La Banque centrale du Liban a émis un billet de 50,000 livres pour célébrer le 70e anniversaire de son indépendance.
Une face du billet est en arabe, l’autre en français… avec une énorme faute d’orthographe : indépendance a été imprimé avec un e : “indépendence”, ce qui laisse planer de sérieux doute sur l’intérêt de maintenir ce pays irrespectueux de la langue française au sein d’une francophonie qu’il vient d’humilier.
La Banque du Liban doit mettre les billets en circulation le 22 novembre, jour de l’indépendance, qu’il a obtenu en 1943 du régime de Vichy, en plein milieu de la seconde guerre mondiale.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hervé Roubaix pour Dreuz.info.
Vous trouvez que le Liban pays avec plus de la moitié de la population francophone , un systeme educatif francais , des universites aux programes francophones dois être chassé de la francophonie mais des pays comme l’Egypte doivent en rester?! C’est vrai que c’est honteux d’une banque centrale de faire une telle faute mais la faute est humaine et faudra prendre beaucoup d’autres facteurs plus convainquants avant de dire que c “irrespecteux” et que ca a “humilié la francophonie”
En fait je pense qu’ils ont confondu Indépendance avec le mot anglais Independence day. ce qui confirme vos inquiétudes.
Vous semblez fort intolérant M. Roubaix. Vous n’avez pas mieux à faire que t’inciter à l’exclusion, déjà que les pays qui s’intéressent à la langue française en particulier, et à la France en générale se font de plus en plus rare.
@H Roubaix
Eh bien non. Vichy n’ avait rien à voir avec l’indépendance de ce pays.
En fait en 1943 c’est la France Libre qui était aux manettes de ce pays et de Gaulle se fit forcer la main par les Anglo- Saxons pour donner aux habitants leur indépendance .
LE LIBAN JE M’EN BAT LES COUILLES ET LEUR BILLET XXXXX…LE PAYS EST POURRI EN GRANDE MAJORITE PAR LES RAMZAS…CE NE SONT PAS VRAIMENT LES AMIS D’ISRAËL….
50 000 livres….leur monnaie ne vaut pas grand chose.Si l’on demande aux gens dans la rue en quoi le Liban se distingue t il ils vous repondrons “le Hezbollah” ou “la guerre civile”.Le pays ne vaut pas grand chose.Ah oui il pese son poids en heroine. Sniff Sniff :weep: :weep: :weep:
Les gens qu’on interroge dans la rue sont peut-être aussi ignorants que vous sur la question, Elisheva.
Ceux qui sont un peu plus cultivés savent que c’est un pays qui avait une certaine valeur, mais que la guerre (causée en grande partie par la création de l’Etat d’Israël et l’afflux de réfugiés palestiniens qui se montrèrent très ingrats envers leurs hôtes), bref cette guerre, qui a duré 15 ans, a vu le massacre et l’exil d’une bonne partie des chrétiens du pays. Et les chrétiens sont ceux qui faisaient marcher ce pays.
Maintenant si pour vous un chrétien et un musulman c’est pareil, je ne peux rien faire pour vous.
Monsieur Roubaix,
La France n’a pas attendu le Liban pour “l’humilier” dans ce domaine. Certains français de souche l’humilient très bien, quand on constate les fautes d’orthographe que commettent certains professeurs français pourtant bardés de diplômes.
Ce n’est que maintenant que vous vous scandalisez, alors que cela fait plus d’une semaine que les media libanais, y compris ceux d’expression française, ont signalé et critiqué cette erreur, et en ont donné la raison ?
La Banque du Liban a expliqué qu’elle avait pris connaissance de l’erreur figurant dans cette série limitée de billets imprimés en Angleterre, mais que l’imprimerie n’avait hélas plus le temps de faire ré-imprimer ces billets avant le jour de la fête de l’indépendance du pays, qui tombe le 22 novembre. Cette série va faire le bonheur des collectionneurs du pays à cause de cette faute d’orthographe.
Or dans votre texte, Monsieur Roubaix, vous omettez de dire dans quelles circonstances l’erreur a été faite, et de mentionner la promptitude de la réaction de la presse libanaise à ce sujet, ainsi que la raison pour laquelle les billets n’ont pas été retirés de la circulation.
Vous omettez également de citer l’article qui vous a servi de source. J’aimerais en savoir la raison.
Et puis quelle grandiloquence: “La France a été humiliée ! Ils ont mis un “e” à la place d’un “a”. Excluons-les de la francophonie !”
Et pendant que vous y êtes, pourquoi ne pas rompre les relations diplomatiques et fermer définitivement les frontières ?
J’ai une pensée pour le pauvre hère anglais qui a agencé les lettres de l’imprimerie en orthographiant “indépendance” comme on l’écrit en anglais.
Quelle tache définitive sur sa réputation ! Il restera dans la mémoire collective libanaise comme le sinistre anglais responsable de “l’exclusion du Liban de la francophonie”.
A présent les libanais savent ce qu’il en coûte de faire confiance à la perfide Albion.
Donc d’après vous, il faudrait “chasser ce pays de la francophonie”, après avoir assisté avec indifférence au massacre et à l’exil d’une bonne partie de ses autochtones chrétiens (tous francophones), et après le lourd tribut qu’il a payé à la création de l’état d’Israël, entraînant les massacres que les réfugiés palestiniens musulmans y ont commis contre les chrétiens du pays.
Sans parler de l’occupation syrienne, qui l’a laissé exsangue après trente ans de terreur et de pillage organisé, d’exactions et de tortures essentiellement dirigées contre les chrétiens.
En ce moment-même, il y a deux millions de réfugiés syriens dans ce pays, qui en temps normal compte moins de quatre millions d’habitants. C’est comme si la France accueillait, en l’espace d’une année, plus de trente millions de réfugiés. Vous mesurez l’horreur ?
Donc face à ce pays qui macère depuis environ quarante ans dans une situation peu enviable, et désespérante pour les chrétiens (tous francophones), il existe des gens comme vous qui veulent l’enfoncer pour une faute d’orthographe commise par un employé anglais, faute qui a été signalée et critiquée en premier par les libanais eux-mêmes.
Le Liban est le seul pays du Moyen-Orient où les chrétiens ont réussi à imposer l’enseignement du programme scolaire français dans leurs écoles (1), contre l’avis de leurs compatriotes musulmans. Bernard Pivot ne s’y est pas trompé, quand il est venu dans ce pays pour y faire sa dictée truffée de “pièges” (2). Le succès de cette initiative fut tel que le rendrez-vous devint annuel, avec une dictée destinée aux “seniors”, et une autre destinée aux “juniors”.
Parlons clair, Monsieur Roubaix: Etes-vous vraiment scandalisé à cause de cette faute d’orthographe (très regrettable certes), ou bien cherchez-vous un prétexte pour que la France ne considère plus le Liban (dans sa composante chrétienne) comme un allié au Moyen-Orient ?
Pour votre gouverne, la France ne considère pas le Liban comme un allié parce-que les chrétiens de ce pays sont francophones. La France se sent proche de ces chrétiens car ils sont chrétiens et qu’ils partagent ses valeurs, et qu’ils sont farouchement francophiles (ce qui est bien plus important que d’être simplement francophone). Et si ces chrétiens sont définitivement acquis à la France, c’est pour des raisons historiques qui remontent à Saint Louis, qui a passé un pacte de protection avec le chef des chrétiens de ce pays. L’on trouve dans les archives françaises des lettres émanant de différents rois de France, demandant à des sultans ottomans de ne pas massacrer ces chrétiens-là, de les considérer comme des sujets français, et de leur octroyer une certaine marge d’autonomie. Donc la France soutenait les chrétiens de ce pays bien avant qu’ils ne sachent sa langue.
Pour la remercier de son soutien et sceller cette amitié, ces chrétiens d’Orient se sont mis à apprendre le français avec ferveur. Non seulement les chrétiens aisés, mais tous les chrétiens: bourgeois, artisans, commerçants, fonctionnaires, ouvriers. Leurs compatriotes musulmans raillent ouvertement et continuellement leur passion pour la langue française, qu’ils qualifient ironiquement de “langue aujourd’hui inutile, une langue de salon”.
Les chrétiens font la sourde oreille et travaillent, avancent, fondent des écoles, et apprennent religieusement le français, de génération en génération. (3)
Cette amitié multiséculaire et cette gratitude envers la France ne les empêchent pas de faire parfois des fautes d’orthographe (comme vous Monsieur Roubaix, quand vous oubliez de mettre un “s” à “doutes” dans votre court texte plus haut). Ca ne change rien à leur fidélité sans faille envers la France, car si l’orthographe française est importante, l’allégeance envers la France l’est encore plus.
Vous n’êtes pas sans savoir que de nombreux musulmans parfaitement francophones oeuvrent chaque jour, et depuis longtemps, contre les intérêts de la France. Ces traîtres sont souvent nés en France, et leur instruction, leurs logements et leurs soins médicaux ont été financés par le contribuable français.
Pensez-vous que si le Liban était “exclu de la francophonie”, la France se désolidariserait de lui, et admettrait enfin qu’Israël est son seul allié dans la région, et que les arabes qui entourent Israël sont tous des gueux, comme certains commentateurs l’écrivent parfois sur Dreuz ?
Les chrétiens d’Orient ne sont pas des gueux, et ils ne sont d’ailleurs pas arabes à la base. Ils ont été arabisés, mais non islamisés, par les envahisseurs arabes musulmans venus de la péninsule arabique. Ces chrétiens ont derrière eux des civilisations pré-chrétiennes remarquables, et ont choisi le christianisme dès son avènement. Personne ne le leur a imposé. Et personne ne les en détournera.
Je conçois que les chrétiens du Liban soient une épine au pied de celui qui veut faire croire que la France n’a aucun ami au Moyen-Orient à part Israël, et ne doit donc dialoguer qu’avec Israël. J’espère que ce n’est pas ce que vous cherchez à faire, car quand on aime la France, on ne calomnie pas ses amis les plus anciens et les plus sûrs pour une coquille involontaire (et immédiatement signalée et critiquée dans la presse du pays).
J’ai eu récemment l’occasion de lire certains de vos articles sur Dreuz. Je les ai trouvés percutants et frappés au coin du bon sens. Donc dire que je suis étonnée par vos propos serait un euphémisme.
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(1) Au Liban, les écoliers chrétiens n’apprennent pas le français en tant que langue étrangère. Ils suivent le même programme scolaire qu’en France, de l’école maternelle à la terminale.
Ils étudient la littérature française de manière approfondie. Les épreuves du baccalauréat libanais comptent une épreuve de philosophie en français et une autre en arabe, dont le coefficient est élevé, et identique pour les deux épreuves. Autrement dit, si à dix-huit ans, un libanais ne sait pas rédiger une dissertation de philosophie en français, il ne peut pas être bachelier.
Les écoliers chrétiens étudient les matières scientifiques exclusivement en français (mathématiques, physique, chimie, biologie), et font un double cours en histoire et en géographie: un en français, qui met l’accent sur l’Occident, et un autre en arabe classique, qui met l’accent sur l’Asie en général et le Moyen-Orient en particulier.
En plus de ce programme chargé, ils étudient l’anglais à partir de la classe de sixième, et ont une épreuve de traduction anglaise au baccalauréat. Les plus motivés d’entre eux peuvent étudier une quatrième langue, mais ce n’est pas obligatoire.
Pour la petite histoire: pendant l’occupation syrienne, le gouvernement de Damas a tout fait pour saper l’élan francophone des chrétiens libanais, et a envisagé d’annuler les épreuves du baccalauréat français que l’Ambassade de France organise à Beyrouth pour les libanais qui veulent passer le baccalauréat français, en plus de celui libanais.
Le tollé que suscita cette décision fut tel que les syriens, qui ne sont pourtant pas des tendres et qui étaient les maîtres au Liban, durent reculer. Aujourd’hui, un écolier libanais peut passer les épreuves du baccalauréat français à Beyrouth s’il le souhaite.
(2) Bernard Pivot:
“Que les Libanais se soient déjà adonnés par deux fois à la perverse jouissance de la dictée, n’étonne pas les Français. Ils savent, ne serait-ce que par des on-dit, que les Beyrouthins aiment et pratiquent la langue de La Fontaine, de Chateaubriand et de Mérimée, et qu’ils ne se sont jamais laissé décourager par les règles des participes passés des verbes pronominaux. Ils se sont entraînés à en déjouer les pièges. Ils se sont même amusés à conjuguer des verbes au subjonctif imparfait. Quel courage !
Ce qui sidère les Français, c’est que les Libanais fassent si peu de fautes. Parfois, zéro.
« Leur infligeâtes-vous ex cathedra, me demandèrent-ils, des phrases ambiguës et des mots bizarroïdes ? »
Je les leur infligeai et ils en redemandèrent. Aussi revins-je avec dans ma musette des mots pareils à des bibelots, des brimborions, des affiquets et même, si j’ose dire, des chinoiseries. Le français, c’est son charme et c’est aussi sa difficulté, abonde en mots composés, en mots-clés, en mots à double sens, en onomatopées et même en demi-mots. C’est bien simple, je ne me déplace plus au Liban qu’avec des mots-valises !”
(Lu sur: http://aulas.pierre.free.fr/div_dic.html)
(3) Ces efforts semblent fructueux, si l’on en juge par les résultats des libanais qui viennent faire leurs études universitaires en France. Ils sont bien représentés dans les grandes écoles françaises comme l’Ecole Polytechnique, l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, l’Ecole Normale Supérieure ou l’Institut d’Etudes Politiques. Certains sont devenus journalistes, comme Léa Salamé, directeurs de rédaction de chaînes de télévision, comme Marc Saïkali et Nahida Nakad, ou écrivains, comme Amine Maalouf, lauréat du Prix Goncourt, aujourd’hui membre de l’Académie Française (Amine Maalouf est arrivé en France à l’âge de 26 ans, et a donc appris le français au Liban).
Ajoutons à ces parcours réussis que la plupart de ces personnes sont parfaitement trilingues, parfois polyglottes.
a Eva,
Madame,
Votre commentaire sur les Chrétiens du Liban est simplement admirable et je vous en remercie chaleureusement. Vous avez certainement raison, d’ailleurs, la France n´est pas en position de dédaigner une démonstration de francophonie si profonde et sincère de la part des Chrétiens Libanais. Au point oú en sont les choses dans l´Éducation Nationale en France…le Liban est en passe d´être un meilleur représentant que la France en question de francophonie !
Cher (ou Chère) GK,
Je viens de lire votre réponse postée il y a une semaine, je vous en remercie. Ce que vous dites est touchant.
Pour illustrer les raisons pour lesquelles la langue française est comme une deuxième religion pour les chrétiens du Liban, je retranscris ici la Charte de Saint Louis, roi de France, donnée aux chrétiens du Liban, le 24 mai 1250.
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“Louis, roi de France.
A l’Emir des Maronites (catholiques), au Mont-Liban et au Patriarche et évêque de la dite nation.
Notre coeur fut comblé de joie, lorsque nous avons vu votre fils Simân (Simon) venir à nous, accompagné de vingt-cinq mille hommes, nous portant le témoignage de vos sentiments d’amitié, et nous offrant ces magnifiques cadeaux.
En vérité, notre amitié sincère que nous avons commencé à ressentir envers la nation Maronite s’est redoublée aujourd’hui davantage, et nous sommes persuadés que cette nation, que nous trouvons établie sous le nom de Saint Maroun (1), est une partie de la nation française, car son amitié pour les français ressemble à l’amitié que les français se portent entre eux.
En conséquence, il est juste que vous et tous les maronites, jouissiez de la protection dont les français jouissent près de nous, et que vous soyez admis dans les emplois, comme ils le sont eux-mêmes. C’est pourquoi nous vous exhortons, ô Emir très noble, de faire tous vos efforts pour rendre le peuple libanais heureux, et de prendre soin d’établir des nobles parmi les hommes que vous trouverez les plus dignes, comme c’est l’habitude en France.
Pour vous, Seigneurs Patriarche et évêques, clergé et peuple Maronite, ainsi que votre grand Emir, nous avons vu avec grande joie votre constant attachement à la religion catholique, et votre vénération pour le chef catholique, successeur de Saint Pierre à Rome: nous vous exhortons à conserver cette vénération, à rester inébranlables dans cette foi.
Pour nous, et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner, à vous et à tout votre peuple, notre protection spéciale, comme nous la donnons aux français eux-mêmes, et nous nous emploierons en toute circonstance à tout ce qui contribuera à votre prospérité.
24 mai 1250, 24ème de notre règne. Donné à Saint Jean d’Acre”.
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(1) Maronites est le nom qu’on donne aux catholiques romains du Liban, car leur Saint Patron se prénommait Maroun.
(1) Maronites est le nom qu’on donne aux catholiques romains du Liban, car leur Saint Patron se prénommait Maroun. Je me permets de rectifier :
Les maronites sont des catholiques orientaux, et non romains (Patriarcat d’Antioche)
“Romains” dans le sens où ils dépendent de Rome, c’est à dire du Pape.
A Eva
100% d’accord avec vous, Madame, je trouve que votre commentaire est parfait et je vous en remercie beaucoup.
S’il y a un pays à exclure de la francophonie c’est la France que est actuellement indigne de sa langue et de sa culture.
Cher (ou Chère) Champar,
Merci beaucoup pour votre très gentille réponse, dont je viens de prendre connaissance.
J’ai retranscrit plus haut un vieux document intéressant: une Charte du roi de France Saint Louis.
D’autres rois de France, comme François 1er, Louis XIV et Louis XVI (Napoléon Bonaparte aussi) ont envoyé de nombreuses missives ayant pour but la protection des chrétiens du Liban.
Voici une lettre que Louis XIV, dès son très jeune âge, a écrite dans ce sens.
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“Louis, par la Grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut !
Savoir faisons, par l’avis de la reyne régente, notre très-honorée dame et mère, qu’ayant pris et mis, comme nous prenons et mettons, par ces présentes signées de notre main, en notre protection et sauvegarde spéciale le Révérendissime Patriarche et tous les prélats, ecclésiastiques et séculiers chrétiens maronites (catholiques) qui habitent particulièrement le Mont Liban, nous voulons qu’ils en ressentent l’effet en toute occurrence, et pour cette fin, nous mandons à notre amy et féal, le sieur de la Haye Ventelaye, conseiller en nos conseils, et notre Ambassadeur en Levant, et à tous ceux qui lui succèderont en cet emploi, de favoriser ces chrétiens tant à la Porte (Empire Ottoman) de notre très cher et parfait amy le Grand Seigneur (le sultan turc) que partout ailleurs que besoin sera, en sorte qu’il ne leur soit fait aucun mauvais traitement, mais au contraire qu’ils puissent continuer librement leurs exercices et fonctions spirituelles.
Enjoingnons aux Consuls et Vice-Consuls de la nation française établis dans les ports et échelles du Levant ou autre arborant la bannière de France présentes et à venir, de favoriser de tout leur pouvoir ledit Sieur Patriarche et tous les chrétiens dudit Mont Liban, et de faire embarquer sur les vaisseaux français et autres les jeunes hommes et tous autres chrétiens maronites qui y voudront passer en chrétienté, soit pour y étudier ou pour quelques autres affaires, sans prendre ni exiger d’eux que le nolis qu’ils leur pourront donner, les traitant avec toute la douceur possible.
Prions et requérons les illustres et magnifiques Seigneurs, les Pachas et officiers de sa Hautesse (le sultan turc) de favoriser et assister le Sieur Archevêque et tous les prélats et chrétiens maronites, offrant de nostre part de faire le semblable pour ceux qui nous seront recommandés de la leur.
Donnée à Saint-Germain-en-Laye, le 28 avril 1649, la sixième année de notre règne.”
Par le roy, la reyne régente sa mère présente. De Loménie locus Sigilli.
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Remarque pour les plus jeunes lecteurs de Dreuz:
Si le roi Louis XIV parlait dans cette lettre du sultan turc, alors que sa lettre visait à protéger des chrétiens non-turcs, c’est parce-qu’à cette époque-là, les pays du Moyen-Orient, des Balkans et d’Afrique du nord étaient sous domination turque ottomane.
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Comme vous pouvez le constater, Champar, cette protection que la France a accordée aux chrétiens du Liban est ancienne, et cette amitié ne s’est jamais démentie au cours des siècles.
Les libanais chrétiens ont leurs défauts, mais l’ingratitude ne semble pas en faire partie. Les souverains français ont étendu leur aile protectrice jusque sur la rive asiatique de la méditerranée pour préserver ces chrétiens de l’extermination programmée contre eux par les musulmans.
Comment ne pas être éperdu de reconnaissance envers pareils bienfaiteurs ?
On entend souvent les chrétiens libanais dire à leurs enfants:
“Toutes les langues ont leur importance, mais le français, c’est sacré”.
Bonsoir Crapouillot
Merci de vos précisions. Pendant la seconde guerre mondiale comme pendant la première, le Liban (dans sa composante chrétienne) était comme toujours totalement acquis à la France, et bien sûr opposé à l’Allemagne, car ennemie de la France et alliée de l’oppresseur turc ottoman.
A ce sujet, voici un récit que fit le 28 mars 1920 Monsieur Pierre Lenail, député de Lyon, à la tribune de la Chambre Française:
“Voulez-vous me permettre de vous relater un fait saisissant ? Dans les premiers jours de la guerre (la guerre de 1914-1918, bien entendu), un émissaire allemand trouvait sur un prêtre libanais, le Père Youssef (Joseph) Hayek une lettre de M. Deschanel le remerciant des renseignements qu’il lui avait adressés, et le félicitant de ses sentiments envers la France.
On saisit ce correspondant de la France, on le mène sur la grand place, la corde au cou.
Avant que bascula l’escabeau qui allait le jeter dans l’autre monde, on lui demanda:
“Veux-tu crier: Vive l’Allemagne ?”
Ramassant toutes ses forces, devant la foule immense, le Père Hayek cria:
“Vive la France ! Vive le Liban !”, et donna un coup de pied dans l’escabeau, et mourut ainsi pour le pays qui protégeait le sien.
(Vifs applaudissements de la Chambre)
Le martyre du Père Hayek fut spécifiquement causé par son attachement à son pays et à la France. Il a inspiré à notre directeur en 1917 Monsieur Georges Vayssié, le passage suivant dans “Le Journal du Caire”:
“Ce n’était pourtant pas votre Dieu que le bourreau vous demanda de blasphémer. Pour sauver votre vie, il vous eut suffi de dire:
“Vive l’Allemagne ! Vive le Sultan !”
Votre bouche s’ouvrit, et la foule qui, noyée d’angoisse, couvrait la place, palpita d’une émotion intense car vous avez crié:
“Vive la France ! Vive le Liban !”
Ce cri que vous avez poussé, nous l’attendions. Nous savions qu’ils seraient poussés car ils sortent de l’âme du Liban même. Les échos de la montagne ont dû le répéter, grossis de l’acclamation de toute une race anxieusement tendue vers l’Aube de la Liberté”.
Fin du récit
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A la mort de ce prêtre, les musulmans hébétés demandaient:
– Ce cri qu’on lui réclamait, “Vive l’Allemagne !”, lui écorchait-il donc la langue ?
– Non, il lui écorchait l’âme, répondaient les chrétiens.
L’amour de la France n’est pas une chose que les chrétiens libanais acquièrent en mûrissant.
Ils reçoivent cet amour dans le lait du sein maternel. Même les très jeunes chrétiens de ce pays sentent confusément, avant de l’apprendre à l’école, que des liens immémoriaux les lient à la France.
Cet amour passionné, ancien et inconditionnel pour la France constitue aux yeux des musulmans le péché originel des chrétiens du Liban.