Publié par Jean-Patrick Grumberg le 10 novembre 2013

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Les médias étrangers affichent tous ce matin la photo de Laurent Fabius, dont la totale résolution a fait capoter les négociations destinées à alléger les sanctions contre un Iran nucléaire, en échange de promesses de ne pas aller au delà du nucléaire civil.

Dans le New York Times, sur Spiegel et la plupart des médias que j’ai consulté, la France est mentionnée pour avoir pesé de tout son poids et sorti les muscles contre toute levée de sanctions contre l’Iran.

Les commentaires des médias sont quelquefois amers. La France est non seulement mentionnée pour avoir refusé de céder à l’Iran, mais également pour avoir fissuré le front commun du club des 5+1, les cinq pays possédant un droit de véto au conseil de sécurité + l’Allemagne.

Les rencontres de Genève, considérées comme une opportunité unique car elles avaient réunies les ministres des Affaires étrangères de la Russie, des Etats Unis, de la Chine, de la Grande Bretagne, de la France, de l’Allemagne et de l’Iran, ont été écourtées, hier, et le dernier jour prévu a été annulé.

Elles seront suivies par d’autres, à partir du 20 novembre, mais les diplomates et commentateurs s’entendent pour dire qu’elles sont surtout faites pour suivre le protocole diplomatique, et qu’elles ne mèneront nulle part, car elles se situent au niveau politique inférieur.

Pour sauver la face, le ministre des affaires étrangères iranien Mohammed Jawad Sharif a déclaré, lors d’une conférence de presse conjointe avec Catherine Ashton : “Je ne suis pas déçu. Nous avons eu trois jours très productifs, et c’est quelque chose sur lequel nous pouvons nous appuyer.”

Der Spiegel cite plusieurs diplomates européens qui se sont plaint de la ferme position de la France durant les négociations. “Le premier ministre Laurent Fabius avait déjà annoncé à la station France Inter qu’il “n’acceptait pas le texte” proposé.”

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Fabius, continue le diplomate, a pointé du doigt les aspects non réglés du dossier, comme par exemple le réacteur à eau lourde en construction à Arak, au sud de Téhéran, dont il a demandé l’arrêt de la construction “au moins pendant les négociations”. “Il peut produire assez de plutonium pour construite plusieurs armes nucléaires dès l’an prochain”, a déclaré Fabius.

Fabius a mis en garde contre “un jeu de dupes”

Même le stock d’uranium enrichi à 20% déplait à la France. Fabius a mis en garde contre “un jeu de dupes” et a insisté sur “la nécessité de prendre en compte les soucis de sécurité d’Israël”.

“Nous discutons depuis des années, mais les discussions ne mènent nulle part” a déclaré Romain Nadal, un porte parole du ministère des Affaires étrangères français.

Plus directement menacé encore qu’Israël par le nucléaire iranien, plusieurs médias dont la BBC révélaient il y a quelques jours que l’Arabie Saoudite a passé commande d’armes nucléaires aux Pakistanais, ce qu’elle s’est empressé de contester. La BBC affirme maintenant que les armements sont prêts à être livrés.

En ce qui me concerne, j’ai plusieurs fois fait remarquer aux auteurs de Dreuz et à des commentateurs politiques de notre bord mais aussi du bord opposé, que le gouvernement Hollande, que je suis le dernier à pouvoir être soupçonné de soutenir, s’est montré le moins anti-israélien que la France a connu.

Je me suis appuyé, pour affirmer cela, sur l’absence de condamnation (la nauséabonde accusation de “riposte disproportionnée”) de la France lors de l’opération Pilier de défense en décembre 2012 en réaction aux attaques du Hamas.

J’ai conservé en mémoire l’étonnante déclaration de François Hollande, lors des obsèques nationales de Stéphane Hessel, où il a traité ce dernier de menteur sur le sujet palestinien (« Il [Hessel] pouvait aussi porter une cause légitime comme celle du peuple palestinien, qui suscitait parfois l’incompréhension de ses propres amis. J’en fus. La sincérité n’est pas toujours la vérité, il le savait mais nul ne pouvait lui disputer le courage »).

Et j’ai souvenir, comme le rappelle notre confrère JSSNews, que lorsqu’il avait reçu Mahmoud Abbas à Paris, François Hollande s’était démarqué de la ligne du précédent président et lui avait déclaré : « Monsieur, sachez que la France ne peut accepter un Etat Palestinien que par le biais de négociations pacifiques avec Israël. Vous avez besoin de processus de paix, pas de proclamation ! »

Les déclarations et la fermeté de Laurent Fabius sur le sujet existentiel pour le peuple juif du nucléaire iranien à Genève pourraient, avec la prudence qui s’impose, me faire changer d’avis, et considérer que le gouvernement Hollande n’est pas, dans les faits, le moins hostile à Israël, mais un ami. Concernant son action pour la France, je suis beaucoup plus réservé.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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