Publié par Michel Garroté le 6 décembre 2013

 

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Michel Garroté, réd en chef  –-  Je n’ai jamais défendu l’apartheid, car je n’ai jamais imaginé qu’un tel système racial puisse durer. Ma défunte mère a subi le racisme aryen car elle avait des cheveux noirs et des yeux bruns foncés. Je suis moi-même « métissé » si vraiment l’on veut parler de « race », chose à laquelle personnellement je me refuse. J’ai suffisamment décrié le soi-disant antiracisme de la gauche, car précisément il fait référence à la « race » et ainsi, tantôt il entretient, tantôt il ressuscite le racisme.

Cela dit, je considère comme des hypocrites et des opportunistes, les politiciens qui en ce moment encensent la mémoire de feu Mandela. Le seul qui n’est ni hypocrite, ni opportuniste dans ce concert de louanges, c’est Mélenchon qui, dans la foulée, rappelle que Mandela était communiste. Mandela ? Petit retour sur un parcours qui n’était pas blanc comme neige.

Adhérent en 1944 du mouvement communiste African National Congress (ANC), Mandela y rencontre le marxiste Walter Sisulu, dont il va devenir le bras droit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Sisulu lui fait rencontrer le futur chef du PC sud-africain, Joe Slovo, et avec celui-ci la cohorte des militants communistes qui constituent l’armature de l’ANC. Dès lors, la stratégie de Mandela change du tout au tout.

Il rédige une brochure, How to be a good communist (Comment être un bon communiste), quitte l’Afrique du Sud en janvier 1962 pour s’initier à la guérilla auprès du FLN algérien, effectue des stages en Europe de l’Est, alors sous la coupe soviétique et, rentré en Afrique du Sud, lance une campagne terroriste. Le 5 août 1962, il est arrêté à Durban. Et condamné, le 12 juin 1964.

Avant la libération de Mandela, de nombreux affrontements n’ont cessé d’ensanglanter l’Afrique du Sud – pas seulement entre les Blancs et les Noirs considérés comme un tout, selon une image simpliste trop souvent admise, mais entre les Noirs eux-mêmes. En effet, seuls les Blancs, Afrikaners venus de Hollande, avec un fort apport de huguenots français, ou Britanniques, ont su constituer en Nation une mosaïque de territoires et de peuples souvent hostiles.

Les premiers habitants, des blancs, ayant été copieusement massacrés par les Bantous venus du nord, les Zoulous s’efforçant ensuite d’établir leur empire au détriment, notamment, de leur plus puissant voisin, les Xhosas.

Le 31 janvier 1986, le président de la République, Pieter Botha, annonce le démantèlement juridique de l’apartheid et la fin de l’état d’urgence. Mais au début de 1987, Xhosas et Basothos s’étripent à la mine d’or du President-Steyn, au prix de 39 morts. Au même moment, le président de l’ANC, Oliver Tambo, en voyage aux États-Unis, déclare : « Le meurtre de civils blancs aura un effet bénéfique : celui d’habituer les Blancs à saigner ».

Deux hommes vont s’employer à mettre fin à cette folie : Mandela et Frederik De Klerk. Comme Botha avant lui, ce descendant d’une vieille famille française de confession huguenote, les Leclerc, d’abord réfugiés en Hollande au XVIIIe siècle puis émigrés en Afrique australe, a compris que l’apartheid – la théorie du développement séparé, lorsque les Afrikaners se considéraient comme une communauté assiégée dans un environnement hostile – n’est plus tenable compte tenu de l’évolution du monde.

Porté à la présidence en 1989 suite à la démission de Botha pour raisons de santé, Frederik De Klerk légalise l’année suivante l’ANC et le PC. Dans la foulée intervient la libération de Mandela, qui demande à ses partisans de renoncer à la violence.

C’est compter sans les haines tribales. L’Inkhata, le mouvement zoulou, est dirigé par le chef Buthelezi, descendant direct, par sa mère, du roi Cetshwayo qui, au XIXe siècle, infligea une cuisante défaite aux Anglais. Buthelezi, antimarxiste et partisan de la cohabitation avec les Blancs, considère comme particulièrement injuste le privilège réservé à l’ANC, adepte d’un terrorisme auquel l’Inkhata s’est toujours refusé.

Dès la libération de Mandela, des heurts surgissent entre des Zoulous et des membres de l’ANC, au Ciskei, au Cap et au Natal. Les affrontements enflent. Bilan : près de 3’000 morts. L’historien Bernard Lugan note en décembre 1990 : « On ne se sera jamais autant massacré en Afrique du Sud que depuis l’événement qui devait sceller la paix des braves : la libération, le 11 février dernier, de Nelson Mandela ».

Ainsi se met en place, dans les convulsions, la nation « arc-en-ciel » dont rêve Mandela, rêve soutenu par le réalisme de Frederik De Klerk, mais récusé par une partie non négligeable de la population blanche et ceux des Noirs qui n’acceptent aucun compromis avec les « occupants », en oubliant que les blancs les ont précédés sur cette terre du bout du monde.

L’Afrique du Sud, véritable réussite sur le plan économique et modèle pour son environnement immédiat, reste donc la terre de tous les dangers. À Johannesburg, il est conseillé aux femmes conduisant seules leur voiture de ne pas s’arrêter aux feux rouges, car des agresseurs les guettent aux carrefours, prêts au vol ou au viol. Des milliers de fermiers blancs ont été assassinés (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info

Source :

http://www.valeursactuelles.com/international/mandela-r%C3%AAve-inachev%C3%A9

   

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