Publié par Rosaly le 6 décembre 2013

Voici l’histoire d’un citoyen britannique, Nicholas Winton, qui cinquante ans après avoir sauvé des centaines de petits enfants juifs de la folie meurtrière des nazis à Prague, s’est retrouvé sur un plateau de télévision, entouré de 80 de ses protégés, devenus des adultes.

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Nous sommes en décembre 1938, à la veille de la seconde guerre mondiale. Un jeune courtier britannique, Nicholas Winton, s’apprête à partir en vacances en Suisse, quand il est contacté par son ami Martin Blake.

“Je suis à Prague. J’ai une tâche des plus importantes à accomplir et j’ai besoin de ton aide. Pas besoin d’apporter tes skis.»

Sans l’ombre d’une hésitation, Nicholas répond à l’appel de son ami et se rend à Prague.

Une fois sur place, il découvre qu’il a échangé ses vacances de neige contre une invitation à visiter et à travailler dans un camp de réfugiés…  En effet, après l’annexion par les Allemands de la partie occidentale de la Tchécoslovaquie, les nazis déportèrent des milliers de Juifs et des opposants politiques originaires de la région des Sudètes et les enfermèrent dans des camps à Prague et ses environs.

Nicholas Winton se sent concerné par la situation de ces réfugiés dans les camps, et en particulier par celle des enfants. Autour de lui, tout le monde répétait : «mais, quelle guerre ?» … «Vous verrez, il n’y aura pas de guerre… !». Nicholas, toutefois, avait un mauvais pressentiment, il était persuadé que bientôt l’occupation allemande allait s’étendre sur toute la Tchécoslovaquie et qu’il fallait agir très, très vite pour sauver ces enfants.

Des récits effrayants circulaient sur la terrible Nuit de Cristal, la nuit des vitres brisées, au cours de laquelle les nazis allemand lancèrent une série d’attaques violentes contre les Juifs allemands et autrichiens. Ils étaient encore tout frais dans sa mémoire. Non, il ne pouvait tout simplement pas accepter que cela se reproduise, non pas dans ce camp, non pas avec ces enfants !

Commença alors l’opération “Czech Kinderstransport”. Durant les neuf mois qui suivirent sa visite de ce camp, et en collaboration avec d’autres volontaires, il se dépensa sans compter pour lever des fonds, organiser des convois, faire sortir les enfants de Prague, et trouver des familles d’accueil pour ces «669 petits enfants».

Au fil des mois, sachant que le temps pressait, Nicholas devint de plus en plus inquiet et énervé par la lenteur des procédures d’accueil, et il se mit a fabriquer de faux papiers. Il le justifia en déclarant : «Nous n’avons fait venir personne illégalement. Nous avons juste accéléré la procédure.»

Finalement, l’évacuation des enfants put commencer. Ils embarquèrent dans huit trains. Le voyage les conduisit à travers l’Allemagne et la Hollande, puis en bateau jusqu’en Angleterre et à nouveau en train jusqu’à Londres, où ils rejoignirent leurs nouvelles familles.

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Hélas, le dernier train, prévu pour l’évacuation des 251 derniers enfants du camp, devait quitter Prague le 1er septembre 1939, date fatidique, car ce fut le jour où l’Allemagne envahit la Pologne. Toutes les frontières contrôlées par les nazis furent fermées. Après deux heures d’attente, la Gestapo donna l’ordre aux machinistes de partir vers une destination inconnue. Plus personne ne revit jamais ces enfants. La vision, qui hanta Nicholas tout au long de sa vie, depuis ce jour, fut l’image des ces 251 enfants joyeux, qui trépignaient d’impatience dans cette gare de Prague, dans l’attente d’embarquer sur ce train de la liberté, qui s’avéra malheureusement être celui, qui les conduisit vers un camp de la mort.

Deux cent cinquante familles attendirent en vain leurs petits protégés à la gare de Liverpool Street à Londres. Si seulement le train avait pu quitter Prague juste un jour plus tôt, ces 251 enfants auraient été sauvés.

«Nous n’avons jamais plus entendu parler d’un seul de ces enfants» déclara un jour Nicholas Winton que ce terrible sentiment d’échec ne quitta plus.

Cet homme courageux mais d’une grande modestie fit le choix de se taire et ne parla jamais à personne de son rôle dans l’opération « Czech Kindertransport ». Jusqu’au jour où, cinquante ans plus tard, sa femme trouva, dans une valise au grenier, son album-souvenir, une liste de noms d’enfants et des journaux.

Arrivée des enfants à la gare de Londres
Arrivée des enfants de Prague à la gare de Londres

En 1988, Nicholas Winton fut encouragé par ses amis et sa famille à assister à un show télévisé de la BBC, intitulé « That’s life » pour y raconter l’histoire de l’opération « Czech Kindertransport ».
A son insu, assis dans le public, quatre-vingt de ses « petits enfants » comme il les appelait encore, devenus des adultes d’un certain âge, l’entouraient, pour lui rendre hommage, les yeux humides d’émotion.

Il apprit ainsi que certains des enfants, sauvés grâce à son courage et à son dévouement, qui se définissaient eux-mêmes comme «les enfants de Winton», étaient devenus des personnages célèbres, notamment aux USA et en Grande Bretagne :

  • Karel Reisz, le célèbre réalisateur britannique (La femme du lieutenant français, Isadora, Doux Rêves)
  • Joe Schlesinger, journaliste canadien et correspondant de CBC
  • Lord Alfred Dubs, (ex ministre de Blair)
  • Lady Milena Grenfell-Baines (mécène des Arts, dont le père Rudolf Fleischmann sauva Thomas Mann des griffes nazies)
  • Dagmar Simova (une cousine de l’ex Secrétaire d’Etat Madeleine Albright)
  • Tom Schrecker (un Directeur du Reader’s Digest)
  • Hugo Marom ( un réputé consultant en aéronautique et l’un des fondateurs de la Force aérienne israélienne (Israeli Air Force)
  • Vera Gissing (auteur du livre « Pearls of Childhood » (les perles de l’enfance) et co-auteur du livre «  Nicholas Winton and the Rescued Generation » (Nicholas Winton et la Génération sauvée)

Un documentaire sur l’opération « Cezch Kindertranspor » fut tourné en 2002 par une réalisateur de Prague. Il mit en lumière le rôle héroïque de Winton, surnommé depuis le  Schindler de Prague, dans le sauvetage des enfants. Ce film intitulé «La Puissance du Bien» (The Power of Good) reçut un Emmy Award. Le narrateur du film était l’un des «enfants» de Winton, Joe Schlesinger.

Nicholas Winton reçut une lettre de remerciement de feu Ezer Weizman, ancien président d’Israël. Il fut nommé Citoyen d’Honneur de Prague.

En 1993, il fut décoré de l’Ordre de l’Empire britannique par la Reine d’Angleterre, et le 31 décembre 2002, Elizabeth II lui conféra le titre de Chevalier pour services rendus à l’Humanité.

Sir Nicholas Winton, aujourd’hui âgé de 104 ans, vit dans sa maison à Maidenhead.

Il porte toujours la bague, qui lui fut offerte par certains de «ses petits enfants».
A l’intérieur de cette bague  se trouve gravée une phrase du Talmud :

«Celui qui sauve une seule vie, sauve le monde entier»

C’est l’histoire d’un homme ordinaire, un Homme de Bien, qui, un soir de décembre 1938, répondit, tout simplement, à l’appel d’un ami … et se mit au service d’une cause, parmi les plus justes, d’une cause, parmi les plus nobles : sauver la vie d’enfants en danger.

Nicholas Winton fait partie de ces êtres exceptionnels, qui redonnent foi en l’humanité illuminent et réchauffent ainsi nos cœurs sans cesse glacés par la sinistre farandole de l’horreur, de la cruauté, de l’injustice, et de la méchanceté.

Merci à vous Sir Nicholas Winton !
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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Rosaly pour Dreuz.info.

http://restoring-sanity.org/2013/11/man-rescued-jewish-kids-nazis-doesnt-know-yet-hes-sitting/ par Tiffany Willis (librement traduit et adapté par Rosaly)

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