Publié par Guy Millière le 25 octobre 2013

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Quand Obama a été élu en 2008, j’ai écrit d’emblée que je m’attendais au pire.

On m’a répondu à l’époque que j’étais excessivement pessimiste. Quand il a été réélu en 2012, j’ai noté que le pire allait se poursuivre et s’approfondir. On m’a dit une fois encore que j’étais vraiment trop pessimiste. Tout ce qu’Obama a fait depuis janvier 2009 n’en a pas moins été conforme à mes prévisions. Tout ce qu’Obama fait présentement est également conforme à mes prévisions.

Les grands médias français continuent néanmoins à considérer que je suis pessimiste. Ils m’attribuent je ne sais quels défauts qui les poussent à détourner les yeux lorsqu’ils croisent ce que j’écris. Sans doute ont-ils peur de regarder la réalité en face. Sans doute ont-ils peur aussi de sortir du cocon idéologique dans lequel ils gisent.

En dehors de ce cocon, la réalité n’en est pas moins ce qu’elle est.

J’avais dit qu’Obama allait entraîner les Etats-Unis en direction du socialisme, et c’est ce qu’il a fait. Pas en étatisant l’économie de manière directe, non : aux Etats-Unis, ce serait impossible. Mais en procédant de manière indirecte : en réglementant, en favorisant certains secteurs économiques et en en asphyxiant d’autres, en créant des liens de dépendance entre de multiples grandes entreprises et le gouvernement, en créant des oligopoles sévèrement contrôlés, en recourant à des normes environnementales inflexibles.

J’avais dit qu’il allait remodeler la population américaine, et il est effectivement en train de remodeler la population américaine : avoir accru le nombre de pauvres et de gens dépendants du gouvernement d’un peu plus de vingt cinq pour cent a un impact, et vise à créer un électorat captif et des réflexes peu propices au travail et à l’esprit d’entreprise, régulariser onze millions d’immigrants illégaux en leur accordant des subsides, comme il envisage de le faire au plus vite vise à accroître cet électorat captif.

J’avais dit qu’il entendait ruiner mes Etats-Unis, et il parviendra sans doute au doublement de la dette du pays à la fin de son deuxième mandat.

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J’avais dit aussi qu’il entendait éroder la prééminence mondiale des Etats-Unis, et il y est largement parvenu.

En Asie, la Chine est plus que jamais en position de force. La Russie, déclinante et chancelante à la fin des années Bush est redevenue une puissance éminente, restaure son emprise sur l’Europe centrale et sur des territoires tels que l’Ukraine, la Georgie, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan ou le Tadjikistan, tout en s’appuyant sur un arc chiite qui lui a été livré corps et biens au Proche-Orient.

Dans le monde musulman, les alliés des Etats-Unis ont presque tous été trahis à des degrés divers et presque tous les ennemis des Etats-Unis ont été récompensés. L’objectif initial : rendre le monde sunnite plus sûr pour les Frères musulmans n’a pas été atteint, parce que l’Arabie Saoudite a réagi et financé le renversement de Morsi par le général Sissi en Egypte, et parce qu’Obama n’a pas osé affronter la Russie et l’Iran en Syrie, mais le deuxième objectif, qui était un rapprochement avec l’Iran des mollahs est, lui, toujours d’actualité, et le troisième objectif, qui était d’isoler Israël reste lui aussi d’actualité.

Les pourparlers avec le régime iranien se sont enclenchés à Genève et n’ont débouché sur aucun résultat concret pour l’heure (ils ne déboucheront, cela va de soi, sur aucun résultat concret), mais il est évident que l’administration Obama ne rêve que d’une poignée de main entre Obama et Rouhani, d’une levée des sanctions et d’un accord, et il est évident que les dirigeants européens partagent très largement les rêves d’Obama. Les dirigeants iraniens feront des propositions vides de sens et de portée qui leur permettront de gagner du temps et de desserrer l’étreinte, et c’est ce qui compte pour eux. Obama rêvera et sera prêt à s’humilier pour continuer à rêver. Les dirigeants européens seront prêts à vendre leur âme et peut-être leur corps.

Israël est d’ores et déjà isolé, et comme je l’ai écrit dans un article publié par la Metula News Agency voici peu, on doit s’attendre à ce qu’un déferlement anti-israélien se dessine dès que les pourparlers de « paix » avec l’Autorité palestinienne auront échoué.

Israël peut compter sur l’administration Obama pour attribuer l’échec des pourparlers de « paix » à Israël, pour empêcher Israël entre temps d’agir contre le nucléaire iranien jusqu’à ce qu’il soit trop tard, et pour aller aussi loin qu’il lui sera possible en direction de la création d’un « Etat palestinien ».

Israël peut-il compter sur la Russie pour réfréner les ardeurs iraniennes ? C’est une question cruciale. Israël peut, en tout cas, compter sur l’Arabie Saoudite, qui, elle, craint effectivement les ardeurs iraniennes autant qu’Israël peut les craindre : cela ne fait pas de l’Arabie Saoudite un allié stratégique d’Israël. Mais en ces temps difficiles, un allié tactique est utile, très utile.

L’Arabie Saoudite vient, geste sans précédents, de refuser un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies en signe de mécontentement face à Obama, et pour garder les mains libres concernant l’Iran.

Savoir quelle Amérique et quel monde laissera Obama lorsqu’il quittera la Maison Blanche dépendra largement des élections de novembre 2014. S’il devait obtenir une majorité dans les deux chambres du Congrès, ce que j’ai considéré jusqu’à présent comme le pire ne serait qu’un avant goût de ce que le mot « désastre » est trop faible pour décrire.

Tout Président américain entend laisser un héritage. L’héritage que veut laisser Obama serait celui d’un homme qui a promis dès octobre 2008 de changer radicalement son pays et bien davantage que son pays, et celui d’un homme qui veut tenir ses promesses.

Je suis pessimiste, je sais. La réalité n’en est pas moins ce qu’elle est.

Le triste spectacle que viennent de donner à Genève les carpettes occidentales face aux envoyés de Téhéran m’a montré que j’avais raison d’être pessimiste. L’essentiel des commentaires que j’ai pu lire en France à ce sujet m’ont montré que le cocon idéologique dans lequel gisent les grands médias français est décidément très épais.

J’ai parfois la nostalgie d’un Ronald Reagan, ou d’un Winston Churchill.

Je n’en ai que plus d’estime pour Binyamin Netanyahou. Pas facile de diriger un pays dignement quand le monde occidental glisse vers l’indignité et que la position qui fut celle de chef du monde libre est aux mains d’un ennemi de la liberté.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

PS L’illustration que j’ai choisie pour cet article est la première page d’un journal iranien, Payvand. Elle cite Rouhani, qui dit, « L’Iran a droit à un nucléaire civil ». L’Iran vient de proposer à Genève de stopper sa production d’enrichissement d’uranium à 20% et de ne plus enrichir l’uranium qu’à 3,5%. L’uranium enrichi à 20% peut être facilement transformé en uranium hautement enrichi à même d’être utilisé pour fabriquer une arme atomique. Mais l’uranium enrichi à 3,5% peut être transformé très vite en uranium enrichi à 20%. Ceux qui entendent en déduire ce qui doit être déduit feront leurs déductions, les autres ne me liront pas. Caroline Glick dans le Jerusalem Post a consacré récemment un article entier à la comparaison entre les pourparlers de Genève aujourd’hui et les pourparlers de Munich en 1938. La comparaison est appropriée.

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