Publié par Guy Millière le 5 décembre 2013

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Les positions politiques et économiques des divers partis français semblent éloignées les unes des autres. Si on les regarde de près, on note, cependant, d’étranges similitudes.

Nombre de thèses du Front national sont désormais très proches de celles développées par la gauche du PS, tendance Chevènement – ce qui n’est pas un hasard, puisque Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen, vient de cette mouvance. Des proximités existent aussi entre une part du programme du FN et celui du Front de gauche, pour les mêmes raisons.

Le Parti socialiste français tente d’évoluer vers la social-démocratie, mais ne l’assume pas, et reste encore très marqué par des idées marxistes. L’UMP ne fait quasiment aucun travail intellectuel et oscille entre des positions social-démocrates modérées et des tentations dirigistes destinées à séduire l’électorat du FN, en vue d’hypothétiques rapprochements ultérieurs. Les différences se portent dès lors sur des questions de société telles le mariage homosexuel, ou sur d’autres sujets tels l’immigration, l’islam, l’Europe… Une quasi-unanimité semble exister sur un point : la finance est une activité dangereuse, qu’il faut endiguer, circonscrire, limiter. Elle peut même, du Front de gauche au Front national, être considérée comme diabolique, et comme menant les économies à leur perte en en soustrayant des capitaux qui seraient plus utiles ailleurs.

Une situation difficile implique qu’on prenne des boucs émissaires et qu’on déverse sur eux bile et imprécations. Et la finance est le bouc émissaire idéal : elle est une activité mystérieuse, complexe, où des gens gagnent de l’argent avec de l’argent et peuvent, dit-on, par des décisions arbitraires, imposer leurs diktats à des entreprises et à des pays entiers. Ces gens, qui plus est, n’ont pas de patrie et sont donc des « agents de la mondialisation néo-libérale » (version Front de gauche) ou du « mondialisme » (version Front national).

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Il importe, en ces conditions et face aux imprécations, de rappeler quelques aspects utiles : la finance repose sur la spéculation, qui est une activité intellectuelle essentielle, puisqu’elle est au cœur même de la philosophie. La spéculation consiste à évaluer, à soupeser les potentialités et les probabilités, à équilibrer certitudes et incertitudes. Or, la finance fait exactement cela : elle évalue, soupèse, équilibre, raisonne en termes de potentialités et probabilités, certitudes et incertitudes. Elle s’est particulièrement développée ces dernières années parce que nous sommes dans une ère de mondialisation accélérée et de dématérialisation de la monnaie, de la valeur et des flux financiers, grâce à internet. Elle est plus que jamais, comme l’a écrit Frederic Mishkin, que je cite dans mon livre « La septième dimension », le « cerveau de l’économie ».

Les financiers peuvent se tromper, cela arrive, mais les erreurs graves qui leur sont souvent attribuées viennent en général des gouvernements et des banques centrales. C’est ce qui s’est passé au cours des années qui ont conduit à la crise de 2007-2008, dont nous ne sommes pas pleinement sortis. Le « cerveau de l’économie », pour faire ce qu’il fait, traite des informations et, si les informations sont faussées, il fonctionne mal : les « subprimes » américains ont été un facteur grave de dysfonctionnement. Ce qui doit être écarté, ce n’est pas la finance, mais les interventions des gouvernements et des banques centrales qui, en jouant artificiellement sur les taux d’intérêt, ou en obligeant des banques à adopter des comportements qu’elles n’adopteraient pas sans cela, faussent les informations, ce qui a des conséquences en chaîne. Sans la finance, pas d’optimisation des risques et des investissements, pas d’évaluation des politiques économiques et de la pertinence des investissements, et le risque dès lors démultiplié que nous soyons tous beaucoup plus pauvres. Cela, aucun parti politique français ne le dit, bien sûr. Quand la France sortira-t-elle des archaïsmes mentaux venus d’une ère révolue ? Pas dans l’immédiat, je le crains.

© Guy Millière, publié dans les 4verites.com

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