Publié par Michel Garroté le 20 septembre 2013

 

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Michel Garroté, réd en chef  –-  J’ai déjà eu l’occasion de « m’indigner » du retour, en France, de la germanophobie, sous la houlette, entre autre, d’Arnaud Montebourg et de Jean-Luc Mélenchon. Depuis 1949, la France et la République Fédérale d’Allemagne sont des acteurs importants du maintien de la paix en Europe. Les socialistes français, en insultant la Chancelière Angela Merkel – et avec elle le peuple allemand – réveillent de vieux démons. Les socialistes français, en 2012-2013, ne valent guère mieux que les germanophobes d’extrême-gauche et d’extrême-droite.

Les socialistes se joignent au tapage de la basse-cour anti-allemande avec ses poulettes rancies et ses coqs morveux. L’on doit désormais s’attendre à ce que l’Allemagne – notamment les parlementaires et les médias allemands – ne tolère plus les misérables provocations venant d’un gouvernement particulièrement mal placé pour donner des leçons d’économie aux autres. Et puis, surtout, l’attitude des socialistes français, soixante-huit ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, est un immense gâchis. Voilà, en quelques lignes, ce que je pense de la nouvelle germanophobie « à la française ».

A ce propos, sur Le Point.fr, Thomas Mahler écrit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Dans sa Petite histoire de la germanophobie, le journaliste Georges Valance retrace l’histoire houleuse entre ces deux nations sœurs nées d’un même empire, celui de Charlemagne. Relations qu’on pourrait résumer par un titre : « Nous nous sommes tant haïs” (et un peu aimés) ».

Au départ, sûrs de leur force et de leur centralisme, les Français furent pourtant moins germanophobes que méprisants face à la mosaïque des États qui constituaient le Saint Empire romain germanique. Du temps de Louis XIV, à la suite d’une paix de Westphalie affaiblissant considérablement l’Empire, on se contentait de moquer la lourdeur d’esprit germanique – en opposition à la finesse du classicisme français.

Ce n’est vraiment qu’au XIXe siècle, avec la montée des nationalismes, que les deux deviennent des « ennemis héréditaires ». Aux sentiments anti-français en Prusse, apparus après l’invasion napoléonienne, succède l’humiliation de 1870, défaite qui marque la revanche de la Petite Prusse face à la « Grande Nation ». De l’idéalisation de l’Allemagne romantique chère à Madame de Staël, la France passe à une flambée de germanophobie.

Dans le Grand Larousse édition 1875, à l’article Prusse, on peut lire : « Frédéric II, véritable fléau de l’humanité, auquel les Prussiens décernent le titre de Grand, a augmenté la monarchie prussienne de 1’400 miles de territoires extorqués à ses voisins par la ruse ou par la violence ». Dans l’imaginaire français, l’Allemagne devient une caserne peuplée de soldats disciplinés, ou alors est ramenée à ses origines barbares.

Le très délicat parnassien Leconte de Lisle vitupère contre une « horde au poil fauve » et un « vil troupeau de sang altéré ». Une germanophobie qui se déchaîne lors de la Première Guerre mondiale. Dans le cadre d’une étude sur la « race allemande », un neurologue de la Salpêtrière, le docteur Edgar Bérillon, explique très scientifiquement que l’Allemand produit beaucoup plus de matières fécales que le Français et qu’il dégage une odeur « fétide, nauséabonde, imprégnante et persistante ». On se pince le nez.

En 1933, l’arrivée au pouvoir d’Hitler représente certes un nouveau type d’engouement pour l’Allemagne, mais au goût plutôt douteux. « Plus le nazisme se faisait menaçant et plus le risque de guerre se rapprochait, plus se développait un courant germanophile aux couleurs de pacifisme », note Georges Valance. Une drôle de conception de l’amitié franco-allemande qui culminera en 1941 avec le voyage de sept écrivains (Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach, Ramon Fernandez, Jacques Chardonne, etc.), reçus par Goebbels à Weimar.

Après la réconciliation et le traité de l’Élysée qui marque la naissance du couple franco-allemand en 1963, la germanophobie reflue, mais les vieux stéréotypes peuvent vite revenir au galop, tel Georges Marchais fustigeant en 1968 « l’anarchiste allemand Cohn-Bendit ». C’est surtout la réunification allemande, puis la crise économique qui relancent les craintes d’une hégémonie germanique.

Si la France n’en est pas à mêler drapeaux nazis et allemands comme dans les rues d’Athènes en 2012, la germanophobie guette toujours quand Arnaud Montebourg compare la chancelière à Bismarck ou que Jean-Luc Mélenchon explique le plus sérieusement du monde que « personne n’a envie d’être allemand ».

Mais au-delà de ces propos politiciens fleurant bon la démagogie, le plus marquant est sans doute bien l’indifférence culturelle et sociétale grandissante entre les deux peuples. Le philosophe Peter Sloterdijk évoque ainsi une « défascination réciproque », assurant que les voisins se détournent l’un de l’autre depuis la fin de la guerre. Si le couple franco-allemand a enfanté de nombreuses structures institutionnelles (Arte, etc.) et vient de célébrer ses noces d’or, on peut aujourd’hui se demander s’il représente une vraie union de cœur ou un simple mariage blanc administratif.

Reproduction autorisée avec mention :

© Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info

Sources :

http://www.lepoint.fr/monde/pourquoi-nous-detestons-les-allemands-20-09-2013-1733287_24.php

“Petite histoire de la germanophobie”, de Georges Valance (Flammarion, 244 p., 18 €) :

http://www.amazon.fr/Petite-histoire-germanophobie-Georges-Valance/dp/2081301849

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