Publié par Dreuz Info le 15 octobre 2013
Laurent Brayard
Laurent Brayard

L’interview qui va suivre avait été censurée par mon ancien employeur, La Voix de la Russie pour des raisons qui m’échappent encore.

Elle fut réalisée dans l’hiver 2012 à une date où par un pur hasard j’étais entré en relation avec Jean-Patrick Grumberg. L’idée était un échange d’entretiens, le mien fut réalisé par Dreuz-Info et publié, celui de Jean-Patrick hélas ne le fut jamais, je répare ici cette erreur, non de mon fait et m’excuse auprès de lui de ne pas avoir été assez convaincant avec la rédaction internet en français de La Voix de la Russie.

Jean-Patrick Grumberg est un des auteurs du site Dreuz-info, un des nombreux sites alternatifs qu’offre Internet à l’accès du plus grand nombre. Nous sommes allés chercher l’avis d’un pro-israélien alors que la France d’aujourd’hui est massivement dans un courant contraire. La parole à un point de vue finalement peu entendu.

Laurent Brayard : Bonjour Jean-Patrick Grumberg, tout d’abord pourriez-vous vous présenter ?

J.P. Grumberg : Bonjour, je suis journaliste au site Dreuz.info, un site francophone, chrétien, pro-israélien et néo-conservateur.

Le problème palestinien est toujours présent et la situation d’Israël dans le prolongement des événements en Syrie, en Égypte, en Iran ou en Afrique semble inquiétante, quel est le sentiment des populations sur place ?

J.P. Grumberg : Lorsque je me rends en Israël (je vis entre les États-Unis et Israël), je suis étonné de constater que les gens sont très déconnectés, ou dirais-je blasés, de la situation géopolitique. Les Israéliens aspirent à la paix avec les Palestiniens mais en même temps ils ne sont plus disposés à échanger des territoires contre la paix, expérience qui a montré ses limites à Gaza, où les attentats terroristes par missiles et roquettes ont commencé lorsque Israël s’est retiré.

Dernièrement les Palestiniens ont tenté fin d’année 2012 un coup de force médiatique à l’ONU. Après un court bras de fer avec le Hamas, une trêve précaire s’est installée, comment voyez-vous l’avenir à ce niveau ?

Du point du vue du droit international, l’article 80 de la Charte de l’ONU est extrêmement clair : il interdit la création d’un état palestinien en Palestine. Comme c’est un traité, il a force de loi. Le sujet n’existe donc que dans les médias et les esprits. Quant à la trêve entre le Hamas et le Fatah, elle n’a jamais duré plus de quelques jours. L’alliance contre Israël pourrait sembler plus forte que leurs dissensions, les faits montrent le contraire.

A plusieurs reprises l’Iran a exprimé le désir de rayer de la carte Israël, et après de nouvelles négociations avec l’AIE l’Iran semble plus que jamais déterminé à propos de son « nucléaire civil », quel est votre sentiment quant aux agissements des Iraniens ?

Les pays arabes voisins, dont l’Arabie saoudite, sont directement concernés par les visées hégémoniques de l’Iran sur la région, pourtant les États-Unis semblent chercher une voie de dialogue avec l’Iran, que ce dernier rejette. Il ne fait aucun doute que le nucléaire iranien représente une menace qu’Israël n’acceptera pas : 2 000 ans d’histoire ont enseigné aux Juifs que lorsqu’ils sont menacés, ils doivent prendre les menaces très au sérieux.

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Une mention intéressante tout de même : cette région de la Palestine est si petite qu’une attaque nucléaire rayerait également tous les Palestiniens de la surface de la Palestine, et il est étrange que les pro-palestiniens ne trouvent rien à y redire [rajout 15 octobre 2013 : à moins que leur envie d’extermination des Juifs est si forte qu’ils sont prêts à accepter le sacrifice de quelques millions de Palestiniens ?]. Je pense enfin inutile d’épiloguer sur les affirmations de l’Iran disant que leur nucléaire est purement civil : a-t-on jamais vu un nucléaire civil  [rajout 15 octobre 2013 : caché sous terre dans des bunkers] et capable de rayer un pays de la carte ?!

En Syrie, Israël est intervenu brièvement pour éliminer une menace, ce pays était un ennemi constant des Israéliens, ce qui se passe en Syrie laisse pantois quant à la suite, une menace importante se construit-elle contre Israël dans la Syrie des rebelles djihadistes ?

La situation est, comme toujours au Proche Orient, complexe. Deux ennemis d’Israël s’affrontent, le gagnant sera donc un ennemi d’Israël. En cas de victoire des groupes rebelles, le Hezbollah sera déstabilisé, et il représente une menace pour Israël. L’Iran, même s’il tisse des liens avec certains sous-groupes rebelles au cas où al Assad serait évincé, verra sa situation se compliquer : il le voit déjà. La Russie, qui rappelons-le, est riche d’une communauté d’un million trois cent mille russes en Israël, pourrait perdre sa base stratégique de Tartous. Au final, pour tout vous dire, ce sont les minorités religieuses qui ont énormément à perdre d’une chute du régime : les chrétiens syriens étaient protégés par le clan Assad, mais les rebelles islamistes les expulseront – ou pire.

Le problème des colonies en Palestine revient souvent dans les médias, on parle souvent de la situation des Palestiniens mais moins de celle des Israéliens, pensez-vous que la vie en commun sera un jour possible ?

La communauté musulmane pèse 20 % de la population israélienne, et le monde a pu constater que même lors du dernier affrontement, à part le tragique attentat du bus de Tel-Aviv, aucune tension n’a été relevée. Je pense donc que des Arabes et des Juifs font la preuve au quotidien de leur capacité de vivre en commun. Maintenant, tant que les incitations à la haine ne seront pas totalement retirées des livres d’écoles palestiniens, tant que les Palestiniens seront utilisés par les pays voisins comme arme de destruction contre Israël, tant que l’Autorité palestinienne refusera de reconnaître l’existence de l’État juif, un très mauvais terreau subsistera.

Un État palestinien c’est envisageable, je veux dire sous une autre forme ?

Mais bien entendu ! Regardez la Jordanie : c’est un État palestinien : il est établi en Palestine, 60 à 80 % de la population est palestinienne, pourtant elle est en paix réelle et stable avec Israël. Par contre, je ne suis pas convaincu qu’il faille créer d’autres États palestiniens à Gaza ou en Judée et Samarie. L’économie de la « Cisjordanie » (je n’aime pas ce terme qui n’existe plus depuis que la Jordanie s’est retirée) est en pleine explosion. Les Palestiniens de Jérusalem ont déclaré à une écrasante majorité vouloir vivre du côté israélien en cas de division de la ville. Peut-être faut-il respecter ce que demande le peuple, respecter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

De l’extérieur, nous avons un peu l’impression que l’un des deux adversaires devra succomber mais il est clair que des ficelles sont tirées par d’autres, dans l’ombre, un espoir existe-t-il ?

Si par ficelles tirées par d’autres vous entendez les ordres de la ligue arabe, cela ne se fait pas dans l’ombre : Mahmoud Abbas ne s’est jamais caché – l’information était publiée dans les médias anglophones – que pour chaque négociation il allait prendre ses instructions auprès de la ligue arabe.

Il est d’ailleurs certain que le peuple palestinien est la grande victime de la situation. Les camps de réfugiés du Liban, de Syrie le démontrent : il leur est refusé de s’intégrer. Un espoir ? Les Palestiniens réaliseront peut-être un jour qu’avec les millions dépensés en achat de missiles et l’aide internationale, ils auraient pu construire un nouvel Hong Kong à Gaza.

© Laurent Brayard

http://laurentbrayard.blogspot.fr/2013/10/entretien-avec-jean-patrick-grumberg.html

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