Publié par Magali Marc le 5 septembre 2013

image002

Le soi-disant décès de l’enfant de douze ans, Mohammed Al Dura, le 30 septembre 2000, sujet d’un célèbre reportage dans lequel il est montré en train de s’accrocher à son père avec une expression terrorisée tandis qu’ils se trouvaient au carrefour de Netzarim dans la Bande de Gaza et que des soldats israéliens leur tiraient dessus, est devenu le symbole de la Seconde Intifada lancée par Arafat et même, en partie, sa justification pour les médias du monde entier.

Contrairement à de nombreux incidents où les causes et les responsables restent incertains, mais néanmoins qui provoquent des évènements sur la scène internationale, cet incident a la clarté d’un bon vieux western : on y retrouve les bons, les truands et, légère variante à la formule consacrée, les cancres, ceux qui méritent le bonnet d’âne.

Les truands

En première ligne figurent les Arabes qui ont mis en scène cette fausse atrocité ainsi que le cameraman arabe, travaillant pour France 2, qui a filmé la mise en scène et s’est porté garant de sa véracité. Il est difficile de s’enrager contre eux, ils sont dans leur rôle. Ceux à qui ils remettent ce matériel frauduleux n’ont qu’à se méfier, dans le cas où ils se font berner à eux de corriger l’erreur aussitôt qu’ils la découvrent et de mettre à la porte ceux qui les ont trompés.

Beaucoup plus grave a été l’attitude de Charles Enderlin, le «respecté» correspondant et chef de bureau de France 2 en Israël, et celle des responsables de France 2, une des trois stations publiques détenues par France Télévision (ce qui signifie que le gouvernement français est l’ultime responsable de ce qu’elles diffusent).

Né en France, Enderlin a déménagé en Israël à l’âge de 22 ans et a servi dans l’armée israélienne et pris la nationalité israélienne. Il est semblable à ces Israéliens de gauche dont les critiques vigoureuses sont censées être le gage de leur attachement à Israël. Dans son livre, Le Rêve brisé, il reproche à Israël l’échec des Accords d’Oslo.

Initialement, Enderlin qui a commenté le clip vidéo, a sans doute été trompé par son caméraman car il était bien à Ramallah mais pas sur le théâtre du drame. Mais même s’il s’est par la suite rendu compte qu’il s’agissait d’un bidonnage, il s’est entêté à défendre le reportage, s’accrochant à sa version initiale.

La lutte pour faire jaillir la vérité est fortement liée au nom de Philippe Karsenty qui s’est engagé dans une bataille juridique sur ce reportage frauduleux durant les neuf dernières années. Mais il faut savoir qu’en 2005, Nidra Poller a écrit un article sur cette affaire pour Commentary sans même mentionner Karsenty et découvrant néanmoins des failles dans le reportage. Poller n’avait pas vu, elle non plus, les rushes du caméraman de France 2, mais elle avait vu les prises  des caméramen de Reuters et AP qui avaient filmé au même endroit et en même temps.

Poller a écrit: « Des correspondants palestiniens arborant des vestes couvertes de logos prestigieux sont vus en train de filmer de fausses scènes d’attaques en arrière d’une usine désaffectée, soigneusement éloignée du champ de tirs des Israéliens. Les «blessés» se lancent dans les airs tels des danseurs de ballet pour faire des chutes spectaculaires et s’effondrer  brusquement. Des caméramen jouent des coudes avec des jeunes hystériques qui se jettent sur les blessés, les poussant et les tiraillant, hurlant Allahu akbar!, les saisissant maladroitement ….des fractions de secondes de ces images ridicules apparaîtraient plus tard dans les nouvelles et reportages spéciaux; les rushes susceptibles de révéler l’imposture seraient retirés.»

Dans le même article Nidra Poller a écrit que France 2 a autorisé trois journalistes renommés à examiner les rushes originaux, en fait 27 minutes des rushes originaux. Deux d’entre eux ont écrit une lettre à l’éditeur pour Le Figaro révélant qu’Enderlin avait donné cours à un mensonge éhonté (ils ont écrit cela de façon plus subtile). Le 25 octobre 2000,  Enderlin avait accordé une entrevue au magazine français Télérama dans laquelle il déclarait : «J’ai coupé les images de l’agonie de l’enfant, elles étaient insupportables» La lettre à l’éditeur a fait remarquer que cette soi-disant agonie n’avait en fait pas été retirée des rushes, «elle n’a jamais existé».

Il n’y avait aucune preuve de la véracité de ce reportage de France 2. La description des rushes originaux d’Enderlin relevait de la pure fantaisie autant que les images de son cameraman qui lui ont valu néanmoins de récolter une série de prix  internationaux.

Plutôt que de reconnaître l’erreur, France 2 s’est mis sur la défensive.  En fait, c’est l’establishment politico-médiatique au grand complet qui s’est porté à la défense du reportage bidonné au nom de l’honneur français. Tandis que les critiques de la vidéo Al-Dura en parlent comme d’une «accusation de meurtre rituel», les parallèles avec l’Affaire Dreyfus sont difficiles à éviter. Dans l’Affaire Dreyfus, il s’agissait de l’honneur militaire, avec l’Affaire Al-Dura, c’est l’honneur médiatique qui est en jeu. Le parallèle avec le second procès de Dreyfus, cinq ans après le premier, est particulièrement frappant. À ce moment-là, il fallait vraiment être décidé à rester aveugle pour ne pas voir que Dreyfus avait été accusé des crimes commis par Esterhazy et pourtant Dreyfus fût à nouveau condamné. Cette fois, avec Israël sur le banc des accusés, l’attitude française est d’une certaine façon encore pire. Au moins, dans l’Affaire Dreyfus, les intellectuels français et la classe politique étaient divisés et nombreux étaient ceux qui prenaient pour Dreyfus. Dans l’Affaire Al-Dura, l’establishment s’est rallié si solidement derrière Enderlin que l’ensemble de la minorité de Français assez bien informée pour être au courant de la controverse, pense que tout cela relève d’une histoire concoctée par une poignée de cinglés.

La réaction face à la décision de la Cour en 2008 en faveur de Karsenty est révélatrice. La cour d’Appel de Paris – qui au grand dam de France 2 avait demandé à voir les rushes originaux –  a décidé que Karsenty avait le droit de dire que le reportage était un canular, renversant ainsi la décision de 2006 qui l’avait trouvé coupable de diffamer la station et Enderlin. Les images constituaient la clé de l’affaire. L’image la plus probante en relation avec l’affaire Al-Dura n’avait pas été diffusée et montrait le garçonnet, après qu’il eût été déclaré mort, levant la tête, regardant aux alentours et protégeant ses yeux du soleil. Même sans cette image, l’absurdité de la vidéo était évidente : alors qu’ils avaient été supposément atteints de balles à haute vélocité, ni le corps du père, ni celui du fils ne montraient de trace de sang. (Il faut aussi savoir que la soi-disant preuve de la mort du jeune Al-Dura, constituée par le corps d’un garçonnet amené ce jour-là à l’hôpital Shifa de Gaza, n’était pas très probante, pour dire le moins. Un médecin de l’hôpital a témoigné du fait que ce garçonnet avait été amené à onze heures le matin, un autre a dit dans l’après-midi. L’incident Al-Dura s’est produit vers 15h. De plus des photos ont montré clairement qu’il s’agissait d’un autre gamin).

En moins d’une semaine, raconte la journaliste française, Élisabeth Moutet, le Nouvel Observateur, hebdomadaire de gauche important en France, avait créé une pétition se portant à la défense d’Enderlin et de France 2. La pétition décrivait le cas bien documenté de Karsenty comme une «campagne obstinée et haineuse» qui «s’efforce de salir la dignité professionnelle» de Charles Enderlin et exprimait son étonnement «car il (le jugement) accorde la même crédibilité à un journaliste connu pour le sérieux et la rigueur de son travail … et à ses détracteurs,…qui ignorent tout des réalités du terrain et n’ont aucune expérience du journalisme». Trois cents journalistes éminents ont signé cette pétition, suivis de six cents personnalités du monde intellectuel.

Élisabeth Moutet, qui était en bons termes avec la plupart des signataires, les a appelés et leur a demandé pourquoi ils avaient signé. Une majorité a préféré lui raccrocher au nez, tandis que parmi ceux qui ont accepté de lui répondre, aucun n’a déclaré avoir foi dans le vidéo Al-Dura. Selon la version la plus courante, on leur avait demandé d’appuyer Charles. Autrement dit, quand il s’agit de sauver un collègue, la vérité peut aller au diable ! La réponse la plus remarquable est sans doute venue d’un ancien directeur du CRIF, une association française qui regroupe les institutions juives de France (le directeur actuel a soutenu Karsenty). Pressé de répondre à la question de savoir pourquoi il avait signé la pétition, il a répondu : «Je ne l’ai pas lue. Je suis atteint de dégénérescence maculaire rétinienne. Je ne peux plus lire»

Quant au gouvernement français, son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner, désireux de signifier clairement son appui à l’histoire Al-Dura, a décerné la légion d’honneur à Enderlin, la plus haute distinction qu’on puisse décerner en France.

La dernière décision d’un tribunal dans cette affaire a été rendue plus tôt cette année. Cette fois, le tribunal a décidé contre Karsenty. France 2 avait porté en appel la décision de 2008 de la Cour Suprême qui a décidé que la Cour d’Appel de Paris  n’aurait pas du demander à voir les rushes originaux. Parvenir à la vérité n’est apparemment pas le genre de chose qu’un juge de la Cour Suprême est censé faire. Et la vérité n’est pas une défense valable devant un tribunal. La Cour Suprême a renvoyé l’affaire devant de nouveaux juges et cette fois, Karsenty, (sans pouvoir montrer les rushes originaux), auraient non seulement à faire la démonstration qu’Enderlin et France 2 étaient coupables de fraude mais aussi qu’il était en possession de la preuve quand il a commencé à dénoncer la vidéo (donc avant qu’il ait vu les rushes originaux qui rendent incontournable la conclusion qu’il s’agit d’une fraude).

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Dans le procès qui a suivi, l’avocat général, un personnage indépendant dans le système juridique français, a rappelé aux juges que leur rôle ne consistait pas à établir la vérité. La remarque du Docteur Bumble dans Oliver Twist à l’effet que «la loi est un âne» paraît s’appliquer parfaitement aux règles françaises de diffamation. Bien entendu, les nouveaux juges ont décidé que Karsenty n’avait pas suffisamment de preuves démontrant que le reportage était un faux quand il a commencé à le dénoncer comme tel et donc il a été reconnu coupable de diffamation. Le tribunal l’a condamné à une amende de 8000 Euros ($14,000).

Personne n’a lu la justification (absurde) de la décision de la Cour d’Appel de Paris. Ce qui compte c’est que France 2 et Enderlin peuvent crier victoire puisque Karsenty a été reconnu coupable de diffamation. Karsenty prévoit porter sa cause en appel  et cette cause risque fort de rebondir comme un yoyo d’un tribunal à l’autre comme Jarndyce contre Jarndyce dans Bleak House, une cause qui s’était étalée sur tant de générations, selon Dickens, que plus personne ne savait de quoi il était question.

Les Bonnets d’âne

Le plus grand bonnet d’âne est décerné sans conteste au gouvernement israélien.

Les images de la «mort» du jeune Al-Dura ont rapidement fait le tour du monde, causant des dommages immenses à la réputation d’Israël. Pendant quarante-cinq minutes, nous dit le caméraman, les soldats israéliens ont tiré sur un gamin terrifié essayant de se cacher derrière son père. Pourtant, Israël, plutôt que de mener une enquête immédiate sur cette histoire invraisemblable, a prononcé des excuses qui ont servi à l’authentifier. Le physicien israélien, Nahum Shahaf, flairant une fraude, a approché le Major général Yom Tov Sarnia, le commandant en chef pour la région de Netzarim, qui était convaincu que ses hommes n’avaient pas tué le gamin. Sarnia chargea Nahaf de l’enquête qui reconstitua l’incident et conclu qu’étant donné l’endroit où les deux étaient accroupis, les balles ne pouvaient pas venir de la position israélienne.

Après cette démonstration, non seulement Israël a gardé le silence alors que l’Affaire Al-Dura prenait de l’ampleur  et devenait un prétexte d’attaques terroristes dirigées contre les Juifs et Israël à travers le monde, mais a aussi nuit aux efforts de Karsenty pour faire connaître la vérité. La scène Al-Dura était sur des  affiches, des peintures murales, même des timbres postaux. Les tueurs qui ont décapité Daniel Pearl devant une caméra vidéo avait une affiche d’Al-Dura et son père fixée sur le mur derrière eux. Des rues, des écoles ont reçues son nom. Oussama Ben Laden a cité le jeune Al-Dura dans son vidéo de recrutement. La télévision palestinienne a montré sans arrêt des annonces engageant les enfants à le suivre au paradis des martyrs jihadistes. Son histoire, présentée comme factuelle par Amnistie Internationale et Human Rights Watch (deux ONG qui ont rarement trouvé une histoire anti-israélienne à laquelle elles n’ont pas cru) a influencé une campagne internationale pour délégitimer l’État d’Israël, en commençant avec la conférence de l’ONU à Durban en 2001. Après l’affaire Al-Dura, des comparaisons entre Israël et l’Allemagne nazie sont devenues affaire de routine.

La journaliste française, Catherine Nay a proclamé que «la mort de Mohammed annule, efface celle de l’enfant juif, les mains en l’air devant les SS dans le ghetto de Varsovie.

Loin d’appuyer les efforts de Karsenty, l’establishment israélien lui a reproché d’empêcher qu’on enterre cette histoire et qu’on arrête d’en parler. Après la victoire de Karsenty en 2008, un lecteur du Wall Street Journal, dégoûté, s’est plaint que le ministère israélien des Affaires étrangères n’avait mis que quelques rares références sur son site web et qu’il n’y avait rien trouvé sur l’affaire en langue anglaise ou française. Karsenty a raconté qu’à la suite de sa victoire en cour, le porte-parole des Affaires étrangères d’Israël avait déclaré lors d’une interview que personne n’avait demandé à Karsenty de se charger de l’Affaire, que c’était une affaire interne à la France et que les efforts de Karsenty étaient contre-productifs.

En fait, le silence israélien  a constitué le meilleur argument de France 2 en faveur de la validité du reportage. Enderlin a sans cesse rappelé que les autorités israéliennes n’avaient jamais remis en question l’authenticité du reportage de France 2 du 30 septembre 2000. Cet argument a été convaincant même pour de nombreux supporters d’Israël  se disant que si cette histoire était une fraude, les Israéliens seraient sûrement les premiers à le faire savoir.

Shmuel Katz tempêtait souvent au sujet des échecs de la politique d’information israélienne (il avait souhaité la prendre en main avec un ministère spécial, mais Bégin revint sur sa promesse donnant à la place la politique de l’information à Moshe Dayan, le désespérant ministre des affaires étrangères). La façon dont Israël a traité cette Affaire Al-Dura révèle les pires traits – ignorance, arrogance, stupidité- sur lesquels Katz avait mis le doigt en parlant de ceux qui étaient chargés de présenter le cas d’Israël au monde entier.

Le Premier ministre Nétanyahou a finalement mis sur pied un comité d’enquête pour examiner l’Affaire Al-dura en septembre 2012. Les conclusions du Rapport Kuperwasser ont été rendues publiques en mai 2013. Karsenty croit que ce qui a fait agir Israël (douze ans plus tard) était le massacre de Toulouse en mars 2012 au cours duquel Mohammed Merah, cherchant, selon ses dires, à venger la mort des enfants palestiniens aux mains d’Israël, a assassiné trois enfants et un rabbin (le père de deux des enfants) dans une école juive. Évidemment, le Rapport Kuperwasser a conclu que la vidéo était une fraude et que le gamin n’avait pas été touché. Ce qui est intéressant c’est la réaction de France 2 et d’Enderlin qui ont montré qu’ils ne manquent pas d’air – ainsi que leur mépris pour Israël – en menaçant de poursuites à la fois le ministre de la Défense, Moshe Ya’alon et le ministre des Affaires stratégiques et du Renseignement, Yuval Steinitz (qui avait supervisé l’enquête) si on ne leur remettait pas tous les documents reliés au rapport.

France  2 et Enderlin ont prétendu que les enquêteurs avaient «ignoré les règles fondamentales de la justice» et ne leur avaient donné aucune opportunité de présenter leur version des faits.

Prenant sans doute par surprise «la partie lésée» – tels que se présentaient France 2 et Enderlin – les Israéliens, plutôt que de se laisser malmener, ont répliqué. Le conseiller légal du bureau de Nétanyahou a présenté une liste de six demandes d’Israël pour avoir le point de vue de France 2, qui ont été complètement ignorées. Elle a écrit : «Ce qui ressort de cela c’est une  tendance à continuellement vous plaindre que votre point de vue n’a pas été pris en considération alors que vous avez ignoré toutes les demandes faites auprès de vous afin de recevoir le matériel même que vous prétendez que vos clients n’ont pas eu l’occasion de montrer.»

Le bonnet d’âne est aussi décerné à l’American Jewish Committee et à plusieurs Juifs français. L’American Jewish Committee, qui a des bureaux en France, et, d’après Karsenty, beaucoup de crédibilité dans ce pays, a porté des coups sérieux à ses efforts en donnant son appui à France 2. Certains Juifs jouent un rôle important dans les médias français et plusieurs signataires de la pétition pro-Enderlin du Nouvel Observateur en 2008, étaient des Juifs. Le silence est une forme de complicité. Il était compréhensible que plusieurs intellectuels juifs français très connus (Alain Finkielkraut a été une exception honorable) ne souhaitaient pas s’attirer la hargne des médias et de la classe politique, mais leur silence a facilité la mise en quarantaine de ceux qui ont choisi de lutter contre le mensonge Al-Dura et a encouragé les accusations d’être des révisionnistes qui nient l’Holocauste ou des «conspirationnistes» qui prétendent que le gouvernement américain a organisé l’attaque du 11 septembre 2001.

Les Bons

Karsenty, c’est Gary Cooper dans High Noon, chevauchant contre les méchants pendant que ceux qui vont profiter de sa lutte s’empressent de se mettre à l’abri et ne lui accordent que peu d’appui. Le professeur Richard Landes, un expert en ce qui concerne les mouvements millénaristes et l’un des rares à appuyer Karsenty, a dit qu’Enderlin et France 2 ont commis une grave erreur en s’en prenant à Karsenty. Comme nous l’avons écrit plus haut, il n’était pas le premier à rendre public les failles du vidéo Al-Dura. Nous avons parlé de Nahum Shahaf.  Esther Schapira, une productrice de la télévision allemande,  a mis au point un documentaire sur l’Affaire Al-Dura en 2002. Shahaf et Schapira se sont contentés de montrer qu’Israël ne pouvait pas être responsable de la mort du garçon ; quels qu’aient pu être leurs soupçons, ils ne sont pas allé jusqu’à prétendre que l’affaire était fabriquée de toutes pièces. Karsenty avait appris les leçons de l’expérience du réalisateur français, Pierre Rehov. Rehov a intenté une poursuite contre France 2 pour diffamation et la poursuite a été rejetée en quelques semaines. Se rendant compte qu’il ne pourrait pas intenter une poursuite contre France 2 selon les lois françaises, Karsenty a décidé de faire en sorte que ce soit France 2 qui le poursuive. Il a écrit plusieurs articles sur son site internet décrivant la vidéo Al-Dura comme un «bidonnage médiatique» et exigeant qu’Enderlin et Arlette Chabot, la directrice de l’information de l’époque, soient mis à la porte. Ils ont mordu à l’hameçon et l’ont poursuivi.

À leur grand dépit, quand Karsenty a perdu devant le premier tribunal en 2006, il ne s’est pas pour autant volatilisé. Il a porté sa cause en appel. Sans son entêtement, il y a fort à parier que cette accusation de meurtre rituel serait établie comme un fait. Cette affaire (Karsenty dit qu’il croyait naïvement que la vérité serait établie devant un tribunal en quelques mois) s’est emparé de son existence. Son but, dit-il, est d’obliger le gouvernement français à reconnaître la fraude.

Il a fallu douze ans à Dreyfus pour être réhabilité et pour retrouver son rang. Cela fait déjà 13 ans que la France s’accroche obstinément à cette affaire frauduleuse, donc dans ce cas-ci la justice risque de prendre plus de temps à pencher du bon côté.  Mais Karsenty croit dur comme fer que ce jour viendra. La vérité jaillira.

Quelles sont les leçons à retenir de cette Affaire Al-Dura?

1. Répliquez, ne vous défilez pas. Le Rapport Kuperwasser critique implicitement le gouvernement israélien pour son attitude dans cette affaire. Il demande qu’à l’avenir, les accusations incendiaires fassent l’objet d’enquêtes immédiates et que les résultats soient rendu publics.

2. Les responsables des médias doivent être tenus responsables de l’application de leurs règles d’éthique (ignorées) afin d’empêcher la dissémination de la désinformation de leurs journalistes. Richard Landes (dont le site Second Draft, fournit les archives complètes de l’affaire Al-Dura) a raconté à quel point il a été consterné alors qu’il regardait pour la première fois les rushes originaux de la vidéo Al-Dura dans le studio de France 2 à Jérusalem en compagnie d’Enderlin en 2003 (Enderlin avait pris pour acquis que Landes serait de son côté car il lui était recommandé par un ami commun). Quand Landes a dit : « tout cela a l’air d’une mise en scène»,…Enderlin a répondu «Oh, ils font ça tout le temps.» Landes a dit qu’en sortant de son bureau il était en état de choc. «Oh Mon Dieu», ai-je pensé «ils font ça tout le temps … et les journalistes occidentaux retiennent les secondes les plus plausibles pour les bulletins de nouvelles. C’est une industrie nationale!». Landes a inventé le mot «Pallywood» pour décrire l’industrie du cinéma palestinien qui refile des images de mises  en scène à des journalistes complices.

Les médias ne changeront pas sans une pression extérieure importante. Landes dit qu’il est allé voir ABC, PBS, et The Boston Globe, sans résultat. On lui a dit qu’on ne pouvait pas faire une émission là-dessus sans la contrebalancer avec une mise en scène israélienne. Quand Landes a demandé : «et si vous ne trouvez pas de mise en scène israélienne?», la réponse était: « Alors on ne le fera pas». Quelqu’un à ABC a aussi dit à Landes : « Je ne sais pas jusqu’à quel point il y a une demande pour cela». Étant donné l’utilisation étendue du matériel pallywoodien, modifié par des journalistes supposément réputés pour avoir l’air plus plausible, et ensuite servi par le biais des médias du monde entier  à des spectateurs qui ne se doutent de rien, la demande a de très petite chance de se manifester.

3. Il faut une réforme morale des élites intellectuelles. Il est difficile de contredire le constat du journal l’Algemeiner  selon lequel l’intelligentsia française est en train de vivre une débâcle cognitive et morale totale. Il faut se rappeler qu’en même temps qu’elle enterre la vérité sur l’Affaire Al-Dura, elle célèbre les jihadistes les plus ignobles comme des héros et des martyrs par le biais de l’exposition au célèbre Musée du Jeu de Paume, pour ne prendre qu’un exemple, qui présente comme des martyrs des photographies de meurtriers d’enfants juifs.

La débâcle morale des élites n’est pas limitée à la France. Et de toutes les autres recommandations, une régénération morale est sans doute la plus difficile à réaliser. Mais sans cette dernière, aucune autre réforme ne tiendra.

Texte de Rael Jean Isaac, 28 août 2013 (traduit par Magali Marc)

Rael Jean Isaac est le co-auteur (avec Virginia Armat) de Madness in the Streets: How Psychiatry and the Law Abandoned the Mentally Ill (The Free Press)

Version originale : http://www.familysecuritymatters.org/publications/detail/the-al-dura-case-white-hats-black-hats-and-dunce-caps

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading