échec du gouvernement actuel.
  • Suite à cette incompréhensible décision, plus incohérent encore est le fait que trois mois après, aucune arme n’a été envoyée !

A cette liste déjà déprimante, il faut ajouter que le bénéfice, pour les Etats Unis, d’une intervention, ou le danger en cas de non intervention, s’équilibrent très près de zéro. Et ne parlons pas de la France, qui lutte au Mali contre ceux qu’elle veut soutenir en Syrie, elle est la marionnette du Qatar.

On doit ajouter, et c’est un comble, que personne ne sait vraiment si Obama souhaite un Oui du Congrès afin de lancer l’armée soutenir les Frères musulmans et al Qaida contre Assad, mettre la responsabilité d’un échec sur le dos du Congrès, et endosser les éventuels succès, ou s’il souhaite un vote négatif qui lui permette de se sortir de cette mauvaise passe…

Et si la “stratégie” consiste à ne lancer que des frappes limitées sans déstabiliser Assad, François Hollande et Barack Obama ont donc un problème avec les 1400 gazés mais aucun avec les 100 000 prochains morts ? A d’autres…

Malgré ça, Kristol et d’autres avec lui dans le camp conservateur se prononce en faveur de la réponse armée, car, dit-il, “les Etats Unis et nos alliés seront en situation bien pire, et nos ennemis renforcés, si le Congrès vote non”. Il conclut en disant que le moment pour rejeter les erreurs de la politique étrangère (et intérieure) d’Obama n’est pas le vote sur la Syrie, mais lors de l’élection de 2014.

Et maintenant ?

Les déclarations d’Obama ont laissé à Assad le temps de déplacer ses stocks, la marine va bombarder des entrepôts vides ? Remarquez, c’est peut-être mieux : c’est Poutine qui se frotte les mains, en songeant aux commandes d’armes de remplacement quand les stocks sont détruits.

Et toujours aucun journaliste international sur le terrain pour rendre compte de ce qui se passe vraiment.

Et personne ne sait exactement quel est le nombre de factions terroristes rebelles, quelles sont leurs rivalités internes, leurs accords, et leurs degré de rage à instaurer un Etat islamique.

Et personne, bien entendu, ne sait qui a utilisé des armes chimiques en août dernier…

De tout cela, la position de Sarah Palin me semble la bonne, qui affirme : “Laissez Allah régler le problème !”

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

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