Les positions politiques et économiques des divers partis français semblent éloignées les unes des autres. Si on les regarde de près, on note, cependant, d’étranges similitudes.
Nombre de thèses du Front national sont désormais très proches de celles développées par la gauche du PS, tendance Chevènement – ce qui n’est pas un hasard, puisque Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen, vient de cette mouvance. Des proximités existent aussi entre une part du programme du FN et celui du Front de gauche, pour les mêmes raisons.
Le Parti socialiste français tente d’évoluer vers la social-démocratie, mais ne l’assume pas, et reste encore très marqué par des idées marxistes. L’UMP ne fait quasiment aucun travail intellectuel et oscille entre des positions social-démocrates modérées et des tentations dirigistes destinées à séduire l’électorat du FN, en vue d’hypothétiques rapprochements ultérieurs. Les différences se portent dès lors sur des questions de société telles le mariage homosexuel, ou sur d’autres sujets tels l’immigration, l’islam, l’Europe… Une quasi-unanimité semble exister sur un point : la finance est une activité dangereuse, qu’il faut endiguer, circonscrire, limiter. Elle peut même, du Front de gauche au Front national, être considérée comme diabolique, et comme menant les économies à leur perte en en soustrayant des capitaux qui seraient plus utiles ailleurs.
Une situation difficile implique qu’on prenne des boucs émissaires et qu’on déverse sur eux bile et imprécations. Et la finance est le bouc émissaire idéal : elle est une activité mystérieuse, complexe, où des gens gagnent de l’argent avec de l’argent et peuvent, dit-on, par des décisions arbitraires, imposer leurs diktats à des entreprises et à des pays entiers. Ces gens, qui plus est, n’ont pas de patrie et sont donc des « agents de la mondialisation néo-libérale » (version Front de gauche) ou du « mondialisme » (version Front national).
Il importe, en ces conditions et face aux imprécations, de rappeler quelques aspects utiles : la finance repose sur la spéculation, qui est une activité intellectuelle essentielle, puisqu’elle est au cœur même de la philosophie. La spéculation consiste à évaluer, à soupeser les potentialités et les probabilités, à équilibrer certitudes et incertitudes. Or, la finance fait exactement cela : elle évalue, soupèse, équilibre, raisonne en termes de potentialités et probabilités, certitudes et incertitudes. Elle s’est particulièrement développée ces dernières années parce que nous sommes dans une ère de mondialisation accélérée et de dématérialisation de la monnaie, de la valeur et des flux financiers, grâce à internet. Elle est plus que jamais, comme l’a écrit Frederic Mishkin, que je cite dans mon livre « La septième dimension », le « cerveau de l’économie ».
Les financiers peuvent se tromper, cela arrive, mais les erreurs graves qui leur sont souvent attribuées viennent en général des gouvernements et des banques centrales. C’est ce qui s’est passé au cours des années qui ont conduit à la crise de 2007-2008, dont nous ne sommes pas pleinement sortis. Le « cerveau de l’économie », pour faire ce qu’il fait, traite des informations et, si les informations sont faussées, il fonctionne mal : les « subprimes » américains ont été un facteur grave de dysfonctionnement. Ce qui doit être écarté, ce n’est pas la finance, mais les interventions des gouvernements et des banques centrales qui, en jouant artificiellement sur les taux d’intérêt, ou en obligeant des banques à adopter des comportements qu’elles n’adopteraient pas sans cela, faussent les informations, ce qui a des conséquences en chaîne. Sans la finance, pas d’optimisation des risques et des investissements, pas d’évaluation des politiques économiques et de la pertinence des investissements, et le risque dès lors démultiplié que nous soyons tous beaucoup plus pauvres. Cela, aucun parti politique français ne le dit, bien sûr. Quand la France sortira-t-elle des archaïsmes mentaux venus d’une ère révolue ? Pas dans l’immédiat, je le crains.
© Guy Millière, publié dans les 4verites.com
l’argent dans votre poche c’est mal, payer des impôts pour enrichir un élu politique sa c’est bien …
Bonjour Monsieur Millière,
Vous avez raison, c’est amusant, non pas que vous ayez raison, mais le fait que souvent nous pensions la même chose au même moment. Je prépare un texte sur la Suisse et sur l’économie, je compte évoquer les banques centrales, le mythe de la finance diabolique et je me retrouve chez vous dans ces lignes. Cela ne m’étonne pas et me fait plaisir. Pour résumer ma position, le marché est la source principale(sinon unique) de l’équilibre des forces économiques, monétaires et la richesses des Nations et des peuples. La spéculation est aussi un élément de cette liberté, elle est essentielle à la formation de l’équilibre des prix, sans elle, quelques intervenants seulement imposeraient les prix utiles à leurs succès. La politique politicienne tend toujours vers le totalitarisme, l’idée d’un “limited government” émise par les Pères fondateurs de l’Amérique (pas celle d’Obama) veut, au contraire faire obstacle à la tyrannie et à l’arbitraire imposé par un petit groupe.
Cordialement
ATB
En parlant de partis politiques et de finances, est-t’il permis de parler du (des) financement (ts) du PS ou est-ce totalement tabou ? ? Il y a bien de temps en temps un petit sujet ici et là qui pointe la tete et toc il disparait . Celui qui se permettrait de dire comment le PS se finance risque-t’il gros ? ?
<>
Que dire de l’amérique qui y entre ?????
http://1.bp.blogspot.com/-KNVYw_LwTNU/Up8StkEyCaI/AAAAAAABgOU/uKcbjQ-g8f8/s1600/Putin+on+socialism.jpg
L absence de commentaire pour le moment me conduit a un commentaire: decidement, la finance et l economie n interessent pas les lecteurs de dreuz.
Le seul politicien français qui comprenait quelque chose aux marchés et au fonctionnement de l’économie c’était Alain Madelin.
Tant que les politiciens français n’auront pas eu le courage d’arrêter de verser 1% du CA d’EDF-GDF aux syndicats, la situation continuera.
J’ai lu quelque part que les prix de l’électricité allait augmenter de 30% dans les trois années à venir. Je n’ai en revanche vu personne s’étonner du fait que le budget des CE EDF allait augmenter de 30% alors que le pays est en crise.
et c’est bien dommage pour eux souvent dans les commentaires de nombreuses personnes se plaignent de ne pas avoir d’argent alors qu’ils leurs suffiraient d’apprendre les rudiments de l’économie et de la gestion des finances pour qu’ils aient une vie meilleur
Il n’y a jamais de commentaire sur une planche droite, mais quand on gauchit la planche les commentaires ne tarissent pas et finalement à force de tordre la planche, elle se fend, éclate et tombe en mille morceaux.
Il est vrai que les commentaires sont souvent moins nombreux sur les sujets économiques que sur certains autres. Est-ce à dire que la finance et l’économie n’intéressent pas les lecteurs de Dreuz ? Je ne pense pas du tout. Il existe un autre indicateur de l’intérêt que les lecteurs portent à chaque article, c’est le taux de fréquentation des pages concernées. Cette statistique existe et est à la disposition des administrateurs du site. Si l’on s’en tient au nombre de commentaires, on constatera, au moment où j’écris, que les douze derniers articles publiés sur le site ont respectivement : 13 (votre article dont il est question ici), 13, 8, 7, 5, 12, 58, 38, 13, 20, 44 et 54 commentaires. Les commentaires les plus nombreux concernent la nouvelle Fatwa (58), les manifestants gonflés de Mélenchon (38), le viol de la chèvre (44) et les putes qui ne pourront plus faire les putes (54). Je ferais donc trois remarques :
1) Les gens sont peu réactifs sur +/- un million de lecteurs, peu écrivent d’une façon générale
2) Les gens réagissent plus facilement sur des sujets qui appellent des réactions épidermiques
3) Le nombre de lecteurs prouve l’intérêt que les gens ont pour le site, les commentateurs sont l’exception
Je pourrais encore ajouter que les questions économiques et financières demandent aussi de la compétence, de l’expérience et une formation, on ne peut se lancer comme ça, au risque de dire n’importe quoi. Je crois que les lecteurs de Dreuz sont des gens avisés parce qu’on ne vient pas ici par hasard, ceux qui sont d’accord avec vous et ils sont nombreux, ne le disent pas, même s’ils ne font pas de commentaires. Il faut continuer à écrire, vous avez les compétences et l’autorité nécessaire, le terrain est occupé, ici, comme ailleurs, par des nullards dangereux pour nos libertés, il ne faut pas leur laisser la place libre. Pour ma part, j’ai commencé mon combat, il y a peu (4 ans), presque tous les jours je m’engueule avec ceux qui n’ont rien compris, le plus grave étant que même ceux qui se croient libéraux (je ne parle pas des politiciens) croient souvent au rôle néfaste des banques, de la finance et des marchés. Hier on m’a traité de con et de dogmatique parce que je défendais le libéralisme et je ne voulais pas croire à la nécessité de prendre aux riches pour équilibrer les comptes de la Nation et rendre les pauvres moins pauvres. Avant de se partager, les richesses se créent, nous sommes dans un monde dynamique, les socialistes sont dogmatiques et stupides, ils pensent que la richesse est une ressource finie, déterminée qui tombe du ciel et qu’il faut partager comme l’on partagerait une tarte. Ce sont des ignares économiques et, à défaut de l’éducation des populations, tout le monde suit…
Cordialement
ATB
Vous avez raison. Merci pour vos deux commentaires.
Une semaine apres votre commentaire, peu de chance pour que vous lisiez le mien. Monsieur Milliere se trompe en pensant que les lecteurs de Dreuz ne s’interessent pas a l’economie. Je trouve votre commentaire tres juste – bien que excusez moi- un peu alambique. Il est plus amusant et reconfortant de reagir a l’histoire de la chevre qu’aux textes complexes mais interessants de Monsieur Milliere. A ce niveau, il faut pour polemiquer, autre chose qu’une formation d’honnete universitaire. Il faut vraiment savoir de quoi on parle. Dreuz nous offre une pluralite de competances qui permet de lire certains textes serieusement et d’autres en riant. Merci a Dreuz et aux commentateurs. Monsieur Milliere continuera j’en suis sure a partager son savoir
Tout est excellement dit.Donc, pas de commentaires…
Un économiste propose de tenir un registre MONDIAL des détenteurs d’actions et d’obligations (pour mettre fin à l’évasion fiscale)
Encore une idée folle
Beaucoup de gens ne comprennent rien a la finance d’ont moi-même, c’est la raison du peu de commentaires, on compte sur vous pour nous donnez de temps en temps des nouvelles de la finance internationale.
L’histoire nous apprend qu’il y a toujours eu des forte oppositions a toute évolution, la finance ne fait pas exception, bien au contraire, ça rend fous les populations occidentales a force du matraquage médiatique et surtout politique, tous les partis s’y mettent dans l’anti finance car c’est très payant politiquement, alors que, chaque journaliste et chaque politique savent pertinemment qu’on ne peut se passez de la finance sans quoi toute économie s’écroulera.
L’économie est la base de tout groupe humain depuis la nuit des temps. Le souci c’est qu’on ne peut avoir plus confiance au système financier qu’au système politique. Manipulations du Libor; etc…. Les amendes infligées aux banques ces derniers temps sont explicites. Et en plus le financier prend le contrôle du politique. Cela ne fait plus qu’un système mafieux qui assassinent le libre et sain échange indispensables. La mafia laissait vivant le peuple pour l’exploiter plus longtemps. Ici on tue le peuple et on pille la planète. Il faut voir les souffrances du peuple grec entre autres sous l’indifférence totale des autres pays européens qui s’acheminent dans le même système qui est une guerre contre le peuple ni plus ni moins…..
“assassine” sorry
Mauvais exemple, la Grece a toujours été un pays en faillite
Vous exagerez en assimilant la finance à la maffia car
ce sont plutot les etats providence qui étouffent l’ économie et les individus sous leur poids
les manipulations du libor: un épiphénomène sanctionné par la justice
La Grece est victime de la mauvaise gestion de ses dirigeants successifs et des rigidites de la zone euro, pas des marches financiers.
il y a d’ailleurs une étude allemande tres serieuse qui demontre les interets du trading haute frequence pour tous les acteurs economiques si celui ci est encadré.
interdire la finance quantitative moderne reviendrait à faire un bond de de 50 ans en arriere et surtout cela permettrait aux autres pays, notament emergeants, de prendre des parts de marchés delaissées par nous grace à la bienpensance ambiante.
l’encadrement est necessaire, c’est une evidence, la sur-regulation et l’interventionisme politique intempestif ne peut entrainer que les effets desastreux à moyen terme.
ps : je suis trader et les gens me regardent comme si j’etais un criminel. c’est grave docteur?!?? ?:-)
Aux traders et spéculateurs de prendre le risque et le bouillon…
Grace à eux, pères de famille et épargnants peuvent dormir sur leurs deux oreilles avec un taux fixe sécurisé
sauf à recevoir des coups de massue de la part de l’état prédateur
Raisonnement pleinement exact.
Vous êtes spécialiste, aidez-moi à comprendre :
En quoi le trading haute fréquence est-il utile (productif) pour la richesse des épargnants ou la santé des entreprises ?
Merci.
en parlant d’économie je ne comprends pas ce qui arrive à ce gouvernement , d’abord l’Elysée maontenant Matignon ?
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/12/06/97002-20131206FILWWW00589-la-cave-de-matignon-rapporte-173000.php
La seule finance saine est celle reposant sur les principes du libéralisme classique:c’est à dire une monnaie saine et stable reposant sur l’or et l’argent et la responsabilité sur leur patrimoine personnel des banquiers et de leur actionnaires.Pour finir une fiscaliste et une législation modérée et stable.
Guy, s’il y a peu de commentaires sur vos fils éco, ce n’est pas du désintérêt.
Je n’en manque pas un mais mes commentaires se borneraient à “bien dit, OK, bravo”.
Quand je vous lis, j’apprends.
Persistez, vous faites œuvre utile.
La finance est une technique et comme toutes les autres techniques, le jugement à porter concerne son usage. Il ne me semble qu’en l’utilisant pour une rentabilité extrême détachée de la production elle-même,il s’agit d’un mauvais usage. Toute activité humaine appelle une éthique, et certaines opérations financières en sont totalement dépourvues, et sont contre productives pour l’économie. L’éthique protestante a permis un développement économique, son absence dans la glorification du pur profit apparu à la fin des années 80 a contribué en partie à la perte de repères et à un désarroi social.
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