Publié par Guy Millière le 29 novembre 2013

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C’était, la semaine dernière, le cinquantième anniversaire de l’assassinat de John Kennedy. Et bien sûr, les articles sur le sujet ont abondé, une dizaine de livres ont été publiés aux fins de coller à l’actualité. Ce que cela révèle est surtout la façon dont on fabrique les légendes.

Certes, un Président des Etats-Unis a été assassiné, et ce fut un événement. Mais, dois-je le dire, ce fut un événement sans importance politique, économique ou géopolitique majeure : des enquêtes ont été menées, le vice-Président a prêté serment et est devenu Président, la vie a suivi son cours. Ce qui a fait de cet événement ce qu’il est devenu depuis, cela a été la façon dont des auteurs, rémunérés par la famille Kennedy, et des journalistes, également rémunérés par la famille Kennedy, en ont traité. Cela a été aussi la transformation des années Kennedy en légende, et de John Kennedy en homme extraordinaire. Cela a été, surtout, la façon dont on a utilisé la figure entièrement fabriquée de John Kennedy pour servir d’écran à l’évolution du parti démocrate.

Assassiné par un communiste haineux

Le fait est que John Kennedy a été assassiné par un communiste haineux, ancien tireur d’élite chez les marines : Lee Harvey Oswald. Le fait est que tous les éléments montrant qu’Oswald est bien l’assassin, que c’était un communiste haineux (pléonasme), et qu’il avait des contacts assidus avec l’Union Soviétique (où il avait un temps songé à s’installer) et avec le régime castriste à Cuba, ont été rapidement disponibles.

Le fait est que tout a été fait ensuite par des gens désireux de maquiller les faits pour que ceux-ci soient maquillés, et pour que Kennedy apparaisse avoir été victime d’une immense machination. Et le fait est que toute un cohorte de gens de gauche et d’extrême-gauche se sont efforcés, très vite, de faire dévier la justice de son cours, et d’élaborer toute une succession de théories du complot destinées à accuser la CIA, l’armée américaine, un vague « complexe militaro-industriel », voire des « racistes du Sud ».

Le fait est que l’idée de machination et les théories du complot traînent encore dans l’air du temps et que la réalité se trouve désormais recouverte d’un flou pas très artistique qui permet de faire oublier un peu le communiste haineux, qui, pourtant, s’inscrit dans une trajectoire qui va de Sacco et Vanzetti (assassins anarchistes des années 1920) aux sinistres exploits du Black Panther Party un peu plus tard, ou à l’assassinat de Robert Kennedy par un autre communiste, « Palestinien » celui-là, en 1968 : les années 1960 et le début des années 1970 ont été porteuses de violences communistes et gauchistes nombreuses aux Etats-Unis, comme l’avaient été les années 1920.

Un président médiocre aux fiascos désastreux

Le fait est que la présidence Kennedy a été une présidence médiocre qui a duré moins de trois ans, et qui ne comporte aucun accomplissement majeur et des fiascos désastreux. En politique intérieure, John Kennedy s’est refusé à faire voter des mesures en faveur des droits civiques des Afro-Américains, craignant que cela lui coûte des voix dans le Sud, et n’a pas même fait voter les baisses d’impôts dont on le crédite, puisque celles-ci ont été votées sous Lyndon Johnson. En politique étrangère, John Kennedy a promis une aide logistique qui n’est pas venue aux Cubains partis pour libérer Cuba et qui ont échoué à la Baie des Cochons, a fait des concessions majeures à l’Union Soviétique lors de la « crise des missiles » à Cuba, et n’a pas dit un mot quand la construction du mur de Berlin a commencé, mais est seulement venu après coup tenir son discours « Ich bin ein Berliner » (ce qui peut se traduire par « Je suis un Berlinois », ou « je suis un beignet », ce dont les speechwriters de la Maison Blanche auraient dû s’apercevoir plus tôt).

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Et le fait est que John Kennedy était lui-même un homme médiocre et pervers : sa carrière politique a été entièrement financée et achetée par son père, qui avait fait fortune dans le commerce d’alcool au temps de la prohibition, avait eu des sympathies nazies non dissimulées, et nourrissait une ambition démesurée pour ses fils. Il a obtenu un prix Pulitzer pour un livre qu’il a signé, mais qu’un autre que lui a écrit, et il n’a gagné, de quelques dizaines de milliers de voix que grâce à des bourrages d’urnes organisés par la mafia, au sein de laquelle son père avait gardé des relations depuis le temps des bootleggers. C’était par ailleurs un obsédé sexuel qui, outre ses nombreuses maîtresses, faisait une consommation effrénée de prostituées : les médias, à l’époque n’étaient pas regardants, mais le sujet est évoqué aujourd’hui en termes édulcorés.

Anti-communiste sans concessions et conservateur

Par ailleurs, John Kennedy était un anti-communiste sans concessions, et un homme qu’on classerait aujourd’hui volontiers comme un conservateur, et il n’a en aucun cas été le prédécesseur de Jimmy Carter ou de Barack Obama, pas même celui du plus modéré Bill Clinton.

Ce qui peut inciter à regarder les années Kennedy avec nostalgie est qu’elles renvoient à une Amérique d’avant : avant la guerre du Vietnam, si désastreusement menée sous Lyndon Johnson (mais enclenchée sous John Kennedy), avant le déferlement de la contre-culture gauchiste, avant la longue marche des adeptes du « politiquement correct » dans les institutions et dans la culture américaines. C’est aussi qu’elles renvoient à une Amérique qui était sereine, prospère, puissante.

Ce qui doit être vu est qu’elles ont ouvert l’ère de la politique spectacle, de l’image fabriquée d’un Président, du maquillage des faits, et que tout cela, ajouté à la contre culture gauchiste et à la longue marche susdite, a contribué à un glissement de l’Amérique vers ce dont Barack Obama est aujourd’hui la terrible et sinistre incarnation.

Quand je veux penser à une Amérique sereine, prospère, puissante, je dois le dire, ce n’est pas à John Kennedy que je pense, mais plutôt à Ronald Reagan, qui, après dix sept années chaotiques pour les Etats-Unis (qui vont de la présidence Johnson à la calamiteuse présidence Carter, et passent par les années où l’affaire du Watergate a entraîné Nixon vers la chute et l’armée nord vietnamienne vers Saigon) a proclamé que l’Amérique pouvait à nouveau avoir des rêves héroïques.

Quand je veux penser à un renouveau de l’Amérique, je veux penser à un successeur de Ronald Reagan qui balaierait la fange des années Obama, et pas à un nouveau John Kennedy, non.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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