Publié par Jean-Patrick Grumberg le 16 septembre 2013

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La sœur bénédictine Teresa Forcades du Monastère Sant Benet de Montserrat (un lieu situé à 1 heure de voiture de Barcelone, en pleine nature, perché au sommet d’une montagne, vibrant d’une apaisante spiritualité) est décrite par les médias espagnols et britanniques comme “l’une des leaders les plus éloquente et les plus atypique de l’extrême gauche européenne.”

Professant les idées de l’économiste marxiste Arcadi Oliveres, activiste des “droits humains” et de la confiscation des richesses au nom de la justice sociale, Teresa Forcades est une virulente critique de ce qu’elle appelle “la misogynie de l’église catholique” au grand bonheur des 50 000 adhérents de son mouvement, “Procés Constituent” (processus constitutionnel), composés d’extrémistes de gauche anti-cléricaux et christianophobes.

L’objectif de sœur Forcades, qui déclarait récemment à la BBC ne pas vouloir se présenter aux élections, ni créer de parti politique, mais vouloir “décapiter le capitalisme international et modifier la carte de l’Espagne”, est de “mettre fin à la xénophobie”, d’annuler les lois limitant l’immigration [musulmane], de développer la “solidarité internationale” avec l’islam, de quitter l’Otan, et d’abolir les forces armées dans une future Catalogne indépendante.

Sœur Forcades affirme que la Catalogne devrait “ouvrir grand les portes à tous les immigrants”, et il est important, ici, de préciser ce que ces mots revêtent de hautement suicidaire, s’agissant précisément de la Catalogne :

  • La Catalogne est la région d’Espagne qui compte la plus forte concentration de musulmans. On estime leur nombre à 450 000, venant principalement du Moyen Orient, d’Afrique du nord et d’Asie du sud.
  • Beaucoup de ces musulmans sont des célibataires, sans emplois, susceptibles d’être recrutés pour le Jihad, dévoilait un câble diplomatique de Wikileaks publié dans le quotidien El País.
  • “Africamuslima”, un groupe djihadiste affilié à al Qaïda, a récemment menacé la Catalogne de mener des attaques terroristes si les autorités s’obstinent à renforcer la surveillance des radicaux salafistes qui veulent instaurer la sharia en Espagne et en Europe.
  • Les autorités espagnoles sont particulièrement inquiètes du danger que représentent les salafistes, du fait qu’ils entendent ré-établir le Califat d’Espagne, qu’ils considèrent comme terre islamique provisoirement perdue et devant être reconquise pour l’islam.
  • Selon les services de renseignement espagnols, le Centre National d’Intelligence [CNI], la Catalogne pullule de centaines, et peut-être de milliers de salafistes qui représentent une menace pour la sécurité nationale espagnole.

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Dans son manifeste, sœur Teresa Forcades demande que soit reformé l’Etat espagnol sans la Catalogne, qui devra être indépendante, et elle exige que les banques soient nationalisées, ainsi que les producteurs d’énergie.

Son programme prévoit :


• la nationalisation des banques et l’interdiction de la spéculation financière,

• l’interdiction pour les entreprises de réduire le nombre de leurs salariés, une augmentation forcée des salaires, une diminution des heures de travail, et la rémunération des parents qui restent à la maison,

• la fin de la corruption et une authentique “démocratie participative”,

• l’annulation de toutes les ventes des biens saisis par les banques pour défaut de paiement de crédit, et le contrôle des prix de l’immobilier,

• une augmentation des dépenses publiques avec la renationalisation de tous les services publics.

Elle veut par ailleurs relancer l’esprit des indignés qui ont occupé l’Espagne en 2011, et dans ses apparitions télévisuelles, elle affiche son admiration pour le parti grec d’extrême gauche Syriza, encense tour à tour les théories de Marx, le dictateur Hugo Chávez, la taxe Tobin sur les transactions internationales, ainsi que les préceptes de Sainte Hildegard de Bingen, la figure bénédictine du 12e siècle, auxquels elle entend se conformer.

Etiquetée comme “conspirationniste paranoïaque” par El País, le quotidien madrilène lui reproche d’être une “bonne sœur des mensonges”, car elle utilise des demie-vérités -et son statut de religieuse- pour semer la peur dans une Espagne déboussolée par l’Europe et l’euro, et qui se cherche des bouc-émissaires.

Mais la sœur rouge répond que la base de ses convictions religieuses repose sur la “théologie de la libération”, un courant de la pensée catholique qui a émergé dans les années 60 en Amérique latine, et qui a été suivi d’un mouvement socio-politique visant à donner le pouvoir aux pauvres.

A Barcelone, les classes moyennes l’approuvent (même si la jeunesse ne la connait pas), mais certains, dans les milieux “progressistes laïques” s’interrogent : comment peut-on être à la fois féministe d’extrême gauche et appartenir à ce qu’ils dénoncent comme “l’église mysogine qui interdit la contraception et l’avortement”, tout en “oubliant” de leurs critiques l’islam qui interdit à la femme toute indépendance vis à vis de son mari, autorise le mari à frapper sa femme, condamne les apostats, et pend les homosexuels…

Et j’oubliais : il se dit que la sœur Bénédictine serait pro-palestinienne, anti-sioniste et anti-israélienne.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

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