Publié par Guy Millière le 23 octobre 2013

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Avoir été absent de France une dizaine de jours m’a permis d’échapper à de multiples événements consternants et autres déclarations débiles, ce qui a été très salubre.

Reprenant contact avec la réalité de ce qui est encore mon pays, j’ai pu assister au spectacle que j’appellerai « Leonarda superstar », une superproduction organisée par le Front de gauche et une part du Parti socialiste : on y a vu briller les nouveaux dirigeants excités de « syndicats lycéens » entraînant leurs camarades de classe dans la rue et paradant devant les caméras de télévision. On y a vu aussi une gamine semi analphabète et sans qualités particulières sinon d’avoir été une immigrée clandestine en France donner une série d’interviews à des journalistes déférents et empressés. J’ai songé que la gamine en question aurait sans doute un bel avenir d’assistée sociale en France, et trouverait sans doute quelqu’un pour écrire un livre sur sa superbe équipée, livre qui figurera bientôt sur la liste des meilleures ventes. J’ai songé aussi que les dirigeants excités des « syndicats lycéens » se préparaient eux-mêmes à la politique professionnelle, et, s’ils persistent, deviendraient ministres ou sénateurs. Delphine Batho fut à la tête de la FIDL dans sa prime jeunesse. David Assouline, sénateur de Paris, dirigeait la coordination lycéenne contre la réforme Haby. Les lycéens dévoyés par Delhine Batho ou David Assouline ont sans doute fini au chômage, comme les lycéens entraînés par les dirigeants excités d’aujourd’hui finiront eux aussi au chômage, mais qu’importe le sort du tremplin quand on veut plonger dans les eaux troubles de la nomenklatura de gauche.

J’ai découvert aussi une belle déclaration de Laurent Fabius, coutumier des belles déclarations, et je m’en serais voulu de ne pas la commenter. Elle ne concerne pas nos amis les dirigeants qataris, non : les déclarations louangeuses sur nos amis les dirigeants qataris sont désormais banales. Elle ne concerne pas nos amis les Frères musulmans, non encore : si je comprends bien, depuis leur disgrâce en Egypte, ceux-ci ne sont plus tout fait nos amis.

Elle concerne un autre de nos amis, la République socialiste du Viet-Nam qui, comme son nom l’indique, a tout pour plaire à un dirigeant socialiste. Et elle concerne la République socialiste du Viet-Nam (à laquelle la France doit avoir quelque chose à vendre) sous l’angle de funérailles : celles du général Giap. Celui-ci a disparu, en effet, voici quelques jours, à l’âge vénérable de cent deux ans. Un homme politique digne de ce que fut la France aurait pu ne pas commenter. Un homme politique à la hauteur du courage qui fut celui des Français qui se sont battus en Indochine aurait pu dire que cela faisait une crapule et un criminel communiste de moins sur terre ou, s’il voulait rester diplomate, rappeler que Giap fut non seulement le vainqueur de Dien Bien Phu, mais le tortionnaire qui a enfermé des milliers de soldats français dans des camps de concentration dans lesquels nombre d’entre eux ont été torturés, affamés, mis à mort. Mais Fabius appartient à une autre catégorie.

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Et il s’est livré à un éloge de Giap, le décrivant comme un « grand patriote » et un « grand soldat », un « homme exceptionnel » et « profondément attaché à la culture française ». Si Laurent Fabius avait eu du cirage, il aurait sans doute demandé à lustrer immédiatement les chaussures de tous les représentants du Viet-Nam présents à Paris, mais il n’avait, semble-t-il, pas de cirage sous la main. Oser décrire un communiste qui a contribué à transformer son pays en un immense enclos totalitaire que des millions de gens ont fui ou tenté de fuir au péril de leur vie ne manque pas d’audace. Oser décrire un assassin de soldats français comme un « grand soldat » est un crachat sur l’ensemble de l’armée française de l’époque et sur celle d ‘aujourd’hui, sur les victimes de Giap, et sur tous ceux, Vietnamiennes que Giap a envoyé à la mort en les utilisant comme chair à canon, sur un mode appris en s’inspirant de Mao et de Staline. Oser qualifier une crapule de ce genre d’ « homme exceptionnel » montre que les mots ont perdu leur sens en France. Ajouter que cet homme, qui a fait preuve d’une haine concrète de la France était « profondément attaché à la culture française » est se moquer du monde et montre à quel niveau la France est descendue.

Mais un pays où on a rendu les honneurs militaires à un vieillard indigne et antisémite qui n’a jamais été militaire et où on a passé largement sous silence le décès d’un homme de droiture tel qu’Hélie de Saint Marc est un pays où on a, sans doute, les ministres qu’on mérite.

La lecture des propos de Laurent Fabius m’a fait comprendre que si je tenais à mon équilibre mental, et si je ne voulais pas écumer de fureur à chaque instant, je devais ne lire les journaux français et en regarder la télévision française qu’à dose strictement homéopathique : au delà, les effets secondaires peuvent devenir délétères.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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