Publié par Guy Millière le 16 septembre 2013

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Il n’y a rien à faire, les débats politiques français, lorsqu’il s’agit d’économie, me consternent.

Il n’y a plus en ce pays un mouvement politique à même d’offrir une alternative, ou alors ce mouvement est si insignifiant que ses électeurs seraient aussi nombreux, sans doute que les membres de la famille de ses dirigeants, ce qui n’est pas encourageant.

Y a-t-il des économistes sensés à l’UMP, ou ont-ils été exclus des débats ?

Je pourrais parfois trouver davantage de bon sens et de rationalité chez Jean-François Copé ou chez François Fillon, mais quand j’entends comme cela m’est arrivé avant hier, Valérie Pécresse, j’ai envie d’avoir une conversation avec mes chats. De fait, mes chats me semblent tellement plus intelligents que Valérie Pécresse. Elle vient de publier un livre appelé Voulez Vous vraiment sortir de la crise ? Si elle l’avait appelé Voulez-vous vraiment vous enfoncer dans l’ornière ?, j’aurais pu être tenté. Dans un contexte catastrophique, elle propose des remèdes homéopathiques qui ont autant de chance d’avoir de l’effet qu’un emplâtre périmé sur une jambe de bois vermoulu. Si l’UMP se présente en proposant de baisser un peu les impôts, de faire un peu moins de redistribution, d’ «aider» un peu plus les entreprises, on peut s’attendre à un franc succès de ses candidats. Le déclin en pente douce vaut peut-être mieux que le déclin en pente abrupte, mais je suis loin d’en être certain. Y a-t-il des économistes sensés à l’UMP, ou ont-ils été exclus des débats ? Je me pose la question.

Les socialistes en sont encore au plan, au dirigisme

Quand je regarde Hollande et le gouvernement, je ne me pose pas la question, j’ai la réponse. Il y aura, nous dit-on, un peu moins d’augmentation des impôts, mais il y a déjà eu tellement d’augmentation des impôts que la pauvreté atteint des niveaux inquiétants et que le nombre de fermetures d’entreprise est en hausse. Hollande vient se moquer du monde en disant que la reprise est là, qu’il le sent, et qu’il discerne un frémissement, qui viendra uniquement des emplois aidés, donc d’emplois artificiels qui dépendront du financement public, donc des impôts, donc des déficits qui continuent à se creuser. Et si je devais parler des 34 plans de « reconquête industrielle », je risquerais de me mettre en colère. Les socialistes en sont encore au plan, au dirigisme, à l’idée que la France peut opérer une « reconquête industrielle ». Ils parlent d’ordinateurs et de logiciels, mais leur logiciel à eux semble s’être bloqué à l’époque où ils lisaient Germinal d’Emile Zola. J’ai consacré un livre entier à expliquer dans quel monde nous entrions : ce livre a été peu lu. Les éditeurs ne comprenaient pas ce que j’ai écrit parce que leur logiciel à eux aussi est bloqué à l’époque où ils lisaient Germinal. Les libéraux français sont trop occupés à relire des livres qui ont cinquante ou cent ans pour se pencher sur le vingt-et-unième siècle. Les socialistes français, comme les gens tels que Valérie Pécresse, ne savent pas que nous sommes au vingt-et-unième siècle. Ils ne comprennent rien, les uns comme les autres, à la façon dont fonctionne le monde post-industriel et post-capitaliste, à la créativité dématérialisée et au capital intellectuel.

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J’aimerais me dire que la France n’est pas un machin hors d’usage, mais je dois dire que j’ai des doutes.

Et quand j’écoute Jean-Luc Mélenchon, mes doutes s’accentuent. Comment peut-on sortir un type comme celui là du formol où il a sa place ? Il faut un candidat pour ceux qui ne savaient toujours pas lire quand ils ont quitté le collège, et Mélenchon est celui-là.

Quand j’écoute Marine Le Pen, mes doutes s’accentuent plus encore. Comment peut-on adopter le programme économique revendu en fraude par des disciples de Jean-Pierre Chevènement ?

J’écris rarement sur l’économie, bien que je sois économiste. C’est parce que j’ai l’impression d’écrire pour rien, parfois, quand j’écris sur l’économie.

Il m’arrive aussi d’avoir parfois l’impression d’écrire pour rien quand je traite de géopolitique, je sais. Et quand j’écoute les débats politiques français concernant la géopolitique, je suis tout aussi consterné que lorsque je les écoute sur l’économie, mais parler de géopolitique me permet au moins de parler du monde, et de sortir mentalement des miasmes français.

J’ai dit que je dirais ce qui serait nécessaire pour sortir de l’ornière. J’ai dit cela il y a plusieurs semaines. Je vais me résoudre à le faire. Je l’aurai fait pour rien, je sais. Mais je l’aurai fait.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

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